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Situation au Canada drogues illicites - 2002

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Situation au Canada drogues illicites - 2002
Préparé par : Section de l’analyse du crime organisé
Sous-direction des analyses criminelles
Direction des renseignements criminels
Gendarmerie royale du Canada
Ottawa, juillet 2003

Table des matières

Avant-propos

Le présent rapport traite du trafic des drogues au Canada en 2002. Il est fondé sur l'information et les renseignements tirés des enquêtes et des saisies effectuées par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et divers services canadiens chargés de la lutte antidrogue.

Faits saillants 

  • Il arrive souvent que des trafiquants impliqués dans un complot d’importation de cocaïne, d’ecstasy ou de cannabis liquide contrôlent également diverses installations de culture de marihuana au Canada.
  • La culture de la marihuana continue de se répandre au pays. Les exportations de marihuana canadienne vers les États-Unis semblent à la hausse.
  • L’importation de cocaïne au Canada en quantités de centaines de kilogrammes se fait principalement par bateaux de plaisance ou de pêche alors que par les années passées, le conteneur maritime était le mode de contrebande préférée.
  • Les renseignements démontrent que l’offre et la demande en héroïne et en haschich n’ont guère changé depuis 2001 même si les saisies de ces substances ont considérablement diminué en 2002.
  • L’ecstasy continue de faire l’objet d’importations importantes depuis l’Europe, en particulier des Pays-Bas. Sa fabrication en laboratoires clandestins au Canada prend de l’ampleur.

Cocaïne

En 2002, quelque 3 573 kilogrammes de cocaïne ont été saisis au cours d’interceptions concernant le Canada : 1 886 kilogrammes au Canada même et 1 687 kilogrammes à l’étranger, mais destinés au marché canadien.

Principales saisies

  • En juin 2002, la GRC a déjoué les tentatives d’un groupe de Canadiens liés aux Hells Angels qui planifiaient d’importer 600 kilogrammes de cocaïne des Antilles. La drogue devait être acheminée par voilier jusqu’aux côtes de la Nouvelle-Écosse.
  • En février 2002, une cargaison de 800 kilogrammes de cocaïne destinée au Canada a été interceptée à Miami (Floride). La drogue avait été transportée de Colombie jusqu’en Jamaïque, puis aux Bahamas et enfin en Floride sur un bateau de pêche.
  • En septembre 2002, les autorités à l’aéroport Dorval de Montréal ont saisi 86 kilogrammes de cocaïne dissimulés dans des pare-chocs caoutchoutés pour bateaux importés du Mexique par une compagnie du Québec. L’examen des données sur les importations similaires donne à penser que 1 700 kilogrammes de cocaïne pourraient avoir été importés de cette manière au cours des deux dernières années.

Pays de transit

On a observé un changement l’an dernier dans les pays de transit. Si la Jamaïque reste le point de transit le plus fréquent, le Costa Rica, la Guyana et les îles antillaises de Sainte-Lucie, Saint-Martin, Trinité, Aruba et Curaçao servent plus souvent que par le passé de zones de transbordement.

Les États-Unis constituent un autre point de transit populaire pour les drogues à destination du Canada. Après leur arrivée aux États-Unis en provenance directe d’Amérique du Sud ou via les Antilles ou le Mexique, les cargaisons sont souvent acheminées par voie terrestre jusqu’au Canada. Les importateurs de drogue canadiens comptent aussi sur les trafiquants basés aux États-Unis pour les approvisionner en cocaïne. Sur les 3 573 kilogrammes de cocaïne saisis au total en 2002, quelque 1 860 kilogrammes avaient transité ou devaient transiter par les États-Unis avant d’arriver au Canada.

Techniques de contrebande

Les trafiquants rivalisent d’imagination pour dissimuler la drogue. En 2002, les autorités ont saisi de la cocaïne dans des boîtes de conserve contenant de l’igname, dans un piano, dans une citerne à propane et dans la structure d’un aéronef. Les passeurs continuent aussi de dissimuler de petites quantités dans leurs bagages, sur eux ou dans leur organisme (avaleurs).

On a saisi très peu de cocaïne dans des conteneurs maritimes en 2002, une situation qui s’explique par différents facteurs : le renforcement des mesures de sécurité aux points d’entrée un peu partout dans le monde, la mise en oeuvre au cours des deux dernières années de nouvelles mesures d’inspection dans tous les ports à conteneurs de Colombie, et deux grandes opérations policières qui ont perturbé les activités des réseaux bénéficiant de solides complicités internes dans les ports de Halifax et de Montréal.

