Projet mené conjointement par :
Recherche stratégique et analyse,
Patrimoine Canada
et
direction de la recherche,
Commission de la fonction publique
Ravi Pendakur
&
Fernando Mata
Patrimoine Canada |
align="bottom"Stan Lee
&
Natalie Dole
Commission de la fonction publique |
Rapport Final
align="bottom"Le 18 février 2000
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Table des matières
But de la recherche
La présente étude a pour but de mesurer les écarts observés dans le taux
de mobilité professionnelle ou d'avancement des membres des groupes visés par
l'équité en matière d'emploi (ci-après membres des groupes désignés)
comparativement à celui des non-membres (hommes blancs non-handicapés). La
présente étude représente une première tentative d'examen des taux
différentiels de promotion des membres des groupes désignés, tout en tenant
compte des différences de profils démographiques de ces groupes désignés.
Méthodologie
Pour répondre à ces questions, nous analysons une base de données de
toutes les nominations internes de durée indéterminée, des recrutements
externes et des cessations d'emploi pour la période allant du 31 mars 1986 au 1er
avril 1998. Dans la première partie de l'étude, tous les mouvements en ce qui
concerne les postes de durée indéterminée sont analysés. Dans la deuxième
partie, l'analyse est limitée aux promotions à des postes de durée
indéterminée. Pour chaque analyse (mouvements professionnels et promotions),
une comparaison est faite entre tous les fonctionnaires actifs occupant un poste
de durée indéterminée pendant la période d'observation y compris les
nouveaux arrivés (fonctionnaires recrutés le 31 mars 1986 ou après). Aussi,
les analyses sont effectuées en tenant compte des différences de profils
démographiques des groupes désignés (ex.: durée, âge, première langue
officielle, région vs RCN, quartile salarial, catégorie professionnelle,
sexe).
Points saillants
Profil démographique :
Les résultats du profil démographique de la fonction publique fédérale
indiquent un degré substantiel de segmentation de l'équité en matière
d'emploi relativement aux principaux facteurs démographiques tels que la
durée, l'âge, la première langue officielle et la catégorie professionnelle.
La répartition des groupes désignés dans les quartiles salariaux montre une
nette concentration des groupes désignés dans les quartiles salariaux
inférieurs, ce qui suggère que les membres des groupes désignés se
retrouvent généralement dans les plus bas échelons de la hiérarchie de la
fonction publique.
Chances d'une promotion :
L'analyse concernant les données des promotions a été effectuée à la
lumière des différences entre les groupes désignés en ce qui concerne les
facteurs démographiques. De façon générale, l'analyse démontre que, si nous
tenons compte des facteurs démographiques qui différencient ces groupes, les
chances systématiques moindres de promotion pour les groupes désignés
ressortent à l'exception du facteur de la catégorie professionnelle où les
résultats varient (voir la figure 7).
Une analyse distincte menée sur les données liées à la promotion des
nouveaux arrivés (fonctionnaires recrutés le 31 mars 1986 ou après) indiquent
peu de changement au regard du modèle général de résultats, ce qui
sous-entend que les faibles chances de promotion pour les groupes désignés
demeurent et ce, malgré que l'on ait tenu compte des variables démographiques
clés (voir la figure 8).
Conclusion
L'étude actuelle démontre que les comparaisons de taux de promotion entre
les groupes désignés ne peuvent être faites sans prendre en considération
les différences de populations importantes en ce qui concerne les facteurs
démographiques qui sont reconnus comme influant sur les taux généraux de
promotion. En tenant compte de ces variables, l'étude actuelle a révélé des
chances systématiques moindres de promotion pour tous les groupes désignés,
à l'exception d'une catégorie professionnelle (Opérations). Plus important
encore, le fait de limiter l'analyse aux nouveaux arrivés (fonctionnaires
recrutés après le 31 mars 1986) a entraîné un modèle semblable de
résultats, ce qui suggère que les obstacles à la progression professionnelle
des membres des groupes désignés existent encore.
Depuis un certain temps, les écarts notés dans les trajectoires
professionnelles et les taux d'avancement des membres et des non-membres des
groupes visés par les mesures d'équité en matière d'emploi au sein de la
fonction publique, suscitent de l'intérêt. À titre d'exemple, des études
entreprises dans les années 1990 laissent entendre que les profils de
carrière, les taux d'avancement et les taux de départ diffèrent
considérablement suivant le sexe ou le statut d'Autochtone, de personne
handicapée ou de membre d'une minorité visible. Selon une étude menée en
1991 par la Commission de la fonction publique sur le maintien en poste des
Autochtones, les possibilités d'avancement limitées contribuent peut-être au
taux de départ élevé des Autochtones. Dans une étude menée en 1993, le
Secrétariat du Conseil du Trésor en est venu à la conclusion que les membres
des minorités visibles se heurtent dans les faits à un plafond de verre qui
les empêche d'accéder aux postes de direction (SCT, 1993).
Les auteurs d'études menées au niveau ministériel en sont venus à des
conclusions analogues. Selon un rapport de 1996 fondé sur une enquête menée
auprès des employés du ministère du Patrimoine canadien, les membres des
minorités visibles avaient le sentiment d'être confrontés à des obstacles à
leur avancement inconnus des non-membres des groupes visés par les mesures
d'équité en emploi (Multicom, 1996). Le rapport a montré que les obstacles
auxquels se butent les membres des groupes visés par les mesures d'équité en
matière d'emploi (ci-après: les membres des groupes désignés) vont de
l'incompréhension des gestionnaires à l'incapacité pour les intéressés
d'obtenir de la formation ou des détachements. Par ailleurs,
40 p. 100 des répondants à l'enquête menée par Multicom ont
indiqué que l'absence d'avancement était le résultat direct de la
discrimination au travail.
Faisant écho à ces résultats, les auteurs d'un rapport commandé par la
Commission canadienne des droits de la personne fondé sur les résultats de
questionnaires et d'interviews menées auprès de cadres supérieurs de quatorze
ministères fédéraux, ont laissé entendre que la discrimination raciale
contre les minorités visibles était prévalente dans la fonction publique
(Samuel, 1996 : 3).
Les études mentionnées ci-dessus renferment une mine de renseignements
détaillés et approfondis à propos des obstacles à l'avancement. Cependant,
elles reposent pour l'essentiel sur des interviews réalisées à partir
d'échantillons non aléatoires. Il est donc difficile de déterminer la mesure
dans laquelle on peut appliquer les résultats à l'ensemble de la fonction
publique. Cependant, on dispose de données qui permettent d'examiner le
recoupement des données concernant la situation des débouchés, de
l'avancement et de l'équité au sein de la fonction publique fédérale.
But de la recherche
La présente étude a pour but de mesurer les écarts observés dans le taux
de mobilité professionnelle ou d'avancement des membres des groupes désignés
comparativement à celui des hommes blancs non-handicapés.
Pour répondre à cette question, nous avons analysé une base de données
unique constituée à partir de dossiers administratifs de la Commission de la
fonction publique, à l'aide d'une combinaison de techniques d'analyse tabulaire
et de survie.
Dans la base de données, on trouve des renseignements concernant le
cheminement de carrière de tous les fonctionnaires fédéraux nommés pour une
période indéterminée (1) qui ont occupé un
poste à un moment donné entre le 31 mars 1987 et le 1er avril
1998. La base de données constitue un registre cumulatif de l'ensemble des
nominations internes, des recrutements externes et des cessations d'emploi
d'employés nommés pour une période indéterminée pendant la période
d'étude visée. On a tenu compte de tous les fonctionnaires nommés pour une
période indéterminée qui étaient actifs, y compris ceux qui sont arrivés ou
qui sont partis au cours de la période étudiée. Les données sont ventilées
en fonction de l'âge de l'employé, du ministère, du lieu, des années de
service, de la langue, de la catégorie, du groupe et du niveau professionnels,
de l'appartenance à un groupe désigné ainsi que de chacune des nominations
pour une période indéterminée.
Au total, la base de données renferme des renseignements concernant
600 527 opérations des services du personnel relatives à 279 485
employés nommés pour une période indéterminée qui ont été actifs pendant
la période d'observation d'une durée de onze ans. Parce que, dans la base de
données, on retrouve également la date à laquelle chacune des opérations a
été effectuée, on est en mesure de décrire de façon dynamique les tendances
concernant la mobilité de la population des employés nommés pour une durée
indéterminée au sein de la fonction publique fédérale au cours de la
période visée.
