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Relevé des maladies transmissibles
au Canada Une déclaration d'un comité consultatif (DCC) DÉCLARATION SUR LA VACCINATION ANTIGRIPPALE POUR LA SAISON 1999-2000Document Adobe télédéchargeable (411 KB) PRÉAMBULE Le Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI) donne à Santé Canada des conseils courants et à jour liés à l'immunisation dans le domaine de la médecine, des sciences et de la santé publique. Santé Canada reconnaît que les conseils et les recommandations figurant dans cette déclaration reposent sur les connaissances scientifiques les plus récentes et diffuse le document à des fins d'information. Les personnes qui administrent ou utilisent le vaccin doivent également connaître le contenu des monographies de produit pertinentes. Les recommandations d'utilisation et les autres renseignements qui figurent dans le présent document peuvent différer du contenu des monographies de produit établies par le fabricant autorisé du vaccin au Canada. Les fabricants ont uniquement fait approuver le vaccin et démontré son innocuité et son efficacité lorsqu'il est utilisé selon la monographie du produit. INTRODUCTION La composition antigénique du vaccin antigrippal a été revue pour la saison 1999-2000. La présente déclaration contient également des observations récentes provenant de programmes mondiaux et nationaux de surveillance de la grippe, des innovations dans le domaine de la lutte contre la grippe et une mise à jour concernant l'usage de l'amantadine à des fins prophylactiques et thérapeutiques. Il existe au Canada deux mesures qui permettent de réduire les effets de la grippe : l'immunoprophylaxie au moyen du vaccin inactivé (virus tué) et la chimioprophylaxie ou le traitement antiviral contre la grippe (amantadine). La vaccination annuelle des personnes à risque élevé avant la saison grippale constitue actuellement le meilleur moyen de réduire les effets de la grippe. Les virus de la grippe A sont classés en sous-types d'après des critères antigéniques, soit la présence de deux antigènes de surface : l'hémagglutinine (H) et la neuraminidase (N). On a identifié trois sous-types d'hémagglutinine (H1, H2 et H3) et deux sous-types de neuraminidase (N1 et N2) parmi les virus grippaux A à l'origine d'épidémies chez l'homme. L'immunité à l'égard de ces antigènes - en particulier à l'égard de l'hémagglutinine - réduit le risque d'infection et la gravité de la maladie en cas d'infection. La protection conférée par une infection due à un sous-type particulier est faible, voire inexistante, face aux autres sous-types. Qui plus est, la variation antigénique (dérive antigénique) qui se produit avec le temps à l'intérieur d'un sous-type peut être telle que l'infection par une souche ou l'administration d'un vaccin contenant cette souche peuvent ne pas immuniser le patient contre des souches faiblement apparentées du même sous-type. Bien que les virus grippaux B aient une plus grande stabilité antigénique que les virus grippaux A, on observe néanmoins une variation antigénique. Pour ces raisons, d'importantes épidémies d'affections respiratoires causées par ces nouveaux variants grippaux continuent de survenir. La saison grippale de 1998-1999 s'est caractérisée par deux pics d'activité, soit entre le début et la mi-janvier et le début du mois de mars. Entre le 28 août 1998 et le 19 mars 1999, le Laboratoire de lutte contre la maladie (LLCM) a reçu des rapports sur 40 489 analyses de laboratoire pour des virus respiratoires : 4 449 (11 %) étaient positifs pour le virus de la grippe, 3 912 (88 %) contenaient la souche de type A et 537 (12 %) la souche de type B. Les cas de grippe A se répartissent ainsi entre les provinces : Terre-Neuve (17), Nouvelle-Écosse (28), Nouveau-Brunswick (57), Québec (782), Ontario (1 506), Manitoba (179), Saskatchewan (339), Alberta (733) et Colombie-Britannique (271). Pour ce qui est des cas de grippe B, la répartition était la suivante : Nouveau-Brunswick (2), Québec (24), Ontario (473), Saskatchewan (14), Alberta (10) et Colombie-Britannique (14). Ces résultats correspondent, dans une certaine mesure, aux politiques et aux ressources locales en ce qui concerne les tests. La caractérisation des souches a été effectuée pour 184 isolats de grippe soumis au Bureau de microbiologie, LLCM, entre octobre 1998 et le 18 mars 1999; 156 (85 %) étaient apparentés à la souche A/Sydney/5/97 (H3N2) et 28 (15 %) étaient apparentés à la souche B/Beijing/184/93. La