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Élevage du flétan
L’aquaculture ou la culture de plantes et d’animaux dulcicoles et marins,
n’est pas du tout un concept nouveau. Ses origines remontent à des milliers
d’années. Il existe des écrits sur la culture d’huîtres au Japon et
l’élevage de poissons en Égypte datant de l’an 2000 avant le début de l’ère
chrétienne. Au Canada, l’aquaculture a débuté dans les années 1860,
lorsqu’une station d’alevinage du saumon a été construite sur la ferme de
Samuel Wilmot, en Ontario.
Au Canada atlantique, le saumon est le pilier de la mariculture depuis 25
ans, mais les salmoniculteurs sont conscients des dangers d’avoir tous leurs
œufs dans le même panier. Ils tiennent absolument à diversifier leurs
activités et, pour ce faire, ils explorent de concert avec des scientifiques
et des économistes la possibilité d’élever d’autres espèces de poisson, dont
le flétan, qui est en tête de ligne.
La Station biologique de St. Andrews (SBSA) de Pêches et Océans Canada,
située au Nouveau Brunswick, contribue à cet effort. Une panoplie
d’activités de recherche sont en cours, portant principalement sur la
physiologie de la reproduction du flétan telle qu’elle s’applique à la
gestion d’un stock de géniteurs. Les chercheurs participent également au
développement de la technologie nécessaire pour faire avancer l’élevage du
flétan et à l’élaboration des protocoles, dont a besoin l’industrie,
relatifs à la croissance et au potentiel des juvéniles élevés dans des cages
marines installées dans la baie de Fundy.
![Ponte artificielle d’un flétan dans des conditions contrôlées.](/web/20071210125953im_/http://www.dfo-mpo.gc.ca/science/Story/story_images/spawn_halibut.jpg)
Ponte artificielle d’un flétan dans des conditions contrôlées.
Un projet absolument innovateur porte sur la régulation du sexe des
individus. Le flétan, comme la plupart des organismes au début de leur
développement, a la capacité d’être un mâle ou une femelle à l’état
larvaire, même si, dès sa naissance, il soit génétiquement mâle ou femelle
et le demeure. Chez les poissons, un renversement du sexe peut être une
réaction à un mélange complexe de facteurs, entre autres des concentrations
d’hormones variables, la température de l’eau et même à l’occasion la
densité de population, ayant pour but d’assurer la multiplication de
l’espèce – somme toute, une adaptation stratégique fort astucieuse.
Au cours des six dernières années, Debbie Martin-Robichaud, chercheuse à la
SBSA, a cerné, en collaboration avec des scientifiques de l’Université du
Nouveau-Brunswick et du Conseil national de recherches du Canada, le moment
précis de la différenciation sexuelle chez le flétan et trouvé la clé pour
inverser le sexe de femelle à mâle dans des conditions contrôlées. Elle a
ainsi obtenu des géniteurs qui, bien que génétiquement femelles, peuvent
produire du sperme. La fertilisation d’œufs avec ce sperme permet de
garantir que toute la progéniture sera femelle aussi, parce que les
spermatozoïdes ne portent aucun chromosome Y. Aucun mâle n’est donc produit.
Quelle percée stupéfiante ! Les retombées économiques d’un stock de flétan
entièrement femelle sont immenses. Les femelles prenant du poids plus
rapidement et atteignant une plus grande taille que les mâles, elles
atteignent la taille marchande de six à huit mois avant les mâles.
Des femelles génétiques de sexe inversé sont actuellement gardées dans une
écloserie commerciale. La première ponte est prévue en mars 2007. Comme
Debbie l’explique, « le Canada est le seul pays au monde qui a cette
capacité, et c’est vraiment à l’avantage de notre industrie ».