En février, on a découvert 49 kilogrammes de cocaïne dans un conteneur au port de Halifax. Un importateur montréalais, un courtier de drogues montréalais et des travailleurs de quai du port de Halifax étaient à l’origine de ce complot. C’est ce même groupe montréalais qui est à l’origine de l’importation de 300 kilogrammes de cocaïne par aéronef privé de Jamaïque à Barrie (Ontario) en novembre 2001. L’information et les renseignements sur cette affaire montrent que les bateaux de plaisance et de pêche demeurent les moyens de transport de choix des trafiquants.

En 2002, on a saisi quelque 615 kilogrammes de cocaïne dans des livraisons de fret aérien, sur des voyageurs aériens et dans le service aéropostal. Des complicités internes dans les aéroports facilitent souvent l’entrée clandestine de drogues au pays. En 2002, une enquête a débouché sur l’arrestation d’un employé et du vice-président d’une entreprise de consignation de marchandises sous douanes travaillant à partir de l’aéroport de Dorval pour complot en vue d’importer de la cocaïne du Mexique. Le complot était l’oeuvre de membres du West End Gang, dont certains ont pu être accusés au Mexique dans le cadre de l’enquête.

Organisations trafiquantes

Les bandes de motards hors-la-loi et les groupes du crime organisé de souches italienne et colombienne sont toujours les plus actifs dans l’importation de cocaïne. D’autres groupes ont cependant tenté d’importer de grandes quantités de cocaïne au Canada, notamment les criminels d’origine antillaise et divers entrepreneurs canadiens.

Cocaïne saisie au Canada
(poids en kilogrammes)

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

7 915

1 544

3 110

2 090

2 604

1 116

1 851

1 783

1 886

Héroïne

Quelque 33 kilogrammes d’héroïne ont été saisis au Canada en 2002, soit beaucoup moins qu’en 2001 (74 kilogrammes) et 2000 (168 kilogrammes). Des organismes d’application de la loi étrangers ont également saisi 13 kilogrammes d’héroïne destinés au marché canadien. Malgré cette baisse des interceptions en 2002, les renseignements indiquent que les criminels planifient de nouvelles livraisons d’héroïne. La disponibilité et la pureté de l’héroïne n’ont pas changé et les prix demeurent stables.

Les groupes traditionnellement impliqués dans le trafic d’héroïne ont étendu leurs activités à d’autres substances, dont la marihuana, l’ecstasy et la méthamphétamine. Les énormes marges bénéficiaires dégagées par les autres drogues expliqueraient sans doute en partie cette expansion sur les nouveaux marchés

Asie du Sud-Est

Le 29 octobre 2002, trois ressortissants japonais ont été arrêtés en possession de 15 kilogrammes d’héroïne dissimulés dans 21 boîtes de thé vert. Les individus ont avoué avoir utilisé le même subterfuge pour importer de l’héroïne à Sydney (Australie) et Los Angeles. Le trio avait acheté la drogue au Cambodge. Un quatrième présumé complice a été arrêté plus tard à l’aéroport de Los Angeles alors qu’il s’apprêtait à faire entrer clandestinement de l’héroïne suivant la même tactique.

En janvier 2003, le bureau du FBI à New York a arrêté un trafiquant de drogue jouissant de vastes complicités parmi le crime organisé de souche asiatique de Vancouver, Toronto et New York. L’individu avait en sa possession 5 kilogrammes d’héroïne. Il semble que la drogue était destinée à la région torontoise. Les criminels organisés de souche asiatique de cette région impliqués dans le trafic d’héroïne sont liés à des trafiquants de la région new-yorkaise.

Amérique latine

L’héroïne latino-américaine est apparue aux États-Unis dans les années 1990 et sa popularité ne cesse de croître depuis. La Drug Enforcement Administration (DEA) estime que 86 % de l’héroïne consommée aux États-Unis vient d’Amérique du Sud.

On ne dispose que de peu d’information sur l’héroïne latino-américaine vendue sur le marché noir canadien. Jusqu’à 2001, les saisies d’héroïne provenant de cette région et destinée au Canada étaient négligeables. En 2002 cependant, 13 kilogrammes d’héroïne destinés au marché canadien ont été saisis en Amérique latine et 5 des 33 kilogrammes saisis au Canada provenaient de cette région. Jusqu’ici en 2003, on a déjà saisi à Vancouver 3 kilogrammes d’héroïne en provenance du Mexique. Les trafiquants ont l’expérience du trafic de cocaïne et peuvent utiliser les mêmes moyens, les mêmes itinéraires et les mêmes réseaux pour importer de l’héroïne.