distribution provinciale des isolats apparentés à A/Sydney s'établissait comme suit : Terre-Neuve (3), Nouveau-Brunswick (6), Québec (35), Ontario (57), Manitoba (4), Saskatchewan (20), Alberta (23) et Colombie-Britannique (8). Dans la cas des isolats apparentés à B/Beijing, elle se dessinait de la manière suivante : Québec (3), Ontario (18), Saskatchewan (4) et Alberta (3). Entre octobre 1998 et février 1999, on a signalé la présence de la grippe sur tous les continents. Au cours des 2 premiers mois de cette période, la grippe a fait des apparitions sporadiques dans de nombreux pays de l'hémisphère nord et on a continué à en signaler la présence dans quelques pays de l'hémisphère austral. Des éclosions ont été signalées en décembre 1998 et, en janvier 1999, la grippe s'était généralisée dans un certain nombre de pays d'Afrique, d'Amérique du Nord, d'Asie et d'Europe. Les deux types de grippe étaient également répandus. Dans certains pays, ce sont les virus de type A (H3N2) qui ont prédominé alors que dans d'autres c'était plutôt le virus B. Dans plusieurs pays, les deux virus circulaient simultanément. La majorité des isolats de type A (H3N2) d'Afrique, des Amériques, d'Asie, d'Europe et d'Océanie étaient antigéniquement étroitement apparentés à A/Sydney/5/97. Les virus de type B des Amériques et de l'Europe étaient antigéniquement apparentés à B/Beijing/184/93. Les virus de type B apparentés à B/Beijing/184/93 ou à B/Shandong/7/97 (un virus semblable à B/Beijing/243/97) continuait à circuler en Asie (Chine, Japon, Singapour et Thaïlande). Les quelques cas de grippe de type A confirmés en laboratoire (H1N1) identifiés et signalés en Europe étaient apparentés à A/Bayern/7/95. La majorité des virus de type A (H1N1) provenant de l'Asie étaient apparentés à A/Bejing/262/95(1). On se fonde sur les caractéristiques antigéniques des souches actuelles et émergentes pour choisir les souches virales à inclure dans le vaccin élaboré chaque année. Comme l'a suggéré l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), le CCNI recommande que le vaccin trivalent pour la saison 1999-2000 contienne : A/Sydney/5/97 (H3N2), A/Beijing/262/95 (H1N1), B/Yamanashi/166/98. Une immunisation annuelle est nécessaire parce que le vaccin est toujours modifié en raison de la dérive antigénique. En outre, l'immunité diminue au cours de l'année qui suit la vaccination. Chaque dose de 0,5 mL de vaccin contiendra 15 µg d'hémagglutinine de chacun des antigènes. Le vaccin sera offert sous forme de préparation à virus sous-unitaire (fractionné chimiquement). La protection conférée par le vaccin débute habituellement environ 2 semaines après son administration et peut durer 6 mois ou plus. Toutefois, chez les personnes âgées, le titre d'anticorps peut être insuffisant pour assurer une protection après 4 mois ou moins. Ainsi, le meilleur moment pour vacciner ces personnes est entre octobre et la mi-novembre. Toutefois, les décisions concernant le moment exact de la vaccination des patients ambulatoires et des personnes vivant en établissement doivent être fondées sur l'épidémiologie locale, la nécessité de profiter du contact entre le pourvoyeur de soins de santé pour vacciner les patients ainsi que des questions ayant trait aux programmes. D'autres conseils concernant le moment propice de la vaccination doivent être obtenus dans le cadre de consultations avec les médecins-hygiénistes locaux. Les travailleurs de la santé doivent profiter de toutes les occasions qui se présentent pour administrer le vaccin aux personnes à risque qui n'ont pas été vaccinées pendant la saison en cours, même une fois que l'activité grippale a été documentée dans la communauté. OBSERVATIONS RÉCENTES DE LA SURVEILLANCE MONDIALE ET NATIONALE DE LA GRIPPE ET INNOVATIONS DANS LA LUTTE CONTRE LA GRIPPE En 1948, l'OMS(2) a mis sur pied un système mondial de surveillance de la grippe. Plus de 50 ans plus tard, le réseau compte 100 laboratoires collaborateurs dans 82 pays, dont le Canada. Les données du système de surveillance sont utilisées pour faire des recommandations au printemps de la même année concernant les trois souches virales qui seront incluses dans le vaccin antigrippal de l'année suivante. L'OMS considère la faisabilité de faire des recommandations deux fois par année, ce qui permettrait de produire des vaccins qui protégeraient les personnes qui vivent et voyagent dans des régions où l'activité grippale est à son plus fort entre les mois de mai et septembre.
