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Situation au Canada drogues illicites - 2001



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Préparé par :

Secton de l'analyse antidrogue
Sous-direction des analyses criminelles
Directon des renseignements criminelles
Gendarmerie royale du Canada

Ottawa, avril 2002

Table des matières

Avant-propos

Le présent rapport traite du trafic des drogues au Canada en 2001. Il est fondé sur l'information et les renseignements tirés des enquêtes et des saisies effectuées par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et divers services canadiens chargés de la lutte antidrogue.

Faits saillants 

  • Au moins 100 tonnes de haschich, 15 tonnes de cocaïne et 6 tonnes de haschich liquide sont introduites en contrebande au Canada chaque année. La production de marihuana au pays est évaluée à 800 tonnes. Il faut de plus entre une et deux tonnes d'héroïne par année pour satisfaire les besoins des héroïnomanes canadiens.
  • Le trafic de drogues demeure la principale source de revenu de la plupart des groupes de criminels organisés. Au Canada, cette activité générerait annuellement des revenus illicites de plus de 4 milliards de dollars au niveau de la vente au gros et de 18 milliards de dollars au niveau de la vente au détail.
  • Plus de 1,8 million de comprimés d'ecstasy (MDMA) ont été saisis au Canada en 2001, et plus de 2 millions en 2000, un chiffre cinq fois supérieur à celui de 1999. Tous les groupes criminels cherchent à s'approprier une part de ce nouveau marché.
  • On a découvert d'importantes quantités de pseudoéphédrine provenant d'entreprises canadiennes dans d'immenses laboratoires de production de méthamphétamine en Californie, ou en route vers ces laboratoires.
  • Des groupes de criminels organisés de souche italienne sont à la tête d'activités d'importation et de distribution à grande échelle de nombreux types de drogues. Des groupes de criminels de souche asiatique ont conservé leur rôle dans le trafic de l'héroïne, ont poursuivi leur expansion dans celui de la cocaïne et ont fait des percées importantes dans le trafic des drogues synthétiques et de la culture de la marihuana. Des trafiquants de souche colombienne exercent toujours leur suprématie sur le commerce de la cocaïne dans les villes de l'est et du centre du Canada. Des bandes de motards hors-la-loi jouent un rôle clé dans l'importation et la distribution à grande échelle du cannabis, de la cocaïne et des drogues synthétiques. Par ailleurs, des entrepreneurs autonomes canadiens et étrangers sont également d'importants fournisseurs de drogues sur le marché canadien.

Renseignements généraux

Après les attentats terroristes du 11 septembre, les quantités de drogues saisies aux aéroports et aux frontières tant au Canada qu'aux États-Unis ont beaucoup diminué. Les Douanes américaines ont rendu compte d'un plus grand nombre d'incidents de saisie aux frontières, mais n'ont pas noté d'augmentation des quantités de drogues saisies. Les voyageurs étant surveillés de plus près, les Douanes ont relevé plus de cas de possession personnelle de drogues. En fait, depuis le 11 septembre, la quantité totale de drogue saisie a diminué des deux côtés de la frontière. Peu à peu, les activités de contrebande sont revenues à leur niveau antérieur. Au mois de novembre, les autorités responsables à l'Aéroport international Lester B. Pearson à Toronto ont signalé une reprise des activités de contrebande, notamment dans les conteneurs de fret aérien.

La surveillance plus étroite présentement assurée en raison des enjeux terroristes pourrait permettre de recueillir des renseignements plus concrets sur le financement des activités terroristes par le biais du narcotrafic au Canada. Dans la plupart des enquêtes sur la drogue, les policiers cherchent maintenant à déterminer s'il y a un lien terroriste.

Le haschich, l'héroïne et la cocaïne consommés au Canada proviennent des régions du globe où les groupes terroristes et rebelles participent d'une façon ou d'une autre à la production, à la fabrication ou au transport de stupéfiants. Chaque année, la consommation canadienne de drogues illicites génère de 20 à 40 millions $ US en Asie dans le cas du haschich et de l'héroïne, et entre 30 et 50 millions $ US en Amérique du Sud dans le cas de la cocaïne. Une partie de ces profits servent à financer les activités terroristes et rebelles à l'étranger. Les consommateurs se trouvent par le fait même à appuyer des groupes terroristes et rebelles.