Une telle série de données administratives entraîne un certain
nombre de défis analytiques. À ce titre, citons d'abord les questions
relatives aux entrants et aux sortants, c'est-à-dire les personnes qui entrent
dans la fonction publique et la quittent. Les techniques d'analyse transversale
traditionnelles comme l'analyse tabulaire ou de régression ne conviennent pas
parce que le dénominateur (dans ce cas-ci, le nombre de fonctionnaires au cours
d'une période donnée) varie sans cesse. Pour relever le défi, nous avons eu
recours à des techniques fondées sur l'analyse de survie, qui permet de
traiter de telles variations de la taille et de la structure de la population.
Un autre défi a trait à la qualité des données. Contrairement à de
nombreuses séries de données qui font l'objet d'une vérification poussée au
moment de la saisie, les dossiers administratifs tendent à faire l'objet de
vérifications minimales (2). Afin
d'éviter les erreurs de codage associées à la saisie de données et de nous
assurer de travailler avec des populations comparables, nous avons effectué les
sélections suivantes :
- on n'a pas tenu compte des personnes qui sont entrées dans la fonction
publique avant 1962;
- sur la foi de restrictions applicables à l'âge, on n'a pas tenu compte
des personnes nées avant 1930 ou après 1976;
- on n'a pas tenu compte des personnes qui, en vertu du code inscrit,
auraient joint les rangs de la fonction publique avant leur naissance
(3).
La sélection a permis de retrancher 37 874 personnes et donc de
ramener la base de données à 549 202 opérations et à 241 611
employés nommés pour une période indéterminée. Il importe de noter que les
241 611 personnes que contient la base de données représentent la
somme cumulative de tous les employés nommés pour une période indéterminée
qui ont été actifs à un moment ou à un autre au cours de la période
d'observation d'une durée d'onze ans.
Schémas de la mobilité professionnelle
Aux fins de la présente recherche, la mobilité professionnelle se définit
de deux façons. Premièrement, nous tenons compte du nombre de déplacements
professionnels permanents effectués par un fonctionnaire au cours de la
période de onze ans pour laquelle on dispose de données. On a compté tous les
déplacements professionnels permanents, quelle que soit leur orientation
(mouvement ascendant, descendant ou latéral). Deuxièmement, nous examinons
l'avancement. Cette organisation se justifie par des raisons théoriques et
opérationnelles. Premièrement, un déplacement professionnel devrait en
théorie assurer à tout travailleur un bagage d'expérience plus vaste. Ainsi,
on peut traiter le déplacement professionnel comme un signe d'expérience
pouvant déboucher sur de l'avancement. Deuxièmement, il y a beaucoup plus de
déplacements professionnels que d'avancement. Limiter l'analyse à l'avancement
aurait pour effet d'occulter une bonne partie de la mobilité du système.
Le tableau 1 illustre le nombre de personnes en fonction du nombre de
déplacements professionnels. Si elle ne tient pas compte des effets des
entrants et des sortants, l'information fournie dans le tableau n'en donne pas
moins une idée générale de la mobilité professionnelle dans la fonction
publique. Parmi les 241 611 observations valables que renferme la base de
données, près de 86 000 personnes ont occupé le même emploi
pendant la période de onze ans visée par les données de l'enquête.
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Tableau 1
Nombre de déplacements professionnels selon le nombre de personnes
|
Déplacements
|
Total
|
Non déplacées
|
Déplacées
|
Population de départ
|
241611
|
85643
|
155968
|
1 déplacement professionnel
|
155968
|
70020
|
85948
|
2 déplacements professionnels
|
85948
|
45962
|
39986
|
3 déplacements professionnels
|
39986
|
23677
|
16309
|
4 déplacements professionnels
|
16309
|
10230
|
6079
|
5 déplacements professionnels
|
6079
|
3946
|
2133
|
6 déplacements professionnels
|
2133
|
1396
|
737
|
7 déplacements professionnels
|
737
|
488
|
249
|
8 déplacements professionnels
|
249
|
165
|
84
|
9 déplacements professionnels ou plus
|
84
|
56
|
28
|
Près de 156 000 personnes (soit 65 p. 100 de la population totale) ont
connu au moins un déplacement professionnel, et 86 000 personnes (soit
35,6 p. 100 de la population totale, au moins deux). Seulement
7 p. 100 d'entre elles ont connu plus de quatre déplacements
professionnels. Si, donc, la plupart avaient connu au moins un déplacement
professionnel, rares sont ceux qui en ont connu plus de quatre. En moyenne, le
nombre de déplacements professionnels s'est établi à 2,27 pour la période de
onze ans.
La capacité de passer d'un emploi à un autre résulte en partie de la
nature de la profession occupée elle-même. Certaines catégories
professionnelles se caractérisent par des possibilités de mobilité plus
grandes que d'autres. Ainsi, les personnes qui appartiennent aux catégories de
la direction, du soutien administratif ainsi que de l'administration et du
service extérieur connaissent en moyenne plus de déplacements que leurs
homologues des catégories scientifique et professionnelle, technique ou de
l'exploitation (voir le tableau 2).
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Tableau 2
Nombre moyen de déplacements par catégorie professionnelle initiale
|
Catégorie professionnelle
|
Moyenne
|
Nombre
|
Total
|
2,27
|
241611
|
Direction
|
2,62
|
3185
|
Scientifique et professionnelle
|
2,18
|
26696
|
Administration et service extérieur
|
2,38
|
69054
|
Technique
|
2,13
|
27631
|
Soutien addministratif
|
2,45
|
77760
|
Exploitation
|
1,85
|
37 285
|
S'ils sont concentrés dans des professions associées à de faibles taux de
mobilité (p. ex. celle de la catégorie de l'exploitation), les membres des
groupes désignés sont donc aussi moins susceptibles de connaître un
déplacement professionnel que d'autres fonctionnaires. Cependant, on devra y
voir une caractéristique de l'emploi plutôt qu'un signe de différence
marquée entre groupes. Si, en revanche, ils sont concentrés dans des
catégories professionnelles associées à des taux de mobilité élevés, ils
devraient être plus susceptibles de connaître un déplacement professionnel,
auquel cas, une fois de plus, on devrait y voir une caractéristique des emplois
plutôt que la manifestation de taux différentiels entre groupes.
La figure 1 illustre la répartition de chacun des groupes désignés pour
chaque catégorie professionnelle par rapport au groupe non visé par les
mesures d'équité (c'est-à-dire les hommes blancs non handicapés). Elle
montre que le profil de la répartition des groupes désignés selon les
catégories professionnelles est différent non seulement lorsqu'on le compare
à celui du groupe non visé par les mesures d'équité, mais aussi d'un groupe
désigné à l'autre. Dans l'ensemble, tous les groupes désignés tendent à
être surreprésentés dans la catégorie du soutien administratif par rapport
au groupe non visé par les mesures d'équité. Cependant, cette tendance est
nettement plus marquée chez les femmes : en effet, 58 p. 100 des
membres de l'effectif féminin appartiennent à cette catégorie. Les membres
des minorités visibles sont surreprésentés dans la catégorie scientifique et
professionnelle (22 p. 100 par rapport à 14 p. 100 pour le
groupe non visé par les mesures d'équité) et sous-représentés dans les
catégories de l'exploitation technique ainsi que dans la catégorie de la
direction. Si on excepte la catégorie du soutien administratif, dans laquelle
ils sont surreprésentés, les femmes et les Autochtones sont sous-représentés
dans toutes les catégories. Le profil des personnes handicapées est
légèrement différent dans la mesure où elles sont surreprésentées dans la
catégorie dans la catégorie de l'administration et du service extérieur ainsi
que dans celle du soutien administratif.
align="bottom"![](/web/20071120093032im_/http://www.psagency-agencefp.gc.ca/research/demographics/images/mobilit_1_f.jpg)
La figure 1 fait ressortir les écarts de concentration entre catégories
professionnelles, sans toutefois nous en apprendre plus sur la mesure dans
laquelle ces différences s'expliquent ou non par des raisons fondées sur le
sexe. Même si, par exemple, tous les groupes désignés sont surreprésentés
dans la catégorie du soutien administratif, rien n'indique la mesure dans
laquelle la concentration des membres des minorités visibles dans la catégorie
se limite aux femmes.
Pour évaluer cette possibilité, on présente dans la figure 2 de
l'information concernant la concentration des groupes désignés selon le sexe,
du point de vue de la proximité d'une catégorie professionnelle dans un
graphique d'analyse des correspondances (4). La
figure 2 laisse entendre qu'il existe des écarts importants entre les
sexes en ce qui a trait à la répartition des groupes désignés selon les
catégories professionnelles.