Le lecteur trouvera ci-dessous les recommandations pour la prévention et la lutte contre la grippe pendant la saison 1999-2000. GROUPES POUR QUI LE VACCIN EST RECOMMANDÉ Les vaccins contre la grippe homologués actuellement au Canada sont immunogènes et sûrs, et ils entraînent un minimum d'effets secondaires (voir «Effets secondaires» et «Contre-indications et mises en garde» ci-dessous). Ils peuvent être administrés à tous les enfants, les adolescents ou les adultes en bonne santé pour lesquels il n'y a pas de contre-indications. Si l'on veut réduire la morbidité et la mortalité associées à la grippe et les répercussions de la maladie sur nos collectivités, il faut axer les programmes d'immunisation sur les personnes à risque élevé de complications liées à la grippe, celles qui sont susceptibles de leur transmettre la grippe et celles qui assurent des services communautaires essentiels. Il convient cependant d'offrir aussi le vaccin aux personnes qui veulent se protéger contre la grippe même si elles n'appartiennent à aucun de ces groupes(11,12). Personnes à risque élevé
Personnes susceptibles de transmettre la grippe à des sujets à risque élevé Les personnes susceptibles de transmettre la grippe à des sujets à risque élevé devraient être vaccinées tous les ans.
Personnes assurant des services communautaires essentiels On peut envisager des programmes de vaccination s'adressant à ces personnes afin de perturber le moins possible les activités courantes pendant une épidémie. Les employeurs et leurs employés devraient songer à se faire vacciner, car il a été établi que la vaccination annuelle contre la grippe des travailleurs adultes en bonne santé contribuait à réduire l'absentéisme associé à des maladies respiratoires et à d'autres troubles(11,12,30). USAGE RECOMMANDÉ La posologie et le type de vaccin recommandés sont présentés au tableau 1. Le vaccin sous-unitaire est offert au Canada. Aux enfants de < 9 ans, il faut administrer deux doses du vaccin sous-unitaire à 4 semaines d'intervalle; la seconde dose n'est pas nécessaire si l'enfant a reçu une ou plusieurs doses d'un vaccin préparé pour une saison antérieure. Le vaccin contre la grippe est moins immunogène chez les nourrissons de < 6 mois que chez ceux de 6 à 18 mois. Il n'est donc pas recommandé d'administrer les vaccins actuels contre la grippe à des nourrissons de < 6 mois(31). Tableau 1 Posologie du vaccin antigrippal recommandée, selon l'âge, 1999-2000
La voie intramusculaire est privilégiée. On recommande de pratiquer l'injection dans le deltoïde lorsqu'il s'agit d'adultes et de grands enfants, et dans la région antérolatérale de la cuisse chez les nourrissons et les jeunes enfants. Effets secondaires Le vaccin antigrippal ne peut causer la grippe, car il ne contient pas de virus vivant. La douleur au point d'injection persiste couramment jusqu'à 2 jours, mais elle perturbe rarement les activités normales. Fièvre, malaises et myalgies peuvent se manifester dans les 6 à 12 heures suivant la vaccination et durer de 1 à 2 jours, particulièrement chez les jeunes adultes qui ont reçu le vaccin à virus entier et chez ceux qui sont vaccinés pour la première fois. L'administration prophylactique d'acétaminophène peut diminuer la fréquence de certains effets secondaires chez les adultes(32). On n'a observé aucune augmentation de la fréquence de la fièvre ni d'autres symptômes systémiques chez les adultes ayant reçu le vaccin sous-unitaire par rapport à ceux auxquels on a administré un placebo(33). Chez les enfants de 2 à 12 ans, la fièvre et les réactions au point d'injection ne sont pas plus fréquentes après l'administration d'un vaccin sous-unitaire qu'à la suite d'une injection de placebo. Chez les enfants de < 24 mois, la fièvre se manifeste plus souvent, mais elle est rarement forte. Les réactions allergiques sont rares et vraisemblablement attribuables à une hypersensibilité à certaines des composantes du vaccin, fort probablement aux infimes quantités de résidus de protéines d'oeuf. Aucune association entre le syndrome de Guillain-Barré (SGB) et le vaccin contre la grippe n'a été documenté