Héroïne d’Asie du Sud-Ouest

Au cours de l’année 2002, les bureaux de liaison de la GRC en Asie du Sud-Ouest ont signalé une hausse continue des complots visant à introduire clandestinement de l’héroïne au Canada. Les trafiquants de drogue d’Asie du Sud-Ouest, notamment du Pakistan, d’Inde et d’Iran, continuent de se livrer au trafic d’héroïne en quantités variant de 100 gr à 3 kilogrammes. En juin 2002, les autorités de l’aéroport de Vancouver ont intercepté un passeur arrivant de l’Inde qui transportait 2,1 kilogrammes d’héroïne dissimulés dans la semelle de ses chaussures à plate-forme.

Héroïne et opium d’Afghanistan

Bien que la culture d’opium en Afghanistan ait temporairement baissé en 2001 et pour une partie de 2002, elle a déjà repris et on s’attend à ce que la récolte soit plus élevée que jamais. La culture s’étend maintenant à de nouveaux secteurs. Les renseignements révèlent que la guerre en Irak a perturbé les routes habituellement empruntées par le trafic d’héroïne. Il semblerait que les trafiquants utilisent des pays comme le Tadjikistan, l’Ouzbekistan, les ex-républiques soviétiques et particulièrement les pays d’Europe de l’Est, pour acheminer l’héroïne d’Asie du Sud-Ouest destinée aux marchés européen et nord-américain.

Origine de l’héroïne

En 2002, on a saisi 8,7 kilogrammes d’héroïne d’origine inconnue au Canada. Un ressortissant américain arrivant du Ghana a été intercepté à l’aéroport international Lester B. Pearson de Toronto en décembre avec 7,7 kilogrammes d’héroïne. Les trafiquants du Ghana peuvent transporter de la drogue en provenance d’Asie du Sud-Est ou du Sud-Ouest. On a aussi arrêté un voyageur qui s’apprêtait à entrer au Canada par la route en provenance des États-Unis avec 454 gr d’héroïne. Sans une analyse en profondeur, il est difficile de savoir avec exactitude si l’héroïne provient d’Amérique latine ou d’Asie du Sud-Est ou du Sud-Ouest.

Héroïne saisie au Canada (poids en kilogrammes)

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

85

128

83

95

105

88

168

74

33

Opium

L’opium continue d’entrer au Canada en provenance directe de plusieurs pays producteurs comme l’Iran, la Thaïlande et le Laos. La plus importante saisie — 21 kilogrammes — a été réalisée par la Section de la marine de Halifax le 27 juillet 2002; l’opium était dissimulé dans des capsules plongées dans des pots de cornichons importés légalement d’Iran et destinés à un distributeur de produits alimentaires de Toronto.

L’opium arrive aussi via l’Europe, notamment d’Allemagne et des Pays-Bas en 2002. La Bulgarie est apparue comme le pays d’origine de 2,6 kilogrammes d’opium dissimulés dans une valise à double fond. Plusieurs colis d’opium ont été expédiés d’Allemagne et des Pays-Bas par la poste. L’un d’entre eux, réceptionné au terminal du courrier international de la Région du Grand Toronto le 5 avril 2002, était particulièrement intéressant puisque la drogue était dissimulée dans deux oursons en porcelaine. Ce stratagème a déjà été observé et signalé dans des documents d’Interpol.

Opium saisi au Canada
(Poids en kilogrammes)
1997

1998

1999

2000

2001

2002

28

71

46

37

27

43

Marihuana

La culture de la marihuana n’est pas chose nouvelle au Canada. Elle est pratiquée depuis plusieurs décennies d’un océan à l’autre. Ce qui différencie la situation actuelle de celle qui prévalait dans les années 1960 et 1970, ce sont l’étendue de l’activité illégale, l’implication du crime organisé et la puissance de la drogue (THC).

Au cours des cinq dernières années, les organismes d’application de la loi canadiens ont saisi une moyenne annuelle de 1,1 million de plantes de marihuana, soit six fois plus qu’en 1993. Si l’on se fie aux saisies et au rendement moyen par plant, on estime la production annuelle actuelle à quelque 800 tonnes. Les enquêtes sur les installations de culture de marihuana représentent plus de la moitié des dossiers antidrogue de certains services de police. Il n’est plus rare de découvrir des installations de plusieurs milliers de plantes.