Cocaïne

Selon les premières données obtenues, les saisies de cocaïne au Canada effectuées en 2001 par l'Agence des douanes et du revenu du Canada et la GRC ont totalisé plus de 1 200 kilos. Cependant, si l'on tient compte des drogues saisies à l'extérieur du Canada, qui étaient probablement destinées au marché canadien, environ 4 000 kilos de cocaïne ont été interceptés.

La GRC est aussi active sur la scène internationale. En août 2001, la GRC s'est jointe aux autorités en Espagne et aux États-Unis pour mener une opération qui a permis de saisir 4,5 tonnes de cocaïne, dans deux bateaux voyageant de la Colombie vers l'Europe. Aucun Canadien n'était impliqué et les drogues n'étaient pas destinées au marché canadien.

Transport maritime

Afin d'importer de grandes quantités de cocaïne au Canada depuis les pays sources, la voie maritime demeure le premier choix des organisations de trafiquants. Dans de nombreux cas, on soupçonne l'existence de complots internes aux ports canadiens et la participation des membres d'équipage des navires.

Le 23 février, la Garde côtière américaine a intercepté un navire canadien dans le détroit de Juan de Fuca et a découvert 2 250 kilos de cocaïne cachés dans l'étrave du navire, derrière une cloison soudée. Le navire rentrait au Canada depuis l'Amérique du Sud et figurait sur la liste de surveillance. La GRC et les Forces canadiennes ont pris part à l'enquête.

En mai 2001, les autorités québécoises ont déjoué les tentatives d'une organisation criminelle du Québec pour importer 2 500 kilos de cocaïne depuis la Colombie. Les drogues devaient être expédiées au Canada par bateau.

Le 23 avril, des autorités équatoriennes ont saisi 256 kilos de cocaïne dans un conteneur maritime. La drogue avait été transformée en farine de poisson et devait être extraite à destination, à Montréal.

Le 7 décembre, au port de Halifax, on a découvert 73 kilos de cocaïne à l'intérieur d'un conteneur, avec un chargement de brandy en provenance du Panama. On soupçonne un complot interne au port de Halifax puisque les sacs dans lesquels se trouvaient les drogues étaient situés près des portes du conteneur.

Transport aérien

Environ 900 kilos de cocaïne ont été saisis dans des conteneurs de fret, sur des voyageurs et dans du courrier aérien. Haïti et la Jamaïque sont les deux principaux points de transbordement pour l'importation de cocaïne de l'Amérique du Sud à destination des États-Unis et du Canada. On a saisi environ 271 kilos de cocaïne sur des vols en provenance d'Haïti et 478 kilos sur des vols en provenance de la Jamaïque. Les autorités à l'aéroport de Dorval ont saisi 179 kilos de cocaïne dissimulés dans des statues en bois à double fond et 70 kilos cachés dans quatre boîtes qui servaient à transporter des marchandises sous douane (exemptes de droits de douane) sur deux différents vols en provenance d'Haïti.

Les complots internes aux aéroports sont fréquents pour passer clandestinement des drogues au pays. En juin 2001, une opération de la GRC a conduit à l'arrestation de quatre bagagistes à l'aéroport de Mirabel. Les services de police ont également effectué un certain nombre de saisies à l'Aéroport international Lester B. Pearson à Toronto, où ils soupçonnaient une participation de la part du personnel de l'aéroport.

Le 7 novembre, à l'aéroport régional Simcoe, près de Barrie en Ontario, la GRC a saisi 316 kilos de cocaïne et 37 livres de haschich dissimulés dans la structure d'un petit aéronef privé, qui arrivait directement de Montego Bay (Jamaïque).

Transport terrestre

La majorité des drogues transportées par voie terrestre de part et d'autre de la frontière canado-américaine sont dissimulées à bord de véhicules privés ou de camions semi-remorques. Les passages frontaliers se font en grande partie en Colombie-Britannique. Certains groupes canadiens de trafiquants qui introduisent de la marihuana canadienne aux États-Unis effectueront le voyage de retour avec un chargement de cocaïne. Souvent, les drogues sont simplement mises dans le coffre de la voiture à l'intérieur d'un sac de sport ou d'une valise ou, dans certains cas, elles sont cachées dans la structure du véhicule.

