La gestion des déchets et les changements climatiques

Où vont vos déchets après que vous avez apporté votre poubelle sur le bord du trottoir? La plupart d'entre nous pensent que l'élimination des déchets est un problème « terre à terre », mais indirectement, nos méthodes les plus courantes en la matière envoient des tonnes de gaz à effet de serre dans notre atmosphère.

Bien que le recyclage et le compostage permettent actuellement au Canada d'éviter l'élimination de quelque 25 p. 100 de ses déchets solides, il en reste 75 p. 100 qui sont d'ordinaire enfouis ou brûlés dans des incinérateurs. Ces deux façons de procéder entraînent le rejet, dans l'atmosphère, de gaz à effet de serre qui emprisonnent et retiennent la chaleur du soleil et créent ainsi un effet de réchauffement sur la Terre.

Dans l'ensemble, la gestion des déchets produit directement environ 3,5 p. 100 des émissions de gaz à effet de serre du pays. La majeure partie de ces rejets provient des décharges, où des matières organiques profondément enfouies sous des couches de déchets et de terre se décomposent en l'absence d'oxygène et dégagent du méthane. Bien que 41 lieux d'enfouissement canadiens captent le gaz et le brûlent ou l'utilisent pour produire de l'électricité, les émissions de méthane sont, pour la plupart, rejetées dans l'atmosphère.

Pour sa part, le brûlage des déchets est la cause de près de 1 p. 100 de toutes les émissions canadiennes de dioxyde de carbone et d'oxyde nitreux. Le dioxyde de carbone est le gaz à effet de serre le plus abondant, mais le méthane et l'oxyde nitreux sont beaucoup plus puissants : leur potentiel de réchauffement de la planète est, respectivement, de 21 fois et de 310 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone. Les trois gaz font partie des substances visées par le Protocole de Kyoto, qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre des pays les plus industrialisés d'ici 2010.

Des émissions indirectes de gaz à effet de serre résultent de l'enfouissement des déchets. Par exemple, si on enfouit une tonne d'aluminium, il faut en produire une autre avec des matériaux vierges. Ce processus consomme plus d'énergie et engendre plus d'émissions de gaz à effet de serre que la production d'aluminium à partir de matériaux recyclés.

Pour aider les municipalités à comparer les scénarios actuels de gestion des déchets avec des solutions de rechange, Environnement Canada a évalué l'incidence de diverses méthodes de gestion des déchets sur les émissions de gaz à effet de serre. Il a déterminé, pour la totalité du cycle de vie de huit types courants de déchets solides, les émissions nettes, de celles qui sont produites lors de l'extraction et de la fabrication jusqu'à celles qui découlent de l'élimination. Ensuite, on a soustrait tous les facteurs qui font contrepoids à ces émissions — y compris les augmentations de carbone stocké dans les forêts et le sol (ce qui réduit la quantité de dioxyde de carbone dans l'atmosphère) et l'énergie récupérée, qui permet de brûler moins de combustibles fossiles.

Comme il fallait s'y attendre, la comparaison a prouvé que la réduction, c'est-à-dire la non-production d'une matière, constitue la méthode la plus efficace pour éviter que celle-ci n'engendre des émissions à toutes les étapes de son cycle de vie. La réutilisation des matières permet aussi d'éviter l'élimination, au moins de façon temporaire. Le réacheminement des déchets permet, lui aussi, d'améliorer la qualité de l'air et de réduire la pollution de l'eau, la quantité de substances toxiques et de terrains transformés en lieux d'enfouissement et, enfin, les coûts d'élimination.

En ce qui a trait aux matières qui exigent une première transformation intensive, telles que l'acier, le plastique et l'aluminium, le recyclage réduit les émissions de la manière la plus considérable. Selon les moyennes nationales, si on recycle une tonne d'aluminium au lieu de l'expédier dans les lieux d'enfouissement, on évite de produire à peu près deux tonnes de dioxyde de carbone, soit assez pour remplir une patinoire de hockey jusqu'à la hauteur de la bande. Le recyclage du papier fin ou du carton permet de réaliser deux fois plus d'économies.

Les réductions d'émissions attribuables au réacheminement des déchets ne sont pas directement inscrites dans l'inventaire des gaz à effet de serre du Canada, mais l'élaboration d'approches de gestion plus intégrées réduira l'incidence des déchets sur les changements climatiques et notre environnement en général.