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Services de police communautaires, contractuels et autochtones

Ce projet a été entrepris par un chercheur externe indépendant afin d’explorer l’enjeu et fournir de l’information sur le sujet. L’opinion exprimée est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle de la Gendarmerie royale du Canada ou du gouvernement du Canada.


Le crime organisé de souche autochtone au Canada : élaborer une typologie pour comprendre et établir des stratégies d’intervention

par

E.J. Dickson-Gilmore, PhD.
Carleton University
and
Chris Whitehead
Carleton University

Sous-direction de la recherche et de l’évaluation
Direction des services de police communautaires, contractuels et autochtones
Gendarmerie royale du Canada
Ottawa

Les opinions exprimées dans ce document sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de la Gendarmerie royale du Canada ou du Gouvernement du Canada

Nº de catalogue: JS62-120/2003
ISBN 0-662-67711-0


Sommaire

En règle générale, l’attention que les universitaires portent au phénomène du crime organisé au Canada est limitée et présente des lacunes considérables. On peut en grande partie expliquer la quantité relativement faible de recherches sur le sujet par les difficultés inhérentes à l’étude et à l’analyse d’une activité lorsque les gens qui y prennent part n’ont pas intérêt à faire l’objet d’une étude et s’emploient assidûment à brouiller et à cacher leur identité, leurs pratiques et leurs activités. Du petit nombre d’ouvrages consacrés au crime organisé, seul un faible pourcentage traite de la participation des Autochtones aux activités illicites organisées et d’après les analyses qui en sont faites, on semble estimer pouvoir appliquer ou faire correspondre à leur réalité dans les collectivités autochtones les mêmes définitions et hypothèses qui sous-tendent l’étude du crime organisé dans son ensemble.

Dans la présente étude, on se penche sur la théorie et, dans toute la mesure du possible étant donné les limitations des données, sur la réalité de la participation des Autochtones à ce que l’on peut définir comme le « crime organisé » au Canada, en proposant une définition du « crime organisé de souche autochtone » ainsi qu’une typologie des participants. Pour rédiger leur définition, les chercheurs se sont inspirés de la définition du crime organisé que donne Mme Beare, et y ont intégré la dimension des motivations, qu’elles soient sociales, politiques ou économiques, que les théoriciens s’accordent à trouver cruciale pour la compréhension des activités du crime organisé, mais qui n’apparaît pas dans les définitions actuelles du terme. Cet ajout se révèle important notamment pour l’étude de la participation des Autochtones aux activités criminelles en général et au crime organisé en particulier, puisque les données et les analyses existantes des tendances dans l’activité criminelle dans la population autochtone laissent fortement entendre que le profit y constitue un facteur de motivation rare et inhabituel. Étant donné que dans les ouvrages consacrés au crime organisé, on donne toujours le profit comme mobile derrière un vaste éventail d’occupations illicites, la négation de ce point semblerait constituer une déviation importante dans la compréhension traditionnelle des activités du crime organisé et de ceux qui y participent. En plus d’ajouter les motivations à la définition de Mme Beare, on enrichit la définition du « crime organisé de souche autochtone » d’aspects uniques tirés du contexte entourant ces activités et de la nature des relations qui existent entre les personnes qui participent aux réseaux du crime organisé de souche autochtone.

Éclairés par cette définition, les auteurs de la présente se penchent sur les modes actuels de délits que l’on observe dans la population autochtone, en soutenant que les activités organisées ne constituent qu’un très faible pourcentage et, à de nombreux égards, une permutation unique de ces modes. À partir de là, conscients du soin qu’impose l’utilisation des typologies et du danger que présente la généralisation sans fondement par rapport au crime organisé, à ses origines et à ses participants, les chercheurs proposent une typologie des participants autochtones aux activités criminelles organisées. Cette typologie, que l’on positionne sur un continuum de motivations, d’après l’état actuel de nos connaissances sur la participation des Autochtones au crime organisé, comporte les quatre types suivants : 1) activiste et nationaliste; 2) aléatoire et opportuniste; 3) activiste et opportuniste; 4) criminel et opportuniste. Les motivations, que traduisent les titres donnés à chaque type, existent sur un continuum réduit propre à chaque type et font partie d’un continuum plus vaste dans lequel résident tous les types. Ce continuum part d’un profond nationalisme et activisme d’un côté et atteint un opportunisme instrumentiste de l’autre. Chaque type trouve un début et une fin plus ou moins précis sur ce continuum. À mesure que l’on se déplace dans le continuum plus limité de chaque type, les motivations et les sentiments qu’il contient progressent vers les motivations et les sentiments inhérents au type voisin. On peut envisager le continuum comme suit :

nationaliste et activiste

aléatoire et opportuniste

activiste et opportuniste

criminel et opportuniste

Il peut aussi exister un certain chevauchement entre les types puisque les personnes peuvent à l’origine motiver leur participation à une activité illicite par un type précis, puis passer à un autre type au fil du temps. Par exemple, une personne de type aléatoire et opportuniste au début de son implication dans le crime organisé aura pu progresser vers le type criminel et opportuniste. Une série de combinaisons et de permutations peuvent survenir, et il est probable que l’avancée des connaissances dans le domaine de la participation des Autochtones à l’activité illicite organisée permettra d’ajouter d’autres types à la typologie.

Dans le présent document, après avoir détaillé chacun des types, on soulève la question importante de l’intervention de l’État devant la participation des Autochtones au crime organisé. On soutient ici que la prévention au moyen de la justice sociale constitue une stratégie plus prometteuse que la réaction par l’intermédiaire de la justice pénale. Autrement dit, on pourrait s’attendre à ôter leur motivations aux Autochtones devant l’attrait du crime organisé si l’on s’employait à mettre en place une réforme sociale élargie et si l’on honorait les traités et les droits des peuples autochtones, de sorte que la police pourrait mieux se consacrer aux éléments criminels les plus dangereux et les plus intraitables.


Afin d'obtenir une copie électronique de ce rapport complet (PDF), veuillez envoyer votre demande par courriel à la Section de recherche et d'évaluation (Services de police communautaires, contractuels et autochtones) de la GRC.
research_evaluation@rcmp-grc.gc.ca