Organisations de trafiquants

Les bandes de motards hors-la-loi et les criminels organisés de souches colombienne et italienne demeurent les plus actifs dans le secteur de l'importation de cocaïne. D'autres groupes ont cependant essayé d'importer de grandes quantités de cocaïne au Canada, notamment des criminels des Antilles et divers entrepreneurs canadiens.

Une autre tendance à signaler est le recrutement de Canadiens pour transporter des drogues entre deux pays étrangers. On a effectué plusieurs saisies de cocaïne provenant de Caracas (Venezuela) acheminée vers la Roumanie par des passeurs canadiens, dont plusieurs étaient des citoyens canadiens d'origine roumaine. On a également découvert des cas de citoyens canadiens d'origine haïtienne qui transportaient des drogues depuis Haïti jusqu'aux États-Unis.

Héroïne

L'Asie du Sud-Est demeure le principal producteur de l'héroïne disponible au Canada. En 2001, environ 71 kilos d'héroïne ont été saisis au Canada, ce qui représente moins de la moitié des 168 kilos saisis en 2000. Les saisies successives de 57 kilos en août 2000 et de 93 kilos en septembre 2000 ont sans aucun doute été une grande perte pour les organisations criminelles. La crainte de subir une autre perte financière sur de gros investissements et par conséquent sur les profits qui en découlent a sûrement été un agent de dissuasion pour les fournisseurs et les importateurs. Selon les renseignements obtenus, des complots d'importation sont présentement en cours de planification.

Les dossiers de saisie révèlent que des quantités d'héroïne variant entre 40 grammes et 5 kilos continuent à entrer au Canada. La drogue est dissimulée sur des passeurs voyageant à bord de lignes aériennes, dans des conteneurs et dans des envois postaux. Les entrées se font surtout aux aéroports internationaux de Vancouver, de Toronto et de Montréal. Les points de transit traditionnels tels que l'Inde, le Nigéria, la Thaïlande et le Ghana sont toujours utilisés. Toutefois, les renseignements révèlent que les importateurs et les contrebandiers diversifient leurs trajets en passant par la Chine, la Malaisie, l'Indonésie et par d'autres endroits moins fréquentés du Pacifique Sud comme les Fidji et le Guam.

Le 12 avril 2001, à Vancouver, on a découvert 48,7 kilos d'héroïne d'Asie du Sud-Est dans deux conteneurs d'ananas qui avaient été chargés à Hangpu, en Chine, ainsi que 250 paquets de P2P (phenylacétone). Un des conteneurs était destiné à Vancouver, l'autre à Markham (Ontario). Le 28 mars, les autorités australiennes avaient saisi de l'héroïne dissimulée de la même façon.

Toutes les saisies importantes d'héroïne en 2001 au Canada visaient des groupes criminels d'origine asiatique. Dans le passé, ces groupes d'importateurs transnationaux de souche asiatique ont visé l'Australie et le Canada avec leurs activités de trafic d'héroïne. Cependant, ils ne se limitent ni à ces deux pays et ni à ce seul produit illicite. Ce sont des entrepreneurs capables d'offrir divers produits et services illicites rapidement en Asie, en Océanie ou en Amérique, du moment qu'ils y gagnent.

L'Inde a traditionnellement servi de point de transit pour l'héroïne d'Asie du Sud-Ouest. En effet, le 30 janvier 2001, on a saisi 1,3 kilo d'héroïne en provenance de ce pays à Toronto. De plus, en septembre 2001, plus de cinq kilos d'héroïne destinés à Vancouver ont été saisis à New Delhi. Les enquêteurs à Toronto signalent une circulation régulière d'héroïne d'Asie du Sud-Ouest dans la région métropolitaine de Toronto. D'après les rapports de renseignements, environ une douzaine de dossiers ont été ouverts au cours de la dernière année en rapport avec des drogues de l'Afghanistan et du Pakistan. Dans la région de Montréal, des réseaux autres que les groupes criminels de souche asiatique sont impliqués dans le trafic de l'héroïne.

L'Amérique du Sud figure rarement comme une source d'approvisionnement en héroïne au Canada. Sans nécessairement constituer une tendance, les deux incidents qui suivent sont dignes d'attention. Le 30 avril 2001, deux résidants de l'Ontario ont été arrêtés à Panama en possession de deux kilos d'héroïne. Ils étaient sur le point de monter à bord d'un vol vers Miami à destination de Toronto. Les douaniers ont découvert que les Canadiens avaient avalé des capsules d'héroïne et en avaient également dissimulées dans des semelles de souliers. L'année précédente, le 14 décembre 2000, des autorités costariciennes ont arrêté deux Canadiens qui retournaient à Toronto. Ils avaient caché plus de sept kilos d'héroïne sur eux.

