Accueil : Publications : RMTC : 2007 - Volume 33 : Une déclaration d'un comité consultatif (DCC-10) |
Relevé des maladies transmissibles au
Canada Une déclaration d'un comité consultatif (DCC) Comité canadien de lutte antituberculeuse†,††Tests de libération d'interféron-gamma pour la détection de l'infection tuberculeuse latenteVersion PDF Préambule
IntroductionDes tests in vitro utilisant des lymphocytes T pour mesurer la production d’interféron-γ (IFN-γ) ont été mis au point récemment pour le diagnostic de l’infection tuberculeuse latente (ITL). Ces tests reposent sur le principe suivant lequel les lymphocytes T préalablement sensibilisés à des antigènes tuberculeux produisent des concentrations élevées d’IFN-γ lorsqu’ils sont réexposés aux mêmes antigènes mycobactériens(1). Pour le moment, deux types différents de tests de libération d’IFN-gamma (TLIG) sont homologués au Canada et offrent des solutions de rechange possibles au test cutané à la tuberculine (TCT). Il s’agit du test QuantiFERONMD-TB Gold In-Tube (Cellestis Limited, Carnegie, Victoria, Australie) et du T-SPOT.TBMD (Oxford Immunotec, Oxford, R.U.). Le premier TLIG commercial a été le QuantiFERON-TB, et ce test utilisait comme antigène stimulant un dérivé de protéines purifiées (PPD). Il a été remplacé par le QuantiFERON-TB Gold (QFT-G) qui utilise des antigènes spécifiques de la TB. Le test T-SPOT.TB, le premier TLIG homologué au Canada, a également reçu le marquage CE; cette condition exigée pour mettre en marché un produit au sein de l’Union européenne (UE) indique que le produit respecte les exigences applicables des directives de l’UE. En janvier 2007, le T-SPOT.TB n’avait pas encore été approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis. Comme ces tests évoluent rapidement et qu’il existe des variations dans les valeurs limites et les techniques employées, il importe de noter que la présente déclaration se fonde sur les études publiées concernant les tests QFT-G et QFT-G In-Tube, et les versions expérimentales et commerciales du test T-SPOT.TB. Les TLIG plus récents utilisent des protéines spécifiques de Mycobacterium tuberculosis codées par des gènes situés à l’intérieur du segment appelé région de différence 1 (RD-1) du génome de M. tuberculosis. On ne retrouve pas ces antigènes dans le vaccin BCG (Bacille de Calmette-Guérin) ni dans de nombreuses espèces de mycobactéries non tuberculeuses (MNT)(1). Les antigènes immunogènes codés à l’intérieur de la RD-1 de M. tuberculosis sont présents dans M. leprae, le type sauvage de M. bovis et certaines des MNT (notamment M. kansasii, M. marinum, M. szulgai et M. flavescens). En théorie, la présence de ces espèces chez un hôte pourrait entraîner une réaction faussement positive à un TLIG. Bien que M. leprae et M. bovis soient des espèces peu répandues au Canada, et ne risquent pas ainsi de causer de réactions croisées, les MNT, M. kansasii, M. marinum, M. szulgai et M. flavescens (énumérées dans l’ordre approximatif de leur fréquence au Canada) ne sont pas aussi rares. Pour chaque 10 isolats de M. tuberculosis, jusqu’à 1 ou 2 isolats de ces espèces sont cultivés (Laboratoire national de microbiologie, Agence de la santé publique du Canada, communication personnelle). En 2005, les US Centers for Disease Control and Prevention (CDC) ont recommandé que la version du test QFT-G approuvée par la FDA américaine puisse être utilisée au lieu du TCT pour toutes les indications, y compris les recherches de contacts, l’évaluation des immigrants et les tests en série effectués chez les travailleurs de la santé(2). En 2006, les lignes directrices pour la TB du National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE) au R.