L’activité criminelle a atteint des niveaux qu’on pourrait qualifier d’épidémiques dans les provinces de la Colombie-Britannique, de l’Ontario et du Québec. Les interceptions sur les autoroutes, dans les gares routières et ferroviaires et dans les aérogares nationales montrent clairement que la C.-B. est en train de devenir une source de marihuana pour les provinces des Prairies et même l’Ontario.

En 1972, la Commission d'enquête LeDain sur l'usage des drogues à des fins non médicales concluait que « le marché canadien du cannabis est peu organisé, instable et, jusqu’à très récemment, la pègre ne s’y était guère infiltrée. » Aujourd’hui, presque chaque installation d’envergure est liée de près ou de loin au crime organisé. Même les cultivateurs indépendants finissent par faire affaire avec des organisations criminelles s’ils veulent grossir au-delà d’un certain point. Les bandes de motards hors-la-loi jouissaient par le passé d’une situation de quasi monopole sur les installations de culture de la marihuana; aujourd’hui, elles doivent composer avec la présence grandissante des organisations criminelles de souche asiatique dans certaines régions du pays.

Les progrès technologiques des années 1990 et le recours croissant aux techniques de clonage ont augmenté la puissance de la drogue. Si en 1965, la marihuana ayant un THC de 2 % était considérée de grande qualité, il n’est pas rare aujourd’hui d’en trouver avec un THC de 10 %. Dans une serre hydroponique optimale, on peut atteindre de manière constante une puissance d’environ 15 % avec des clones de qualité éprouvée.

La violence a toujours fait partie intégrante de la production, du trafic et de la distribution des drogues illégales et la marihuana ne fait pas exception à cet égard. Les organismes d’application de la loi s’accordent pour dire que les incidents violents sont à la hausse dans la plupart des régions du pays, même si cette hausse ne peut être quantifiée par des données précises pour le moment. Les violations de domicile, les vols de marihuana, les cambriolages, les agressions et les meurtres ne sont que quelques exemples des dangers présents dans l’univers du trafic de drogue. On signale également régulièrement des pièges de toutes sortes, installés pour dissuader d’éventuels voleurs de récolte.

Rentable, la culture de la marihuana est devenue un élément de base pour l’ensemble des groupes criminels. Les cibles des grandes enquêtes antidrogue sont très souvent impliquées dans la culture de la marihuana, même la marihuana ne faisait pas l’objet de l’enquête à l’origine. Les produits de la vente de la marihuana servent non seulement à s’enrichir, mais aussi à financer d’autres activités illicites comme l’importation d’ecstasy, de haschich liquide et de cocaïne.

L’exportation de la marihuana canadienne aux États-Unis est devenue une activité florissante partout au pays, mais surtout en C.-B., en Ontario et au Québec. Les saisies de marihuana destinée au sud de la frontière, des produits de la vente rapatriés vers le nord ou de la cocaïne importée grâce à cet argent le démontrent clairement. Ce trafic explique la présence d’importantes sommes en devises américaines au Canada. Certains trafiquants de marihuana se livrent au change sur le marché noir. D’autres font affaire avec des comptoirs de change peu scrupuleux qui prélèvent une prime pour convertir discrètement leur argent.

En dépit de cela, une grande partie de la marihuana disponible sur le marché américain provient toujours des États-Unis ou du Mexique. Le Canada est loin derrière le Mexique comme pays source des États-Unis, comme le montrent les données comparatives suivantes sur les saisies faites par l’U.S. Customs.

Saisies de marihuana par les douanes américaines (US Customs)
Année En provenance du Mexique

En provenance du Canada

2002 359 516 kg

9 888 kg

2001 361 845 kg

2 972 kg

2000 327 603 kg

2 235 kg

La perspective de profits élevés, le faible risque de détection et les sanctions relativement clémentes continuent d’attirer de nouveaux cultivateurs, rendant plus ardue la tâche des services policiers. Comme la marihuana est de loin la drogue illicite la plus populaire et la plus disponible, il est peu probable que la tendance actuelle change dans un avenir prochain.

Malgré une production nationale amplement suffisante, des groupes continuent à importer de la marihuana au pays. En 2002, près de 3 000 kilogrammes de marihuana étrangère ont été saisis au pays ou en route pour celui-ci. Certains de ces cas sont détaillés à la section intitulée « Résine de cannabis liquide » ci-après.