![](/web/20071120093032im_/http://www.psagency-agencefp.gc.ca/research/demographics/images/mobilit_2_f.jpg)
Les femmes, quelque soit le groupe auquel elles appartiennent, se retrouvent
du côté droit du graphique et se concentrent dans la catégorie de
l'administration et du soutien. Les hommes blancs se trouvent près des trois
autres secteurs -- catégorie de la direction, catégorie technique et
catégorie de l'exploitation. Les hommes appartenant aux autres groupes sont
plus près de la catégorie scientifique et professionnelle ou encore de la
catégorie de l'administration et du service extérieur.
On peut tirer trois conclusions de l'analyse qui précède. Premièrement,
l'effectif de la fonction publique est fortement segmenté en fonction du sexe,
les femmes étant massivement concentrées dans des emplois de bureau
traditionnels. Deuxièmement, les hommes blancs non handicapés dominent les
postes associés à une mobilité professionnelle faible aussi bien qu'élevée.
La catégorie de la direction, à laquelle appartiennent un nombre de personnes
relativement limité, se caractérise par des taux de mobilité élevé, tandis
que les catégories technique et de l'exploitation, qui renferment toutes deux
un nombre de personnes relativement élevé, se caractérisent par de faibles
taux de mobilité. Il s'ensuit que le nombre moyen de déplacements des hommes
blancs non handicapés est probablement plutôt faible. Par ailleurs, le nombre
moyen de déplacements des femmes est relativement élevé étant donné que les
possibilités de déplacement sont beaucoup plus élevées dans la catégorie du
soutien administratif où elles se sont concentrées. Troisièmement, le nombre
moyen de déplacements des hommes qui sont membres d'un groupe désigné
devrait, toutes choses étant égales, se situer quelque part au milieu, étant
donné qu'ils se concentrent dans des postes qui se caractérisent par des taux
de mobilité qui ne sont ni élevé ou ni faible.
L'analyse ci-dessus laisse entendre qu'il existe des écarts dans les
possibilités de mobilité entre catégories professionnelles et aussi des
écarts dans l'attraction exercée par diverses catégories sur divers groupes
désignés. On serait donc en droit de s'attendre à ce qu'il existe des écarts
dans le taux de mobilité professionnelle des divers groupes. Ainsi, le fait de
mesurer la propension des membres des groupes désignés à changer d'emploi
dans l'une ou l'autre des catégories professionnelles devrait nous aider à
comprendre l'importance des écarts en question.
Cependant, la tâche qui consiste à mesurer les écarts dans la mobilité
professionnelle à l'aide des données dont nous disposons est rendue plus
complexe par le fait que la population de la fonction publique change au fil du
temps. Certaines personnes y font leur entrée au fil des ouvertures de postes,
d'autres partent à la retraite et d'autres encore passent d'un emploi à un
autre. Pour de nombreuses personnes, nous ne disposons pas d'antécédents
professionnels complets, ce qui constitue un autre problème. Bon nombre des
antécédents professionnels sont « tronqués » du fait que les employés
ont commencé leur carrière avant que la saisie de donnée ne débute (avant le
31 mars 1987) ou ont continué à travailler après la fin de la période
de saisie de données (le 1er avril 1998). Ainsi, on peut imaginer
qu'elles avaient déjà connu un déplacement professionnel avant que ne débute
la période de saisie ou qu'elles pouvaient en connaître un après la fin de la
période.
Ensemble, la mobilité et les modifications de la composition de l'effectif
font que nous n'avons pas à notre disposition une cohorte claire
d'antécédents professionnels individuels à l'aide de laquelle effectuer des
mesures et des comparaisons pour une période donnée. Sur le plan de l'analyse,
de telles informations posent des problèmes, étant donné que les techniques
utilisées habituellement, par exemple la régression ou l'analyse tabulaire,
présupposent généralement une population stable et comparable. C'est pourquoi
nous pouvons plus difficilement procéder à un examen en profondeur en
examinant les tendances de la mobilité par catégorie et groupe désigné,
même si nous pouvons parler du profil général d'une catégorie
professionnelle ou d'une propension à être attiré dans une catégorie. La
solution réside dans l'utilisation des techniques d'analyse de survie,
lesquelles sont conçues pour mesurer l'occurrence d'événements fondés sur
des variables temporelles, et qui permettent de tenir compte de telles
fluctuations de la composition de la population (5).
Dans le cadre d'une analyse de survie, les modifications de la composition de
la population (les personnes qui arrivent ou partent pendant la période de
saisie de données), de même que les antécédents professionnels tronqués,
sont traités comme des cas censurés. On parle de censure à gauche et à
droite lorsque des personnes qui ont vécu un événement sont entrées ou
sorties pendant la période d'observation. Les techniques de survie permettent
de corriger de tels problèmes d'estimation avec un degré de réussite élevé
(6).
Appliquée aux données de survie concernant les emplois, la régression de
Cox nous permet de définir les plus importants déterminants de la mobilité
observés dans les groupes désignés. Dans la régression de Cox, la relation
entre le risque de déplacement professionnel ou d'avancement et ses
déterminants individuels et structuraux sont estimés de façon linéaire au
moyen d'un modèle multivariable ayant la forme fonctionnelle suivante :
h(t) = [h0(t)]-e(B1X1+B2X2+...+BpXp)
Où
h(t) = Le risque attendu de déplacement professionnel ou
d'avancement dans un temps t.
h0(t) = La fonction de risque de base lorsque les covariables
correspondent à zéro.
B1X1 = Effet des combinaisons pondérées des
covariables choisies.
Il s'agit d'un modèle de régression des hasards proportionnels de Cox,
en vertu duquel on estime le risque relatif qu'un événement se produise à
l'intérieur d'une unité de temps, étant entendu que l'intéressé a jusque
là conservé son poste (SPSS 1999 : 256). Dans un tel cas, on a recours à la
régression de Cox pour estimer les probabilités conditionnelles de
déplacement ou d'avancement pour les membres des groupes désignés par rapport
aux non-membres, selon un certain nombre de covariables. On applique la
régression de Cox à chacune des catégories professionnelles de même qu'à
chacun des déplacements professionnels ou des avancements. Par exemple, on a
recours à une régression de Cox pour estimer les probabilités conditionnelles
qu'ont les membres des groupes désignés appartenant à la catégorie de
l'administration et du soutien d'obtenir un premier déplacement professionnel
ou de l'avancement.
Les régressions de Cox exigent trois éléments : une variable
temporelle qui mesure le délai qui s'écoule avant un événement, une variable
générale définissant l'événement et des covariables. La période étudiée
est celle de onze ans qui s'est écoulée entre le 31 mars 1987 et le 1er
avril 1998. La variable temporelle utilisée correspond au nombre approximatif
de mois pendant lesquels une personne a occupé un poste avant de passer à un
autre poste ou de quitter la fonction publique. En ce qui concerne les personnes
qui ont bénéficié d'un déplacement professionnel ou d'une mesure
d'avancement, on effectue le calcul comme suit : retrancher la date du
deuxième emploi du premier emploi, et diviser le résultat par 30,25 jours
(correspondant à la moyenne d'un mois de calendrier). En ce qui concerne les
personnes qui n'ont pas connu de déplacement professionnel, on procède comme
suit : on retranche la date la plus avancée de la base de données (le 1er
avril 1998) de la date d'entrée en fonction ou, en cas de cessation d'emploi,
la date de cessation d'emploi, de la date d'entrée en fonction, pour ensuite
diviser le total par 30,25.
La variable générale que nous souhaitons évaluer est la probabilité
d'obtenir un déplacement professionnel ou un avancement au cours de tout mois
pendant la période. On calcule quatre déplacements professionnels (nombre de
mois avant l'emploi 2, nombre de mois avant l'emploi 3, nombre de mois
avant l'emploi 4 et nombre de mois avant l'emploi 5).
Dans l'analyse des déplacements professionnels subséquents, on ne tient pas
compte des personnes qui n'obtiennent pas un premier déplacement professionnel.
Ainsi, on ne calcule le nombre de mois qui précède l'emploi 3 que pour
les personnes qui ont obtenu un deuxième emploi, et on ne calcule le nombre de
mois qui précède le quatrième emploi que pour les personnes qui ont occupé
au moins trois postes.
On calcule trois variables relatives à l'avancement (nombre de mois avant
l'avancement 1, nombre de mois avant l'avancement 2 et nombre de mois
avant l'avancement 3). Comme en ce qui concerne les déplacements
professionnels, on ne tient pas compte des personnes qui n'ont pas obtenu
d'avancement aux fins de l'analyse du deuxième avancement.
Pour mesurer les déplacements professionnels, on a utilisé quatre variables
générales (obtention d'un 1er, d'un 2e, d'un 3e
ou d'un 4e emploi); pour mesurer les avancements, on a utilisé trois
variables générales (obtention d'un 1er, d'un 2e ou d'un
3e avancement).