-U. recommandaient l’adoption d’une approche hybride en deux étapes pour le diagnostic de l’ITL : un dépistage initial au moyen du TCT et un TLIG subséquent, si possible, chez ceux qui étaient positifs au TCT (ou chez lesquels le TCT peut ne pas donner des résultats fiables) afin de confirmer les résultats du TCT(3). Description des testsQuantiFERON-TB Gold In-TubeLe test QFT-G se présente sous deux formes, une plaque de culture à 24 puits (approuvée par la FDA américaine et actuellement utilisée aux États-Unis) et un nouveau format simplifié In-Tube pas encore approuvé par la FDA américaine, mais disponible dans d’autres pays que les États-Unis). Au Canada, seul le test QFT-G In-Tube est offert. Ce dernier utilise des peptides de la cible antigénique sécrétés précocement de 6 kDa (ESAT-6), la protéine 10 du filtrat de culture (CFP-10) et une portion de TB7.7. Dans ce test, un millilitre (1 mL) de sang est versé dans chacun des trois tubes : un témoin négatif, un témoin positif qui renferme un agent mitogène et un tube qui contient les antigènes de la RD-1 spécifiques de M. tuberculosis CFP-10, ESAT 6 et TB7.7. Le plus tôt possible, soit dans les 16 heures suivant le prélèvement, les tubes sont incubés pendant 16 à 24 heures à 37 °C puis sont centrifugés. Le plasma est retiré et un dosage de l’IFN-y est effectué par une méthode immunoenzymatique (ELISA). Le plasma est stable jusqu’à 4 semaines à 4 °C ou peut être congelé à –20 °C pendant 3 mois. À l’aide du logiciel fourni avec la trousse commerciale, on utilise les résultats du dosage ELISA pour calculer la quantité d’IFN-y en unités internationales par millilitre. Après prise en compte des valeurs pour le témoin négatif, une valeur > 0,35 UI/mL pour l’IFN-g est considérée positive. T-SPOT.TBLe T-SPOT.TB est un test diagnostique in vitro qui mesure la quantité d’IFN-g libérée après l’exposition des lymphocytes T à l’ESAT-6 et à la CFP-10. Ce test est offert en deux formats – une plaque contenant 96 puits (T-SPOT.TB 96) ou une bande de huit puits (T-SPOT.TB 8). Dans ce test, 8 mL de sang est recueilli dans des tubes de préparation cellulaire renfermant du citrate de sodium. Après avoir isolé et lavé des cellules mononucléées du sang périphérique (CMSP), on ajoute 2,5 x 105 cellules viables à chacun des quatre puits des microplaques : un témoin négatif (nul), un témoin positif et deux puits pour le sang testé du patient (contenant l’ESAT-6 et la CFP-10 respectivement). Le T-SPOT.TBcomporte une période d’incubation des CMSP avec des antigènes de M. tuberculosis et mesure le nombre de lymphocytes T produisant de l’IFN-γ à l’aide d’un test ELISPOT (enzyme linked immunospot). On interprète le résultat du test en comparant le nombre de spots produits dans les puits contenant le sang du patient avec celui dans les puits du témoin négatif et du témoin positif correspondants. C’est le nombre de spots produits dans le puits du témoin négatif qui détermine ce qui est considéré comme un résultat positif. Il convient de consulter la notice ou le site Web du fabricant pour obtenir plus d’information sur l’interprétation du test. Utilisation des tests de libération d’interféron-γ dans divers groupesLes indications précises pour l’utilisation et l’interprétation des résultats des TLIG n’ont pas encore été établies. Les sections qui suivent visent à fournir des conseils sur l’utilisation et l’interprétation de ces tests dans divers groupes et milieux cliniques. (1) Tests en sérieTrès peu d’études ont été publiées sur les résultats des TLIG en série. Plusieurs études de petite envergure ont examiné les résultats de TLIG répétés chez les patients qui suivaient un traitement contre la TB active(4-9) ou l’ITL(10,11). Ces résultats sont contradictoires – dans certaines études, les réponses au TLIG ont augmenté(5,6); dans d’autres, elles ont diminué(4,7,8) ou aucun changement n’a été observé après le traitement(10,11). On ne peut donc tirer aucune conclusion claire de ces études longitudinales. En outre, l’effet du traitement ne pouvait être distingué de la variabilité biologique ou due au hasard. La seule étude publiée sur les TLIG en série chez des personnes non traitées mais exposées a été effectuée chez des travailleurs de la santé en Inde(12). Dans cette étude, des virages, des négativations et des variations non spécifiques sont survenus lors de tests en série au moyen de QuantiFERON-TB Gold In-Tube, comme c’est le cas avec le TCT. Pour interpréter de façon utile les résultats de TLIG répétés, d’autres études doivent être menées pour déterminer les seuils optimaux permettant de distinguer les infections nouvelles (c.-à-d. les virages) des variations non spécifiques.
