Le 13 octobre 2006, le professeur Muhammad Yunus, brillant économiste et partenaire de longue date du
CRDI, s'est vu décerner le prix Nobel de la paix pour sa contribution à un développement économique et social favorable aux pauvres. Le prestigieux honneur a été attribué au professeur Yunus et à la banque qu’il a fondée, la Grameen Bank, pour avoir aidé des millions de Bangladais pauvres, des femmes surtout, à améliorer leurs conditions de vie en leur prêtant de petites sommes pour leur permettre de créer leur propre entreprise.
L’établissement qu’a fondé ce « prêteur d’espoir », qui se spécialise dans le microcrédit, a débuté en accordant à des femmes sans ressources de modestes prêts pour l’achat de quelques poules et de vaches. Or, la Grameen Bank a tellement évolué au fil de ses 30 ans d’existence qu’elle finance à présent la plus importante société de téléphonie mobile de toute la région. Le
CRDI a collaboré avec le professeur Yunus et la Grameen Bank dans le cadre de plusieurs projets qui visaient à mettre les technologies de l’information et de la communication (TIC) au service de la lutte contre la pauvreté.
Ainsi, l’appui du
CRDI au programme Internet villageois a permis à la Grameen Bank de se doter d’un réseau de communications à portée nationale, notamment utile pour relier à son siège ses nombreuses succursales en zones rurales. Par ailleurs, la bibliothèque virtuelle du Grameen Trust dispose désormais d’une ligne 24 heures, ce qui permet à ses utilisateurs d’avoir accès à Internet et au courrier électronique. Certaines écoles ont été subventionnées afin de pouvoir se doter de liens Internet. Un projet pilote d’Internet villageois a été lancé à Madhupur, dans le district de Tangail. Enfin, dans le cadre d’une expérience novatrice, l’équipe du projet a réussi, à l’aide de la téléphonie mobile, à connecter à Internet tout un village dépourvu de service téléphonique.
À l’occasion du
Dialogue sur les TIC et la pauvreté, parrainé en septembre 2003 par le
CRDI à l’Université Harvard, Muhammad Yunus a décrit comment le simple fait d’offrir un service de téléphonie mobile pouvait se traduire par d’énormes avantages pour les démunis. « Nous comptons à présent plus de 30 000 femmes qui offrent le service. Mais le plus fantastique, c’est le revenu qu’en tirent ces femmes ! Leurs gains mensuels nets oscillent entre 50 $ et 500 $. Imaginez ! Dans un pays où le revenu annuel
moyen
par habitant est de moins de 400 $, une femme peut gagner jusqu’à 500 $ par mois grâce à la téléphone mobile. »
Ont pris part à ce dialogue trente experts internationaux, parmi lesquels les professeurs Amartya Sen et Michael Spence, économistes réputés et lauréats du prix Nobel d’économie, et Onno Purbo, pionnier des TIC.
En expliquant son choix, le comité du prix Nobel a fait valoir que Muhammad Yunus avait su concrétiser ses idées en des mesures dont ont bénéficié des millions de personnes. Après avoir connu des débuts modestes il y a trente ans, la Grameen Bank a fait du microcrédit un instrument dont l’importance ne cesse de s’accroître dans la lutte contre la pauvreté. Par-delà les cultures et les civilisations, M. Yunus et la Grameen Bank ont démontré que même les plus démunis peuvent oeuvrer en faveur de leur propre développement.