Parce que des catégories professionnelles différentes se caractérisent par
des compétences ainsi que par des taux de mobilité professionnelle et
d'avancement différents, on applique des régressions distinctes à chacune des
six catégories professionnelles (direction, scientifique et professionnelle,
administration et service extérieur, technique, soutien administratif et
exploitation) relativement à chacune des possibilités de déplacement ou
d'avancement. Ainsi, on applique des régressions distinctes à chacun des
quatre avancements, multiplié par six catégories professionnelles, et à trois
avancements, multiplié par six catégories professionnelles, pour un total de
24 régressions pour les déplacements professionnels et de 18 pour les
avancements. On prépare aussi des estimations relatives à la régression de
Cox pour la population tout entière (moins les cas abandonnés en cours de
route) de même que pour les personnes qui sont entrées dans la fonction
publique après 1986.
Pour chacune des régressions, les covariables incluses dans le modèle
sont :
- Groupe désigné: On utilise sept variables nominales collectives
pour définir l'appartenance aux groupes désignés (femme blanche, femme de
minorité visible, homme de minorité visible, femme autochtone, homme
autochtone, femme handicapée et homme handicapé (7)).
Le groupe quasi-témoin se compose d'« hommes blancs non
handicapés ».
- Travail dans la RCN: Parce que le fait de travailler à
l'extérieur de la RCN est généralement associé à des taux de mobilité
moins élevés (peut-être en raison d'économies d'échelle), on utilise une
variable nominale pour indiquer que la personne travaillait dans la région de
la capitale nationale.
- Anglais comme PLO: Variable nominale indiquant si l'Anglais
est ou non la première langue officielle.
- Année d'entrée en service: L'année d'entrée en service
est une variable continue utilisée pour mesurer le nombre d'années de
service.
- Année de naissance: L'année de naissance est une variable
continue utilisée à la place de l'âge (8).
Le tableau 3 ( voir Annexe 1 ) illustre les probabilités conditionnelles
d'obtenir un premier, un deuxième, un troisième ou un quatrième déplacement
professionnel pour les employés appartenant à l'une des six catégories
professionnelles, compte tenu des caractéristiques énumérées ci-dessus. La
figure 3 ( voir Annexe 1 ) fournit de l'information aux fins de la
première colonne du tableau 3. Lorsqu'on examine les données qui
concernent le premier déplacement professionnel, on constate que, au sein de la
catégorie de la direction (bloc 1 de la colonne 1 du tableau 3),
le portrait est mitigé. Les femmes blanches et les hommes autochtones sont plus
susceptibles d'obtenir un déplacement professionnel (dans une proportion de 20
et de 10 p. 100 respectivement), tandis que, chez les hommes membres
de minorités visibles, le pourcentage est de 25 p. 100. Les hommes
handicapés ont à peu près la même chance d'obtenir un déplacement
professionnel (9). Dans les trois catégories qui
restent, le nombre de membres des groupes désignés dont on doit tenir compte
est inférieur à 30.
Dans la catégorie scientifique et professionnelle, la situation est toute
différente. Si on excepte les femmes handicapées, qui sont 26 p. 100
moins susceptibles d'obtenir un premier déplacement professionnel, tous les
autres membres des groupes désignés ont des chances égales ou meilleures
d'obtenir un premier déplacement professionnel. Les femmes appartenant aux
minorités visibles et les hommes autochtones, par exemple, sont
environ 15 p. 100 plus susceptibles d'obtenir un premier
déplacement professionnel par rapport aux hommes blancs non handicapés. Chez
les membres des groupes qui restent, les chances d'obtenir un premier
déplacement sont à peu près les mêmes, sous réserve d'autres variables. Les
femmes sont toutes moins susceptibles d'obtenir un premier déplacement
professionnel (dans une proportion de 7 p. 100 à
32 p. 100), tandis que, chez les hommes appartenant à un groupe
désigné, les possibilités sont à peu près les mêmes que chez les
non-membres des groupes désignés (voir la figure 3). Dans la catégorie
de l'administration et du service extérieur, la probabilité d'obtenir un
premier déplacement professionnel est environ égale ou supérieure
(de 5 p. 100 inférieure à 9 p. 100 supérieure par
rapport aux hommes blancs non handicapés).
Les femmes qui occupent un poste à vocation technique semblent moins
susceptibles d'obtenir un déplacement professionnel (dans une proportion de 5
à 21 p. 100 par rapport aux hommes blancs non handicapés).
Cependant, les hommes appartenant aux groupes désignés bénéficient à peu
près des mêmes probabilités (ou de probabilités légèrement meilleures en
ce qui concerne les hommes appartenant aux minorités visibles) que les hommes
blancs non handicapés.
Comme on l'a montré, la catégorie du soutien administratif se caractérise
par des taux plus élevés de mobilité. Dans cette catégorie, les femmes
blanches, les femmes qui appartiennent aux minorités visibles et les hommes
autochtones ont à peu près les mêmes chances que les hommes blancs non
handicapés d'obtenir un premier déplacement professionnel. Chez les femmes
autochtones et handicapées, les probabilités sont toutefois plus faibles (dans
une proportion de 13 et de 10 p. 100 respectivement). Les hommes
appartenant aux minorités visibles ont de meilleures possibilités d'obtenir un
premier déplacement professionnel. Ce sont les hommes handicapés qui sont les
moins susceptibles d'obtenir un premier déplacement professionnel (22
p. 100 de moins).
La catégorie de l'exploitation se caractérise par des taux de mobilité
faibles, mais c'est dans cette catégorie que les membres des groupes désignés
semblent avoir les meilleures chances d'obtenir un premier déplacement
professionnel par rapport aux non-membres des groupes désignés appartenant à
la même catégorie. Si on excepte les femmes autochtones, qui ont
10 p. 100 de moins de chances d'obtenir un premier déplacement
professionnel, tous les autres membres des groupes désignés tirent bien
d'affaire par rapport aux hommes blancs non handicapés (de 2 p. 100
de moins à 30 p. 100 de plus).
De façon générale, le schéma des probabilités observé pour le premier
déplacement se répète pour le second, quoique le degré d'écart soit
légèrement inférieur. Les membres des minorités visibles en particulier
semblent suivre une tendance analogue, l'orientation et la force des
probabilités constatées pour le premier déplacement se répétant pour le
deuxième. Toutefois, l'impact des probabilités moins élevées observées en
ce qui a trait au premier déplacement signifie que, pour de nombreux groupes,
le nombre de personnes qui obtiennent un deuxième déplacement ou un
déplacement subséquent est substantiellement réduit. Ainsi, il est souvent
difficile d'obtenir des estimations, en particulier pour le quatrième
déplacement.
Dans l'ensemble, l'information contenue dans le tableau 3 permet de
dégager un portrait mitigé de la mobilité professionnelle. Dans un même
groupe, on observe une certaine uniformité, quel que soit le déplacement
concerné, mais la situation n'est pas tout à fait aussi uniforme d'une
catégorie à l'autre. Pour le moment, il est difficile de faire état d'une
tendance marquée d'une catégorie ou d'un groupe professionnel à l'autre.
L'un des problèmes que pose l'information contenue dans le tableau 3
tient à la nature des données : en effet, nous n'avons pas la certitude
que le premier déplacement inscrit constitue bel et bien le premier
déplacement effectif. Parce que la base de données renferme des renseignements
à propos de tous les fonctionnaires qui ont été actifs entre mars 1987 et
avril 1998, il est probable que, dans la plupart des cas, nous ne comparions pas
la propension à obtenir le premier déplacement professionnel. En ce qui
concerne les personnes qui ont joint les rangs de la fonction publique au milieu
des années 1970, le premier déplacement professionnel consigné dans la base
de données n'est probablement pas (du moins, on l'espère) le premier que
l'intéressé a connu. Pour ce qui est des personnes qui sont entrées dans le
système dans les années 1990, il s'agit de leur premier déplacement. Si la
prise en compte des années d'expérience permet de régler jusqu'à un certain
point ce problème méthodologique, le choix d'un sous-ensemble de la population
totale comprenant les personnes qui se sont jointes à la fonction publique
après 1986 a résolu le problème en entier (du moins en ce qui concerne le
suivi du début du cheminement de carrière). Étant donné que la base de
données comptabilise les déplacements professionnels à compter de 1987, le
premier déplacement professionnel inscrit pour les personnes qui ont fait leur
entrée dans la fonction publique après 1986 doit être le premier. Nous
pouvons donc utiliser cette population comme groupe témoin plus serré à des
fins d'étude.