(2) Diagnostic de l’ITL chez les enfantsIl est particulièrement difficile d’évaluer les nouveaux tests pour le diagnostic de l’ITL chez les enfants à cause de l’absence de norme de référence, même chez les patients atteints de la maladie active. De même, presque tous les cas diagnostiqués d’ITL sont traités parce qu’ils risquent davantage de développer la maladie. Les études effectuées jusqu’à maintenant chez les enfants ont porté sur des sujets souffrant de différents problèmes de santé qui ont subi différents tests à la tuberculine et TLIG(14-21). Dans deux études, provenant de pays où l’incidence de la TB est élevée, une proportion égale de sujets était positive au TCT et aux TLIG(14,17), alors que dans deux études, les TLIG donnaient plus fréquemment des résultats positifs(20,21). Dans une étude, la proportion de sujets positifs n’a pas été signalée(18), et dans trois études le TCT était plus souvent positif – différence qui n’a pas été expliquée dans deux études(16,19), mais qui a été associée au BCG dans la troisième(15). Dans quatre études, les résultats au QFT étaient indéterminés chez 32 %(18), 17 %(16) et 0 %(17,19) des sujets; ces différences dans la performance du test n’ont pas non plus été expliquées. Les méthodes utilisées et les résultats étant hétérogènes, on ne peut tirer aucune conclusion valable. On ne peut même pas dire si les TLIG sont équivalents, meilleurs ou pires que le TCT dans cette population. Pour le moment, la solution la plus prudente consiste donc à attendre la publication d’autres évaluations des TLIG chez les enfants, car c’est un domaine très actif de recherche.
(3) Dépistage chez les immigrantsDans des déclarations déjà publiées, la Société canadienne de thoracologie n’a pas recommandé d’effectuer un dépistage systématique ou de masse de l’ITL chez les nouveaux immigrants à l’aide du TCT(22). La grande majorité des cas diagnostiqués d’ITL courent un faible risque de développer la maladie, ce qui fait que cette stratégie de prévention de la TB est beaucoup moins rentable que d’autres stratégies, telles que la recherche des contacts(23). En outre, dans des rapports publiés sur des programmes de dépistage à grande échelle, l’impact général de ces programmes était faible parce qu’une grande partie des patients et des soignants ne suivaient pas les recommandations relatives au dépistage, au suivi et au traitement de l’ITL(23‑28). Selon les données limitées publiées sur l’utilisation pratique de ces tests dans le cadre de programmes de dépistage systématique, il semble que l’utilisation des nouveaux TLIG n’améliorera pas grandement l’efficience des programmes(29). En revanche, parce que les personnes nées à l’étranger affichent un plus haut taux de prévalence de l’ITL, elles DEVRAIENT être ciblées pour le dépistage de l’ITL si elles souffrent de problèmes de santé qui accroissent le risque de réactivation de l’ITL(30,31), notamment les suivants(13) :
Nota : Un pays est considéré comme présentant une incidence élevée de TB si le taux d’incidence de la TB pulmonaire à frottis positif estimé par l’Organisation mondiale de la santé est de 15/100 000 ou plus (moyenne sur 3 ans). Pour voir les taux actuels, prière de consulter : http://www.santepublique.gc.ca/tuberculose.
