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Les jeunes Canadiens sont parmi les plus grands
usagers de marijuana au monde
Encore que les drogues « légales »,
l'alcool et le tabac, soient plus populaires, la marijuana est la
drogue illicite que les jeunes utilisent le plus couramment partout
au monde. La consommation de marijuana représente environ 90 %
de l'utilisation de drogues illicites chez les élèves
des États-Unis et de l'Australie, et près de 95 %
de celle en Europe. C'est néanmoins au Canada que la marijuana
est le plus populaire auprès des élèves. Les
jeunes Canadiens (à l'instar des jeunes de l'Australie, de
la France, de l'Irlande, du Royaume-Uni et des États-Unis)
sont parmi ceux qui consomment le plus de marijuana au monde.
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Ontario, Canada |
Australie |
É.-U. |
Europe - forte utilisation(France) |
Europe - faible utilisation (Roumanie) |
Jusque là (n'importe quand) |
42,7 % |
42,8 % |
40,9 % |
35 % |
1 % |
Récemment (année écoulée) |
36,4 % |
35,25 % |
32,1 % |
31 % |
1 % |
Un faible pourcentage (3 %) des élèves
ontariens ont signalé avoir utilisé de la marijuana
tous les jours en 2001. Cela représente plus de 27 000 élèves.
Dans le cadre de la même enquête, plus de la moitié
de tous les usagers, c'est-à-dire autour de 20 % de l'ensemble
des élèves, ont signalé qu'ils avaient déjà
présenté au moins un des trois indicateurs de la dépendance.
Les renseignements sur l'utilisation de la marijuana chez les élèves
des autres provinces sont incomplets. Dans les provinces de l'Atlantique,
l'utilisation de la marijuana au cours de l'année écoulée
variait de 22 % à 38 % en 1998. Par ailleurs, au
Manitoba, 39 % des élèves ont signalé avoir
consommé de la marijuana l'année précédente.
En se fondant sur ces résultats, il est clair que bon nombre
de jeunes au Canada et ailleurs au monde essaient la marijuana au
moins une fois à l'école secondaire, et qu'ils sont
nombreux à en avoir consommé récemment.
Pourcentage des élèves du secondaire
ayant consommé de la marijuana au cours de l'année écoulée,
diverses provinces
Province |
% |
Terre-Neuve |
30 % |
Nouvelle-Écosse |
38 % |
Île-du-Prince-Édouard |
23 % |
Nouveau-Brunswick |
30 % |
Ontario |
30 % |
Manitoba |
38 % |
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Est-ce que les lois sur la possession de stupéfiants
importent aux jeunes? Au Canada, comme dans bon nombre de pays, il a
été beaucoup question de la possibilité d'assouplir
les sanctions pour possession simple (faibles quantités à
des fins personnelles) de produits de la marijuana. Le point de vue
en cause veut qu'il ne faudrait pas que les sanctions (p. ex., un
casier judiciaire) entraînent un préjudice plus important
que les effets découlant de l'utilisation de la drogue. En
vertu de la législation actuelle, la possession simple d'au
plus 30 g de marijuana (un joint contient habituellement entre 0,5
et 1 g de marijuana) est une infraction qui ne s'accompagne pas, généralement,
de la création d'un casier judiciaire, tandis que la possession
de quantités plus importantes pourrait avoir cette conséquence.
Selon une étude effectuée au Canada, les policiers jouissent
d'un grand pouvoir discrétionnaire lorsqu'ils arrêtent
des jeunes pour possession de marijuana. On signale qu'en général,
dans les cas où il s'agit d'une faible quantité, les
policiers jetteront la marijuana et donneront un avertissement aux
jeunes, ou encore les détiendront brièvement avant de
les libérer. Dans la mesure où c'est bel et bien ce
qui se passe, une modification des lois visant à exiger une
amende dans les cas de possession de marijuana, comme on le propose
souvent, correspondrait dans la pratique au resserrement des sanctions.
Il semble que l'effet le plus important de ce genre de modification
tiendrait à ce qu'elle « clarifierait les règles »
pour tous, car elle établirait une orientation claire pour
les policiers et enverrait aux jeunes un message clair : la possession
est inacceptable et on s'y attaquera de façon constante.
Quoi qu'il en soit, il semble que les lois sur la marijuana aient
peu d'effets auprès des jeunes. On ne sait pas trop ce qu'il
en est, car les études n'examinent généralement
pas les taux d'arrestation en fonction des lois (une étude
qui portait sur les taux d'arrestation a révélé
que des taux accrus correspondaient à un léger fléchissement
de l'utilisation chez les adultes et n'avaient pas d'incidence chez
les adolescents).