Au tableau 4 ( voir Annexe 1), on retrouve la même information que dans le
tableau 3, mais, cette fois, pour les personnes qui se sont jointes à la
fonction publique après 1986. Dans la figure 4, on s'inspire de données
tirées du tableau 4 pour faire état des probabilités conditionnelles
d'obtenir un premier déplacement professionnel selon la catégorie
professionnelle et le groupe désigné, par rapport aux hommes blancs non
handicapés. Le portrait demeure mitigé, mais les probabilités conditionnelles
dont fait état le tableau 4 laisse entrevoir un degré d'uniformité plus
grand à l'intérieur d'une catégorie professionnelle. Dans la catégorie
scientifique et professionnelle de même que dans la catégorie de
l'exploitation, les probabilités d'obtenir un déplacement professionnel sont,
à quelques exceptions près, plus élevées pour les membres des groupes
désignés que pour les hommes blancs non handicapés. Souvent, l'écart est
nettement plus marqué. Dans la catégorie scientifique et professionnelle, les
hommes autochtones sont 40 p. 100 plus susceptibles d'obtenir un
premier déplacement professionnel que les hommes blancs non handicapés. Les
femmes qui appartiennent aux minorités visibles et les hommes handicapés sont
plus susceptibles d'obtenir un premier déplacement professionnel dans une
proportion de plus de 20 p. 100.
Dans la catégorie technique et dans la catégorie du soutien administratif,
la probabilité qu'ont les membres des groupes désignés d'obtenir un premier
déplacement professionnel est en revanche inférieure ou à peu près égale
par comparaison avec les hommes blancs non handicapés. Les hommes autochtones
qui travaillent dans la catégorie technique, par exemple, sont près de 30 fois
plus susceptibles d'obtenir un premier déplacement professionnel. Dans la
catégorie de l'administration et du service extérieur, la probabilité est
plus élevée pour les membres des minorités visibles et encore plus élevée
pour d'autres membres visés par les mesures d'équité (dans une proportion de
17 p. 100 supérieure à 22 p. 100 inférieure).
Les résultats analysés jusqu'ici sont mitigés et ne donnent pas une idée
claire de la mesure dans laquelle le rythme auquel les membres de groupes
différents changent de poste accuse ou non des écarts. Souvent, les membres
des groupes désignés sont plus susceptibles de changer d'emploi; dans certains
autres, ils le sont moins.
Si les programmes d'équité en matière d'emploi fonctionnaient relativement
bien dans certaines régions, mais pas dans d'autres, on pourrait dépeindre le
portrait de la mobilité professionnelle que présentent en détail les tableaux
3 et 4. Cependant, c'est également le genre de tableau qui se dégagerait si
les groupes désignés en matière d'emploi se répartissaient également dans
l'ensemble des catégories professionnelles. Si, par exemple, les hommes blancs
non handicapés se regroupent au sommet d'une catégorie professionnelle où la
mobilité est vraisemblablement minimale et que des membres des groupes
désignés sont plus susceptibles de se retrouver au bas de l'échelle
d'ancienneté, là où les déplacements professionnels sont plus susceptibles
de se produire, les membres des groupes désignés connaîtront un nombre de
déplacements professionnels comparativement plus élevé que les hommes blancs
non handicapés.
Répartition différentielle selon les
quartiles salariaux
Un moyen d'approfondir cette question consiste à utiliser les quartiles
salariaux comme substitut du niveau. Pour calculer les quartiles, on a établi
le salaire médian pour chaque groupe et niveau professionnel à partir des
conventions collectives applicables, et on l'a appliqué à chaque déplacement
professionnel. Afin de veiller à ce que les salaires soient le plus pertinents
possible pour la période visée (de 1986-1987 à 1997-1998), on a surtout
utilisé les conventions collectives de 1991, qui portent sur les salaires en
vigueur pendant la plus grande partie de la période qui s'étend de 1986-1987
à 1997-1998. On est ainsi parvenu à apparier les 549 202 dossiers au
salaire correspondant.
La figure ci-après illustre la représentation différentielle des groupes
désignés selon les quartiles salariaux (10).
Dans la figure, la ligne zéro représente le pourcentage de membres du
groupe non visé par les mesures d'équité qui font partie d'un quartile
salarial donné. Les barres illustrent la mesure dans laquelle différents
groupes désignés sont surreprésentés ou sous-représentés dans le quartile
salarial. Comme on le voit, on observe un problème évident de compression des
groupes désignés dans le premier et le deuxième quartile salariaux. Dans
l'ensemble, la représentation des groupes désignés tend à être supérieure
d'environ 4 p. 100 à celle du groupe non visé par les mesures
d'équité pour le premier et le deuxième quartiles. Par conséquent, on
observe le contraire dans le troisième et le quatrième quartiles, où les
groupes désignés tendent à être sous-représentés.
align="bottom"![](/web/20071120093032im_/http://www.psagency-agencefp.gc.ca/research/demographics/images/mobilit_3_f.jpg)
Pour tenir compte de tels écarts, nous avons ajouté au modèle trois
variables nominales portant sur les quartiles salariaux, afin d'identifier les
personnes qui appartiennent à l'une des quatre catégories salariales dans une
catégorie professionnelle donnée (11). L'ajout
de cette série de variables nous permet de comparer les progrès réalisés par
les membres du groupe désigné et ceux du groupe non visé par les mesures
d'équité à l'intérieur d'un quartile salarial donné. En d'autres
termes, nous pouvons maintenant comparer le cheminement professionnel des femmes
autochtones qui appartiennent au quartile salarial le plus bas à celui des
hommes blancs non handicapés qui appartiennent également au quartile salarial
le plus bas, et non plus nous contenter de comparer le cheminement professionnel
général d'un groupe désigné, par exemple les femmes autochtones par rapport
aux hommes blancs non handicapés.
Le tableau 5 (voir Annexe 1) illustre les probabilités conditionnelles
d'obtenir un premier, un deuxième, un troisième et un quatrième déplacement
professionnel par rapport aux hommes blancs non handicapés, après avoir
vérifié si le candidat travaillait dans la région de la capitale nationale,
l'année de l'entrée en fonction du candidat, l'âge qu'il avait à ce moment
et sa première langue officielle. On y retrouve également trois valeurs
nominales pour les quartiles salariaux par catégorie professionnelle (le groupe
témoin est le quartile le plus élevé, soit le quatrième). Nous n'avons pas
inclus ici d'information à propos de la catégorie de la direction, étant
donné que nous ne disposons pas d'information salariale précise la concernant.
Si on compare avec le tableau 3, les écarts dans les probabilités
conditionnelles du coté positif sont beaucoup moins prononcés dans le
tableau 5 (voir également la figure 5). Si on excepte la catégorie
de l'exploitation, où les probabilités vont dans le même sens et sont à peu
près de la même ampleur, comme on l'a vu dans le tableau 3, les
probabilités de mobilité dans les autres catégories sont plus susceptibles
d'être plus faibles ou égales. Voilà qui laisse entendre que l'ajout des
quartiles salariaux favorise grandement la capacité de fournir des explications
(12). Cette situation montre également (comme on l'a vu en détail
ci-dessus) que les membres des groupes désignés sont plus susceptibles que les
hommes blancs non handicapés d'appartenir aux quartiles salariaux les plus bas
et que les membres des groupes désignés sont, à l'intérieur d'un quartile
donné, aussi ou moins susceptibles de connaître un déplacement professionnel
que les hommes blancs non handicapés appartenant au même quartile relatif à
la catégorie professionnelle.
Dans la catégorie professionnelle et scientifique, d'abord, les femmes sont
nettement moins susceptibles d'obtenir un premier déplacement professionnel que
les hommes, indépendamment du groupe désigné auquel elles appartiennent. Les
femmes issues de minorités visibles, par exemple, sont 7 p. 100 moins
susceptibles d'obtenir un premier déplacement professionnel que les hommes
blancs non handicapés. Les femmes autochtones et les femmes handicapées sont
environ 30 p. 100 moins susceptibles d'obtenir un premier déplacement
professionnel. Les femmes blanches sont 14 p. 100 moins susceptibles
d'obtenir un déplacement professionnel. Chez les hommes appartenant au groupe
désigné, les probabilités d'obtenir un premier déplacement tendent à plus
ou moins correspondre à celles des hommes blancs non handicapés.
Dans la catégorie de l'administration et du service extérieur, la
probabilité d'obtenir un premier déplacement est à peu près égale dans tous
les cas, sauf en ce qui concerne les hommes appartenant aux minorités visibles,
pour lesquels la probabilité est supérieure de 9 p. 100. Dans la
catégorie technique, la probabilité est inférieure ou égale dans tous les
cas. Tout comme dans la catégorie scientifique et professionnelle, les femmes
sont moins susceptibles d'obtenir un premier déplacement professionnel que les
hommes (les probabilités vont de 4 p. 100 de moins pour les femmes
appartenant aux minorités visibles à 20 p. 100 de moins pour les
femmes autochtones).