Pour l'an 2000, le bureau du coroner de la C.-B. a signalé un total de 256 décès causés par une surdose de drogue illicite, notamment la cocaïne, l'héroïne et la méthadone achetée illégalement. Ce chiffre était inférieur aux 416 décès de 1998 et aux 277 de 1999.

Opium

L'opium sur le marché canadien provient principalement du Sud-Ouest asiatique (SOA) (surtout de l'Afghanistan et du Pakistan) ainsi que du Sud-Est asiatique (SEA) (Myanmar, Thaïlande et Laos). L'opium du SOA transite habituellement par l'Europe avant de parvenir aux ports d'entrée de l'est du Canada. L'opium du SEA arrive en général sur la côte ouest canadienne. En 2001, près de 36 kilogrammes ont été saisis au Canada. Dans la majorité des cas, la drogue était dissimulée dans des colis postaux : 17 kilos en provenance de l'Allemagne à destination de Toronto et 10 kilos en provenance de la Thaïlande à destination de Vancouver. Les saisies d'opium effectuées de sujets qui arrivaient au Canada, ont totalisé moins d'un kilogramme pour l'ensemble de l'année. Les services de police canadiens en ont confisqué plus de 8 kilogrammes dans le cadre d'enquêtes au pays. De plus, les autorités étrangères (principalement en Iran et en Turquie) ont intercepté des envois d'environ 19 kilogrammes d'opium en tout qui étaient destinés au Canada. L'importation de ce stupéfiant au pays est imputable à des éléments criminels provenant du SOA et du SEA.

Marihuana

La marihuana demeure la drogue illicite de choix au Canada. Les données compilées jusqu'à maintenant sur les saisies de cannabis effectuées au Canada en 2001, quoique encore préliminaires, semblent indiquer un niveau élevé de production et de trafic. Les autorités ont saisi plus d'un million de plants chaque année depuis quatre ans. La marihuana représente une industrie lucrative qui attire non seulement les organisations criminelles, mais aussi les individus peu scrupuleux qui cherchent à profiter de la popularité grandissante de cette drogue, qui ne semble démontrer aucun signe d'essoufflement.

Même si la nature et l'étendue des activités liées à la marihuana peuvent varier d'une province à l'autre, des tendances communes à l'ensemble du pays se dégagent. Mentionnons, entre autres, l'implication continue de groupes de criminels organisés, surtout dans des secteurs à forte densité de population, une préférence croissante pour les installations intérieures de culture et le risque accru que posent ces activités à la sécurité publique. Plusieurs croient également que la teneur moyenne en THC de la drogue a augmenté de façon constante au fil des ans, mais les données scientifiques sont insuffisantes pour le prouver.

Puisque les groupes de criminels organisés s'intéressent avant tout aux profits, il ne faut pas s'étonner qu'ils soient associés à la production et au trafic de la marihuana. Jusqu'au milieu des années 1990, les bandes de motards hors-la-loi exerçaient un monopole sur ces activités dans la plupart des provinces. Puis, des éléments criminels d'origine asiatique (principalement de souche vietnamienne) en Colombie-Britannique se sont lancés dans la culture de la marihuana et ont ainsi grugé, petit à petit, la suprématie dont jouissaient les bandes de motards hors-la-loi. Depuis, le crime organisé de souche asiatique a étendu ses activités vers l'est et exploite maintenant des installations en Ontario et au Québec. La plupart des producteurs de marihuana, cependant, sont d'origine canadienne.

La marihuana cultivée à l'intérieur est produite selon une technique organique ou hydroponique. La concentration en THC dans la marihuana est habituellement supérieure avec les systèmes hydroponiques, mais les criminels de souche vietnamienne semblent avoir maîtrisé des méthodes de culture organique qui rivalisent avec les systèmes plus sophistiqués. Certains cas de culture aéroponique ont été signalés. Cette technique, où les racines sont suspendues et vaporisées régulièrement avec de l'eau enrichie en matières nutritives, est encore très rare et il reste à en démontrer l'efficacité.

