nquiets en pensant aux nombreux
cas de grippe et de rhume qui ont sévi l'an dernier, les parents commencent
déjà à chercher des moyens de garder leurs enfants en santé pendant la prochaine
saison hivernale.
Ils sont nombreux à discuter de l'échinacée avec leur médecin de famille ou
leur pédiatre. Quelle marque acheter? Quand l'utiliser? Quelle quantité administrer?
« Ce sont des questions qu'on me pose souvent », déclare
la Dre Sunita Vohra, pédiatre et directrice du programme
de recherche et d'éducation en matière d'approches complémentaires et parallèles
en santé pour les enfants (CARE) de l'Université de l'Alberta.
Les questions concernant le recours aux approches complémentaires et parallèles
en santé pour les enfants ne se limitent pas au bien-être et à la prévention,
ajoute-t-elle. Les parents d'enfants gravement malades et hospitalisés s'intéressent
également à la médecine douce, particulièrement aux produits de santé naturels.
« Ils entendent parler de ces produits par des amis ou des membres
de leur famille ou ils font des recherches dans Internet, explique la Dre
Vohra. Les parents finissent par être déconcertés car ils reçoivent beaucoup
d'information contradictoire. Mais ils veulent absolument faire quelque chose
pour améliorer l'état de santé de leur enfant. »
Ce que doivent considérer les parents
Qu'il s'agisse de soigner un rhume ou d'aider un enfant qui prend déjà
beaucoup de médicaments contre le cancer à combattre une infection,
l'absence d'information utile rend très difficile la prise de décision
éclairée. La Dre Vohra et ses collègues affirment que la
recherche sur les approches complémentaires et parallèles en santé
n'en est qu'à ses premiers balbutiements et insistent sur le fait que
les parents devraient communiquer ouvertement et faire preuve de prudence s'ils
décident d'avoir recours à la médecine douce pour leurs
enfants.
« Il n'existe aucune réponse simple », affirme-t-elle. Ces situations
donnent lieu à ce qu'elle appelle une « danse » entre le médecin
et les parents. Ces derniers se présentent avec une quantité effroyable de renseignements
qu'ils ont téléchargés. Dans le meilleur des mondes, le médecin est en mesure
de discuter des méthodes ou des produits connus, et après avoir analysé les
avantages et les risques potentiels, de recommander une marche à suivre.
Un grand nombre de parents qui ont recours à des approches complémentaires
et parallèles en santé pour soigner leurs enfants ne se prêtent
pas volontiers à la danse décrite par la Dre Vohra. Selon les
statistiques compilées à partir de nombreuses études, elle
estime que jusqu'à 70 % des enfants souffrant de maladies chroniques
graves ou récurrentes suivent une thérapie parallèle. Les
recherches indiquent également que beaucoup de parents, environ la moitié,
n'en soufflent pas un mot à leur pédiatre. Ils administrent donc
le traitement conventionnel, mais y ajoutent une thérapie complémentaire
en faisant eux-mêmes des recherches et en allant jusqu'à adapter
leur style de vie en fonction des pratiques ou des régimes alimentaires
parallèles.
Pallier le manque de communication
« Les parents ne divulguent pas tout ce qu'ils font, et ce, pour une bonne
raison », déclare Gwen Burrows, directrice du programme national
de subventions de la Sick Kids Foundation qui octroie des subventions dans le
secteur de la santé infantile partout au Canada. La Fondation, associée
à l'Hôpital pour enfants de Toronto, joue un rôle de premier
plan dans la facilitation et le financement de la recherche sur les méthodes
complémentaires et parallèles pour les enfants. « Il arrive
souvent que les médecins et les infirmières ne savent pas quoi
répondre aux parents lorsque ces derniers leur demandent de l'information
sur ce genre de thérapies, surtout lorsqu'elles visent des enfants qui
souffrent d'une maladie grave ou chronique », explique Mme Burrows.
Les parents hésitent à en parler car ils craignent que le médecin ne soit pas
réceptif à l'idée. Mme Burrows reconnaît que parmi le personnel de
l'hôpital, il y a sûrement un bon nombre de médecins qui ne croient pas aux
thérapies complémentaires et parallèles, mais il y en a autant qui sont prêts
à explorer leur potentiel.
Selon Mme Burrows et la Dre Vohra, ce manque de communication est troublant,
car en raison des nombreux facteurs qui entrent en jeu, les enfants réagissent
très différemment des adultes aux traitements, qu'ils soient conventionnels
ou parallèles.
« Il est essentiel que les parents en parlent ouvertement », ajoute
la Dre Vohra. Trouvez un professionnel de la santé, médecin ou
pédiatre, parlez-lui de votre intérêt pour la médecine
douce et demandez-lui ce qu'il en pense.
« Tenez les professionnels de la santé au courant. C'est très
important car trop de choses passent inaperçues dans le système
actuel », ajoute-t-elle. Il arrive, par exemple, que des enfants soient
hospitalisés pour subir une chirurgie et que les parents ne jugent pas
nécessaire de dire au médecin que leur enfant prend des produits
de santé naturels, dont certains peuvent avoir des propriétés
anticoagulantes (pour éclaircir le sang). Ce genre de situation potentiellement
dangereuse peut être évitée si les parents et les médecins
se parlent.
« Les gens doivent remettre une liste complète des produits qu'ils
prennent à tous les professionnels de la santé qu'ils visitent,
insiste la Dre Vohra. La première chose à faire, c'est de communiquer.
La deuxième, c'est de se procurer de l'information de qualité.
