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Le bien-être est un concept à la mode. On y accorde beaucoup d'attention dernièrement.
Mais qu'est-ce que le bien-être exactement? Et s'il est si important,
comment peut-on y faire une place dans nos vies déjà trop compliquées?
« En ce qui me concerne, le bien-être est un état de bonne santé mentale, physique
et spirituelle », explique le Dr Badri Rickhi, psychiatre de formation
et titulaire de la chaire de recherche du Canadian Institute of Natural and
Integrative Medicine (CINIM) de Calgary, un centre de recherche spécialisé dans
l'évaluation des approches complémentaires et parallèles en santé.
Le bien-être : un continuum
« Le bien-être, c'est d'être satisfait de l'état dans lequel on se trouve.
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Les spécialistes du bien-être utilisent des termes comme harmonie
ou équilibre pour décrire le bien-être, alors que les résultats
des recherches montrent que les gens disent se sentir bien s'ils ont la paix
d'esprit, un sentiment d'espoir ou de confiance, et s'ils se sentent généralement
bien dans leur peau.
« Les gens peuvent avoir un problème physique, mais se sentir quand
même bien, explique le Dr Rickhi. Le bien-être, c'est d'être
satisfait de l'état dans lequel on se trouve. »
On pourrait penser que le bien-être n'est qu'un autre de ces objectifs
inaccessibles, mais il n'est pas question ici de perfection. Il s'agit d'un
continuum plutôt que d'un absolu, d'un état de bonne santé
mentale et physique plutôt que d'une condition précise à
atteindre.
Les petits gestes… un avantage concret
Nous pouvons tous nous créer un état de mieux-être, ajoute
le Dr Rickhi. Ce n'est pas compliqué et ça ne coûte pas
cher. On doit d'abord faire des choix personnels, poser des petits gestes, comme
boire plus d'eau ou aller faire une promenade après le souper au lieu
de regarder la télévision.
« Utilisez différentes ressources, nous conseille le Dr Rickhi.
Ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier. Plus vous avez d'outils,
plus vous augmentez vos chances de réussite. »
Le bien-être revêt différents aspects
Les trois éléments du bien-être regorgent d'outils potentiels. Créer un état
de mieux-être peut signifier concentrer ses efforts sur les pratiques qui bénéficient
à un deux ou trois éléments suivants : la santé physique, la santé mentale et
la santé spirituelle.
- Eau. Les études sur l'hydratation montrent que la plupart des gens
ne boivent pas suffisamment de liquides sains, surtout d'eau.
« Si vous buvez suffisamment d'eau, il est fort probable que vous ne
remarquerez aucune différence initialement. Mais lorsque vous oublierez
de vous
hydrater convenablement, vous vous rendrez tout de suite compte que quelque
chose ne tourne pas rond. Vous serez incapable d'expliquer ce que vous ressentez,
mais vous saurez qu'il y a un problème. Les gens ne portent plus attention
aux signaux que leur corps leur envoie », déplore le Dr
Rickhi.
- Alimentation saine. Il est important de bien
se nourrir, en choisissant des fruits et légumes en saison. Achetez des
concombres et du melon d'eau l'été, et des légumes-racines en hiver.
- Toucher réconfortant. Des traitements corporels réguliers
comme le massage
contribuent au bien-être physique. Tout comme se faire masser les pieds
ou prendre un long bain aromatisé à la lavande.
- Activité physique. Lorsqu'on évalue l'activité
physique du point de vue du bien-être, plus n'est pas nécessairement
mieux.
« Nous sommes conditionnés par la culture dans laquelle nous vivons. On nous
dit qu'on doit absolument être actifs », déclare le Dr Rickhi. Alors comment sait-on si on est en meilleure santé? Quand on réussit à faire
100 push-ups par jour? On a tendance à se comparer aux autres et à penser
que plus on en fait, mieux c'est, mais quelle
quantité d'exercice suffit?
« Si vous êtes sédentaire, augmentez
graduellement votre niveau d'activité, suggère le Dr
Rickhi. Par contre, les gens actifs qui font de l'alpinisme toutes les fins
de semaine pourraient prendre le temps de se reposer et de récupérer.
»
Il peut être difficile de changer ses habitudes
par exemple, boire un peu plus d'eau chaque jour ou descendre de l'autobus avant son arrêt ou se stationner un peu plus loin pour se rendre à destination à pied. « Il est difficile de se motiver, avoue le Dr Rickhi.
