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Les épaulards – Des indicateurs de la pollution en milieu océanique

Les épaulards qui habitent les eaux au large de la côte Ouest du Canada sont devenus un symbole de la beauté sauvage de la nature. Cependant, les épaulards sont également devenus des indicateurs de la contamination de la planète par l’homme.

(Photo présentée avec l'autorisation de la Région du Pacifique du MPO)
(Photo présentée avec l'autorisation de la Région du Pacifique du MPO)

Malgré des efforts internationaux pour lutter contre les diphényles polychlorés (BPC) et de nombreux autres contaminants, ceux ci demeurent présents dans l’environnement. Peter S. Ross, de l’Institut des sciences de la mer (ISM) à Sidney (C. B.), a constaté que les épaulards font partie des mammifères marins les plus contaminés.

Les populations d’épaulards de la C. B. font face à de graves pressions. Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) classe les quelques 80 résidants du Sud de la C. B. comme étant en voie de disparition, et les quelques 200 résidants du Nord de la C. B. et les 200 épaulards nomades comme étant menacés.

Les facteurs qui contribuent au déclin des populations comprennent une faible diversité sur le plan génétique et une baisse des ressources alimentaires (l’effectif des stocks de saumons ayant baissé au cours des années 1990). De plus, les personnes qui adorent les épaulards et veulent les voir de près peuvent déranger les habitudes de vie et de reproduction de ces mammifères par l’intermédiaire des effets de la circulation sur les eaux et du bruit.

Ces facteurs cachent une autre menace insidieuse : les fortes concentrations de produits chimiques qui ont une incidence sur le système endocrinien qui sont observées dans le corps des épaulards et qui réduisent la capacité de ceux ci à se reproduire et à demeurer en santé. M. Ross tente de trouver une réponse à des questions importantes relatives aux épaulards. D’où proviennent les contaminants? Quels sont leurs effets sur les mammifères marins? Quelle est l’efficacité des outils de réglementation et de lutte à la source relatifs aux contaminants?

Les vêtements de travail de M. Ross comprennent parfois des bottes de randonnée, des genouillères et un casque de hockey, ces articles étant utiles lorsqu’il doit sauter d’un bateau sur des rochers couverts de pouces pieds et de varech pour capturer de jeunes phoques communs. M. Ross et ses collègues attrapent les phoques par leurs nageoires postérieures, puis les pèsent et en déterminent le sexe. De plus, ils prélèvent un échantillon de sang et un petit morceau de chair (6 mm) pour chaque phoque capturé, puis stérilisent le site de prélèvement. Finalement, les phoques sont marqués avant d’être remis à l’eau.

Peter Ross et un jeune phoque commun. (Photo : L. Mos)
Peter Ross et un jeune phoque commun. (Photo : L. Mos)

Les échantillons sont d’abord acheminés à un laboratoire mobile sur le terrain, puis à l’ISM où des chercheurs les analysent en détail à la recherche de contaminants nouveaux ou déjà connus.

Pourquoi échantillonner des phoques communs si la situation des épaulards est davantage préoccupante sur le plan de la conservation? D’abord, le phoque commun a une physiologie et un système immunitaire semblables à ceux de l’épaulard. Ensuite, leur échantillonnage entraîne moins de perturbations que la réalisation d’autres biopsies sur les épaulards à l’aide de dards. De plus, l’abondance des phoques communs (130 000 en C. B.) permet aux chercheurs de choisir des animaux d’un même âge (4 à 5 semaines) afin d’obtenir des données plus fiables.

Finalement, les contaminants posent des problèmes particuliers pour les phoques communs. M. Ross souligne qu’à la fin des années 1980, des spécialistes du Nord de l’Europe croyaient qu’étant donné que l’effectif des populations avait augmenté, les stocks de phoque commun s’étaient rétablis. Cependant, peu de temps après un virus a tué 60 % des phoques communs. Des contaminants avaient affaibli leur système immunitaire.

Même s’ils sont généralement moins contaminés que leurs cousins européens, les phoques communs de la côte Ouest subissent également les effets des polluants organiques persistants (POP), comme le DDT, les BPC, les dioxines et les furanes. Ces polluants se dissoudent dans les tissus adipeux des phoques, circulent dans l’ensemble de leur corps et peuvent perturber le système endocrinien (producteur d’hormones) et d’autres fonctions.

