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Événements

1919 – La grève générale de Winnipeg

Pendant plus de six semaines de tensions énormes, au printemps de 1919, les habitants de Winnipeg sont témoins d’une manifestation sans précédent de solidarité des travailleurs. En effet, les travailleurs syndiqués et non syndiqués des secteurs privé et public paralysent la ville en menant une grève générale. Les banques, les services postaux, les services de livraison, les journaux, le téléphone, les taxis, les aqueducs, la distribution d’électricité et même les services de police et d’incendie cessent de fonctionner ou fonctionnent au ralenti. La grève est le résultat d’un différend entre les métallurgistes et leurs patrons, et elle se répand comme une traînée de poudre dans l’ensemble de la classe ouvrière de la ville. Elle est alimentée par le mécontentement généralisé à l’égard de l’inflation et du chômage ainsi que par un courant idéologique naissant. De nos jours, la grève générale de Winnipeg est considérée comme la grève générale la plus importante survenue au Canada et comme celle ayant laissé le plus de séquelles.

Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale , en 1914, le Canada manifeste son patriotisme en envoyant un demi‑million de troupes au front et des millions de dollars de denrées alimentaires et de munitions en Europe. La guerre permet au Canada de sortir d’une période de récession et entraîne à toute fin pratique la suppression du chômage, tout en faisant monter les revenus des Canadiens. Toutefois, les coûts de cette économie en surchauffe ne sont pas bien contrôlés et l’inflation a tôt fait d’éroder la prospérité naissante. La guerre favorise aussi les déséquilibres régionaux : le Centre du Canada profite des retombées industrielles, alors que l’Ouest et l’Est sont relégués, comme beaucoup le pensent, au rôle d’arrière‑pays fournisseur de ressources. À la fin de la guerre, en novembre 1918, la forte demande de biens et de services cesse. De nombreuses usines, comme celles des produits chimiques et de l’acier, qui jouent un rôle névralgique en temps de guerre, font face à une baisse marquée de la demande. Ce fléchissement industriel, combiné à la démobilisation d’un flot de soldats, entraîne de graves problèmes de chômage. La « guerre qui devait mettre fin à toutes les guerres » n’est pas suivie d’une période de paix prospère.

Les travailleurs qui ont toujours leur emploi se débattent pour obtenir des salaires plus élevés afin de compenser l’érosion de leur niveau de vie provoquée par l’inflation qui a sévi en temps de guerre. Dans l’ensemble du Canada, la classe ouvrière commence à s’agiter. Les événements qui se produisent ailleurs dans le monde galvanisent les travailleurs canadiens : la montée du Parti travailliste britannique et la Révolution russe de 1917 semblent ouvrir la voie à une solidarité mondiale des travailleurs. Les travailleurs de l’Ouest du Canada parlent de créer un gros syndicat unique (One Big Union) pour contrer le capitalisme. Au début de 1919, Winnipeg se retrouve au centre de l’agitation canadienne lorsque les travailleurs des secteurs de la construction et de la métallurgie voient leurs demandes salariales et la reconnaissance de leurs syndicats rejetées du revers de la main par leurs employeurs.

Au début de mai, les métallurgistes entrent en grève. Leur mouvement suscite immédiatement la sympathie du Conseil des métiers et du travail de Winnipeg (CMTW), l’organisme qui chapeaute tous les syndicats locaux. Les membres du CMTW soutiennent massivement la cause des métallurgistes et, le 15 mai, ils appellent au déclenchement d’une grève générale pour les appuyer. On n’avait jamais vu un conflit de travail d’une telle ampleur au Canada. Dans une ville comptant presque 175 000 habitants, plus de 30 000 travailleurs — parmi lesquels de nombreux jouent un rôle stratégique dans l’économie locale — déclenchent une grève.

Les gens d’affaires et les politiciens de Winnipeg s’opposent avec véhémence à la grève, qualifiant les grévistes d’« ordures étrangères » et de « bolcheviques » qui tentent d’ébranler les valeurs sociales et politiques. Les opposants forment le Citizens’ Committee of One Thousand afin de contrer les grévistes et de remettre de l’ordre dans la ville. Le comité force le conseil municipal à congédier les services de police sympathiques à la grève et l’incite à recruter une force spéciale constituée de 2 000 hommes pour mater les grévistes. Les gouvernements fédéral et provincial donnent leur appui aux dirigeants d’entreprises et aux politiciens, décrivant la grève comme une conspiration destinée à ébranler les fondements mêmes de la nation. Pour leur part, les grévistes optent pour des tactiques non conflictuelles. Le gouvernement fédéral a néanmoins recours à la Loi sur l’immigration pour déporter les dirigeants syndicaux d’origine britannique. Comme il fallait s’y attendre, la nouvelle de la grève se répand rapidement au pays et à l’étranger.

Le 17 juin 1919, plusieurs dirigeants du comité central de grève sont arrêtés et envoyés dans une prison à l’extérieur de la ville. Les travailleurs de Winnipeg sont outrés. Le samedi 21 juin, d’anciens fonctionnaires en faveur de la grève défient l’interdiction imposée par le maire en défilant dans les rues devant l’hôtel de ville. Un contingent de la Police à cheval du Nord‑Ouest, secondé par les troupes fédérales, attaque les manifestants pour les disperser. À la fin de l’après‑midi, le centre‑ville de Winnipeg est désert. Une personne meurt et près d’une centaine d’autres sont blessées au cours de ce qu’on a par la suite appelé le Bloody Saturday.

Le 26 juin, la grève est officiellement suspendue. Les métallurgistes retournent au travail sans augmentation de salaire. Les travailleurs du domaine de la téléphonie sont réengagés mais doivent promettre qu’ils ne participeront plus jamais à une grève de solidarité. D’autres travailleurs sont emprisonnés, certains sont déportés et des milliers perdent leur emploi.

Même si l’on ne satisfait pas à leurs demandes de salaires plus élevés et de réduction des heures de travail, les travailleurs ont atteint certains de leurs objectifs. Les dispositions législatives obligent rapidement les employeurs à reconnaître le droit des travailleurs de se syndiquer. Outre ces gains, la grève laisse des traces dans la mémoire des travailleurs canadiens. En 1920, 11 candidats représentant les travailleurs sont élus à l’assemblée législative du Manitoba, dont 4 dirigeants de grève. Un an plus tard, James Woodsworth, un ministre méthodiste qui avait participé à la grève, devient le premier député travailliste indépendant élu à Ottawa; il fonde par la suite la Fédération du commonwealth coopératif, appelée aujourd’hui « Nouveau parti démocratique ».

Liens

La révolte du salariat — La grève générale de Winnipeg
Source : Civilisations.ca
www.civilization.ca/hist/labour/labh22f.html

Guide de recherche sur l’histoire du travail au Canada
Source : Bibliothèque et Archives Canada
www.collectionscanada.ca/2/26/index-f.html


 

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