avant 1976(34,35). Cependant, le vaccin contre la fièvre porcine A/New Jersey de 1976-1977 était associé à un risque relatif du SGB après la vaccination variant de 4 à 7,6(36-39). Dans des études subséquentes réalisées entre 1978 et 1988, le risque relatif de SGB après la vaccination antigrippale n'était pas statistiquement significatif(40-42) . Durant la saison 1990-1991, un risque relatif élevé de 3 de SGB a été observé chez des personnes vaccinées âgées de 18 à 64 ans, mais non chez celles qui étaient âgées de >= 65 ans(39-43). Dans une étude rétrospective publiée récemment portant sur les saisons 1992-1993 et 1993-1994 dans quatre États américains(39), le risque relatif qu'un SGB survienne dans les 6 semaines suivant la vaccination antigrippale, ajusté pour tenir compte de l'âge et du sexe, s'établissait à 1,7 (intervalle de confiance à 95 % de 1,0 à 2,8; p = 0,04), ce qui correspond à légèrement plus qu'un cas additionnel de SGB par million de personnes vaccinées contre la grippe. Par conséquent, les données disponibles montrent que le SGB associé à la vaccination antigrippale n'a été observé que pendant une minorité de saisons grippales au cours des deux dernières décennies. Mise à part, la saison de grippe porcine que nous avons connue en 1976-1977, le risque de SGB associé au vaccin antigrippal est minime. Comparativement à ce risque, la morbidité et la mortalité associées à la grippe sont beaucoup plus importantes(6,7). Au Canada, l'incidence historique du SGB est estimée à un peu plus de 20 cas par tranche d'un million d'habitants dans une étude réalisée en Ontario et au Québec(44). Divers agents infectieux, comme Campylobacter jejuni, ont été associés au SGB. On ne sait pas si l'infection par le virus de la grippe est en soi associée au SGB. On ignore également s'il existe un lien causal entre la vaccination antigrippale et un risque accru de SGB récurrent chez des personnes ayant des antécédents de ce syndrome. Il semble cependant avisé d'éviter de donner de nouveau ce vaccin aux personnes qui ont développé le syndrome dans les 6 à 8 semaines suivant une vaccination antérieure. Le vaccin antigrippal n'est pas reconnu non plus comme facteur prédisposant au syndrome de Reye. Le lecteur est prié de se reporter au Guide canadien d'immunisation(45) pour avoir plus de détails sur l'administration du vaccin et la conduite à tenir en cas d'effets secondaires. Contre-indications et mises en garde Le vaccin antigrippal ne doit pas être administré aux sujets ayant des antécédents de réaction anaphylactique à ce vaccin ou présentant une hypersensibilité immédiate (anaphylaxie) aux oeufs qui se manifeste par de l'urticaire, un oedème de la bouche et de la gorge, une gêne respiratoire, une hypotension ou un choc. Les personnes atteintes d'une maladie fébrile aiguë ne devraient normalement pas être vaccinées tant que leurs symptômes ne se sont pas atténués. Le vaccin antigrippal est considéré comme sans danger pendant la grossesse. Il est recommandé de vacciner les femmes enceintes appartenant à des groupes à risque élevé (voir la section intitulée «Groupes pour qui le vaccin est recommandé» ci-dessus). L'American Advisory Committee on Immunization (ACIP) a recommandé, sur la foi de rapports de cas et d'études d'observation, que les femmes en bonne santé fassent l'objet d'une immunisation systématique au deuxième et au troisième trimestre de leur grossesse(6,46-50). Une étude rétrospective comparative publiée récemment qui portait sur une population urbaine et de race noire assurée par Medicaid a déterminé le risque relatif d'être hospitalisé entre 1974 et 1993 pour des affections cardio-pulmonaires et la grippe pendant la saison grippale(51). Les chercheurs ont comparé les taux d'hospitalisation chez les femmes enceintes et les femmes non enceintes, en tenant compte de la présence de maladies chroniques et des facteurs démographiques. Le rapport de cotes augmentait chez les femmes enceintes au-delà de la 20e semaine de grossesse, passant de 2,52 pour les semaines 21 à 26 à 4,67 pour les semaines 37 à 42. Il serait cependant peut-être mal avisé d'appliquer