Dans la catégorie du soutien administratif, les résultats sont analogues à
ceux dont fait état le tableau 3. Les hommes issus de minorités visibles
ont de meilleures chances d'obtenir un premier déplacement professionnel que
les hommes blancs non handicapés, et tous les autres groupes ont des chances
égales ou inférieures d'obtenir un premier déplacement professionnel. Les
femmes blanches, les femmes de minorités visibles et les hommes autochtones ont
à peu près des chances égales d'obtenir un premier déplacement
professionnel, et les membres d'autres groupes tendent à avoir de moins bonnes
chances (de 13 p. 100 de moins pour les femmes autochtones et les
femmes handicapées à 25 p. 100 de moins pour les hommes
handicapés).
À quelques exceptions près, les résultats du tableau 5 se répètent dans
le tableau 6, qui porte uniquement sur les personnes qui se sont jointes à la
fonction publique après 1986. On note toutefois une exception majeure : en
effet, les hommes autochtones qui travaillent dans la catégorie scientifique et
professionnelle sont nettement plus susceptibles d'obtenir un premier
déplacement professionnel que les hommes blancs non handicapés, tandis que,
dans le tableau 3, les chances sont à peu près égales. Après le premier
déplacement, cependant, la probabilité que des hommes autochtones obtiennent
un autre déplacement est négative et substantielle.
Jusqu'ici, nous nous sommes penchés sur le phénomène de la mobilité
professionnelle, sans tenir compte de l'orientation du déplacement. Cependant,
seulement une partie des déplacements constitue de l'avancement. De façon
générale, on pourrait qualifier les autres de « déplacements
latéraux ». Comme nous n'avons pas de variable pouvant définir un
déplacement professionnel comme de l'avancement, nous avons postulé qu'il y a
avancement lorsque le déplacement entraîne une augmentation d'au moins
4 p. 100 d'un salaire médian à l'autre (13).
Si on a choisi cette définition opérationnelle de la notion d'avancement,
c'est pour éviter les complications découlant de la mobilité d'un groupe
professionnel à l'autre. Si, à l'intérieur d'une catégorie professionnelle
donnée, les mesures d'avancement sont faciles à définir (p. ex., un
changement de niveau), nous ne disposons pas de moyen direct de définir les
mesures d'avancement d'une catégorie professionnelle à l'autre, à moins qu'on
utilise le salaire comme variable déterminante (comme on a affaire à plus de
70 catégories professionnelles et niveaux divers, jusqu'à 18 dans
certaines catégories professionnelles, définir l'avancement comme un
changement de niveau pourrait représenter une tâche colossale).
Une fois la variable salariale accolée à chacune des opérations dans la
base de données, on calcule l'augmentation salariale pour chacun des emplois en
établissant l'augmentation procentuelle entre les salaires médians de l'emploi
actuel et de l'emploi précédent pour chacune des personnes faisant partie de
la base de données (comme nous ne connaissons pas l'échelon qu'occupe un
employé à l'intérieur d'un niveau donné, on utilise le salaire médian à
chaque niveau à titre estimatif). Si cette mesure risque de gonfler
l'augmentation salariale procentuelle pour chacun des déplacements, tous les
déplacements professionnels sont assujettis à la même transformation, ce qui
permet d'établir des comparaisons entre groupes désignés (par exemple, un
changement de niveau dans une catégorie professionnelle donnée générera la
même majoration estimative, quel que soit le groupe visé par les mesures
d'équité considéré).
Le tableau 7 (voir Annexe 1) illustre les probabilités conditionnelles
d'obtenir un premier, un deuxième et un troisième avancement par groupe
désigné et catégorie professionnelle, selon que le candidat a travaillé dans
la région de la capitale nationale, l'année de son entrée en fonction, l'âge
qu'il avait à ce moment et sa première langue officielle. On y retrouve
également trois valeurs nominales pour les quartiles salariaux par catégorie
professionnelle (le groupe témoin correspond au quartile le plus élevé). Si
on compare au tableau précédent, où un événement mesuré est la
probabilité d'obtenir un déplacement professionnel, l'événement dont rend
compte le tableau 7 est la probabilité d'obtenir de l'avancement.
Les résultats présentés dans le tableau 7 donnent à penser que les
probabilités conditionnelles d'obtenir de l'avancement sont très différentes
de celle dont rendent compte les tableaux 3 à 6. Par rapport aux hommes
blancs non handicapés, la probabilité qu'ont les membres des groupes
désignés d'obtenir de l'avancement est presque toujours inférieure et souvent
nettement inférieure. Si on excepte la catégorie de l'exploitation (où
l'avancement est rare) et les membres des minorités visibles qui travaillent
dans la catégorie du soutien administratif ou de l'administration et du service
extérieur, les probabilités conditionnelles pour l'ensemble des autres groupes
et catégories sont négatives.
Dans la catégorie scientifique et professionnelle, par exemple, la
probabilité qu'ont les membres des groupes désignés autres que ceux qui
appartiennent aux minorités visibles ou les hommes handicapés est inférieure
d'au moins 20 p. 100 à celle des hommes blancs non handicapés. Pour
ce qui est des hommes handicapés issus de minorités visibles, la probabilité
est à peu près égale (3 p. 100 de moins que celle des hommes blancs
non handicapés). Dans la catégorie de l'administration et du service
extérieur, les écarts sont moins prononcés. Les femmes blanches, les hommes
autochtones et les membres des minorités visibles ont à peu près la même
probabilité d'obtenir de l'avancement (de 6 p. 100 de moins pour les
hommes autochtones à 6 p. 100 de plus pour les hommes issus de
minorités visibles). Pour les autres groupes, cependant, la probabilité
d'obtenir un premier avancement est inférieure de 7
à 18 p. 100.
Dans la catégorie technique, si on excepte les hommes issus de minorités
visibles, qui ont à peu près la même probabilité d'obtenir de l'avancement,
la probabilité pour tous les autres groupes est nettement inférieure (de
14 p. 100 de moins pour les hommes autochtones à 24 p. 100
de moins pour les femmes handicapées). On observe une tendance analogue dans la
catégorie du soutien administratif, où les hommes issus de minorités visibles
ont de bonnes chances d'obtenir un premier avancement, tandis que d'autres
groupes ont de faibles chances d'obtenir de l'avancement par rapport aux hommes
blancs non handicapés.
Dans la catégorie de l'exploitation, la probabilité d'obtenir de
l'avancement est à peu près la même pour les membres des groupes désignés
que pour les non-membres. Sur ce plan, les hommes issus de minorités visibles,
qui ont de bien meilleures chances d'obtenir de l'avancement que les hommes
blancs non handicapés, font exception à la règle.
Dans l'ensemble, la tendance qui se dégage pour le premier avancement se
répète pour les suivants. Dès le troisième, en raison des probabilités
conditionnelles à maintes reprises limitées, le décompte des membres des
groupes est souvent trop faible pour qu'on puisse effectuer des estimations
précises.
Au tableau 8 (voir Annexe 1), on retrouve la même analyse qu'au
tableau 7, mais, cette fois, elle ne s'applique qu'aux personnes qui ont
joint les rangs de la fonction publique fédérale après 1986. Étant donné la
contrainte plus serrée qui s'exerce sur la période d'entrée en fonction, nous
pouvons avoir l'assurance que nous parlons bel et bien du premier, du deuxième
et du troisième avancement, au contraire de ce qui concerne la période
d'observation, comme c'est le cas dans le tableau 7.
Les résultats présentés dans le tableau 8 laissent entendre que, dans
une large mesure, l'état des écarts dans les taux d'avancement définis dans
le tableau 7 s'applique également aux personnes qui ont joint les rangs de
la fonction publique après 1986. Si on tient compte du premier avancement, le
portrait qui se dégage de la catégorie professionnelle demeure mitigé. Les
femmes et les hommes handicapés sont plus susceptibles d'obtenir de
l'avancement. Les hommes issus de minorités visibles ont des chances
d'avancement à peu près égales, tandis que celles de tous les autres groupes
sont nettement inférieures. En ce qui concerne le deuxième avancement, les
probabilités sont plus élevées dans tous les cas, mais la représentation de
quelques groupes est si limitée qu'il est impossible d'effectuer une estimation
précise. Dès le troisième avancement, aucun groupe désigné ne compte un
nombre suffisant pour qu'on puisse estimer les probabilités conditionnelles.
