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Se préparer au prochain tsunami
Si un grand tsunami s’abat sur la côte de la Colombie-Britannique (C. B.)
plusieurs questions se posent : qui sonnera l’alerte, quelle région les
vagues submergeront-elles, à quel endroit seront elles les plus hautes et
comment la population fera-t-elle face à cette catastrophe?
Les experts conviennent qu’un tsunami comme celui qui a frappé Sumatra en
décembre 2004 se reproduira tôt ou tard. Les tsunamis de la zone de Cascadia
(voir la carte) surviennent à tous les 200 à 800 ans. Le prochain pourrait
donc se produire dans cent ans comme demain. De plus, un tsunami pourrait
provenir d’ailleurs – d’une région voisine ou éloignée – et varier en
importance.
De récents travaux de recherche ont mis en évidence les funestes
répercussions des tsunamis de la zone de Cascadia. Le dernier tsunami dans
cette région est survenu en janvier 1700 et a produit des vagues de 2 à 5 m
de hauteur qui ont atteint des régions aussi éloignées que le Japon. Les
tsunamis soulevés par des séismes de subduction peuvent se déplacer à 700
km/h en eau profonde et noyer certaines zones côtières sous des hauteurs
d’eau pouvant atteindre 30 m, soit la hauteur d’un immeuble de dix étages.
La détection, la modélisation et l’atténuation des répercussions du tsunami
dépendront de la mise en oeuvre à l’échelle internationale d’un réseau
d’instruments et d’organismes qui partageront des renseignements cruciaux
avec l’Institut des sciences de la mer (ISM) de Sidney, C. B.
Les tsunamis consistent en une immense quantité d’eau soulevée par des
séismes, des glissements de terrain sous marins, des éruptions volcaniques
ou l’impact de météorites. Les plus puissants sont provoqués par les pires
tremblements de terre, soit les séismes de mégacharriages ou de subduction.
Une telle secousse se prépare dans la zone de subduction de Cascadia, qui
s’étend juste au large de la côte Ouest nord américaine (de 50 à 150 km de
la côte), depuis le Nord de l’île de Vancouver jusqu’au Nord de la
Californie.
La plaque Juan de Fuca tend à glisser sous la plaque continentale.
Présentement, ces entités sont en contact et emmagasinent de l’énergie.
Toutefois, lorsque celle-ci sera libérée, elle provoquera un séisme qui
soulèvera le plancher océanique, ainsi qu’un tsunami qui gagnera en hauteur
en s’approchant de l’île de Vancouver.
L’île de Vancouver a connu de grands séismes crustaux en 1918 et en 1946.
Selon son épicentre, un tel tremblement de terre pourrait causer des
glissements de terrain qui soulèveraient un tsunami. Le séisme qui a secoué
le golfe du Prince William (Alaska), en 1964, a entraîné la mort de plus de
cent de personnes et provoqué un tsunami qui a atteint la Californie. Sur
son passage, ce dernier a gonflé les eaux du bras Alberni, dans l’île de
Vancouver, inondant Port Alberni, jetant des embarcations dans les rues et
causant des millions de dollars de dégâts.
![Gracieuseté du Centre géoscientifique du Pacifique.](/web/20071210125834im_/http://www.dfo-mpo.gc.ca/science/Story/story_images/tsunami_illustration1_f.gif)
Gracieuseté du Centre géoscientifique du Pacifique.
Quelle que soit l’importance du tsunami, la première alerte sera sonnée par
un réseau mondial de sismographes. La Commission géologique du Canada
exploite plus de 30 stations sismiques situées à moins de 300 km de la côte
Ouest. Celles-ci fournissent des données au Centre géoscientifique du
Pacifique (CGP), qui se trouve à Sidney, tout comme l’ISM. Une certaine
partie des données en temps réel qu’elles recueillent est expédiée par
Internet au West Coast/Alaska Tsunami Warning Center, en Alaska, où l’on
effectue la première estimation de l’emplacement et de la magnitude d’un
séisme et de la probabilité que celui-ci provoque un tsunami.
Si le danger s’avère réel, ce centre d’alerte en informe les responsables du
BC Provincial Emergency Program (programme d’urgence de la C. B.). Ces
derniers préviennent ensuite l’agent du Service hydrographique du Canada
(SHC) (ce service fait partie du ministère des Pêches et des Océans ou MPO)
qui est alors affecté à la surveillance des tsunamis, à l’ISM. Fred
Stephenson est l’un des trois agents ayant cette tâche, ainsi que le
gestionnaire de l’ingénierie géomatique au SHC et la principale
personne-ressource en matière de tsunami au Canada.