Les pays industrialisés ont depuis longtemps banni le DDT, les BPC et d’autres substances toxiques persistantes. Le Canada a contribué à paver la voie vers la Convention de Stockholm de 2001, en bannissant une douzaine de POP importants. Le Canada et d’autres pays fournissent une aide financière aux pays en développement afin de faciliter l’élimination des POP. (Pendant ce temps, des composés connus sous le nom de PBDÉ, utilisés comme ignifuges dans de nombreux produits, ont commencé à soulever des préoccupations.)

Comment les contaminants parviennent ils encore à atteindre le réseau trophique en milieu marin? Certains pays en développement utilisent encore des POP, qui peuvent atteindre la mer par voie directe ou par la voie des airs. Les POP produits il y a des décennies dans les pays développés continuent de circuler dans le milieu marin. D’autres viennent de commencer à contaminer le réseau trophique du milieu marin après avoir été lessivés à partir d’anciens sites industriels et dépotoirs.

« Il est souvent difficile de déterminer le cheminement d’un contaminant, mentionne M. Ross. Les POP peuvent parcourir de longues distances dans l’atmosphère et ensuite contaminer des composants des niveaux inférieurs de la chaîne alimentaire, comme les bactéries, les algues, le zooplancton, les poissons, avant que ceux ci ne soient ingérer par les baleines et les phoques. Dans certains cas toutefois, il est possible de déterminer la source d’un contaminant. »

Les eaux interreliées du Sud de la C. B. et du Nord de l’État de Washington constituent un exemple clé. En étudiant les phoques communs de cette région, M. Ross a observé que la teneur en BPC des phoques baisse du sud vers le nord. Ces résultats font en sorte que le Puget Sound, un large bras de mer dans l’État de Washington, est considéré comme une source importante de BPC, ces derniers proviendraient de vieux déchets industriels.

M. Ross collabore souvent avec des chercheurs américains pour étudier des mammifères observés des deux côtés de la frontière, ainsi qu’avec des chercheurs canadiens, comme M. John Ford, également du ministère des Pêches et des Océans, et d’autres chercheurs du milieu universitaire et d’Environnement Canada.

Que la source des contaminants soit située à proximité ou très éloignée, les épaulards de la C.-B. en accumulent dans leur organisme à chaque fois qu’ils ingèrent une proie. Le saumon, une importante ressource alimentaire des épaulards, migrent des océans aux milieux côtiers, transportant du même coup quelques produits toxiques. Les espèces, comme le sébaste, qui passent leur vie plus près des côtes ont une teneur plus élevée en contaminants.

(Photo : I. Visser)
(Photo : I. Visser)

La position des proies dans la chaîne alimentaire est également importante. Les épaulards nomades se nourrissent de phoques, d’otaries, de marsouins et d’autres mammifères qui ont déjà accumulé une certaine quantité de toxines en ingérant des organismes des niveaux inférieurs de la chaîne alimentaire. Ainsi, les épaulards nomades ont plus de chances d’être touchés par les effets des produits toxiques que les épaulards résidants qui se nourrissent de poissons.

« Les contaminants n’agissent pas aussi rapidement que le ferait un poison, mais ils réduisent la capacité des épaulards à survivre aux maladies et à d’autres stress », souligne M. Ross.

« Environ 7 millions de personnes vivent dans le Sud de la C. B. et dans le Nord de l’État de Washington, tandis que l’effectif de la population d’épaulards résidants du Sud de la C. B. ne s’élève qu’à environ 80 individus. Les citoyens de la région peuvent, dans le contexte du partage de l’habitat des épaulards, agir à titre de partenaires des gouvernements et de l’industrie lorsqu’ils considèrent leurs responsabilités en matière d’utilisation de nettoyants domestiques, de pesticides et de véhicules, et d’autres choix de style de vie. En protégeant les ruisseaux, les rivières et les eaux côtières, nous pouvoir contribuer à la survie du saumon et des épaulards. »
  

   

   

Dernière mise à jour : 2007-11-15

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