Habituellement, je conseille aux gens de choisir une habitude qu'ils veulent changer et de ne pas flancher pendant 21 jours. Vous verrez qu'au bout de trois semaines, ce geste vous viendra tout naturellement, et ça ne sera plus un sacrifice.»
Santé mentale et spirituelle
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Pour la plupart d'entre nous, la satisfaction de soi est difficile à
cerner. Le stress est un des principaux coupables. Plongés dans l'existence
complexe du XXIe siècle, nous sommes esclaves de notre système
nerveux autonome — le siège de la poussée d'adrénaline,
ou si vous préférez, de la réaction de lutte ou de fuite.
- Prendre le temps de récupérer. Lorsque nous vivons
dans la sérénité, nous connaissons la réaction
de relaxation, un concept décrit dans les années 1960 par
le Dr Herbert Benson, chercheur à l'Université Harvard.
Il s'agit de changements profonds qui s'opèrent dans l'organisme et
l'esprit, qui ont des effets sur le métabolisme, la tension artérielle,
le rythme cardiaque, les ondes cérébrales, et même, sur
le rythme respiratoire. Toutes ces fonctions sont contrôlées
par le système nerveux parasympathique — le centre de contrôle
qui commande les activités de repos et de récupération
du système nerveux.
Les études cliniques ont montré que les changements physiologiques
contrôlés par le système nerveux parasympathique peuvent
aider à contrer les répercussions du stress. Par exemple, les
programmes visant à réduire le stress mental et physique ont
démontré une amélioration dans l'état de santé,
y compris de la tension artérielle, de l'arythmie cardiaque, de la
douleur, de l'insomnie, des allergies, du syndrome prémenstruel, des
symptômes de la ménopause et de l'infertilité.
« Pensez au cheval qui broute dans le pâturage, explique le Dr
Rickhi. C'est à ce moment-là que l'organisme récupère.
Selon moi, le système nerveux parasympathique représente la
position naturelle de l'être humain. Dans notre société
moderne, ce phénomène est complètement bouleversé.
Les gens qui disent mieux fonctionner dans des conditions stressantes positionnent
leur corps vers le système nerveux autonome, là où l'organisme
subit toute l'usure. »
- Être consciemment présent dans notre vie et notre corps. «
Au fil des progrès scientifiques, nous avons oublié la nature de l'être humain
», déclare le Dr Steven Aung, médecin de famille d'Edmonton spécialisé
en gériatrie. On lui a remis récemment l'Ordre du Canada en reconnaissance
des efforts qu'il a déployés pour intégrer la médecine
chinoise traditionnelle à la médecine conventionnelle.
Selon le Dr Aung, l'adaptation à la nature implique un équilibre.
Cela signifie être présent dans notre contexte de vie, et dans le monde qui
nous entoure, au lieu de traverser la vie au pas de course dans un constant
état de stress.
« Engagez tous vos sens, explique-t-il. Laissez vos oreilles entendre les
oiseaux et les feuilles bruisser dans le vent. Laissez vos yeux voir le ciel
bleu, votre langue goûter aux différentes saveurs, votre peau sentir la chaleur
du soleil. En médecine chinoise traditionnelle, les expériences sensorielles
influencent les méridiens (les conduits d'énergie dans l'organisme) et les
processus physiologiques. Les gens sont conscients de leur propre corps, mais
ne savent pas ce qui se produit dans leur organisme. Le corps souffre lorsqu'il
n'est pas en harmonie avec la nature. »
Les symptômes de ces problèmes sont répandus. Les Drs
Aung et Rickhi font remarquer la
prévalence des cas de dépression et des signes physiques d'un surcroît
de stress, comme la mauvaise circulation, d'innombrables rhumes et quintes
de toux. Selon eux, ce sont toutes des preuves que la vie et la santé des
gens sont en déséquilibre total.
Les approches complémentaires en santé peuvent jouer un rôle important
« Je ne connais personne qui soit en parfaite santé, déclare
le Dr Rickhi. Mais entre la santé parfaite et la maladie, il y a le bien-être.