Marihuana saisie au Canada
  1994

1995

1996

1997

1998

Vrac (kg) 6 472

5 500

17 234

50 624

29 598

Plantes 288 578

295 999

675 863

689 239

1 025 808

 

Marihuana saisie au Canada
  1999

2000

2001

2002

Vrac (kg) 23 829

21 703

28 746

40 888

Plantes 954 781

1 102 198

1 367 321

1 275 738

Résine de cannabis liquide

La résine de cannabis liquide (aussi appelée huile de cannabis, huile de marihuana et huile de haschich) est produite au Canada à partir de marihuana de production locale. Dans certaines régions du pays, il n’est pas rare que la police découvre des installations de transformation lors des descentes effectuées dans les sites de culture de marihuana.

Outre la production nationale, on estime que six à huit tonnes de résine de cannabis liquide sont importées chaque année de Jamaïque, la moitié transitant par l’aéroport international Lester B. Pearson de Toronto. Le reste est importé par voie maritime et terrestre par des trafiquants canadiens qui font affaire avec des courtiers basés en Jamaïque ou en Floride. La drogue est le plus souvent acheminée en Floride sur de petits bateaux puis transportée par voie terrestre jusqu’au Canada, surtout vers le sud de l’Ontario.

Le 28 mai 2002, à Negril, la Police jamaïquaine a découvert 454 kilogrammes de haschich liquide dans la citerne d’un voilier en partance pour la Nouvelle-Écosse. En juin 2002, un voilier parti de Jamaïque était intercepté en Floride avec une cargaison de 355 kilogrammes de haschich liquide et 346 kilogrammes de marihuana destinés à l’Ontario.

Toujours en juin 2002, agissant sur des informations, les policiers de Thunder Bay ont localisé 204 kilogrammes d’huile de haschich arrivés de Jamaïque via la Floride fin 2000. L’organisation criminelle à l’origine de la cargaison saisie en Floride en juin 2002 est liée à cette affaire.

En août, dans le port de Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, les autorités ont trouvé dans le faux compartiment d’un conteneur vide 1432 kilogrammes de marihuana et 72 kilogrammes d’huile de haschich. Des conteneurs semblables avaient été interceptés quelques semaines plus tôt aux îles Caïmans.

Résine de cannabis liquide saisie au Canada
(poids en kilogrammes)
1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

659

663

805

824

852

434

1 240

397

1 107

Haschich

En 2002, les saisies de haschich au Canada ont totalisé quelque 735 kilogrammes. Deux grandes cargaisons destinées au marché canadien ont par ailleurs été signalées : la première de 1 000 kilogrammes au Pakistan; la seconde de 1 804 kilogrammes en Tanzanie. Bien qu’il s’agisse là du niveau le plus bas en 20 ans, la GRC ne croit pas qu’elle traduise une baisse proportionnelle de l’offre et de la demande. De toute évidence, de plus en plus de consommateurs de haschich se tournent vers la marihuana et la demande devrait baisser au fil des années. Cette situation est plus certainement attribuable au renforcement des mesures de sécurité dans le monde et à la perturbation des deux grandes organisations qui en facilitent l’importation par les ports de Montréal et Halifax. Les renseignements indiquent cependant que les trafiquants continuent de planifier l’importation de cargaisons de plusieurs tonnes. En janvier 2003, les douaniers du port de Halifax ont trouvé plus de 10,5 tonnes de haschich dans un conteneur maritime. La drogue était dissimulée parmi une cargaison d’aliments pour chats en provenance du Pakistan.

Les livraisons d’un ou plusieurs kilos sont généralement transportées par des passeurs voyageant sur les lignes aériennes commerciales en provenance des pays producteurs. Pour les quantités plus importantes, les importateurs ont recours au fret aérien. En février, on a ainsi intercepté à Vancouver 50 kilogrammes de haschich arrivant d’Inde dans un chargement de meubles. En mars, les autorités pakistanaises ont saisi 1 000 kilogrammes de haschich dissimulés dans une cargaison de ballons de football en partance pour l’aéroport international Lester B. Pearson de Toronto.

À l’été 2002, un importateur majeur de drogues oeuvrant dans le port de Montréal a reconnu avoir participé à sept opérations d’importation de drogue entre décembre 1999 et février 2001, pour un total de 34 tonnes de haschich (dont 25 ont été saisies) et 265 kilogrammes de cocaïne. Ses complices dans le port récupéraient pour lui les conteneurs transportant la drogue qui arrivaient au port de Montréal. Cet individu est en prison depuis son arrestation dans le cadre de l’opération PRINTEMPS 2001.