Dans le reste des catégories professionnelles, les probabilités
conditionnelles d'obtenir de l'avancement sont plus faibles, à six exceptions
près. Dans la catégorie scientifique et professionnelle, les hommes
autochtones et les hommes handicapés sont plus susceptibles d'obtenir un
premier avancement (dans des proportions de 12 p. 100 et de
15 p. 100 respectivement). Dans tous les autres groupes, les
probabilités sont plus faibles (de 11 p. 100 de moins pour les hommes
issus de minorités visibles à 27 p. 100 de moins pour les femmes
blanches). Dans la catégorie de l'administration et du service extérieur, les
membres des minorités visibles ont des chances égales ou meilleures d'obtenir
de l'avancement, et tous les autres groupes ont des chances moins grandes (de
19 p. 100 de moins pour les hommes autochtones à 36 p. 100
de moins pour les femmes handicapées).
Dans la catégorie technique, tous les membres des groupes désignés ont
moins de chances d'obtenir un premier avancement par rapport aux hommes blancs
non handicapés. L'écart observé dans les probabilités oscille entre
8 p. 100 de moins pour les hommes issus de minorités visibles et
43 p. 100 de moins pour les hommes autochtones. Dans la catégorie du
soutien administratif, enfin, seuls les hommes autochtones et issus de
minorités visibles ont des chances égales ou supérieures d'obtenir un premier
avancement. Dans tous les autres groupes, y compris les femmes blanches, les
probabilités d'obtenir de l'avancement pour la première fois sont nettement
réduites (de 12 p. 100 de moins pour les femmes blanches à
38 p. 100 de moins pour les hommes handicapés).
Comme dans la population en général, les probabilités observées en ce qui
concerne le premier avancement se répètent souvent pour les avancements
suivants. Dès le troisième avancement, cependant, le nombre de membres dans
chacun des groupes désignés des différentes catégories professionnelles est
trop limité pour qu'on puisse effectuer une estimation précise.
À l'aide de données administratives que possède la Commission de la
fonction publique du Canada pour une période de onze ans, nous avons étudié
les déterminants de la mobilité et l'impact de ces facteurs sur le rythme
auquel les membres de différents groupes désignés changent de poste ou
obtiennent de l'avancement.
Notre analyse a montré un degré de segmentation considérable au sein de la
fonction publique, en ce qui concerne le sexe aussi bien que l'appartenance à
une minorité visible. Les femmes, quel que soit le groupe auquel elles
appartiennent, se cantonnent étroitement dans des emplois de bureau
traditionnels. Les hommes issus de minorités visibles entretiennent des liens
solides avec la catégorie scientifique et professionnelle. Les hommes blancs se
retrouvent dans la catégorie de la direction ainsi que dans les catégories de
l'exploitation et technique. Étant donné que des catégories professionnelles
différentes se caractérisent par des taux différents de mobilité
professionnelle, nous pensons que ces concentrations professionnelles ont
occulté les écarts dans les taux de mobilité professionnelle d'un groupe à
l'autre. Voilà pourquoi nous avons examiné les taux de mobilité par
catégorie professionnelle.
À l'aide de l'analyse des régressions de Cox, nous avons constaté que la
probabilité d'obtenir un premier avancement variait considérablement d'un
groupe désigné à l'autre. Même lorsqu'on tient compte de la catégorie
professionnelle, du nombre d'années d'expérience, de l'âge, du lieu de
travail, du niveau du poste (exprimé à l'aide du quartile salarial), de la
première langue officielle et du nombre de mois de service, on constate des
écarts substantiels et négatifs dans les taux entre membres des groupes
désignés et non-membres. Dans la catégorie scientifique et professionnelle,
par exemple, les femmes sont nettement moins susceptibles d'obtenir un premier
avancement (dans une proportion de 34 p. 100 à 53 p. 100
par rapport aux hommes blancs non handicapés). Les hommes autochtones sont eux
aussi moins susceptibles d'obtenir de l'avancement.
Les écarts observés dans la catégorie de l'administration et du service
extérieur sont minimaux, les membres de la plupart des groupes ayant à peu
près les mêmes chances d'obtenir de l'avancement par rapport aux hommes blancs
non handicapés. Cependant, les probabilités pour les membres des groupes
désignés appartenant à la catégorie technique sont inférieures de 12 à
23 p. 100. Les hommes issus de minorités visibles, qui ont à peu
près les mêmes chances d'obtenir une promotion, font exception à la règle.
Dans la catégorie du soutien administratif, tous les groupes ont des chances
d'avancement moins grandes, à l'exception des hommes issus de minorités
visibles qui ont des chances d'avancement plus grandes que celles des hommes
blancs non handicapés et des hommes autochtones, qui ont des chances à peu
près égales. Dans la catégorie opérationnelle, enfin, les chances d'obtenir
de l'avancement sont souvent plus grandes pour les membres des groupes
désignés. Cependant, on ne doit pas oublier que c'est cette catégorie qui se
caractérise par les chances les moins grandes d'obtenir de l'avancement.
S'il est un groupe qui tend à se tirer raisonnablement bien d'affaire, c'est
celui des hommes issus de minorités visibles, qui, peut-être en raison de
niveaux élevés de scolarité, ont à peu près les mêmes chances d'obtenir de
l'avancement que les hommes blancs non handicapés. De façon générale, les
résultats observés pour la population tout entière se répète pour les
personnes qui ont joint les rangs de la fonction publique après 1986 (et à
propos de qui nous avons de l'information parfaite).
De façon générale, l'orientation et l'ampleur de ces écarts entre les
membres des groupes désignés et les hommes blancs non handicapés se
vérifient dans les avancements subséquents. Il s'ensuit que le nombre de
membres des groupes désignés est souvent trop limité pour qu'on puisse
mesurer la probabilité d'obtenir un troisième déplacement professionnel.
Les résultats analysés laissent entrevoir des écarts incontestables et
souvent prononcés dans la capacité qu'ont les membres des groupes désignés
de faire carrière dans la fonction publique suivant une pente ascendante. Si
tel est le cas, le gouvernement fédéral pourrait faire face à des défis plus
grands en ce qui a trait au maintien en poste et à la satisfaction
professionnelle.
- Multicom, A consultation with visible minority employees at Canadian
Heritage, Ottawa, ministère du Patrimoine canadien, 1996.
- Commission de la fonction publique, Étude sur le maintien des
Autochtones à la fonction publique fédérale, Commission de la fonction
publique du Canada, Ottawa, CFP, 1991.
- Commission de la fonction publique, Rapport annuel 1995-1996,
Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 1996.
- John Samuel and Associates, Les minorités visibles et la fonction
publique du Canada : rapport présenté à la Commission canadienne des
droits de la personne, Ottawa, 1996.
- Lee, T., "Statistical Methods for Survival Data Analysis", New
York, John Wiley, 1992.
- SPSS, SPSS Advanced Models 9, Chicago, SPSS, 1999.
- Secrétariat du Conseil du Trésor, Conseil des sous-ministres sur
l'équité en matière d'emploi (Canada) et Groupe de consultation sur
l'équité en matière d'emploi pour les minorités visibles (1993), Fausses
images : observations des membres des minorités visibles au sein de la
fonction publique du Canada : rapport du Groupe de consultation sur
les minorités visibles présenté au Secrétaire du Conseil du Trésor et au
Conseil des sous-ministres sur l'équité en matière d'emploi, Ottawa, Groupe
de consultation sur les minorités visibles.
Annexe
1: Tableaux 5 à 8 and Figures 5 à 8
Cette annexe est disponible dans la Version Acrobat
de ce document.
Annexe
2: Analyse des correspondances dans l'analyse par
recoupement
L'analyse des correspondances permet d'examiner les rapports entre deux
variables nominales dans un espace multimentionnel. Un important avantage que
présente l'analyse des correspondances par rapport à d'autres techniques
d'analyse par recoupement, c'est qu'elle décrit ces associations de façon
graphique en conformité avec une mesure de l'indépendance statistique, comme
la variable chi carré. Ainsi, cela illustre les rapports sous-jacents entre les
catégories de variables. Les distances euclidiennes dans les graphiques de
l'analyse des correspondances lissent les distances chi carré présentes dans
le tableau des données. Les points qui sont rapprochés dans le tracé sont
plus semblables que ceux qui sont éloignés.