C'est à ce stade que les approches complémentaires et parallèles
en santé donnent les meilleurs résultats. »
« Les médecines traditionnelles (comme la médecine chinoise traditionnelle,
l'Ayurvéda
et la médecine
tibétaine) peuvent guider les gens qui ont besoin d'aide », déclare le Dr
Aung. Les techniques issues de la médecine traditionnelle comme le
yoga, la méditation, la relaxation progressive, le Qi
Gong, et le Tai
Chi sont recommandées à longueur d'année. Ces techniques mettent l'accent
sur l'équilibre, et favorisent l'habileté naturelle du corps de se régénérer.
« Nous devons faire des activités régénératrices », déclare le Dr
Rickhi. Les Canadiennes et Canadiens qui connaissent les approches complémentaires
et parallèles en santé en conviennent. La moitié des personnes
interrogées disent utiliser des approches complémentaires et parallèles
en santé pour favoriser leur bien-être.
Dans quel état se trouve ma santé?
Même si les tests diagnostiques peuvent nous donner une bonne idée
de notre état de santé, ce que nous ressentons est le meilleur
indicateur de notre bien-être.
« J'ai remarqué dans mes observations et mes recherches qu'il
existe un lien très étroit entre l'auto-évaluation et les
mesures objectives. Les gens se connaissent le mieux », déclare
le Dr Rickhi. Les jeux-questionnaires sur la santé dans les
magazines sont un bon moyen de faire l'inventaire de son état de santé.
Vous pouvez trouver également de nombreux exemples
de tests en ligne.
Du point de vue du Dr Aung, vous savez que vous êtes bien si vous vous
sentez bien. Natif du Myanmar, il est fortement influencé par la tradition
bouddhiste. Selon lui on atteint le bonheur et le bien-être en aidant
les autres à l'atteindre. « Dans une perspective plus vaste, l'harmonie
individuelle nous mène au ressourcement universel », ajoute-t-il.
La compassion et le bien-être, deux sentiments étroitement liés
« La compassion et le bien-être, deux sentiments étroitement liés. »
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Les tenants de la spiritualité orientale disent que « l'intention
est très importante, peu importe ce que l'on fait », explique le
Dr Aung. On sait depuis toujours que la compassion envers soi-même et
envers les autres est une bonne chose, et de plus en plus de preuves viennent
appuyer cette pensée. Assez, en fait, pour inciter le Dr Rickhi à
faire un essai comparatif aléatoire sur les thèmes spirituels
qui incluent la compassion.
Le centre de recherche du Dr Rickhi à Calgary a mené une étude
sur l'impact de la pratique spirituelle, mais non religieuse (relaxation progressive
et méditation) sur la détresse émotionnelle. Une deuxième
étude, visant à évaluer l'impact de la pratique spirituelle
sur la dépression, est au stade du recrutement dans la région
de Calgary.
Les participants à la première étude qui ont suivi les
techniques de relaxation progressive et de méditation du programme ont
déclaré être plus enclins à assumer leurs responsabilités,
tout en étant plus spirituels, en se préoccupant davantage du
genre humain. Selon le Dr Rickhi, il s'agit d'éléments clés
pour atteindre le bien-être véritable.
Pendant les mois d'été, il est plus facile d'avoir une ouverture
d'esprit envers nous et envers les autres. Les gens sont généralement
en meilleure santé, se sentent revigorés et énergétiques.
Mais nous ne sommes pas toujours en été, fait remarquer le Dr
Rickhi.
« Vous devez préparer votre mieux-être, fait-il observer.
Vous devez entretenir des relations avec les gens qui vous entourent, en cultivant
la gentillesse, la compassion et la gratitude. Ce sont tous des outils utiles
et gratuits. Vous avez un rôle à jouer pour influencer votre environnement
et la responsabilité de le faire. »
Les Drs Aung et Rickhi insistent sur le thème de la responsabilité
individuelle comme moyen primaire d'atteindre le bien-être.
«La chose la plus importante que vous pouvez faire en tant qu'être
humain est de prendre soin de vous-même afin de vous sentir bien dans
votre peau et de rendre les autres heureux », déclare le Dr Aung.
Il continue en citant ces mots de Leo Tolstoy : « l'objectif dans la vie
est de se perfectionner ». En ce qui concerne le bien-être, se perfectionner
ne signifie pas être parfait, mais plutôt se sentir le mieux qu'on
peut.
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