En juillet 2002, un groupe criminel actif au port de Halifax a été arrêté au terme d’une opération policière menée dans les provinces de l’Ontario, du Québec et de la Nouvelle-Écosse. À l’instar de l’organisation mentionnée ci-haut, ce groupe de travailleurs de quai facilitaient, contre rétribution, le retrait de marchandises de contrebande dissimulées dans des conteneurs maritimes. Au cours des fouilles subséquentes, la police a découvert 364 kilogrammes de haschich dans le garage d’un des suspects.

Haschich saisi au Canada
(poids en kilogrammes)
1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

36,614

21,504

25,155

6,118

15,924

6,477

21,973

6,677

735

DROGUES SYNTHÉTIQUES

Contexte

L’explosion du commerce international de MDMA (ecstasy) s’est grandement fait ressentir au Canada. Au cours des quatre dernières années, le commerce illicite de drogues synthétiques est devenu une des préoccupations majeures dans la lutte antidrogue au pays. La popularité de la MDMA dans la culture rave de la fin des années 1990 a suscité un intérêt accru pour les substances synthétiques communes et nouvelles.

Offre et demande

Au cours de la dernière décennie, la consommation de MDMA et autres drogues de club était surtout associée aux raves, devenant ainsi partie intégrante de cette culture. Au cours des dernières années cependant, la consommation de drogues synthétiques s’est élargie aux soirées privées et a fait son entrée dans les écoles. Au Canada, les adolescents et les jeunes adultes continuent d’être les principaux consommateurs d’ecstasy et autres drogues de club, même si on observe une hausse de la consommation chez les adultes. On a aussi observé une résurgence de la consommation de méthamphétamine chez les jeunes, ainsi qu’une utilisation croissante dans la population adulte en raison de la disponibilité et du prix relativement bas de cette drogue. Cette tendance vaut surtout pour l’Ouest du Canada, notamment l’Alberta et la Colombie-Britannique.

Les amateurs d’ecstasy consomment à leur insu plusieurs drogues puisque les analyses chimiques révèlent que l’ecstasy vendue comme « pure » est en fait en grande partie un mélange d’une ou de plusieurs autres drogues. Il arrive même que l’ecstasy soit totalement absente de la composition. La MDA et la méthamphétamine sont les deux substances les plus répandues dans les échantillons analysés. Les autres drogues substituées ou mélangées à la MDMA sont l’éphédrine, la pseudoéphédrine, la caféine, la phencyclidine, la kétamine, la cocaïne, le dextrométhorphane, la codéine et l’amphétamine.

Parmi les drogues synthétiques qui ont fait leur apparition plus récemment sur le marché illicite, citons le gamma-hydroxybutyrate (GHB), un neurodépresseur ayant des propriétés sédatives et, à une certaine dose, des propriétés anesthésiques. Le GHB est aussi beaucoup associé à la culture des clubs et pose bien des problèmes au Canada. Malgré le démantèlement d’importants réseaux de trafic de GHB par la police canadienne, on continue de signaler une hausse de la consommation volontaire et involontaire de cette substance. En mars 2002, la police provinciale de l’Ontario a démantelé une importante opération d’emballage et d’expédition de trousses de fabrication de GHB. Elle a également saisi 1 200 litres de GBL (gamma-Butyrolactone), principal précurseur servant à la fabrication de GHB. À elle seule, cette quantité aurait permis de produire deux millions de doses de GHB. En septembre 2002, une enquête menée conjointement par la GRC et la DEA a débouché sur l’arrestation de 115 personnes et des perquisitions dans 84 villes. Un groupe de Québec avait vendu une importante quantité de trousses de fabrication de GHB sur Internet.

Production nationale et importations

À l’exception des stéroïdes anabolisants et du LSD, les laboratoires clandestins au pays ont toujours produit suffisamment de substances pour alimenter le marché illicite de drogues synthétiques. Avant les années 1990, le LSD et les stéroïdes anabolisants étaient les seules drogues synthétiques importées en milliers de doses et plus. Au cours des cinq dernières années, une quantité record de drogues synthétiques — notamment de l’ecstasy — a été importée ou a transité par le Canada. La plupart de la MDMA vendue au Canada et aux États-Unis est produite aux Pays-Bas et, dans une moindre mesure, en Belgique et en Allemagne. Au Canada, les principaux points d’entrée de l’ecstasy demeurent les aéroports internationaux de Vancouver, Toronto et Montréal. L’aéroport international de Calgary constitue un point d’entrée secondaire.

