Le Quotidien
Le vendredi 23 février 2007

Étude : Tendances récentes de la production et de l'emploi

2006

Plusieurs raisons économiques et statistiques expliquent pourquoi la productivité du travail a ralenti l'an dernier, selon une nouvelle étude.

L'étude examine les raisons de l'une des grandes tendances économiques de 2006, soit le ralentissement de la croissance de la production, qui s'est accompagné de hausses constantes au chapitre de l'emploi.

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De façon générale, la production dépasse la croissance de l'emploi de plus de 1 %, ce qui reflète la tendance à la hausse de la productivité. La convergence de la production et des hausses de l'emploi à la fin de 2006 indique un ralentissement de la croissance de la productivité. Cette étude tente de clarifier pourquoi cette situation s'est produite.


Note aux lecteurs

Lorsque cet article fait référence à la productivité, il désigne le produit intérieur brut (PIB) par heure travaillée dans le secteur des entreprises, plutôt que la production par employé.

À moins d'indications contraires, les données sur l'emploi du présent document sont tirées de l'Enquête sur la population active. La production totale fait référence au PIB réel global, incluant tant le secteur des entreprises que le secteur non commercial.


Un certain nombre de raisons en ressortent. D'abord, à l'échelle nationale, la croissance est passée dans les industries où la productivité a diminué, notamment les mines. De nombreuses industries, particulièrement dans l'Ouest canadien, font face à des pénuries de main-d'oeuvre.

Par ailleurs, les employeurs ont recruté du personnel moins qualifié et ont consacré davantage de temps à la formation des employés. Enfin, un plus grand nombre d'industries ont été touchées par des événements ponctuels l'an dernier, comme les interruptions dans le secteur minier et les températures hivernales élevées record, qui ont réduit la production.

Les analystes utilisent les concepts de production par employé et de productivité du travail de façon interchangeable. Cependant, il existe des différences qui peuvent entraîner une divergence entre ces séries au fil du temps.

Fait très important à noter, les données officielles sur la productivité du travail concernent uniquement le secteur des entreprises, qui exclut les 15 % du produit intérieur brut (PIB) dans le secteur non commercial. De plus, la productivité est calculée comme étant la production par heure travaillée, et non la production par employé.

Contexte cyclique

La production ralentit fréquemment par rapport à la croissance de l'emploi pendant de courtes périodes à l'extérieur des périodes de récession. Aussi récemment qu'en 2002 et qu'en 2003, la croissance de la production a été bien inférieure à celle de l'emploi, et ce, pendant une plus longue période qu'en 2006.

En fait, l'écart entre la croissance de la production totale et celle de l'emploi s'est rétréci plus souvent qu'il s'est élargi depuis la reprise économique à la fin de 2001.

La croissance d'une année à l'autre de la production par employé a été négative pendant 14 des 26 mois entre juillet 2001 et août 2003. La croissance de la production a difficilement suivi celle de l'emploi la plupart du temps : se situant à un niveau inférieur à la fin de 2001, prenant à peine les devants en 2002, et retombant encore une fois pendant presque toute l'année 2003.

Ce n'est qu'en 2004 et qu'en 2005 que la croissance de la production a été de toute évidence supérieure aux hausses d'emploi, indiquant une croissance positive de la productivité du travail. Même dans ce cas, les hausses de productivité ont été de loin inférieures à celles enregistrées en 1999 et en 2000. En d'autres mots, la convergence des deux encore une fois à la fin de 2006 n'est pas un phénomène très nouveau.

Il n'est pas non plus inhabituel pour l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de subir deux années (ou plus) de faible croissance de productivité. Seulement depuis 2000, 10 des 29 pays de l'OCDE pour lesquels des données sont disponibles ont vécu une telle situation. Fait intéressant, la Norvège et l'Australie enregistrent présentement une faible ou aucune croissance de la production par employé; tout comme le Canada, les deux pays ont d'importantes ressources naturelles. Ces dernières sont la source de la plus grande partie du ralentissement de la productivité au Canada.

Tendances par industrie

Une analyse plus détaillée des industries du secteur producteur de biens révèle que la plupart des industries ont affiché une productivité plus faible au cours des trois premiers trimestres de 2006. La production par heure travaillée a régressé de près de 10 % dans le secteur des ressources, qui a représenté à lui seul une diminution d'un point de pourcentage entier de la croissance de la productivité en 2006. Le secteur minier a été principalement à l'origine de cette baisse. La production dans ce secteur a augmenté lentement, alors que l'emploi a connu une hausse vertigineuse de plus de 10 %, soit la hausse la plus forte observée parmi toutes les industries en 2006.

La diminution de la productivité dans le secteur minier constatée en 2006 reflète une partie de la tendance à la baisse à long terme. La productivité à la baisse des puits conventionnels ainsi que le mouvement vers une productivité plus faible dans les sables bitumineux se traduisent par une réduction de 25 % de la productivité du travail dans le secteur minier depuis le sommet atteint en 1999. Cette baisse reflète essentiellement une hausse de 60 % de l'emploi dans le secteur du pétrole et du gaz, laquelle est survenue principalement en Alberta. La hausse de l'emploi dans le secteur minier a été principalement attribuable à l'exploitation des sables bitumineux, des milliers de travailleurs ayant été recrutés pour des mégaprojets, lesquels ne permettront pas la production de pétrole avant des années.

De plus, les industries minières excluant le pétrole et le gaz se trouvent de plus en plus dans des régions éloignées du pays ou exigent des creusements plus profonds dans l'écorce terrestre. Le meilleur exemple est les mines de diamants, lesquelles se situent actuellement uniquement dans les Territoires du Nord-Ouest.

