éfiant
toute logique, les journaux ne cessent de clamer à la une l'effondrement de
la famille. Pourtant, il suffit de regarder autour de nous pour constater que
nous vivons presque tous en famille. Il peut s'agir de la formule traditionnelle,
père et mère mariés ou en union libre, de parents du même sexe, de familles
monoparentales, d'une famille reconstituée ou encore de colocataires dont les
rapports se sont transformés en une relation d'amitié. Chacun définit sa structure
familiale.
Statistique Canada ne recense peut-être pas tous les modèles de famille, mais les dernières statistiques en disent long.
En 2001, parmi les 8 371 020 familles qui vivaient au Canada :
- 70 % d'entre elles étaient constituées d'un couple
légalement marié;
- 16 % d'un seul parent;
- 14 % de couples vivant en union libre.
Par ailleurs :
- 12 % des familles avec enfants étaient reconstituées;
- 0,5 % des couples étaient du même sexe.
Le nombre de couples mariés vous étonne? Vous n'êtes pas seuls. Il est clair
toutefois que la tendance vers la structure monoparentale s'amplifie : 16
% des familles aujourd'hui sont monoparentales alors qu'il y a vingt
ans, on n'en dénombrait que 6 %. Cette statistique ne tient pas
compte toutefois de la popularité grandissante de la garde conjointe; en effet,
bien que la plupart des enfants habitent avec leur mère, la garde est partagée
dans 30 % des cas. Nous pouvons alors difficilement parler de famille
monoparentale car ce terme exclut l'engagement ou la participation des deux
parents.
Au cours des vingt dernières années, le nombre de couples vivant en union libre
est passé de 6 à 16 %*. Ces pourcentages sont directement liés
à l'âge plus avancé auquel se marient les couples :
- en 1981, l'âge moyen au moment du mariage était
de 24 ans pour les femmes et de 26 ans pour les hommes;
- en 1996, il passait à 27 ans pour les femmes et à
29 ans pour les hommes.
Des modifications législatives permettent aujourd'hui aux couples du même sexe de se marier, et si on se fie à ce que nous rapportent les médias, ces futurs époux font la queue pour légaliser leur union. Les recensements à venir tiendront sûrement compte de cette nouvelle structure familiale.
Avec tout ce qui est publié sur le divorce dans les médias, on croirait bien que le mariage est voué à l'extinction.
Il reste pourtant le choix le plus populaire au Canada, peu importe l'appartenance culturelle!
Ce que nous savons sur le mariage et le divorce
Les indicateurs les plus récents révèlent que le nombre de divorces au Canada est à la baisse. Il est par contre très difficile d'en évaluer le pourcentage étant donné les nombreuses façons de mesurer le taux de divorce. De plus, on applique à tort le taux de divorce américain de 44 % à la société canadienne.
La façon la plus équitable de mesurer le pourcentage de divorces est d'en comparer le nombre à celui des mariages qui ont été célébrés l'année où le couple s'est marié. Selon ces données, et si la tendance se maintient, le taux de divorce au Canada se situerait entre 31 et 36 %.
La longévité moyenne d'un mariage est de 13,7 années et c'est au cours de la cinquième année que l'on enregistre le plus grand nombre de divorces.
Ce que nous savons sur les enfants
Il a été établi que :
- 58 % des couples mariés ont des enfants qui vivent à la maison;
- 46 % des couples vivant en union libre ont des enfants qui vivent à la maison;
- 19 % de tous les enfants ne vivent qu'avec un parent :
- de ceux-là, 81 % vivent avec leur mère;
- et 19 % avec leur père;
- environ 15 % des lesbiennes vivant en couple ont des enfants et 3
% des couples homosexuels sont parents.
Nous savons également que les Canadiennes ont moins d'enfants. En 1921, les femmes donnaient naissance à 3,5 enfants en moyenne. En 1999, on ne dénombrait plus que 1,5 enfant par couple.
Une autre tendance se dessine : les enfants choisissent de rester à la maison
beaucoup plus longtemps. En 1981, 27 % des jeunes Canadiens de
20 à 29 ans vivaient avec leurs parents. En 2001, ce pourcentage passait à 41
%. Parmi les jeunes hommes de 20 à 24 ans, 64 % d'entre eux n'avaient toujours
pas quitté le nid familial et forment ainsi le groupe le plus important de jeunes
adultes vivant avec leurs parents.
La famille en transition
Nos propres observations du monde dans lequel nous vivons révèlent que les statistiques traînent toujours un peu derrière la réalité. Les données du dernier recensement canadien mené en 2001 montrent toutefois clairement que la famille, bien qu'elle soit en transition, demeure l'une des plus vieilles et des plus indestructibles institutions de la société.
* Le 16 % désignant les « couples vivant en union libre » diffère du 14
% ci-dessus car cette statistique mesure le nombre de « familles fondées
sur une union libre ».
Références
AMBERT, A.-M. Divorce: Facts, Causes, and Consequences, Contemporary
Family Trends, Vanier Institute of the Family, 2002.
AMBERT, A.-M. Same-Sex Couples and Same-Sex Parent Families:
Relationships, Parenting, and Issues of Marriage, Contemporary
Family Trends, Vanier Institute of the Family, 2003.
STATISTIQUE CANADA. Familles,
ménages et logement [en ligne], extrait du 18 mai 2003.
STATISTIQUE CANADA. L'évolution des liens conjugaux, Tendances sociales canadiennes, printemps 2000, p. 14-17.
STATISTIQUE CANADA. Le
point sur les familles, Tendances sociales canadiennes, été 2003, no
69, p. 11-3.
STATISTIQUE CANADA. Les jeunes adultes vivant chez leurs parents, Tendances sociales canadiennes, printemps 1999, p. 2-5.
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