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2002
Brevetage des formes de vie supérieures et enjeux connexes
Notes documentaires
Juin 2002
La brevetabilité des formes de vie supérieures et les enjeux
connexes
Rapport présenté au Comité de coordination
ministérielle
de la biotechnologie
Gouvernement du Canada
Au début de l'année 2000, le Comité consultatif canadien
de la biotechnologie
(CCCB) lançait un programme de recherche et de consultation sur la
brevetabilité
des formes de vie supérieures et sur les enjeux apparentés
à cette question. Les
membres du CCCB ont choisit ce thème d'étude en raison du fait
que la cause de
la carcinosouris de Harvard se trouvait alors devant les tribunaux canadiens et
que les hauts fonctionnaires ainsi que les spécialistes composant le
Comité
avaient désigné comme domaines de préoccupation
grandissante les questions
de propriété intellectuelle liées à la
biotechnologie en général et, en particulier,
aux formes de vie supérieures.
À l'heure actuelle, le Canada ne permet pas le brevetage des
végétaux et des
animaux, contrairement à ce qui se fait dans la plupart des pays
membres de
l'Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE), dont
les États-Unis et l'Union européenne. Un bon nombre de pays en
voie de
développement nourrissent des inquiétudes relativement aux
incidences que
pourrait avoir le brevetage des inventions biotechnologiques découlant
de
végétaux et d'animaux, en l'absence de toute reconnaissance des
savoirs
traditionnels. En outre, une part de l'opinion publique prône
l'interdiction, pour des
raisons morales, de tout brevet visant des végétaux, des animaux
et d'autres
matières vivantes (séquences d'ADN, gènes, cellules).
Même parmi les pays qui
permettent le brevetage des formes de vie supérieures, il n'y a pas
consensus
quant à la manière d'aborder les considérations sociales
et éthiques connexes.
La disposition 27.3(b) de l'accord de l'Organisation mondiale du commerce
(OMC) sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui
touchent au
commerce (ADPIC) permet aux pays signataires de déclarer non
brevetables les
végétaux et les animaux. Au moment de l'examen prévu de
cette disposition, il
faudra s'attendre à ce que certains pays, pour la plupart en
développement,
appuient le maintien ou l'expansion de la disposition en question, alors que
d'autres pays, et surtout les États-Unis, voudront probablement lui
donner une
définition plus étroite ou la supprimer complètement. Le
Canada sera mieux placé
pour contribuer au débat s'il formule clairement sa propre position sur
cette
question, et ce avant l'amorce des négociations à ce sujet.
Le rapport du CCCP sur cette question manifeste les opinions des membres du
Comité concernant la brevetabilité des formes de vie
supérieures et les enjeux
connexes, compte tenu des résultats d'études de recherche
commandées par le
CCCB, de tables rondes sectorielles, de sondages d'opinion publique, de
consultations à intervenants multiples et des réactions du
public à un rapport
provisoire lancé en novembre 2001.
Le rapport est réparti en quatre sections thématiques
principales, comme suit :
Les préoccupations sociales et éthiques soulevées
par la biotechnologie.
Cette section du rapport décrit un certain nombre d'inquiétudes
sociales et
éthiques qui découlent du développement de la
biotechnologie ou qui y sont liées.
On y résume trois démarches pouvant servir à aborder ces
considérations.
La brevetabilité des formes de vie supérieures.
Cette section, après avoir
abordé la question de la brevetabilité des êtres humains,
expose les arguments
principaux pour et contre le brevetage des végétaux, des graines
et des animaux.
Quatre des cinq recommandations qui y sont formulées sont
reliées entre elles et
doivent être prises en bloc.
Les autres enjeux liés à la biotechnologie et à
la propriété intellectuelle.
Cette section porte sur les enjeux de nature sociale et éthique qui
sont clairement
liés au régime des brevets. On y attire également
l'attention sur les progrès
récents au sujet de l'incidence des brevets de biotechnologie sur le
système de
soins de santé.
L'amélioration de l'administration du système de
brevet. Cette section
contient une série de commentaires et de recommandations au sujet du
fonctionnement et de l'orientation stratégique du système
canadien de brevets.
On y cherche tout particulièrement à cerner un ensemble de
mesures propres à
renforcer le système de brevets.