(4) Contacts d’un cas de tuberculose infectieuse activeSept rapports ont été publiés comparant les TLIG au TCT dans le cadre de la recherche de contacts(32-38). Deux études ont évalué le QFT-G par rapport à une réaction au TCT de ≥ 10 mm comme résultat positif chez les contacts des cas de TB(33,35). Ces deux études semblent indiquer que les résultats du QFT-G étaient similaires à ceux du TCT chez les contacts non vaccinés par le BCG, mais qu’ils étaient davantage associés à une exposition que le TCT chez les contacts ayant reçu le BCG. Cinq études ont également comparé les tests ELISPOT et le TCT chez les contacts(32,34,36-38). Une a eu recours au Heaf Test(33) et les quatre autres ont fait appel au test de Mantoux, deux utilisant une induration de ≥ 5 mm(36,37) et deux une induration de ≥10mm(34,38) comme indication d’un résultat positif. En général le T-SPOT.TB était similaire au TCT chez les contacts, sa performance étant meilleure chez les personnes ayant reçu le BCG. Chez les non-vaccinés, les TLIG et le TCT semblaient donner les mêmes taux de positivité, bien qu’on ait observé des discordances. Chez les vaccinés, le nombre de résultats positifs dans le groupe faiblement exposé était beaucoup moins élevé avec les TLIG qu’avec le TCT. Cela concorde avec les résultats de nombreuses études qui montrent que les TLIG ont une plus grande spécificité. Comme plusieurs études ont fait ressortir une discordance importante entre les résultats au TCT et aux TLIG (tant TCT+/TLIG- que l’inverse, TCT-/TLIG+) et comme on ne connaît pas les fondements biologiques de cette discordance, le recours aux TLIG devrait être dicté par le contexte clinique. Lorsque la probabilité d’infection avant le test est élevée, comme chez un contact étroit d’un cas actif de TB infectieuse, il importe de ne pas rater l’occasion d’identifier les personnes qui ont été infectées récemment. Dans ces constances, un TCT (ou le TCT et un TLIG) devrait être utilisé, et si l’un ou l’autre est positif, on devrait considérer que le contact souffre d’une ITL. Toutefois, dans le cas des contacts qui, avant le test, risquent peu d’avoir contracté une ITL et qui ne présentent aucun autre facteur de risque important de progression vers la maladie active s’ils sont infectés (prière de se reporter à la section précédente « Dépistage chez les immigrants » pour une description de ces facteurs de risque), un TLIG peut être combiné au TCT pour améliorer la spécificité du TCT. Lorsqu’il existe une raison connue pour qu’un contact obtienne un résultat faussement positif au TCT (p. ex. antécédents de vaccination par le BCG après la première année de vie), le résultat du TLIG peut être utilisé pour réduire la probabilité d’administrer un traitement de l’ITL à des personnes qui ont obtenu des résultats faussement positifs à des TCT. Remarque concernant l’ordre d’administration des TCT et TLIG simultanés :Lorsqu’un TCT et un TLIG doivent être effectués en même temps, il importe de tenir compte de l’ordre dans lequel ils seront réalisés. Bien qu’une étude menée chez les humains ait montré qu’un TCT antérieur n’influait pas sur les résultats subséquents d’un test ELISPOT(39), des études animales semblent indiquer que le TCT peut amplifier les résultats du dosage subséquent de l’IFN-γ (40,41). Vu qu’on dispose de peu de données sur la question, il est recommandé que, dans la mesure du possible, le sang soit prélevé pour le TLIG avant le TCT ou le même jour. On évitera ainsi tout effet potentiel de la sensibilisation à la PPD sur les mesures subséquentes de l’IFN-y.
