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n considère de plus en plus
que l'école secondaire est à l'avant-poste de la santé
mentale. Il était grand temps, de dire les experts, étant donné
que les symptômes de la plupart des maladies mentales se manifestent à
l'adolescence et au début de l'âge adulte. Trouver des moyens d'identifier
et d'aider les élèves qui en souffrent avant que leur vie et leur
avenir ne soient totalement bouleversés, voilà le défi
à relever.
Nombreux sont les adolescents qui n'osent pas demander de l'aide lorsque les
premiers symptômes font leur apparition. Ils ont peur de ce qu'il leur
arrive, ils ne connaissent pas beaucoup les maladies mentales, ils sont très
sensibles à la discrimination et craignent d'être jugés
injustement. De plus, les parents, les amis et les enseignants ne reconnaissent
pas toujours les premiers signes et croient à tort qu'il ne s'agit que
des comportements typiques des jeunes de cet âge.
Les adolescents doivent composer avec le stress des examens, leurs hormones
en pleine effervescence et des relations interpersonnelles parfois difficiles.
Selon l'Association
des psychiatres du Canada, certains d'entre eux doivent également
combattre des problèmes de santé mentale très graves. De
la dépression aux troubles de l'alimentation en passant par la schizophrénie,
de nombreux jeunes dans le monde entier ont une prédisposition aux maladies
mentales.
Les effets de la maladie mentale chez les élèves
Spécialiste en psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, le Dr
Stan Kutcher, professeur à l'Université de Dalhousie, a observé les effets
de la maladie mentale chez les jeunes. « Très souvent, la maladie
se déclare à l'école ou elle nuit carrément à la capacité de réussite de l'élève
sur les plans scolaire et social », déclare-t-il.
Les problèmes de santé mentale frappent les jeunes de diverses
façons. Ils peuvent se sentir épuisés ou avoir de la difficulté
à se concentrer ou à interagir avec les autres. Il arrive aussi
qu'ils aient des pensées bizarres et terrifiantes. Ou encore, ils peuvent
avoir d'étranges réactions et des comportements imprévisibles.
Les jeunes qui prennent des médicaments pour traiter une maladie mentale
peuvent subir les effets secondaires suivants : agitation, irritabilité,
sécheresse de la bouche, pertes de mémoire, vision trouble, somnolence
et tremblements. Parfois, ils ont l'impression que leur cerveau fonctionne au
ralenti, au milieu d'un épais brouillard.
Ils doivent également relever des défis de taille. « Bien
des jeunes éprouvent le besoin de rester à la maison le temps
d'accepter le diagnostic et les traitements. Ils hésitent à retourner
à l'école, déclare Catherine Willinsky, chargée
du projet La santé mentale et l'école secondaire de l'Association
canadienne pour la santé mentale (ACSM). Leur confiance est mise à
l'épreuve. En les traitant et en assurant un suivi, leur vie est beaucoup
moins bouleversée. »
Tragiquement, une des répercussions de ces maladies est le suicide. Il
s'agit de la deuxième cause de décès chez les jeunes Canadiens de 15 à 24 ans,
après les accidents de la route. Selon l'Association des psychiatres du Canada,
à l'adolescence, les
pensées et les comportements suicidaires vont souvent de pair avec la dépression.
À l'aide!
Ceux comme nous qui ont une maladie mentale et qui se battent avec eux-mêmes
pour terminer l'école secondaire ont définitivement besoin d'aide.
La frustration exprimée par ce jeune a trouvé un écho chez bien d'autres,
comme en fait foi le sondage mené par l'ACSM dans le cadre de son projet La
santé mentale et l'école secondaire.
L'objectif du projet était de sortir la maladie mentale de l'ombre à
l'école secondaire et de fournir des moyens pratiques d'aider les élèves.
« Nous avons constaté que les jeunes ressentaient une absence complète
de soutien et de ressources, et qu'il leur manquait surtout une personne à
qui parler, déclare Catherine Willinsky. Ils disent n'avoir aucune aide
à l'école. »
Pour remédier à la situation, l'ACSM a publié un Guide
à l'intention des étudiants et a lancé un site Web.
Ces deux ressources inspirées de témoignages d'élèves,
de parents, d'enseignants et de conseillers visent à fournir de l'information
sur les maladies et les problèmes de santé mentale et à
offrir des suggestions et des conseils qui aideront les jeunes à surmonter
les difficultés associées à la maladie à l'école.