« Nous portons toujours un téléavertisseur, affirme M. Stephenson. Le mien
s’est déclenché lors d’un mariage, durant des soirées et souvent en pleine
nuit. On ne sait jamais si c’est un exercice, en raison d’un séisme éloigné
sans danger ou parce qu’une importante secousse s’est produite près de chez
nous. »
Néanmoins, en quelques minutes, l’agent ou un de ses collègues se rend
jusqu’à un ordinateur pour consulter les données du réseau de 13 stations
limnimétriques du SHC. Trois de ces stations, dont deux dans l’île de
Vancouver, à Tofino et à Winter Harbour respectivement, et une, plus au
nord, à Langara, dans les îles de la Reine Charlotte, peuvent également
signaler un séisme par satellite si ce dernier perturbe les moyens de
communications terrestres.
Au moyen des données recueillies par les limnimètres, l’agent surveille la
hauteur et l’heure d’arrivée des vagues du tsunami et renseigne les
responsables du programme d’urgence de la C. B. sur l’ampleur du danger. Ces
derniers sont également renseignés par le CGP et avertissent les
municipalités, d’autres organismes et le grand public, s’il y a lieu. Tout
ce processus prend généralement moins d’une demie heure, après la détection
du séisme.
Tad Murty, employé du MPO à la retraite, est un pionnier à l’échelle
mondiale en matière de modélisation des tsunamis. Les experts qui ont marché
dans ses pas ont conclu que les tsunamis de la zone de Cascadia pourraient
donner naissance à des vagues de 2 à 4 m qui s’abattraient dans les baies
Victoria et Esquimalt. Une zone tampon protège les habitants de ces régions,
qui se trouvent à quelque 110 km à l’intérieur des terres, dans le détroit
de Juan de Fuca.
Par contre, le long de la côte sud de l’île de Vancouver, à Tofino, à
Barkley Sound et à Port Renfrew, par exemple, la profondeur de l’eau
soulevée par un de ces tsunamis serait de plusieurs fois supérieure. La
modélisation aide les municipalités et les organismes comme la Garde côtière
canadienne du MPO (programme de recherche et de sauvetage) à se préparer à
un tsunami.
![Embarcation jetée dans une rue de Port Alberni en 1964.](/web/20071210125834im_/http://www.dfo-mpo.gc.ca/science/Story/story_images/tsunami_illustration2_bi.jpg)
Embarcation jetée dans une rue de Port Alberni en 1964.
Que dire du système d’avertissement rapide qui se déclenche moins d’une
demie heure après la détection d’une secousse? Il s’avère très utile
lorsqu’un séisme survient en Alaska, au Kamchatka ou au Japon. Toutefois, un
tsunami provenant de la zone de Cascadia aura déjà atteint la côte après une
demie heure. Fred Stephenson adresse donc le conseil suivant aux habitants
des zones côtières : « Lorsque la terre tremble pendant plusieurs minutes,
qu’il est difficile de demeurer debout et que des objets tombent des
tablettes, dirigez-vous vers des terrains élevés ».
Le meilleur moyen de protéger les habitants des régions les plus vulnérables
consiste à les informer. C’est pourquoi Fred Stephenson et ses collègues de
l’ISM passent de nombreuses heures à expliquer le phénomène des tsunamis à
des élèves, aux médias, aux gens d’affaires et au grand public.
Pendant ce temps, on se base sur le Pacific Tsunami Warning System (système
d’alerte aux tsunamis du Pacifique) pour élaborer un système international
d’alerte aux tsunamis qui serait implanté sur la côte Atlantique. Or, les
tsunamis sont rares dans l’Atlantique, les vagues de tempêtes et les
ouragans y étant beaucoup plus fréquents. Néanmoins, en 1929, un glissement
de terrain sous marin a soulevé un tsunami qui s’est abattu sur la côte sud
de Terre Neuve, où des agglomérations ont été ravagées et 28 personnes
tuées.
Doug Bancroft, chef de la Direction de l’océanographie et du climat du MPO,
croit qu’un système d’alerte tous risques sera probablement mis en oeuvre
sur la côte Atlantique. Celui-ci serait exploité en partenariat, notamment
par le MPO, Environnement Canada, Ressources naturelles Canada et des
organismes provinciaux, et en collaboration avec les États-Unis et d’autres
pays, par le biais d’organismes onusiens spécialisés.
Les tremblements de terre et les tsunamis sont inéluctables. Cependant, nous
pourrons mieux nous prémunir contre ces désastres naturels, grâce aux
experts de l’ISM et à d’autres spécialistes qui nous relatent les
catastrophes passées et nous exposent plus clairement celles à venir.
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