» Elle met les gens en garde contre l'information produite par les entreprises
qui ne sont intéressées qu'à faire mousser leurs ventes.
« Il est important que le consommateur soit sceptique et averti. »
Le nouveau Règlement
sur les produits de santé naturels devrait aider les consommateurs
à s'assurer de la qualité d'un produit, ajoute la Dre
Vohra. Les parents qui sont intéressés à utiliser des produits
naturels pour leurs enfants devraient demander l'avis des experts. Il importe
également de faire preuve de la même vigilance à l'égard
des approches complémentaires et parallèles, comme l'acupuncture.
« N'hésitez pas à poser des questions sur les compétences
et l'expérience du personnel en soins pédiatriques. »
Bon pour un adulte, mais pas nécessairement sans danger pour un enfant
Il importe que le praticien ait de l'expérience et des connaissances
en soins pédiatriques car les problèmes de santé des enfants
sont très différents de ceux des adultes, affirme Mme Burrows.
Les parents devraient s'inquiéter des problèmes soulevés
dans le cadre des recherches sur les traitements conventionnels et parallèles
destinés aux enfants. « Par exemple, il a été déterminé
que l'on indique rarement la posologie appropriée pour les enfants sur
les produits naturels. Cela s'explique par le fait que dans bien des cas, contrairement
à la population adulte, le nombre d'enfants atteints d'une maladie quelconque
est généralement moins élevé. Il est donc plus difficile
de mener des études sur les maladies infantiles, et les questions d'éthique
entourant la recherche sur les enfants sont également plus complexes
», explique-t-elle.
« L'enfant continue de grandir et de se développer, ajoute Mme Burrows.
Il peut donc être plus vulnérable aux erreurs de dosage ou aux effets secondaires
du mélange de médicaments et de produits naturels. » On s'inquiète également
des effets potentiels à long terme d'un produit naturel ou pharmaceutique pendant
la période cruciale de croissance et de développement d'un enfant.
« Si l'enfant souffre d'une maladie ou d'une incapacité, il doit
recevoir des soins appropriés pour favoriser son développement,
qu'ils soient de nature conventionnelle ou parallèle. Les nourrissons
sont particulièrement vulnérables à certaines maladies.
»
En soulignant une fois de plus l'importance de la communication, elle ajoute
« les parents doivent également savoir si le praticien de médecine
douce connaît véritablement les problèmes de santé
relatifs aux enfants et s'il fait suffisamment preuve de discernement pour renvoyer
le cas à un médecin lorsque cela s'avère nécessaire.
»
L'information fiable : indispensable, mais rare
« Il est encore difficile de trouver de l'information de qualité sur les soins
pédiatriques complémentaires et parallèles », admet la Dre Vohra.
La Sick Kids Foundation et le programme CARE s'efforcent d'améliorer la situation.
En septembre, le programme CARE a lancé PedCAM
(en anglais seulement), un nouveau réseau financé par la Fondation. Conçu d'abord
pour relier les chercheurs et les éducateurs qui s'intéressent aux soins pédiatriques
complémentaires et parallèles, PedCAM s'adresse également aux personnes, aux
organismes et aux groupes qui souhaitent se garder à l'affût des initiatives
et des débouchés dans ce secteur. Le lancement de PedCAM sera célébré officiellement
en décembre, lorsque la Fondation animera un forum
(en anglais seulement) mettant en valeur la recherche pédiatrique sur les méthodes
complémentaires et parallèles qu'elle finance depuis deux ans.
Il reste encore plus de questions que de réponses, mais la Dre Vohra
affirme aux parents qui s'intéressent à la médecine douce
pour leurs enfants que les progrès récents dans ce domaine, comme
le programme CARE, sont encourageants.
« Les parents ont recours aux méthodes complémentaires et
parallèles, et la science essaie de rattraper le temps perdu. En bout
de ligne, notre objectif est le même : nous voulons tous améliorer
la santé de nos enfants. »
Ressources recommandées
HolisticKids.org
(en anglais seulement)
Site américain créé par l'hôpital pour enfants de Boston en collaboration avec
d'autres centres de recherche sur la santé du Massachusetts à titre de matériel
didactique pour les résidents en médecine pédiatrique. Le nombre de ressources
de grande qualité est restreint, mais est en voie de développement.
Motherisk
Site contenant de l'information éprouvée sur l'innocuité
et les dangers des médicaments, des produits chimiques et des maladies
pendant la grossesse et l'allaitement. Motherisk existe grâce au programme
de l'hôpital pour enfants (Sick Kids) de Toronto. Le site comprend des
études et de l'information sur un grand nombre de produits naturels,
notamment l'acide folique et l'échinacée.
DAVIS, M. P. et DARDEN, P. M. « Use of complementary and alternative medicine
by children in the United States », Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine,
vol. 157, no 4, (avril 2003), p. 393-396.
ERNST, E. « Prevalence of complementary/alternative medicine for children:
a systematic review », European Journal of Pediatrics, vol. 158, no
1, (janv. 1999), p. 7-11.
LANSKI, S. L., GREENWALD, M., PERKINS, A., et SIMON, H. K. « Herbal therapy
use in a pediatric emergency department population: expect the unexpected »,
Pediatrics, no 11, (mai 2003), p. 981-5.
SANTÉ CANADA, DIRECTION DES PRODUITS DE SANTÉ NATURELS, DPSN. Recherche sur
les produits de santé naturels sur les enfants et les jeunes : Conférence d'établissement
des priorités, 17-18 mars 2002, Toronto.
Programme CARE
La
recherche sur les soins pédiatriques complémentaires et parallèles progresse
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