ces résultats à la population canadienne. Le degré de morbidité due à la grippe chez les femmes canadiennes qui sont enceintes n'a pas été établi, et la fraction de la morbidité évitable grâce à l'usage du vaccin antigrippal dans cette population n'est pas connue. C'est pourquoi le CCNI conclut que pour l'instant on ne dispose pas de preuves suffisantes pour recommander l'immunisation systématique des Canadiennes qui sont enceintes pendant la saison grippale. La vaccination antigrippale n'a pas d'effets défavorables sur la santé des femmes qui allaitent non plus que sur celle de leur bébé. Bien que le vaccin antigrippal puisse inhiber la clairance de la warfarine et de la théophylline, les études cliniques n'ont jamais démontré un quelconque effet défavorable attribuable à ces médicaments chez les personnes qui ont reçu un vaccin antigrippal. Administration simultanée d'autres vaccins Les groupes principalement visés par les vaccins antigrippal et antipneumococcique se recoupent considérablement. Les professionnels de la santé devraient donc profiter de l'occasion pour vacciner les personnes admissibles contre les infections pneumococciques lors de l'administration du vaccin antigrippal. L'administration simultanée des deux vaccins à deux sites différents n'accroît pas le risque d'effets secondaires. Le vaccin antipneumococcique n'est toutefois administré normalement qu'une seule fois tandis que le vaccin antigrippal est répété chaque année. Les enfants à risque élevé peuvent recevoir le vaccin antigrippal en même temps que les vaccins du calendrier courant d'immunisation, mais l'injection doit être faite à un site différent. Entreposage Le vaccin contre la grippe devrait être entreposé à une température variant entre 2 oC et 8 oC et ne jamais être congelé. STRATÉGIES VISANT À ATTÉNUER LES EFFETS DE LA GRIPPE L'efficacité du vaccin antigrippal varie selon l'âge et l'immunocompétence de l'individu ainsi que selon le degré de similitude entre la souche virale utilisée dans le vaccin et celle qui circule pendant la saison grippale. Lorsque le vaccin est bien assorti, il a été établi qu'il prévient la maladie chez environ 70 % des enfants et des adultes en bonne santé. Les études ont également montré que, dans ces circonstances, la vaccination permet de prévenir environ 70 % des hospitalisations dues à la pneumonie et à la grippe chez les personnes âgées vivant dans la collectivité. Les études réalisées auprès des personnes âgées vivant en maison de santé ont fait ressortir que la vaccination antigrippale permet de prévenir de 50 % à 60 % des hospitalisations et des pneumonies et jusqu'à 85 % des décès, bien que l'efficacité potentielle soit de l'ordre de 30 % à 40 % chez les personnes âgées de constitution frêle. Il est reconnu que la vaccination constitue le moyen le plus efficace de prévenir ou d'atténuer la grippe chez les personnes qui pourraient autrement être atteintes d'une maladie grave ou même en mourir. Les programmes de vaccination antigrippale devraient viser à vacciner au moins 90 % des candidats admissibles. Néanmoins, seulement 70 % des résidents des établissements de soins prolongés et de 20 % à 40 % des adultes et des enfants souffrant des maladies déjà énumérées reçoivent le vaccin antigrippal chaque année(52,53). Des études ont révélé que les taux de vaccination se situaient entre 26 % et 61 % chez les membres du personnel soignant des hôpitaux et des établissements de soins prolongés(54-56). Ce faible taux d'utilisation tient, d'une part, à ce que le système de santé n'offre pas le vaccin et, d'autre part, à ce que les sujets qui devraient être vaccinés refusent de l'être parce qu'ils craignent les effets secondaires de cette mesure ou sont convaincus de son inefficacité ou de son inutilité(56-58). Les travailleurs de la santé et leurs employeurs ont le devoir de promouvoir activement et de mettre en oeuvre des recommandations afin de réduire le risque d'infection et de complications dans les populations vulnérables dont ils s'occupent. Ils doivent également se conformer aux recommandations. Les programmes d'éducation à l'intention des