Dans de nombreuses régions de la planète, la chaleur est déjà reconnue comme le phénomène météorologique le plus meurtrier. À cause du réchauffement et des épisodes météorologiques extrêmes associés aux changements climatiques, cet impact fatal risque de s'aggraver considérablement. Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), les changements climatiques ont été responsables de quelque 150 000 décès dans le monde seulement en 2000. L'organisme s'attend que, d'ici 2030, le nombre de morts doublera à l'échelle planétaire du fait des changements climatiques, y compris de la chaleur.
Le Canada ne sera pas à l'abri de ces incidences. D'après un projet de recherche conjoint de la Ville de Toronto, d'Environnement Canada et de Santé Canada, 41 personnes en moyenne meurent déjà annuellement à Montréal en raison de la chaleur extrême. À Toronto, le bilan est de 38 morts. À cause de l'impact croissant des changements climatiques, ce type de décès devrait augmenter sensiblement au Canada au cours du XXIe siècle. L'étude en prévoit le doublement d'ici les années 2050 et le triplement 30 ans plus tard dans le sud du Canada central.
Urgences liées à la chaleur dans le monde
Les effets meurtriers de la chaleur sont indéniables. En juillet 1995, une vague de chaleur extrême a sévi à Chicago. La température diurne a culminé à 48 °C et est demeurée au-dessus de 34 °C pendant cinq jours. La température nocturne n'a jamais descendu sous les 26 °C. Au bout du compte, plus de 500 personnes sont décédées à cause de cet incident.
En mai et juin 2003, une vague de chaleur intense a tué, en un mois, plus de 1 500 personnes en Inde. En août suivant, la pire canicule à s'abattre sur l'Europe en 150 ans a été responsable du décès de plus de 14 000 individus en France seulement.
À la suite de la vague de chaleur de Chicago, il y avait une meilleure compréhension que les changements climatiques risquaient de susciter une chaleur estivale encore plus intense. Les autorités en matière de santé publique de nombreuses grandes villes ont réagi en instaurant des systèmes d'alerte chaleur-santé et d'intervention municipale afin d'assurer la protection des personnes les plus à risque durant les canicules, comme les personnes âgées vivant seules.
Ces systèmes sont maintenant en place dans 19 villes des États-Unis, dont Chicago, et cinq d'Italie. Shanghai, en Chine, possède un système d'alerte-chaleur, tout comme Toronto, métropole du Canada.
Bien que des avertissements météorologiques généraux continuent d'être diffusés au sujet de la chaleur, les nouveaux systèmes d'alerte-chaleur sont conçus sur mesure pour chaque région urbaine et tiennent compte des conditions météorologiques spécifiques à l'endroit ainsi que de la structure et des données démographiques de la ville concernée.
À Toronto, Environnement Canada surveille huit facteurs climatiques, dont la température, la nébulosité, l'humidité ainsi que la vitesse et la direction du vent. Quand les prévisions météorologiques indiquent un risque d'une augmentation d'au moins 65 p. 100 de la mortalité à cause des conditions météorologiques, une alerte-chaleur est émise par le médecin hygiéniste de la Ville et une série d'interventions municipales sont déclenchées auxquelles participent plus de 800 organismes communautaires œuvrant auprès des groupes vulnérables. Lorsque le risque atteint 90 p. 100, le maire émet une urgence-chaleur et des mesures d'urgence supplémentaires sont prises, dont l'ouverture de centres communautaires climatisés et l'offre de services de transport vers ces derniers.
Les résultats de ces nouveaux systèmes sont très encourageants. À Philadelphie, on estime que le système municipal d'avertissement contre la chaleur a sauvé 117 vies entre 1995 et 1999.
Les changements climatiques et le smog
La pollution atmosphérique et le smog constituent déjà d'importantes préoccupations en matière de santé publique, et on peut s'attendre que les changements climatiques les aggravent. Selon de nombreuses études, la pollution de l'air risque d'entraîner des décès prématurés, une augmentation du nombre d'admissions dans les hôpitaux et de visites aux salles d'urgence et à des taux d'absentéisme plus élevés.
Publiée en juillet 2004, une étude estime que 5 polluants atmosphériques courants sont responsables d'environ 1 700 morts prématurées et 6 000 admissions dans les hôpitaux chaque année, et ce à Toronto seulement.
Le smog est le résultat d'une réaction chimique qui se produit quand des polluants atmosphériques entrent en contact avec la lumière du soleil et la chaleur. Ces substances proviennent d'une gamme étendue de sources, dont la combustion des combustibles fossiles. Comme les changements climatiques haussent les températures à la grandeur du pays, nous pouvons nous attendre à davantage de jours de smog, de maladies et de décès. Typiquement, à cause de l'effet d'« îlot de chaleur », les températures sont plus élevées dans les villes, ce qui, déjà, appauvrit la qualité générale de l'air et accroît le smog urbain.
Selon un récent rapport du Center for Health and the Global Environment de la Harvard Medical School, les changements climatiques attisent l'épidémie d'asthme qui s'étend déjà. Santé Canada a évalué que le traitement des symptômes associés à cette maladie peuvent coûter jusqu'à 780 millions de dollars annuellement.
Solutions à long terme
Les scientifiques, les gouvernements et les organismes internationaux consacrés à la santé et à l'environnement s'entendent pour dire que les changements climatiques nuiront à la santé et au bien-être des populations de pays des quatre coins de la planète, le Canada y compris.
Des mesures sont en train d'être prises au pays et à l'échelle internationale pour contrer le mieux possible les changements climatiques, notamment par la réduction des émissions de gaz à effet de serre qui contribuent aux changements climatiques et par l'adaptation aux incidences actuelles et futures.
![Marilène Bergeron se rend au travail en vélo.](/web/20071127033232im_/http://www.ec.gc.ca/EnviroZine/images/Issue42/biking.jpg) Marilène Bergeron se rend au travail en vélo.
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Les Canadiennes et les Canadiens ont, eux aussi, un important rôle à jouer dans la lutte contre les changements climatiques. En moyenne, chacun d'eux est responsable d'un peu plus de cinq tonnes d'émissions de GES.
Par l'entremise du Défi d'une tonne, le gouvernement du Canada collabore avec des partenaires de partout au pays pour fournir à la population les renseignements et les outils qui les aideront à réduire les émissions de GES en utilisant moins d'énergie, en conservant les ressources et en produisant moins de déchets. Grâce à une telle intervention, les gens peuvent diminuer leurs coûts de consommation d'énergie. En outre, comme nombre des choses que nous pouvons accomplir pour réduire les émissions de GES ont aussi pour effet d'amoindrir d'autres types d'émissions, le relèvement du Défi d'une tonne permettra aussi d'améliorer notre qualité de vie en contribuant à épurer l'air.
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