La marihuana produite au Canada sert habituellement à approvisionner les marchés locaux et régionaux, et le reste est exporté vers d'autres endroits au pays et aux États-Unis. Les exportations de marihuana de la Colombie-Britannique sont destinées à l'Alberta, à la Saskatchewan et surtout aux États-Unis. Une livre de « BC Buds » peut rapporter jusqu'à 6 000 $ US en Californie du Sud. Depuis plusieurs années, la pratique consistant à passer de la marihuana de l'autre côté de la frontière pour l'échanger contre de la cocaïne, qui est par la suite introduite en contrebande au Canada, est courante.

La popularité croissante des sites de culture intérieure a contribué à augmenter le risque pour la sécurité publique, en raison des moyens artisanaux souvent utilisés pour dévier l'électricité. Dans certaines villes canadiennes, il n'est pas rare que les pompiers découvrent des sites de culture lorsqu'ils luttent contre des incendies causés par un câblage défectueux. Dans les installations où l'on produit également de l'huile de cannabis, le risque est encore plus grand à cause de la présence de produits chimiques extrêmement volatils qui peuvent provoquer une explosion.

Les organisations qui se livrent à la production de marihuana embauchent souvent des personnes pour s'occuper des plants, notamment des systèmes d'éclairage et d'arrosage, et pour assurer la sécurité des lieux. Des individus qui doivent de l'argent aux groupes criminels sont contraints de surveiller les récoltes, afin de rembourser leurs emprunts, leurs dettes de jeu ou de drogues. Lorsque les installations doivent être laissées sans surveillance, certains producteurs ont recours à des pièges. Ces pièges ne sont pas courants, mais ils constituent tout de même une source de préoccupation pour les services d'application de la loi, car même s'ils sont surtout conçus pour dissuader les voleurs éventuels, ils menacent également les agents de police qui doivent démanteler les sites de culture. En novembre 2001, les services de police de Hamilton (Ontario) ont remarqué que la porte métallique menant à une installation de culture était rattachée à un conducteur haute tension. À un autre endroit, les enquêteurs ont découvert un détecteur de mouvement relié à un système de pulvérisation qui, s'il avait été déclenché, aurait répandu des gaz toxiques dans le système de ventilation.

La violence n'est pas un facteur que les Canadiens associent forcément à la culture de marihuana. Pourtant, on commet des homicides et des voies de fait pour obtenir ou conserver le contrôle de la production et de la distribution. Le vol de récoltes est une nouvelle facette de cette industrie clandestine. Les introductions par effraction accompagnées de voies de fait sont une tendance observée surtout en Colombie-Britannique, mais signalée aussi dans d'autres provinces. Par conséquent, les agents de police trouvent de plus en plus d'armes à feu chargées lorsqu'ils effectuent des descentes dans des sites de culture. Des propriétaires innocents sont parfois victimes d'hommes de main qui cherchent des installations de marihuana dans des voisinages susceptibles d'en abriter.

Résine de cannabis liquide

La résine de cannabis liquide (aussi connue sous le nom d'huile de cannabis, d'huile de marihuana et de haschich liquide) est fabriquée au Canada à partir de marihuana locale. Dans certaines régions du pays, il n'est pas rare de découvrir des installations de fabrication lors de descentes effectuées dans des sites de culture de marihuana.

Même si on produit de la résine de cannabis liquide au Canada, de six à huit tonnes de ce produit seraient importées annuellement de la Jamaïque. La moitié de cette drogue entre au pays par l'Aéroport international Lester B. Pearson à Toronto. Le reste est expédié par voie maritime ou terrestre par des trafiquants canadiens faisant affaire avec des courtiers installés en Jamaïque et en Floride. Les drogues arrivent la plupart du temps en Floride dans de petites embarcations, puis sont transportées par voie terrestre au Canada, surtout dans le sud de l'Ontario.

Les activités d'importation n'ont pas diminué même si la quantité totale de drogue saisie cette année est faible : 301 kilos en 2001 par rapport à 1 240 kilos en 2000 (où il y a eu une saisie de 900 kilos).