(5) Sujets immunodéprimésOn ne dispose que de données publiées limitées sur l’utilisation des TLIG dans des populations immunodéprimées. Deux études ont examiné la sensibilité du test T-SPOT.TB dans cette population(42,43). Dans une étude, le T-SPOT.TBdétectait avec une grande sensibilité la TB active chez des Zambiens adultes infectés par le VIH et non infectés(42). Les résultats du T-SPOT.TB, comparativement à ceux du TCT semblaient également indiquer que ce premier test avait une plus grande sensibilité que le TCT chez les sujets positifs pour le VIH. Dans une étude récente comparant la performance du T-SPOT.TB par rapport à celle du TCT et au diagnostic posé par un comité de médecins experts (qui incluait une enquête épidémiologique sur la TB, une radiographie pulmonaire et un TCT en deux étapes chez des patients souffrant d’insuffisance rénale terminale qui étaient hémodialysés), le T-SPOT.TB était plus étroitement corrélé que le TCT aux facteurs de risque connus de TB, comme une maladie active antérieure et une radiographie pulmonaire anormale(43). Dans une étude portant sur 590 personnes positives pour le VIH, le QFT-G In-Tube a été utilisé pour détecter l’ITL(44)– mais n’a pas été comparé avec le TCT. En général, 4,6 % des personnes positives pour le VIH ont obtenu un résultat positif au TLIG, 78 % présentaient des facteurs de risque d’ITL. Seulement 20 sujets (3,4 %) dans la population étudiée ont obtenu des résultats indéterminés, les taux étant supérieurs chez ceux dont le nombre de CD4 était < 100. Dans une deuxième étude(45), 318 patients hospitalisés ont subi un test QFT-G et un TCT. La concordance entre les résultats du QFT-G et du TCT était beaucoup plus faible chez les personnes ayant reçu le BCG. Le fait que le QFT-G ait donné un résultat indéterminé chez 68 personnes (21,4 %) était particulièrement préoccupant.
(6) Personnes « à faible risque » ayant obtenu un résultat positif au TCTLes adultes (personnes > 14 ans) immunocompétents positifs au TCT qui courent un risque relativement faible d’infection tuberculeuse et de progression vers la maladie active s’ils sont infectés peuvent être adressés à un médecin ou à une clinique spécialisée en prévention de la TB où la possibilité d’un traitement de l’ITL sera examinée. Ce groupe comprend (i) les personnes qui ont obtenu un résultat positif au TCT lors d’un dépistage durant leurs études postsecondaires, mais qui n’ont aucun antécédent de contact avec la TB, aucun problème de santé susceptible d’accroître le risque de réactivation, et dont la radiographie pulmonaire est normale, et (ii) les immigrants issus de pays où l’incidence de la TB est élevée qui ont obtenu un résultat positif au TCT (voir la section « Dépistage chez les immigrants » pour une définition des pays où l’incidence de la TB est élevée) mais qui n’ont aucun problème de santé susceptible d’accroître le risque de réactivation et dont la radiographie pulmonaire est normale. Leurs TCT pourraient être faussement positifs à cause du vaccin BCG ou d’une exposition à des mycobactéries non tuberculeuses. Un TLIG peut être effectué pour diagnostiquer avec une plus grande spécificité l’ITL et réduire la probabilité de traiter pour une ITL des personnes dont les résultats au TCT sont faussement positifs.
(7) Diagnostic de la TB activeIl importe d’évaluer les TLIG chez les patients atteints de TB active pour deux raisons : (i) pour utiliser la TB active comme critère de substitution pour l’ITL (la plupart des études se classeraient dans cette catégorie); et (ii) pour déterminer si les TLIG faciliteraient le diagnostic de la TB active en soi. Ces deux approches comportent des limites. La première raison repose sur l’argument selon lequel toute personne qui présente une TB active doit souffrir d’une infection tuberculeuse – mais non latente. Du point de vue immunologique, une TB active se déclare lorsque la réponse immunitaire de l’hôte ne parvient pas à contenir l’infection latente; il est donc possible que la sensibilité avec laquelle les TLIG détectent la maladie active ne reflète pas leur sensibilité à l’égard de l’ITL. La deuxième raison s’appuie sur l’hypothèse qu’une preuve d’une infection tuberculeuse (c.-à.-d. un résultat positif à un TLIG) est utile pour diagnostiquer la maladie active. Ce n’est pas sûr, parce que les TLIG, comme le TCT, ne permettent pas de distinguer l’ITL de la maladie active et que la plupart des cas de TB active surviennent dans des populations où la prévalence de l’ITL est élevée. Certains ont laissé entendre que les TLIG pourraient être utiles pour écarter la possibilité d’une TB active dans certaines populations (p. ex. enfants, sujets immunodéprimés) lorsque le diagnostic microbiologique est difficile à établir. Autrement dit, si un TLIG positif peut ne pas toujours indiquer la présence de la maladie active, un TLIG négatif peut révéler l’absence d’infection tuberculeuse et, partant, de la maladie. Pour que les TLIG puissent aider à exclure la maladie active, ils doivent être très sensibles chez les patients souffrant d’une TB active. Comme des études l’ont déjà montré(46,47), la sensibilité des TLIG pour la détection de la TB active est comparable à celle du TCT et, par extension, les deux tests ont une sensibilité sous-optimale chez les patients atteints d’une TB active. Cette observation rend compte de la diminution connue de la réponse immunitaire chez les cas de TB active au moment du diagnostic, en particulier si la maladie est plus avancée, si les patients souffrent de malnutrition ou sont âgés(48,49). Ainsi, un TLIG ou un TCT négatif ne peut à lui seul exclure un diagnostic de TB active2.