Cependant, l’élevage du flétan comporte beaucoup d’inconnus. Les questions
fondamentales restent encore sans réponse. Malheureusement, très peu des
connaissances sur l’élevage du saumon s’appliquent au flétan. Un autre
projet a donc été lancé en coopération avec l’industrie et d’autres
chercheurs dans le but d’évaluer la faisabilité économique de l’élevage du
flétan dans la baie de Fundy jusqu’à l’atteinte de la taille marchande. Des
scientifiques comme Debbie Martin-Robichaud sont en voie d’établir les faits
au sujet de la performance de croissance du flétan dans les conditions très
particulières de ce bassin, sa vulnérabilité aux maladies et ses besoins au
plan nutritionnel. Cette information est essentielle au développement du
solide plan d’affaires qui convaincra les aquaculteurs de risquer le coup et
les investisseurs de fournir les fonds de démarrage pour cette nouvelle
industrie.
La recherche comprend l’ensemencement de 50 000 flétans juvéniles dans des
cages marines installées près de St. George, au Nouveau-Brunswick, aux fins
d’essais de performance au cours des quatre prochaines années. Un
économiste, membre de l’équipe, intégrera les résultats de recherche sur le
terrain à des renseignements d’ordre financier et commercial pour évaluer la
viabilité économique de l’élevage du flétan.
![Récolte de flétans dans une cage marine.](/web/20071210125953im_/http://www.dfo-mpo.gc.ca/science/Story/story_images/net_halibut.jpg)
Récolte de flétans dans une cage marine.
Un troisième projet relié à l’élevage du flétan est de portée
internationale. Il est mené de concert par Génome Canada et Genoma España.
Le projet Pleurogene, d’une durée de quatre ans, vise à développer des
outils de génomique et de protéomique qui serviront à élargir nos
connaissances de la reproduction, du développement, de l’alimentation, de la
génétique et de l’immunité de deux poissons plats montrant un potentiel
commercial. L’objectif principal de ce projet est l’identification des
facteurs biologiques qui permettraient d’améliorer les pratiques de leur
élevage. Le flétan de l’Atlantique est l’un des deux poissons plats à
l’étude. L’autre est sa cousine, la sole du Sénégal, qui est élevée en
Espagne et dans d’autres pays de l’Europe. Mais son élevage est sérieusement
compromis. Ce qui est formidable du projet Pleurogene, parce que les
poissons à l’étude et les défis de leur élevage se ressemblent tant, c’est
que le Canada et l’Espagne bénéficient de la mise en commun de leurs
compétences scientifiques et de leurs fonds de recherche en vue de
recueillir des données génomiques sur chaque espèce.
La SBSA a contribué au projet en participant à la production de la première
carte génétique du flétan de l’Atlantique. Debbie Martin-Robichaud considère
que cette carte sera un outil extrêmement utile pour la sélection génétique.
Elle étudie également le cycle de reproduction des femelles. Elle cherche à
trouver en particulier des caractéristiques durant l’ovulation qui
permettraient de peaufiner les protocoles d’amélioration génétique.
La collaboration est le dénominateur commun de ces trois projets. Chacun a
été mené par une équipe de chercheurs chevronnés des milieux publics et
universitaires, qui ont collaboré avec des économistes et des représentants
de l’industrie. En travaillant ensemble vers l’atteinte du même but qu’est
l’établissement d’une industrie viable de l’élevage du flétan au Canada, les
équipes ont bénéficié des économies de partage et ont réussi à trouver des
fonds pour mener les recherches. Les projets ont permis d’élargir la
compréhension du flétan, ainsi que d’élaborer des protocoles et de
développer la technologie pour son élevage. Cette technologie et ces
protocoles, en plus d’être respectueux de l’environnement, donneront un
avantage économique à l’industrie canadienne à l’échelon international. En
dernière analyse, les travaux ont consacré le Canada comme chef de file dans
le domaine de l’élevage du flétan.
Pour un complément d’information sur le programme de recherche en
aquaculture mené à la SBSA, aller à:
http://www.mar.dfo-mpo.gc.ca/sabs/aquaculture2002-f.htm.
Pour un complément d’information sur le projet Pleurogene, aller à
http://www.pleurogene.ca/.
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