Recommandations
La première section du rapport traite de la brevetabilité des
« formes de vie
supérieures », c'est-à-dire, tous les organismes vivants
composés de plus d'une
cellule, y compris tous les végétaux et les animaux ainsi que
les êtres humains.
Bien que les êtres humains soient également des animaux, ni le
Canada ni aucun
autre pays ne permet le brevetage du corps humain. Tout le monde s'entend, en
général, sur l'interdiction du brevetage d'un corps humain
entier. En
conséquence, la première recommandation du CCCB est d'ajouter
à la Loi sur les
brevets une déclaration à l'effet que les êtres
humains ne sont pas brevetables,
quelle que soit l'étape de leur développement.
En second lieu, le CCCB (à l'exception de l'un de ses membres)
recommande
que les autres formes de vie supérieures (végétaux,
graines, animaux) répondant
aux critères de la Loi sur les brevets soient considérées
brevetables au sein de
limites précises imposées aux droits du titulaire du brevet. Ces
limites sont les
suivantes :
-
la Loi sur les brevets doit contenir une disposition relative au
privilège des
agriculteurs, laquelle permet aux exploitants agricoles de conserver et de
semer des graines provenant de végétaux brevetés, ou de
reproduire des
animaux brevetés à condition, respectivement, que les
générations
descendantes de plantes ne soient pas vendues comme matériel
reproducteur commercial et que le créateur d'un animal
génétiquement
modifié ne voie pas enlever la valeur commerciale de son brevet
relatif à
l'animal;
-
aucune poursuite en contrefaçon de brevet ne peut être intentée
en cas de
propagation naturelle ou accidentelle des graines brevetées, ni en cas
d'insémination fortuite d'un animal par un autre animal breveté;
-
le CCCB recommande aussi de modifier la Loi sur les brevets afin d'y
inclure une exemption pour la recherche et l'expérimentation
effectuées à
des fins privées et non commerciales dans le but d'étudier et
d'améliorer
les propriétés d'une invention ou de créer un produit ou
un procédé
nouveau.
Le rapport contient trois recommandations au sujet de certaines
considérations
d'ordre social et éthique reliées aux connaissances
traditionnelles et au partage
des avantages à tirer des brevets. Voici un résumé de ces
recommandations :
-
l'élaboration et la mise en oeuvre de politiques propres à
favoriser le
partage des avantages à tirer de la recherche faisant appel à
du matériel
génétique, avec les collectivités ou populations qui ont
ouvert l'accès au
végétal, à l'animal ou aux ressources
génétiques utilisés pour la recherche;
-
le Canada appuie les efforts internationaux consentis en vue de
déterminer
le bien-fondé et la manière d'utiliser le droit de
propriété intellectuelle pour
protéger les connaissances traditionnelles;
-
l'Office de la propriété intellectuelle du Canada (OPIC)
décrit comment
tenir compte des savoirs traditionnels, rendus publics par transmission
orale ou écrite, au moment d'évaluer un « dossier
d'antériorité »
relativement à une demande de brevet.
Quatre des recommandations du CCCB portent sur le fonctionnement de l'OPIC,
l'organisme chargé de formuler les directives et les critères
d'évaluation relatifs
aux demandes de brevet. Le Comité recommande que l'OPIC rende publiques
ses directives d'évaluation concernant l'application des
critères de brevetabilité
des matières vivantes; qu'il mette à jour ses normes de service
en matière de
traitement des demandes de brevet; qu'il fasse paraître,
périodiquement, des
rapports sur son propre rendement en fonction de ces normes; et qu'il se dote
d'une méthode efficace de contestation des brevets. En outre, le
rapport formule
des recommandations concernant une harmonisation internationale plus
poussée
des politiques et des méthodes relatives aux brevets.
Le CCCB est un organe consultatif composé d'experts de
l'extérieur dans des
domaines aussi divers que les sciences, les affaires, la nutrition, le droit,
l'environnement, la philosophie, l'éthique et la défense du bien
commun, et créé
par le gouvernement du Canada dans le but de donner des avis en matière
de
politique officielle sur toute une gamme de questions liées à la
biotechnologie. Le
CCCB fait rapport aux ministres fédéraux de la Santé, de
l'Agriculture et
l'agroalimentaire, de l'Environnement, des Ressources naturelles, de la
Pêches et
des Océans, de l'Industrie et du Commerce international.
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