Interprétation des résultats chez les personnes qui ont subi et un TCT et un TLIGBien que les recommandations actuelles relativement à l’utilisation des TLIG soient limitées, comme nous l’avons vu, un TLIG peut avoir été effectué dans des situations non prévues dans les recommandations ci-dessus. Si un TLIG de même qu’un TCT ont été effectués et si le clinicien ne sait pas comment interpréter les résultats, voici la marche à suivre recommandée :
Déclaration de non-responsabilité : ce tableau est fourni dans le cadre de la présente déclaration et ne doit PAS être considéré comme un guide général pour la prise en charge de l’ITL. Pour des recommandations complètes sur la prise en charge de l’ITL, le lecteur est prié de consulter les chapitres 4 et 6 des Normes canadiennes pour la lutte antituberculeuse(13). Rentabilité des tests de libération d’interféron-γPour le moment, seules quelques études comparatives ont été publiées sur la rentabilité des TLIG et du TCT(51-53). Des analyses disponibles ont montré que si les coûts unitaires des nouveaux TLIG sont beaucoup plus élevés que ceux du TCT, ces nouveaux tests ne seront alors rentables que dans les situations où leur spécificité est beaucoup plus grande. Le prix de détail des fabricants pour le QFT-G In-Tube et pour le T-SPOT.TB variera selon le milieu clinique et le volume de tests commandé. À cela il faut ajouter 22 $ par test QFT-G In-Tube pour les coûts accessoires liés au prélèvement de sang, au transport des échantillons au laboratoire ainsi qu’à l’exécution du test et à la transmission des résultats par le technicien; ces estimations se fondent sur des données relatives à un programme qui ont récemment été publiées(29). Vu qu’il faut plus de temps au technicien pour effectuer le test T-SPOT.TB que le test QFT-G In-Tube, les coûts accessoires associés au T-SPOT.TB sont légèrement plus élevés. En revanche, le coût total du TCT s’élève à seulement 14 $ dans les services de santé publique(31,51,54,55), bien qu’il puisse être plus élevé dans les centres de soins primaires s’ils ne sont pas couverts par le régime provincial ou territorial d’assurance‑maladie. Le QFT-G In-Tube et le T-SPOT.TB seront donc rentables, par rapport au TCT, seulement dans les populations comptant une forte proportion de membres qui ont reçu le BCG après leur première année de vie(56).