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Reconnaître les symptômes
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Bien que les symptômes
varient pour chaque problème de santé mentale et d'une personne
à l'autre, si quelque chose de sérieux se déroule,
vous remarquerez des changements, que vous soyez parent, frère, sœur,
enseignant ou ami.
Lorsqu'une maladie mentale se manifeste, l'adolescent n'est plus en mesure
de s'organiser et de faire le point sur ce qui lui arrive. Le signe le plus
clair pour ceux qui l'entourent est la modification de ses comportements
habituels.
Comme les symptômes
de la maladie mentale peuvent être sporadiques et se confondre
avec d'autres comportements (comme la colère normale d'un adolescent),
un certain temps peut s'écouler avant que l'on identifie le problème
réel.
Restez à l'affût des changements de comportements et notez
la durée, la fréquence et la gravité de ceux-ci. S'ils
s'échelonnent sur une longue période de temps, il peut s'agir
d'un problème de santé mentale grave. |
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Concessions en faveur des élèves
On peut aider ces jeunes en leur permettant tout simplement de choisir leur
siège ou d'apporter une bouteille d'eau dans la classe, de prendre des
pauses au besoin ou de copier les notes d'un ami.
Le Guide à l'intention des étudiants de l'ACSM leur suggère
également :
- de demander la permission de remettre un texte par écrit si les présentations
orales sont trop stressantes;
- de négocier plus de temps pour terminer les devoirs et les examens;
- de passer les examens en deux ou trois parties;
- de demander d'écrire une dissertation si l'examen à choix
multiples est trop stressant;
- de passer les examens dans un endroit paisible.
Dans bien des cas, en réduisant le nombre de cours, l'élève
peut arriver à finir son secondaire, même si cela prend une année
ou deux de plus.
Les enseignants et les parents doivent également respecter le besoin
de l'adolescent de prendre part aux discussions qui le concernent. L'élève
devrait pouvoir décider de son propre gré s'il souhaite dévoiler
sa maladie car, comme l'explique le Dr Kutcher, « il est effroyablement
difficile pour un jeune de faire l'objet de discrimination. » À
ce sujet, Catherine Willinsky ajoute : « il est clair que ce sujet n'est
guère plus facile à aborder à l'école secondaire
que dans le reste de la société ».
Éduquer les éducateurs
Les professionnels de la santé mentale considèrent que l'école
secondaire est à l'avant-poste pour identifier les problèmes de
santé mentale des jeunes. « En fait, les éducateurs sont
témoins de ces problèmes tous les jours, explique le Dr Kutcher.
On demande de plus en plus aux écoles de s'engager dans diverses actions
sociales, l'éducation n'étant que l'une d'elles. »
Le Center for Health and Health Care in Schools (centre de ressources sur les
politiques et programmes américains), partage cet avis et ajoute que
le milieu scolaire, « conçu pour favoriser l'apprentissage et le
développement, est un contexte qui se prête naturellement à
la prévention et à l'intervention car il est relié aux
ressources communautaires, il est accessible, il est bien connu des élèves
et des parents, et il encourage la communication entre la maison et l'école. »
Des programmes et des ressources visant à renseigner les enseignants
et les conseillers sur les maladies mentales et les jeunes sont en cours d'élaboration.
Le Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto a publié
Talking
About Mental Illness, un guide destiné aux écoles secondaires
dont l'objectif est d'enrayer la discrimination. Le
dépliant « Ma vie - C'est pas fou d'en parler » comprend
des outils qui sensibiliseront les jeunes à la santé mentale,
accompagnés de liens pertinents et de jeux-questionnaires.
« On ne peut s'attendre à ce que les éducateurs donnent
des conseils et diagnostiquent des maladies, ajoute le Dr Kutcher. Mais ils
peuvent contribuer à identifier les cas et à aider les élèves. »
L'ampleur du problème dorénavant bien connue a suscité
l'élaboration de nouveaux programmes et ressources en vue de transformer
les écoles secondaires du Canada de sorte qu'elles soient aptes à
identifier et à aider plus rapidement les élèves qui souffrent
de maladies mentales. « Ces activités sont importantes, ajoute le Dr Kutcher, tant du point de vue de l'éducation et du traitement de la
maladie que du point de vue de la santé publique. »
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