ECSTASY SAISIE AU CANADA (en doses ou unités)
1998

1999

2000

2001

2002

68,496

400,000

2,069,709

1,871,627

1,783,620

L’importation en vrac d’ecstasy se fait principalement par fret aérien et, dans une moindre mesure, par fret maritime. Des petites et de moyennes quantités sont amenées au Canada par des passagers aériens ou sont envoyées par des services de messagerie ou par le système postal. La quantité de MDMA interceptée aux points d’entrée canadiens a bondi, passant de plusieurs milliers dans les années 1990 à plus de 2 millions en 2000 et près de 1,9 million en 2001 et 1,8 million en 2002.

Malgré la prédominance de l’ecstasy importée, la production nationale de MDMA (et de son analogue la MDA) a énormément augmenté au cours des quatre dernières années. La plupart des laboratoires clandestins sont situés en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique. On observe aussi depuis peu des laboratoires multidrogues — MDMA et MDA ou méthamphétamine — et des installations multisites servant aux différentes étapes de production de la drogue. De plus en plus grandes et sophistiquées, ces installations vont des bâtiments ruraux aux logements urbains en passant par les établissements commerciaux.

Laboratoires clandestins de MDMA démantelés au Canada

1998

1999

2000

2001

2002

2

9

6

8

11

Parallèlement à la production nationale d’ecstasy, le nombre de laboratoires clandestins de production de méthamphétamine s’est accru au Canada au cours des dernières années. Cela s’observe particulièrement en Alberta. Conséquemment, la disponibilité de la méthamphétamine a bondi dans cette province et s’étend des principaux centres urbains aux cités-dortoirs et régions rurales.

Laboratoires clandestins de méthamphétamine démantelés au Canada

1998

1999

2000

2001

2002

2

14

24

13

25

Il arrive que de la méthamphétamine soit importée au Canada, généralement en petites quantités et en vrac. Pourtant, en juin 2002, des douaniers du port de Vancouver ont découvert 96 kilogrammes de méthamphétamine dissimulés parmi une cargaison de meubles arrivés de Chine dans des conteneurs.

Bien que les laboratoires clandestins au pays servent à approvisionner le marché canadien en drogues synthétiques, des éléments montrent qu’il existe aussi un trafic transfrontalier du Canada vers les États-Unis. Des groupes criminels basés aux États-Unis importent des cargaisons d’ecstasy, soit directement d’Europe ou via un transbordement aux Antilles, au Mexique ou au Canada. On soupçonne aussi certains groupes criminels canadiens de produire de l’ecstasy pour ensuite l’exporter aux États-Unis.

Précurseurs chimiques

Le détournement de précurseurs chimiques est un vieux problème lié directement à la production de drogues synthétiques illicites. Au cours des quatre dernières années, la situation s’est aggravée; désormais, il ne s’agit plus d’un trafic national, mais bien international. Le noeud du problème réside dans la quantité considérable de pseudoéphédrine de source canadienne qui est détournée vers les États-Unis, notamment pour être utilisée dans les « super laboratoires » de méthamphétamine dirigés par des réseaux de trafiquants mexicains en Californie. Jusqu’à tout récemment, l’absence de contrôle réglementé des substances chimiques au Canada facilitait la contrebande internationale et le trafic transfrontalier.

La réglementation canadienne pour le Contrôle des précurseurs et d'autres substances couramment utilisés dans la fabrication illicite de substances contrôlées est entrée en vigueur le 9 janvier 2003. Et on s’attend à ce qu’elle ait un impact positif à long terme.

Le Programme national de lutte contre le détournement de précurseurs chimiques en place depuis les années 1980 a engendré une collaboration étroite avec l’industrie chimique afin d’empêcher et de réduire le détournement de précurseurs. Ce programme et les efforts de sensibilisation et d’enquête antidrogue qui en découlent sont considérés comme un atout majeur dans la lutte au détournement de précurseurs au Canada et ailleurs dans le monde, notamment aux États-Unis.

Trafiquants de drogues synthétiques

Le lucratif commerce des drogues synthétiques attire une myriade de trafiquants, allant d’entrepreneurs individuels aux réseaux criminels organisés en passant par des groupes criminels non structurés. Concernant l’importation d’ecstasy, les organisations criminelles israéliennes, russes et néerlandaises dominent le commerce international. Depuis peu cependant, ils font face à l’émergence d’autres groupes criminels bien structurés de ressortissants dominicains, asiatiques et d’Europe de l’Est. Les groupes du crime organisé de souche asiatique sont devenus très actifs dans le trafic d’ecstasy produite localement ou importée.