médecins et du grand public devraient traiter des préoccupations courantes au sujet de l'efficacité du vaccin et des effets secondaires qu'il provoque. Celles-ci englobent la croyance des patients à risque, des membres du personnel soignant et d'autres fournisseurs de services qu'ils ont rarement la grippe, la crainte des effets secondaires du vaccin et enfin les doutes quant à son efficacité. La recommandation faite par un professionnel de la santé joue souvent un rôle primordial dans la décision de se faire vacciner ou non(59). Comme la plupart des sujets à risque élevé sont déjà suivis régulièrement par un médecin, il y a lieu de les vacciner à l'automne, lors d'une consultation régulière. Au nombre des stratégies qui permettent d'accroître la couverture vaccinale de la population, mentionnons les suivantes(54,58,60-64) :
RECOMMANDATIONS QUANT À L'UTILISATION DE L'AMANTADINE Le chlorhydrate d'amantadine est un agent antiviral qui inhibe la réplication du virus grippal de type A (mais pas du type B). Voici les recommandations concernant son utilisation à des fins prophylactiques et thérapeutiques. Prophylaxie Le seul médicament actuellement approuvé au Canada pour la prophylaxie spécifique des infections à virus grippal est le chlorhydrate d'amantadine. Son taux d'efficacité contre la maladie provoquée par les virus grippaux de type A est de l'ordre de 70 % à 90 %, mais il est nul contre les souches de type B. Comme les agents antiviraux pris à titre prophylactique peuvent prévenir la maladie mais non l'infection infraclinique, certaines des personnes ainsi traitées peuvent malgré tout produire des anticorps qui les protégeront lors d'une exposition ultérieure à des virus apparentés sur le plan antigénique. Toutefois, l'amantadine ne doit pas remplacer le vaccin antigrippal annuel chez les personnes pour qui il est recommandé. Utilisations du chlorhydrate d'amantadine :
On peut utiliser la même posologie d'amantadine pour la prophylaxie et pour le traitement d'une infection par le virus grippal de type A (tableau 2). Cependant, une dose prophylactique de 100 mg par jour chez les adultes âgés de 10 à 64 ans et chez les enfants pesant > 20 kg, dont la fonction rénale est intacte, s'est révélée aussi efficace que la dose recommandée de 200 mg par jour(18,65-71). On peut tenir compte de facteurs comme l'épidémiologie locale, les effets secondaires potentiels, l'observance du traitement et le coût au moment de prendre une décision concernant la durée de la prophylaxie à l'amantadine. Traitement On a observé que l'amantadine atténue la gravité de l'infection grippale A chez l'adulte en bonne santé et en écourte la durée. Même si aucune étude bien contrôlée n'a été faite pour en démontrer l'efficacité dans la prévention des complications chez les personnes à risque élevé, l'amantadine peut être envisagée pour les personnes chez qui l'on soupçonne une grippe A, à cause de ses bienfaits potentiels. L'administration du médicament doit être amorcée dans les 24 à 48 heures qui suivent l'installation de la maladie et se poursuivre jusqu'à 2 jours après sa résolution. Des virus grippaux résistants à l'amantadine peuvent apparaître pendant le traitement, mais rien n'indique que ceux-ci soient plus virulents ou se transmettent plus facilement que les virus grippaux sensibles à l'amantadine. Toutefois, les conséquences d'un usage thérapeutique généralisé de l'amantadine ne sont pas connues. Des études à ce sujet s'imposent pour évaluer l'importance de souches de virus grippal résistantes à l'amantadine ainsi que des stratégies visant à prévenir leur émergence(65,74). Posologie Le tableau 2 présente la posologie recommandée pour le traitement de la grippe de type A avec l'amantadine, mais pour en savoir davantage, il convient de consulter la notice qui accompagne le médicament. Toute modification motivée par une altération de la fonction rénale doit s'ajouter aux ajustements pour l'âge. Bien que les recommandations figurant au tableau 2 soient fondées sur la majorité des études sur ce traitement, une étude randomisée en double insu qui a été publiée a montré une efficacité thérapeutique égale de 100 mg d'amantadine par jour comparativement à une posologie de 200 mg par jour, chez des jeunes volontaires adultes en bonne santé(75). Tableau 2 Posologie recommandée du chlorhydrate d'amantadine selon l'âge du sujet et la fonction rénale