L'exemple ci-dessous illustre la relation entre une variable exprimant
l'appartenance à un groupe d'individus dans les catégories g1, g2,g3,g4 et g5
(rangées) et dans les secteurs s1 et s2 (colonnes). Ces catégories sont
représentées par des étoiles et des carrés dans le graphique. En calculant
le profil des rangées et des colonnes et en répartissant la variable
aléatoire chi carré, les points correspondant aux groupes et aux secteurs
peuvent être tracés dans un plan traversé par deux composantes
principales majeures. Les rayons (vecteurs) peuvent être tracés depuis
l'origine jusqu'à chaque point de la colonne (secteurs).
align="bottom"![](/web/20071120093032im_/http://www.psagency-agencefp.gc.ca/research/demographics/images/mobilit_4_f.jpg)
La projection orthogonale (ligne perpendiculaire) depuis les points de la
rangée (groupes) jusqu'aux rayons donne une indication de la façon dont les
catégories de ces deux variables sont liées l'une à l'autre. Dans ce cas, les
points g1 et g2 sont près l'un de l'autre et près du rayon s1 alors que les
points g3 et g4 sont le plus près du rayon s2, même s'ils sont situés de part
et d'autre de celui-ci. En d'autres termes, les individus appartenant aux
catégories g1 et g2 auront tendance à être surreprésentés dans le
secteur 1 alors que ceux des catégories g3 et g4 seront dans le secteur 2.
Le point g5 est loin des rayons et équidistant, ce qui donne à penser qu'il
n'y a pas d'association apparente entre la catégorie de cette rangée et la
catégorie d'une colonne.
Annexe
3: Données tirées du recensement de 1996
Le Recensement de 1996 donne à penser qu'il existe certains écarts marqués
entre les profils de scolarité des membres des minorités visibles et d'autres
populations. En fait, les femmes et les hommes de minorités visibles sont plus
susceptibles d'avoir poursuivi des études universitaires que les femmes et les
hommes n'appartenant pas à des minorités visibles. Trente-six pour cent des
femmes de minorités visibles et 45 p. 100 des hommes de minorités
visibles ont fait des études universitaires, comparativement à
28 p. 100 des femmes et à 29 p. 100 des hommes
n'appartenant pas aux minorités visibles (voir le tableau A2.1, disponible
dans la version Acrobat de ce document).
Parmi les personnes qui travaillent au sein de la fonction publique
fédérale (y compris les organismes), les niveaux de scolarité sont
supérieurs dans tous les groupes, mais les niveaux de scolarité des membres
des minorités visibles demeurent malgré tout plus élevés. Ainsi, 85
p. 100 des hommes issus de minorités visibles qui travaillent dans la
fonction publique ont au moins poursuivi des études universitaires, et
68 p. 100 d'entre eux sont titulaires d'un diplôme (comparativement
à 56 p. 100 et à 38 p. 100 respectivement chez les hommes
non issus de minorités visibles). Chez les femmes, 58 p. 100 des
membres de minorités visibles ont au moins poursuivi des études
universitaires, et 53 p. 100 d'entre elles sont titulaires d'un
diplôme (comparativement à 37 p. 100 et à 23 p. 100
respectivement chez les femmes non issues de minorités visibles).
1. Fonctionnaires fédéraux nommés pour une
période indéterminé se dit des employés de la fonction publique
fédérale dont la durée de l'emploi n'est pas précisée. On qualifie souvent
ces personnes d'employés occupant un poste indéterminé ou d'employés
permanents de la fonction publique.
2. Certains codes erronés s'expliquent par des fautes de
frappe. À titre d'exemple, citons le cas d'une personne qui aurait débuté
dans la fonction publique avant sa naissance. Dans d'autres cas, les
intéressés auraient travaillé dans la fonction publique pendant plus de 60
ans. Cette situation, bien que faisant partie du domaine du possible, semble
quelque peu difficile à croire.
3. Nous avons effectué un certain nombre de sélections
différentes en fonction de l'âge et de la durée des fonctions, notamment :
- les personnes nées après 1922, 1925 et 1930;
- l'entrée dans la fonction publique après 1952, 1957 et 1962.
Le fait de modifier les sélections n'a pas eu une bien grande
incidence sur les résultats du modèle de régression de Cox étant donné que
l'âge et la date d'entrée en fonction ont été inclus dans le modèle à
titre de covariables. L'orientation et les niveaux de signification sont
demeurés les mêmes pour l'ensemble des variables.
4. Dans la figure, on utilise l'analyse des
correspondances pour résumer l'information et les relations entre
l'appartenance à un groupe et la catégorie professionnelle pour définir des
concentrations. L'analyse des correspondances est une technique multivariable
fondée sur des procédures à double échelle qui permettent d'examiner la
relation entre deux variables essentiellement proportionnées dans un espace
multidimensionnel. En établissant les écarts par rapport au modèle
d'indépendance grâce à la variable chi carré, l'analyse des correspondances
exprime les relations entre variables et groupes comme points dans un graphique
d'analyse des correspondances (Weller et Romney, 1990).On trouvera à l'Annexe 1
une description de l'analyse des correspondances.
5. De façon générale, on peut décomposer l'analyse de
survie en trois techniques : les tables de survie, les estimations de la
survie de Kaplan Meier et le modèle de régression de Cox. Aux fins de
l'analyse, on utilise dans chacun des cas le délai qui s'écoule avant qu'un
événement ne se produise comme variable. Les tableaux de survie, qui sont la
forme la plus simple d'analyse de survie, permettent d'évaluer le temps qui
s'écoule avant un événement, mais ils ne permettent pas la prise en compte de
covariables. Les estimations de Kaplan Meier, qui fournissent de l'information
descriptive, permettent de comparer les fonctions de survie entre groupes. Le
modèle de régression de Cox est une technique explicative dans laquelle on
fait appel à une variable temporelle pour déterminer la probabilité qu'un
événement se produise. En outre, la méthode permet la prise en compte d'un
grand nombre de covariables. La régression de Cox s'apparente à la régression
logistique en ce sens qu'elle est itérative, qu'elle pose la question de savoir
si un événement s'est produit et qu'elle permet la prise en compte de
covariables dans le modèle.
6. L'une des hypothèses de l'analyse fondée sur le
modèle de régression de Cox est que la fonction de risque se rattachant à
tout groupe donné est proportionnellement liée au groupe de référence
(risque de base). En d'autres termes, on tient pour acquis que le temps influe
à peu près de la même façon sur tous les groupes. Nous avons assujetti les
dangers proportionnels à un examen graphique de même qu'à une analyse des
résidus partiels du modèle mis en corrélation avec chacune des covariables.
De la même façon, nous avons éprouvé l'indépendance des risques dans le
cadre de périodes données. Or, ces essais n'ont fourni aucune preuve de
dépendance.
7. L'indicateur « handicap » subsume ceux des
autres groupes visés par les mesures d'équité. Ainsi, les membres de
minorités visibles ou les Autochtones handicapés ne sont comptés que comme
des personnes handicapées.
8. Nous avons également appliqué des modèles dans
lesquels l'âge et l'expérience sont au carré ((1998 - année d'entrée en
service)2). Ni l'un ni l'autre modèle n'ont modifié de façon
sensible les coefficients ou les niveaux de variance. On pourra obtenir ces
tableaux sur demande.
9. Aux fins de l'analyse, un écart de probabilité de
5 p. 100 ou moins (en plus ou en moins) entre les membres du groupe
visé par les mesures d'équité et les membres du groupe non visé par les
mesures d'équité est considéré comme négligeable.
10. On a établi des quartiles salariaux pour toutes les
catégories professionnelles, à l'exception de la catégorie de la direction,
à propos de laquelle nous ne disposons pas d'information salariale précise. On
a établi le salaire médian pour chacune des catégories professionnelles à
l'aide des conventions collectives, et le salaire approprié a été appliqué
à chaque fonctionnaire et à chaque poste. Les quartiles ont été déterminés
à l'aide de l'information concernant le premier emploi consigné dans les
dossiers. Les valeurs des quartiles continuent de s'appliquer au-delà de chacun
des déplacements professionnels.
11. Nous avons également appliqué des modèles dans
lesquels le salaire était considéré comme une variable continue. Or, les
estimations n'ont pas changé de façon sensible (on pourra obtenir les tableaux
sur demande). Étant donné que la fonction publique constitue un marché du
travail interne relativement rigide et qu'il existe des échelles salariales,
nous avons cependant utilisé les quartiles salariaux pour représenter les
échelles salariales.
12. L'ajout de variables relatives aux quartiles
salariaux resserre également de façon sensible les écarts dans les
estimations. On pourra obtenir sur demande les tableaux faisant état des
écarts.
13. Relativement à chacun des déplacements
professionnels, on établit l'augmentation salariale en définissant
l'augmentation procentuelle entre les salaires médians du poste actuel et du
poste antérieur pour chacune des personnes faisant partie de la base de
données (comme on ne connaît pas l'échelon qu'occupe un employé à
l'intérieur d'un niveau donné, on utilise le salaire médian à chaque niveau
à titre estimatif).
Note
** Les opinions exprimées dans le présent rapport sont celles de
l'auteur à ce titre, elles ne représentent pas nécessairement celles de la
Commission de la fonction publique du Canada ou du ministère du Patrimoine
canadien.
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