ConclusionsPour le diagnostic de l’ITL, les TLIG offrent un certain nombre d’avantages potentiels par rapport au TCT. Les tests actuellement vendus dans le commerce qui combinent des antigènes de la RD-1, tels qu’ESAT-6 et CFP-10, ont une excellente spécificité, donnant un minimum de résultats faussement positifs dus au BCG et à une sensibilisation par certaines MNT. Ils offrent également l’avantage de pouvoir être effectués en une seule visite et ne présentent aucun risque de réaction cutanée grave. Un des principaux avantages du TCT réside dans le fait que les résultats ont été validés par un suivi effectué dans d’importantes cohortes en vue de déterminer l’incidence subséquente de la TB active. À partir de ces études, on peut prédire avec une certaine exactitude le risque de maladie chez une personne présentant certains facteurs de risque et une réaction donnée au TCT. Jusqu’à présent, cependant, aucun des TLIG n’a été validé ainsi de façon prospective. Le matériel initial et les coûts accessoires des TLIG sont plus importants que ceux du TCT, et les analyses de rentabilité ont montré qu’à cause de ces coûts, ces tests seront moins rentables dans la plupart des populations. La survenue de nombreuses réactions qui ne concordent pas avec les réactions tuberculiniques suscitent des préoccupations, parce que ce phénomène de discordance demeure en grande partie inexpliqué. Il sera donc difficile de prendre en charge adéquatement les personnes positives à un TLIG mais négatives à un TCT. Il importe de noter que les TLIG, comme le TCT, ne sont pas recommandés pour le diagnostic de la TB active. Les indications précises pour l’utilisation et l’interprétation des résultats, notamment en ce qui concerne le risque futur de TB active n’ont pas encore été établies. D’autres recherches doivent être menées pour définir la mesure dans laquelle ces tests permettent de prédire le développement de la maladie active, pour démontrer leur reproductibilité et évaluer les répercussions sanitaires et économiques de leur utilisation. D’autres études, en particulier des études prospectives, où le TCT et des TLIG sont effectués simultanément seraient grandement utiles. RemerciementsLes auteurs remercient les membres du Comité canadien de lutte antituberculeuse et les responsables des programmes provinciaux et territoriaux de lutte antituberculeuse pour leur contribution et leur participation au Système canadien de déclaration des cas de tuberculose : Alberta Health and Wellness, Disease Control and Prevention Branch Division of Tuberculosis Control, British Columbia Centre for Disease Control Programme de lutte antituberculeuse du Manitoba Ministère de la Santé et du Mieux-Être, Nouveau‑Brunswick Department of Health and Community Service, Terre-Neuve-et-Labrador Department of Health and Social Services, Government of Northwest Territories Office of the Chief Medical Officer of Health, Nova Scotia Department of Health Department of Health & Social Services, Government of Nunavut Unité de prévention des maladies par vaccination et de lutte contre la tuberculose, ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario Department of Health and Social Services, Île-du-Prince-Édouard Direction de la protection de la santé publique, ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec Tuberculosis Control Program, Saskatchewan Health Department of Health and Social Services, Yukon Association pour la microbiologie médicale et l’infectiologie Canada Association pulmonaire du Canada Réseau des laboratoires de santé publique du Canada Société canadienne de thoracologie Citoyenneté et Immigration Canada Service correctionnel Canada Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits, Santé Canada Laboratoire national de microbiologie, Agence de la santé publique du Canada Halte à la Tuberculose Canada Section de la lutte antituberculeuse, Agence de la santé publique du Canada RéférencesIntroduction/description des tests
Tests en sérieDiagnostic de l’ITL chez les enfantsDépistage chez les immigrantsContacts d’un cas de tuberculose infectieuse activeSujets immunodéprimésDiagnostic de la TB activeRentabilité des tests de libération d’interféron-γ29. Dewan PK, Grinsdale J, Liska S, et coll. Feasibility, acceptability, and cost of tuberculosis testing by whole-blood interferon-gamma assay. BMC Infect Dis 2006; 6(47). 31. Khan K, Muennig P, Behta M et coll. Global drug-resistance patterns and the management of latent tuberculosis infection in immigrants to the United States. N Engl J Med 2002; 347(23): 1850-59. †Membres : Dr R. Long (président); Dre H. Akwar, Dr A. Al-Azem, Mme C. Case, Dr E. Ellis (secrétaire exécutif), Dr K. Elwood, Dr B. Graham, Mme C. Hemsley, Dr V. Hoeppner, Dr A. Kabani, Dr M. Lem, Mme J. Marshall, Dre P. Orr, Mme E. Randell, Dr P. Rivest, Mme S. Sarjesh, Dre L. Scott, Dre F. Stratton, Dr L. Sweet, Dre W. Wobeser et Mme J. Wolfe. ††La présente déclaration a été rédigée par les Drs M. Gardam, D. Kunimoto, R. Long, D. Menzies et M. Pai (le travail de secrétariat ayant été assuré par le Dr R. Stirling). Elle a été approuvée par le Comité canadien de lutte antituberculeuse. |
Mise à jour : 2007-10-25 |