Mises en garde Lorsque l'amantadine est administrée à des fins prophylactiques à de jeunes adultes en bonne santé, on signale les symptômes suivants dans 5 % à 10 % des cas : troubles de concentration, insomnie, vertiges et irritabilité. Ces effets secondaires sont généralement bénins et cessent peu de temps après l'arrêt de la médication; cependant, ils peuvent être plus fréquents chez les personnes âgées, à moins que des doses réduites ne soient administrées. Des effets secondaires graves (p. ex. changements marqués du comportement, délire, hallucinations, agitation et convulsions) ont été associés à des concentrations plasmatiques élevées du médicament. Ces effets ont été observés le plus souvent chez des sujets qui souffrent d'insuffisance rénale, de troubles épileptiques ou de certains troubles psychiatriques, ainsi que chez les personnes âgées qui ont reçu un traitement prophylactique à l'amantadine, à raison de 200 mg/jour. On peut atténuer la gravité de ces effets secondaires en réduisant la dose administrée. L'amantadine n'est pas métabolisée par le foie, mais éliminée complètement du plasma par sécrétion tubulaire et filtration glomérulaire(65). Par conséquent, les sujets souffrant d'insuffisance rénale, particulièrement les personnes âgées, peuvent présenter des concentrations toxiques si les doses ne sont pas réduites. La posologie recommandée selon l'âge du sujet et la fonction rénale est indiquée au tableau 2. Chez les patients atteints d'insuffisance rénale qui sont sous dialyse, la demi-vie de l'amantadine est de 200 ± 36 heures(76). Il convient de préciser que le calcul de la clairance de la créatinine est suffisamment exact dans le cas de ceux chez qui elle est > 40 mL/min et ceux qui ont une créatinine sérique et une masse musculaire stables. Cependant, le calcul est moins exact chez les patients qui ne satisfont pas à ces conditions. En particulier, les personnes âgées qui présentent une insuffisance rénale et une faible masse musculaire peuvent avoir une clairance de la créatinine qui se trouve dans la plage des valeurs normales et une clairance de la créatinine estimée qui est supérieure à la valeur réelle. Les médecins qui prescrivent de l'amantadine doivent être conscients des limites des formules utilisées pour estimer la clairance de la créatinine et tenir compte de ces considérations au moment de prendre des décisions cliniques concernant l'ajustement de la posologie. Il faut réduire la posologie chez les sujets atteints d'un trouble épileptique pour éviter de faire grimper le risque de crises et observer de près ces patients. Des interactions médicamenteuses ont été observées lors de l'administration concomitante d'amantadine et de triamtérène et d'hydrochlorothiazide, de triméthoprime-sulfaméthoxazole, de quinine et de quinidine(65). Il faut tenir compte de l'âge, du poids, de la fonction rénale et de la présence d'autres états morbides sous-jacents, de la prise concomitante d'autres médicaments ainsi que des indications de l'amantadine avant de mettre en route ce traitement. De plus, il faut surveiller étroitement les patients pour déceler les effets secondaires. Références
* Membres : Dr V. Marchessault (président), Dr J. Spika (secrétaire général), N. Armstrong (agent du secrétariat des comités consultatifs), Dr G. De Serres, Dr P. DeWals, Dr I. Gemmill, Dre B. Law, Dre M. Naus, Dre P. Orr, Dr W. Schlech III, Dr B. Ward. Agents de liaison : Dr J. Carsley (ACSP), Dr G. Delage (SCP), Dre M. Douville-Fradet (CCE), Dr T. Freeman (CMFC), Dr J. Livengood (CDC), Dre N. MacDonald (SCMI), Dre A. McCarthy (DN), Dr J. Salzman (CCMTMV), Dr J. Waters (CCE). Membres d'office : Dr L. Palkonyay (LLCM), Dr R. Pless (LLCM). Notre mission est d'aider les Canadiens et les Canadiennes à maintenir et à améliorer leur état de santé. Santé Canada |
Dernière mise à jour : 2002-11-08 |