Les groupes du crime organisé impliqués dans la production nationale de MDMA et de méthamphétamine varient d’une région à l’autre. Dans l’Ouest canadien, il s’agit davantage de groupes criminels canadiens en général. Les groupes criminels organisés de souche asiatique ou autres sont, eux, de plus en plus impliqués dans la production de drogues synthétiques en Ontario et au Québec. Bien que les Hells Angels soient toujours actifs dans la production, la distribution et le trafic de drogues synthétiques au Canada, ils semblent plus présents dans l’Ouest.

Khât

Le khât (Catha edulis en latin) est légal dans plusieurs pays comme la Somalie, le Yémen, l’Éthiopie, L’Érythrée et en Grande-Bretagne où il peut être légalement importé, distribué, consommé et exporté. Au Canada par contre, le khât est une substance contrôlée figurant à l’Annexe IV de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances (LDS).

Les saisies de khât ont totalisé plus de 20 tonnes en 2002, soit près du double de 2001. Elles sont en constante augmentation depuis les cinq dernières années. La substance est généralement expédiée en paquets enveloppés dans des sacs de plastique ou des feuilles de bananier pour conserver son humidité et sa fraîcheur. Elle est généralement dissimulée dans les bagages de voyageurs, envoyée par messagerie express (UPS, DHL, etc.) ou par fret aérien sous une fausse déclaration de produit alimentaire. La plupart des expéditions arrivent à l’aéroport international Lester B. Pearson de Toronto.

En mars 2002, on a découvert 470 kilogrammes de khât dans un conteneur de fret aérien en provenance du Royaume-Uni. Le khât est aussi expédié par voie postale, comme dans le cas de ces 21 kilogrammes envoyés d’Afrique à Winnipeg (Manitoba). On a aussi saisi deux cargaisons d’environ 260 kilogrammes chacune : l’une arrivée le 8 août 2002 à l’aéroport de Dorval en provenance du Royaume-Uni; l’autre arrivée le 18 octobre 2002 à l’aéroport de Toronto en provenance des Pays-Bas sous une fausse déclaration de fleurs.

La consommation du khât pourrait s’étendre bien au-delà des traditionnels usagers pour toucher des jeunes avides d’expérimenter autre chose que des drogues chimiques. Comme l’importation du khât est illégale, les experts craignent de voir surgir de nouvelles méthodes de dissimulation comme la transformation du produit en poudre, ce qui faciliterait sa dissimulation tout en augmentant sa puissance.

Khât saisi au Canada
(poids en kilogrammes)
1998

1999

2000

2001

2002

6 644

5 368

8 645

10 995

17 700

 

DROGUES SAISIES AU CANADA : 1994 - 2002
(Poids en kilos à l'exception de l'ecstasy qui sont exprimés en doses)
  1994

1995

1996

1997

1998

Héroïne 85

128

83

95

105

Cocaïne 7,915

1,544

3,110

2,090

2,604

Ecstasy
1,221

10,222

68,496

Marihuana (kg) 6,472

5,500

17,234

50,624

29,598

Marihauna (plantes) 288,578

295,999

675,863

689,239

1,025,808

Haschich 36,614

21,504

25,155

6,118

15,924

Liquid Haschich 659

663

805

824

852

 

DROGUES SAISIES AU CANADA : 1994 - 2002
(Poids en kilos à l'exception de l'ecstasy qui sont exprimés en doses)
  1999

2000

2001

2002

Héroïne 88

168

74

33

Cocaïne 1 116

1 851

1 783

1 886

Ecstasy 400 000

2 069 709

1 871 627

1 783 620

Marihuana (kg) 23 829

21 703

28 746

40 888

Marihauna (plantes) 954 781

1 102 198

1 367 321

1 275 738

Haschich 6 477

21 973

6 677

735

Liquid Haschich 434

1 240

397

1 107

Saisies faites par la GRC, l’Agence des douanes et du revenu du Canada, la Sûreté du Québec, la police provinciale de l’Ontario (OPP) et des services de police municipaux de Montréal, Laval et Toronto


Saisies faites à l'étranger en 2002 et concernant le Canada

Héroïne

13 kg

Cocaïne

1 687 kg

Marihuana

23 kg

Ecstasy

312 191 units + 169 kg

Haschich

2 807

Liquid Haschich

463 kg

 

 

 

 

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