Point de mire

Par Charmaine Rand, spécialiste en élaboration de programmes à la Direction du Programme d’éthique de la Défense, Ministère de la Défense nationale

La responsabilité passe-t-elle en dernier ?

Quelle valeur liée à l’éthique revêt un sens particulier pour vous ? Est-ce l’honnêteté ou la loyauté ? Peut-être préférez-vous le courage, l’équité ou la responsabilité. Ou est-ce même possible que, pour vous, l’intégrité englobe un certain nombre de valeurs liées à l’éthique que vous considérez importantes ? Quelle que soit votre réponse, la Direction du Programme d’éthique de la Défense, un programme d’éthique fondé sur les valeurs qui s’adresse au ministère de la Défense nationale et aux Forces canadiennes, a le stylo qu’il vous faut.

En février dernier, la Direction a produit sa première ligne de stylos promotionnels. Son objectif était double : promouvoir le programme et les six obligations (ou valeurs) de l’Énoncé d’éthique de la défense. Ces valeurs de poids égal, soit l’intégrité, la loyauté, le courage, l’honnêteté, l’équité et la responsabilité, illustrent les quatre familles de valeurs du Code de valeurs et d’éthique de la fonction publique.

Nul ne savait, avant que le personnel de la Direction ne rencontre les participants à la conférence sur le Programme d’aide aux employés (PAE), que ces stylos engendreraient un dialogue sur les diverses valeurs de l’effectif de la Défense, et une étude sur l’observation du « mode de choix du stylo ».

À son stand d’information, la Direction avait six récipients étiquetés et remplis de stylos d’apparence et de couleur identiques, sur lesquels était inscrite une des obligations de l’Énoncé d’éthique de la Défense.

Fait intéressant, une fois que les personnes se rendaient compte que chaque récipient contenait des stylos représentant les six obligations liées à l’éthique, elles reconsidéreraient leur choix, étant donné qu’elles ne pouvaient garder qu’un seul stylo.

La réaction vive et souvent animée des gens qui choisissaient, par inadvertance, le stylo responsabilité était particulièrement intéressante. « Le mot même semblait rendre certaines personnes mal à l’aise », a confié un employé qui s’occupait du stand. « Certaines remettaient sur-le-champ leur stylo responsabilité dans le récipient ! ».

Étant donné que la responsabilité est reconnue comme un élément clé du leadership ainsi qu’une composante cruciale du comportement éthique au sein des Forces canadiennes et du ministère de la Défense nationale, il est intéressant de constater le nombre de personnes qui semblent vouloir éviter la notion de responsabilité. Il s’agit de la seule obligation de l’Énoncé d’éthique de la Défense qui a provoqué des réactions aussi vives qu’évidentes. Les stylos représentant les autres valeurs liées à l’éthique ont été choisis dans une proportion de gens à peu près égale.

Les observations faites par le personnel de la Direction à la conférence sur le PAE ont donné lieu à une étude empirique fondée sur ces observations. Peu après, la Direction a tenu un stand d’information durant la Semaine nationale de la fonction publique (SNFP) à Ottawa où les mêmes stylos étaient offerts aux visiteurs. Cette fois, le personnel de la Direction a demandé aux employés du ministère de la Défense nationale et des Forces canadiennes pourquoi ils choisissaient un stylo plutôt qu’un autre, tout en notant le taux d’écoulement de chacun. Il a observé que les stylos intégrité s’envolaient plus rapidement que les autres, suivis par les stylos loyauté, puis courage. Fait intéressant, les stylos responsabilité n’inspiraient pas la même aversion qu’à la conférence sur le PAE. Le personnel de la Direction s’est donc demandé quelle en était la cause.

L’aversion manifeste pour la responsabilité à la conférence sur le PAE pourrait s’expliquer par l’écart entre les postes tenus par les visiteurs du stand lors des deux activités. Les employés qui étaient présents à la conférence sur le PAE étaient surtout des gestionnaires tandis que ceux qui visitaient le stand dans le cadre de la SNFP occupaient différentes fonctions à divers niveaux de responsabilité.

Cette réaction semble refléter l’opinion exprimée par des cadres supérieurs lors de différentes réunions. Dans l’une d’entre elles, le colonel Yvon Desjardins, directeur du Programme d’éthique de la Défense, a demandé aux participants laquelle des six valeurs liées à l’éthique, à leur avis, le personnel du ministère de la Défense nationale et des Forces canadiennes éliminerait si on lui en donnait l’occasion. La majorité a répondu responsabilité. « On a déterminé que les six obligations liées à l’éthique étaient partagées par les employés de la Défense dans le cadre d’une consultation à l’échelle nationale avec les militaires et les civils », a expliqué le colonel Desjardins. « Par conséquent, l’Énoncé d’éthique de la Défense reflète les valeurs du personnel de la Défense. »

D’un point de vue organisationnel, l’Énoncé d’éthique de la Défense met en lumière la manière dont les Forces canadiennes et le ministère de la Défense nationale devraient assumer leurs responsabilités propres à la défense nationale. Il détaille aussi les principes et les obligations liées à l’éthique sur lesquels le personnel militaire et civil doit se fonder afin de pouvoir travailler en équipe tout en assurant l’intégrité éthique et professionnelle de la Défense.

« Il faudrait donc se demander quelles conséquences il peut y avoir à placer la responsabilité en dernier », a dit le colonel Desjardins. « La responsabilité et la responsabilisation sont des éléments clés du comportement éthique des gens, et c’est sur celui des employés du ministère de la Défense nationale et des Forces canadiennes que le Programme d’éthique de la Défense met principalement l’accent. Nous avons la responsabilité d’agir de manière éthique. »

Il est intéressant d’observer que les résultats préliminaires du Sondage de la Défense sur l’éthique de 2007 montrent que presque 80 p. cent des employés du ministère de la Défense nationale et des Forces canadiennes sont d’accord ou fortement d’accord pour dire que leur superviseur immédiat est responsable de ses actes. De plus, plus de 70 p. cent d’entre eux affirment que les personnes avec lesquelles ils travaillent sont responsables de leurs actes.

« Il s’agit de résultats scientifiques encourageants », d’ajouter le colonel Desjardins, avec un sourire en coin, « Peut-être que les gens qui visitent les stands d’information aiment jouer des tours aux gens derrière le comptoir. »

Choisiriez-vous le stylo responsabilité ? Qu’est-ce qui motive votre choix ? Écrivez-nous pour nous le laissez savoir.

Vous pouvez consulter l’Énoncé d’éthique de la Défense sur le site Web de la Défense nationale à : http://www.forces.gc.ca/ethics/expectations/statement_f.asp.

Si vous voulez en savoir plus sur le Programme d’éthique de la Défense, visitez le site de la Défense nationale à  http://www.forces.gc.ca/ethics.