Haschich

Selon les analystes de la GRC, au moins 100 tonnes de haschich sont introduites au Canada chaque année. Des groupes de criminels organisés de Montréal se spécialisent dans l'importation de haschich à grande échelle et exercent un monopole sur la distribution en gros de cette drogue. Le marché du haschich dans le centre et l'est du Canada est connu dans le monde entier. Les criminels américains sont parmi les trafiquants internationaux qui orchestrent des envois de plusieurs tonnes de cette drogue du Pakistan à destination de Montréal par navire ravitailleur ou par conteneur. En 2001, des envois ont transité par les Émirats arabes unis, l'Afrique et l'Europe avant de parvenir au Canada. On importe également des chargements de plusieurs kilos de la Jamaïque par le biais de passeurs voyageant à bord de vols commerciaux.

En 2001, le nombre de saisies a considérablement diminué. Les consommateurs de haschich se tournent sans doute de plus en plus vers la marihuana. En fait, les services de police découvrent de moins en moins de haschich au cours de leurs enquêtes sur les drogues.

Le projet CHEVALIN, une enquête de la GRC à laquelle ont participé l'Agence des douanes et du revenu du Canada et divers services de police canadiens et étrangers, a pris fin en mai 2001 avec le démantèlement d'un réseau d'importation de haschich qui fournissait les organisations de la région de Montréal. D'octobre 1999 à février 2001, les saisies réalisées au Canada et à l'étranger ont atteint environ 3 600 kilos. Le haschich arrivait au Canada dissimulé principalement dans des conteneurs de fret aérien.

En août 2001, les autorités canadiennes à Halifax ont saisi plus de 3 000 kilos de haschich dissimulés dans la structure de conteneurs en provenance des Émirats arabes unis. Les importateurs de Montréal ont été arrêtés au mois de décembre.

Pour la première fois depuis 1998, une expédition par ravitailleur a été mise au jour à la suite de l'interception d'un voilier près des côtes de la Nouvelle-Écosse. En août 2001, plus de 2,5 tonnes de haschich ont été saisies. Selon les renseignements disponibles, ce groupe particulier avait déjà effectué une autre importation.

DROGUES SYNTHÉTIQUES

Le mouvement rave a popularisé la consommation de drogues à base d'amphétamines, notamment de la MDMA (ecstasy) et de nouvelles substances comme la kétamine et le GHB. Il a également ranimé l'intérêt pour des stimulants illicites courants comme la méthamphétamine. D'autres drogues à base d'amphétamines, notamment la MDA, sont produites et vendues comme de la MDMA. Les combinaisons de drogues synthétiques semblent également de plus en plus courantes.

Ecstasy (MDMA)

Le trafic et la consommation de la MDMA (Ecstasy) ont considérablement élevé le niveau de menace du marché des drogues synthétiques au Canada. Même si la production au pays est à la hausse, l'essentiel de l'ecstasy disponible sur le marché nord-américain provient des pays de l'Europe occidentale. Les groupes de criminels d'origine israélienne et néerlandaise détiennent encore le monopole du marché international de la MDMA, bien qu'il est à prévoir que les trafiquants internationaux d'autres drogues s'impliqueront davantage dans le marché de l'ecstasy. Il est de plus en plus fréquent que des trafiquants américains de moyenne envergure franchissent la frontière pour se procurer de la MDMA auprès de fournisseurs canadiens. Aux échelons supérieurs, des groupes du crime organisé des États-Unis se servent parfois du Canada comme point de transit des envois destinés aux villes américaines.

La quantité d'ecstasy saisie a monté en flèche, passant de quelques milliers de comprimés dans les années 1990 à près de deux millions en 2000 et en 2001. Les trafiquants utilisent de plus en plus des passeurs voyageant à bord de vols commerciaux, les services postaux et des conteneurs de fret aérien pour introduire en contrebande des envois importants au Canada. En mai 2001, on a saisi presque 860 000 comprimés d'ecstasy dans un conteneur de fret aérien qu'on disait contenir des draps.

Détournement de précurseurs chimiques et fabrication de drogues synthétiques

La production clandestine de drogues synthétiques semble être à la hausse au Canada. On découvre un nombre croissant de laboratoires fabriquant plus d'une drogue. On continue d'observer, en 2001, des laboratoires de production de MDMA et de MDA de plus en plus grands et complexes. Dernièrement, on a également remarqué des laboratoires multi-sites, où les différentes étapes de la production de drogues se déroulent sur plusieurs emplacements. L'augmentation du nombre d'achats suspects de précurseurs chimiques de fournisseurs légitimes est proportionnelle à l'accroissement du nombre de laboratoires clandestins au pays. Des rapports de renseignements montrent une augmentation subite des ventes au comptant de produits chimiques utilisés dans la production de MDMA, de MDA, de méthamphétamine et de GHB.

