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ONF - Portraits

Norman McLaren

En 1975, le directeur du magazine québécois Séquences écrivait que la meilleure facon de célébrer le 20e anniversaire de sa revue, c'était de consacrer un numéro spécial à l'oeuvre de Norman McLaren, qu'il décrivait comme le poète de l'animation.

Il est vrai que Norman McLaren, animateur et réalisateur, était un poète pour qui l'image, la couleur, les sons et la musique avaient des résonances particulières qu'il a su explorer dans toute leur amplitude. Aujourd'hui, plus de cinquante films sont là pour en témoigner.

Repères biographiques

C'est d'abord en décoration que se dirige le jeune McLaren lorsqu'il commence à fréquenter l'École des beaux-arts de Glasgow, en 1932. Il adhère à la Glasgow Film Society et découvre le cinéma à travers les chefs-d'oeuvre d'Eisenstein, de Poudovkine et de Fishinger. Très vite, il comprend la pertinence du septième art comme moyen d'expression et s'y adonne en peignant directement sur de la pellicule dont il a gratté l'émulsion pour la rendre transparente, sans savoir que Len Lye mène déjà des expériences similaires.

Il débute sa carrière cinématographique en 1934 et l'année suivante, deux de ses films remportent des prix au Scottish Amateur Film Festival où John Grierson est membre du jury. Impressionné par le talent du jeune McLaren, Grierson lui offre un emploi au General Post Office Film Unit de Londres, en Angleterre.

En 1936, McLaren travaille comme caméraman en Espagne, en pleine guerre civile, ce qui le hantera longtemps. Aussi, quand il sent l'imminence d'une nouvelle guerre en Europe, il émigre aux États-Unis et s'installe à New York, en 1939.

En 1941, à l'invitation de John Grierson devenu premier commissaire du gouvernement à la cinématographie, McLaren se joint à l'Office national du film du Canada.

Les premiers films qu'il réalise à l'ONF visent presque tous à soutenir l'effort de guerre : V for Victory (1941), Five for Four (1942), Dollar Dance (1943) et Keep Your Mouth Shut (1944). Cela ne l'empêche toutefois pas de faire quelques films expérimentaux et de mettre sur pied une section d'animation.

Sa curiosité et sa détermination à explorer de nouvelles techniques résultent en une somme de travail qui lui vaudra une reconnaissance internationale. Durant sa carrière, il signera 59 films dont la majorité sera axée vers l'animation expérimentale, et dans lesquels la musique jouera un rôle capital. Dans trois de ses films il utilisera la danse et les danseurs à des fins également expérimentales. Pour McLaren, les gens des Services techniques et de l'ingénierie mettront sur pied un système spécial de caméra et de projecteur afin de lui permettre d'aller de l'avant dans ses recherches. Gr‚ce à leurs innovations, McLaren réalisera en 1951, Around Is Around et Now Is The Time, deux films en 3-D.

Son sens du mouvement lui fait animer à peu près n'importe quel objet, depuis une simple chaise - Il était une chaise (1957) - jusqu'à des égratignures et de la peinture sur la pellicule même (Caprice en couleurs, en 1949, Blinkity Blank, en 1954), en passant par l'art figuratif (série des Chants populaires, de 1945 à 1958), les films avec personnages vivants mêlés à l'animation et aux trucages, comme Voisins (Neighbours), en 1952, ou Canon en 1964). Dans Discours de bienvenue de Norman McLaren/Opening Speech: McLaren (1960), il se met lui-même en scène, aux prises avec un micro récalcitrant.

En plus d'expérimenter du côté de l'image, McLaren s'intéresse au son synthétique qu'il peint et grave sur pellicule. Il t‚te du cinéma 3-D et se penche sur les possibilités qu'offrent les procédés complexes d'impression optique.

Si la créativité, l'humour et les prouesses techniques sont ce qui caractérise le mieux son oeuvre, l'homme est reconnu, lui, pour sa sympathie pour le genre humain. En 1949, McLaren part pour la Chine où il participe à un projet d'éducation audiovisuelle sous l'égide de l'UNESCO. Il y initie et y entraîne des stagiaires aux techniques d'animation simplifiée. En 1953, il se rend en Inde pour participer à un projet semblable.

Les films de Norman McLaren ont glané plus de 200 prix internationaux. Neighbours a remporté un Oscar en 1952 et Blinkity Blank la Palme d'or du court métrage au Festival de Cannes de 1955. Si l'on ajoute à ces prix et à sa filmographie les doctorats honorifiques qu'on lui a décerné dans le monde, son travail de jury lors de nombreux festivals et manifestations diverses, les hommages qui lui sont rendus, les rétrospectives de ses films, les articles, les mémoires et les thèses qui portent sur son travail, les expositions de son oeuvre dessinée et cinématographique, on comprend mieux que des années après sa mort sa célébrité ne se démente toujours pas.

Aujourd'hui, le prix Héritage Norman-McLaren, créé et décerné par ASIFA-Canada et Guy Glover au nom de la succession de Norman McLaren, est attribué tous les ans à un ou une artiste dont la démarche perpétue la pensée de McLaren ou suit sa tendance à l'innovation.

L'édifice principal du bureau central de l'ONF a été nommé Édifice Norman McLaren, en 1989, en hommage au cinéaste décédé en 1987.

Parmi les documents que l'on peut consulter sur Norman McLaren, on note The Eye Hears, the Ear Sees, produit en 1970 par la BBC en collaboration avec l'ONF; Holland Animation, produit par l'ONF en 1983, et le film que lui a consacré Donald McWilliams en 1990, Le génie créateur: Norman McLaren (Creative Process: Norman McLaren), qui nous présente des séquences de ses films primés, mais également de films expérimentaux inachevés ou inédits et des entrevues.

Par ailleurs, Norman McLaren et Grant Munro ont réalisé et produit ensemble une série de cinq films en couleurs, laquelle constitue une initiation aux techniques de base du cinéma d'animation. Le mouvement image par image Parties 1 à 5 (Animated Motion : Parts 1 to 5) intéressera sËšrement toutes les personnes qui désirent s'adonner à l'animation.

Au nombre de ses plus proches collaborateurs, on note Evelyn Lambart, qui a coréalisé six de ses films et collaboré à deux autres, le musicien et compositeur Maurice Blackburn, un novateur de même acabit que McLaren mais dans le domaine de la musique, qui s'est rendu à l'invitation pressante de McLaren et est venu travailler sur son dernier film, Narcisse/Narcissus, en 1983, alors qu'il était à la retraite depuis quelques années déjà.

Il existe sur McLaren un très grand nombre d'articles. Un des documents les plus intéressants est sans nul doute ce numéro spécial que la revue Séquences lui a consacré pour marquer son 20e anniversaire et l'Hommage à Norman McLaren, publié par la même revue en avril 1987, quelques mois après son décès. On trouvera également le McLaren publié par l'Office national du film, les mémoires et les thèses toujours plus nombreuses que des étudiants consacrent à l'un des plus grands cinéastes d'animation au monde.

On peut dire que McLaren a été et demeure un maître et une source d'inspiration pour bon nombre de cinéastes et que, pour des milliers de personnes dans le monde, son nom et celui de l'Office national du film restent étroitement liés.

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