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Une partie de la baisse de la productivité observée dans les mines métallifères s'explique par l'épuisement des sources les plus productives, comme cela a été le cas dans le secteur d'extraction conventionnelle de pétrole et de gaz. Les sources d'exploitation aurifère, qui constituent l'exemple le plus manifeste, ont vu leur production annuelle se réduire de façon continue depuis 2001, notamment au cours des deux dernières années où elle a connu un déclin de 25 % (malgré la hausse des prix). Plusieurs des industries minières les plus importantes ont connu des difficultés au chapitre de la production l'an dernier. Aucun de ces problèmes n'a refait surface jusqu'à maintenant en 2007, ce qui fait qu'on devrait s'attendre à une certaine reprise de la productivité.

La production par employé a diminué dans le secteur de la fabrication en 2006, après avoir connu deux années de croissance. Jusqu'à maintenant au cours de la présente décennie, les usines sont demeurées bien en deçà des hausses de productivité remarquables qu'elles avaient connues au cours de la période d'essor des technologies de pointe à la fin des années 1990.

La baisse de la productivité dans le secteur de la fabrication en 2006 est le résultat d'une chute de la production, laquelle a entraîné l'utilisation de la capacité à la baisse. (L'utilisation de la capacité est le principal facteur déterminant de la productivité à court terme.) La production manufacturière a diminué de 4,8 % au cours des 10 premiers mois de 2006 (ayant enregistré une légère reprise à la fin de l'année). La productivité a habituellement tendance à faiblir pendant les périodes de contraction.

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Dans l'ensemble, la production par employé dans les services a échappé au ralentissement important enregistré pour les biens. Plusieurs industries ont affiché une croissance solide, et plus particulièrement celles liées à la consommation, qui ont profité de la vigueur de la demande. Toutefois, la croissance a été ralentie par l'importance plus grande des services publics et des services aux entreprises, où la croissance de la productivité est limitée par définition.

La qualité de la main-d'oeuvre a diminué

Plusieurs mesures montrent une diminution de la qualité de la main-d'oeuvre, particulièrement dans l'Ouest canadien, où les employeurs font face à des pénuries graves. L'emploi a augmenté plus rapidement l'an dernier pour les segments les plus jeunes et les plus âgés de la population (les segments les moins productifs) que pour les travailleurs dans la force de l'âge (entre 25 ans et 54 ans).

Dans l'ensemble du pays, l'emploi a progressé plus rapidement chez les personnes âgées de 55 ans et plus (+6,7 %) et les jeunes (+1,5 %) que chez les travailleurs d'âge moyen (+1,4 %). En raison de la demande accrue, le taux de chômage chez les jeunes a atteint un creux sans précédent de 9,7 % en décembre dernier, et les taux d'emploi et d'activité sur le marché du travail chez les personnes âgées de 55 ans et plus ont également atteint des sommets.

Les pénuries ont forcé les employeurs de l'Alberta et de la Colombie-Britannique à se tourner davantage vers les travailleurs plus jeunes et plus âgés pour combler les postes. En Alberta, la hausse a été la plus marquée chez les jeunes, tandis que la Colombie-Britannique a davantage compté sur des travailleurs plus âgés.

En Alberta, les personnes ayant fait des études secondaires ou ayant un niveau inférieur d'études ont été à l'origine de plus de la moitié de la croissance de l'emploi en 2006. Il s'agit du niveau le plus élevé jamais atteint, ainsi que d'un changement important par rapport aux années 1990, pendant lesquelles les employeurs affichaient une préférence marquée pour les personnes ayant un niveau d'études supérieur au secondaire.

L'investissement des entreprises indique une meilleure croissance de la productivité. Entraînées par des bénéfices record, les entreprises ont augmenté leurs mises de fonds de 10 % au cours de chacune des trois dernières années.

Il est rare que la productivité diminue pendant une période prolongée lorsque les investissements sont en expansion. Cela laisse entrevoir un rebond de la croissance de la productivité à court terme, et laisse présager que la baisse actuelle ne sera pas aussi prolongée qu'en 2002 et qu'en 2003. Un des facteurs qui peut expliquer la divergence entre la productivité et les investissements en 2006 est qu'une part importante de ces derniers a été attribuable au secteur de l'énergie, où les retombées sous forme de production plus grande ne se matérialiseront que plus tard.

La principale question pour le moment n'est pas de déterminer si la production a connu un ralentissement par rapport à l'emploi, mais plutôt si ce ralentissement est transitoire et attribuable à des facteurs temporaires (liés à des événements comme la température, d'autres interruptions de production ou le transfert soudain de ressources à de nouvelles industries et régions) ou représente le début d'une baisse à plus long terme de la productivité, en raison d'une pénurie de main-d'oeuvre, d'une population active vieillissante et de changements structurels dans l'économie.

Définitions, source de données et méthodes : numéros d'enquête, y compris ceux des enquêtes connexes, 1402, 1901, 3701 et 5042.

L'étude «Tendances récentes de la production et de l'emploi», qui fait partie de Comptes des revenus et dépenses - Série technique (13-604-MIF2007054, gratuite), est maintenant accessible à partir du module Publications de notre site Web.

Pour obtenir des renseignements ou pour en savoir davantage sur les concepts, les méthodes et la qualité des données, communiquez avec Philip Cross au 613-951-9162 (oec@statcan.ca), Groupe de l'analyse de conjoncture.


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