Le Canada travaille actuellement à l'élaboration d'un cadre de réglementation et d'un régime administratif visant à contrôler et à surveiller les précurseurs et autres substances souvent utilisés dans la production clandestine de substances contrôlées. On s'attend à ce que les règlements entrent en vigueur en 2002. Une fois que les mesures de réglementation seront mises en oeuvre, le Programme national de lutte contre le détournement de précurseurs chimiques permettra de freiner le détournement de produits chimiques vers les laboratoires clandestins. Sans ces mesures législatives au Canada, les trafiquants peuvent obtenir des produits chimiques ouvertement auprès de fournisseurs légitimes. En plus de contribuer à la prolifération des laboratoires clandestins au pays, cela a donné lieu au détournement de grandes quantités de produits chimiques de fournisseurs canadiens vers des laboratoires clandestins aux États-Unis.

Aux États-Unis, l'adoption de règlements plus sévères visant à limiter l'achat et la vente de pseudoéphédrine ainsi que des enquêtes à l'échelle nationale ciblant les trafiquants de pseudoéphédrine ont forcé les trafiquants de méthamphétamine à se trouver d'autres fournisseurs. Le Canada, qui ne dispose encore d'aucune mesure législative, est devenu un pays source important pour le détournement de pseudoéphédrine. Les organisations criminelles de souche moyen-orientale qui opèrent à la fois au Canada et aux États-Unis monopolisent le marché clandestin de la pseudoéphédrine. Elles transportent d'importantes quantités de pseudoéphédrine de l'autre côté de la frontière, jusqu'à d'immenses laboratoires de production de méthamphétamine en Californie.

Khat

Depuis des siècles, le khat (feuilles de l'arbuste Catha edulis) est cultivé et consommé dans les régions de l'Afrique de l'Est et de la Péninsule arabe. Utilisé en modération, le khat, qui se mâche, permet de soulager la fatigue et de couper l'appétit. Une consommation compulsive peut provoquer des comportements maniaques avec un délire de grandeur ou une psychose paranoïde parfois accompagnée d'hallucinations.

Le khat est importé au Canada par fret aérien et arrive principalement à l'aéroport international L.B. Pearson de Toronto à bord de vols provenant du Royaume-Uni, des Pays-Bas, de l'Allemagne et du Kenya. En 2001, les douanes canadiennes ont saisi près de 11 tonnes de khat, une hausse par rapport aux 8,6 tonnes saisies en 2000, aux 6,3 tonnes en 1999 et aux 7,3 tonnes en 1998. Des ressortissants britanniques et des criminels ayant des liens ethniques avec la Somalie, le Yemen et l'Éthiopie sont les principaux importateurs de khat.

DROGUES SAISIES AU CANADA : 1993-2001
(Poids en kilos à l'exception de l'ecstasy qui sont exprimés en doses)

  1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
Héroïne 153 85 128 83 95 105 88 168 74
Cocaïne 2 731 7 915 1 544 3 110 2 090 2 604 1 116 1 851 1 783
Ecstasy 1 221 10 222 68 496 400 000 <2 069 709 1 871 365
Marihuana (kg) 7 314 6 472 5 500 17 234 50 624 2 959 2 382 21 703 28 746
Marihuana(plants) 238 601 288 578 295 999 675 863 689 239 1 025 808 954 781 1 102 198 1 367 321
Hashish 56 721 36 614 21 504 25 155 6 118 15 924 6 477 21 973 6 677
Hashish liquide 669 659 663 805 824 852 434 1 240 397

SAISIES EFFECTUÉES PAR LA GRC, L'AGENCE DES DOUANES ET DU REVENU DU CANADA, LA SQ L'OPP ET LES ERVICES DE POLICE DE MONTRÉAL, LAVAL ET TORONTO

SAISIES À L'ÉTRANGER EN 2001 IMPLIQUANT LE CANADA

HÉROÏNE - 19 KG
COCAÏNE - 2 676KG
MARIHUANA - 3 224KG
ECSTASY - 234 000 unités
HASHISH - 253 KG
HASHISH LIQUIDE - 7KG
ARGENT
- 1 400 000 $US