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Facteurs qui jouent sur les effets de la marijuana
Sa préparation et son utilisation :
La marijuana, préparation composée de feuilles de la
plante, contient moins de tétrahydrocannabinol (THC) que la
résine (haschich) ou l'huile (huile de haschich). L'effet de
la marijuana ingérée (p. ex., dans des aliments cuits
au four) correspondra à environ la moitié ou le tiers
de l'effet de la même quantité fumée. Les effets
mentaux commencent à se faire sentir dans les minutes qui suivent
l'inhalation et dans les 30 à 90 minutes qui suivent l'ingestion.
La plupart des effets disparaissent dans un délai de trois
à quatre heures (quatre à huit heures après l'ingestion).
La dose : Il est très difficile d'établir la
quantité exacte de THC que chaque personne consomme lorsqu'un
joint circule. La quantité de THC varie considérablement.
De plus, d'autres facteurs jouent sur les effets, y compris le nombre
de bouffées, la période écoulée entre
chaque bouffée, la durée de l'inhalation (dans les poumons)
et la capacité pulmonaire. On a beaucoup parlé de ce
que la marijuana disponible aujourd'hui serait beaucoup plus puissante
qu'autrefois. En fait, la marijuana, en général, est
sensiblement plus puissante. Néanmoins, la puissance de la
marijuana saisie varie beaucoup, et les policiers et les médias
ont tendance à souligner les cas exceptionnels. En fin de compte,
c'est la quantité de marijuana consommée qui en déterminera
les effets, et les usagers peuvent modifier leur dose de THC selon
le volume de fumée qu'ils inhalent à chaque bouffée.
Les circonstances qui entourent l'utilisation : On entend par
ce facteur, d'importance capitale, le contexte, les motifs et les
attentes, de même que la question de savoir si la marijuana
est consommée avec d'autres substances intoxicantes. |
Effets négatifs
Effets physiques
Il semble que la marijuana n'ait pas d'effets chroniques
pertinents sur le plan clinique dans un corps sain, à part
dans les poumons. Ces effets tiennent principalement à la combustion,
plutôt qu'à la marijuana (la fumée de la marijuana
contient certains cancérogènes en quantités supérieures
de 50 % à celles contenues dans le même volume de tabac
non filtré). À long terme, l'utilisation excessive entraîne
une augmentation des symptômes de bronchite, de toux et de respiration
sifflante.
Effets mentaux
Chez les personnes qui semblent jouir d'une bonne
santé mentale, il est possible que l'utilisation de la marijuana
provoque des symptômes psychotiques (comme le délire,
des sentiments paranoïdes et des hallucinations), mais ceux-ci
disparaissent lorsque les effets de la drogue se dissipent. La consommation
excessive prolongée de la marijuana (comme celle de l'alcool
et de la plupart des autres drogues) risque plus de produire des symptômes
qui durent. Dans ces cas-là, le rétablissement se produit
généralement après une semaine de sobriété.
Dans les cas où l'état de la personne ne s'améliore
pas, une vulnérabilité sous-jacente, révélée
par l'utilisation de la marijuana, est habituellement en cause.
L'utilisation excessive et régulière de la marijuana
(de même que l'utilisation des drogues en général)
est souvent constatée chez des personnes atteintes de divers
problèmes de santé mentale, comme l'anxiété,
la dépression, les troubles de l'humeur, les troubles bipolaires
et la schizophrénie. La question de savoir si l'utilisation
déclenche ces troubles ou si la marijuana sert à l'automédication
des personnes atteintes soulève un vif débat. Il est
toutefois indéniable que l'utilisation de la marijuana pourrait
aggraver ces troubles. L'utilisation excessive de la marijuana peut
miner la motivation, encore qu'on ne soit pas parvenu à établir
clairement un « syndrome amotivationnel », décrit
comme une perte d'énergie et l'absence de volonté de
travailler.
La tolérance et le sevrage sont les marques de la physicodépendance
qui ont été démontrées chez les êtres
humains. Les symptômes de sevrage comprennent un comportement
agressif, l'augmentation de l'anxiété, l'agitation,
les troubles du sommeil, les sautes d'humeur et la perte d'appétit.
Le véritable diagnostic
de dépendance à la marijuana fait appel à d'autres
critères, comme l'utilisation continue, malgré la connaissance
des préjudices qui pourraient en découler, et le temps
consacré à l'acquisition et à l'utilisation de
la marijuana, de même qu'à la récupération
suite à l'utilisation.
Il arrive que des usagers soient dépendants de la marijuana,
mais il est peu probable que cela se produise chez les personnes qui
ont des habitudes courantes d'utilisation en contexte social (c'est-à-dire
à faibles doses, ou rarement). On estime que le potentiel toxicomanogène
de la marijuana est plus faible que celui de bon nombre d'autres drogues,
y compris l'alcool et le tabac, et que la dépendance à
la marijuana perturbe moins les capacités de fonctionnement
de l'usager que celle aux autres drogues. En revanche, il arrive que
des jeunes soient dépendants de la marijuana, et cette dépendance
peut représenter un obstacle très important au développement
de l'adolescent. |
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