Le Quotidien
Le jeudi 12 avril 2007

Étude : Revue de fin d'année de l'économie

2006

En rétrospective, le fait le plus surprenant de l'économie canadienne l'an dernier n'a pas été le ralentissement de la croissance en raison de l'augmentation rapide des prix du pétrole et de l'éclatement de la bulle du secteur du logement aux États-Unis, selon une revue de fin d'année de l'économie.

Ce qui a été le plus surprenant c'est que tant de gens aient continué à sous-estimer la capacité de réaction et d'adaptation des Canadiens face à des changements rapides ou à des circonstances inattendues, selon la revue.

Le thème qui ressort le plus est la capacité d'adaptation des Canadiens face à l'évolution rapide de leur économie. L'exemple le plus frappant est la migration accrue de la population vers l'Alberta, province riche en pétrole, au cours de la dernière année.

L'étude, publiée aujourd'hui dans le numéro en ligne de L'observateur économique canadien, conclut que le rôle prédominant de l'Alberta dans la croissance économique est le plus grand événement économique de l'année.

Si l'on regarde plusieurs années en arrière, on peut voir que l'économie a subi un certain nombre de chocs qui, par le passé, auraient très bien pu provoquer un ralentissement de l'activité, voire une récession. On observe plutôt un régime de croissance remarquablement stable depuis 2003.

Le produit intérieur brut réel s'est élevé de 2,7 %, soit un peu moins que les 2,9 % enregistrés en 2005, malgré un ralentissement au milieu de l'année. Ce taux de croissance est exactement le même que la croissance moyenne annuelle depuis 2003.

On s'étonnera encore plus que le ralentissement ait été si modeste l'an dernier si on considère que les sujets d'inquiétude et les menaces appréhendées en matière économique, notamment le fort ralentissement du marché de l'automobile et du marché de l'habitation.

Ce n'est toutefois pas la première fois que les menaces qui pèsent sur la croissance ne font pas dérailler l'économie. Dans la dernière décennie seulement, l'économie a survécu à des chocs, soit à l'effondrement du Long-Term Capital Management et à la crise financière en Asie et en Russie vers la fin des années 1990, selon l'étude.

L'économie a aussi survécu à l'éclatement de la bulle de la haute technologie (qui a provoqué le pire marché baissier pour les actions depuis la grande dépression), aux attentats terroristes du 11 septembre 2001, aux guerres qui persistent au Moyen-Orient, à la montée du taux de change et à la hausse du prix des produits de base.

Le secteur des ressources en plein essor

Les cours des produits de base en sont à leur cinquième année d'essor. À l'origine, le facteur ayant entraîné cet essor avait été la montée des cours de l'énergie. Les métaux ont pris le relais, et leurs cours ont été portés à des niveaux record l'an dernier.

Les métaux communs (le cuivre, le nickel, le zinc et le minerai de fer) ont été en tête de mouvement, déclassant leurs plus illustres cousins, des métaux précieux comme l'or et l'argent. Cela reflète une forte demande en raison de l'expansion industrielle de pays en développement comme la Chine. Un indicateur de la force des mines est qu'il s'agit du seul secteur d'activité dont l'emploi a crû dans chaque province l'an dernier.

L'exploitation des sables bitumineux du nord de l'Alberta demeure la grande tendance dans le secteur de l'énergie. Il s'agit d'une tendance qui refait la carte économique de notre pays. Les entreprises ont continué à cultiver de tels investissements, lesquels ont triplé depuis le début de la flambée des cours du pétrole en 2003, pour passer de 5,2 milliards de dollars à une valeur de 16,1 milliards de dollars en 2007, selon les prévisions.

Les effets économiques de l'exploitation des sables pétrolifères se font sentir partout en Alberta. Cette province a connu des performances record successives dont la croissance la plus rapide des ventes au détail jamais observée dans une province (+16,2 %), la montée la plus importante des permis de construire et de la construction non résidentielle (3,6 milliards de dollars et 1,1 milliard de dollars respectivement), le taux de chômage le plus bas (3,4 %) et la plus grande migration interprovinciale nette jamais enregistrée.

Le nombre de chômeurs en Alberta (66 800 personnes) était le plus faible en termes absolus depuis 1981, malgré une croissance démographique de près d'un million de personnes (+47 %) au cours du dernier quart de siècle. La hausse de 4,8 % de l'emploi en Alberta est la meilleure croissance observée dans l'ensemble des provinces en près d'une décennie.

C'est à l'Alberta qu'on peut attribuer une croissance plus rapide de l'emploi et des ventes au détail au Canada qu'aux États-Unis. En fait, sans l'Alberta, la croissance dans le reste du Canada aurait été légèrement devancée par les États-Unis dans ces deux domaines.

La grande marche vers l'Ouest

L'Alberta s'affirme de plus en plus comme pôle d'attraction pour les habitants de toutes les provinces. Son accroissement démographique net a été de 57 105 personnes par la migration interprovinciale. Il s'agit du plus grand mouvement de population vers une province depuis 1972.

Cette marche vers l'Ouest s'est nettement accélérée depuis deux ans à mesure que se répandait la nouvelle de la prospérité albertaine. Après un apport net moyen de 11 000 personnes seulement en 2003 et en 2004, l'entrée nette a été de 34 423 en 2005 avant même que le présent sommet ne soit atteint l'an dernier. Au cours de la dernière décennie, l'accroissement net par la migration interprovinciale de 285 620 habitants équivalait à 10 % de toute la population de l'Alberta en 1996 et à près de la moitié de sa croissance de 600 600 personnes.

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Au cours de n'importe quelle autre année, la Colombie-Britannique aurait eu la vedette. Dans cette province, l'emploi a crû de 3,1 % en 2006 à la suite d'un accroissement de 3,3 % en 2005, soit autant que la croissance effrénée en Alberta depuis deux ans. Au début de 2007, le taux de chômage avait baissé en Colombie-Britannique pour se situer sous les 4,0 %, soit un niveau que seules l'Alberta et la Saskatchewan avaient franchi. La croissance de l'emploi y était dominée une fois de plus par les mines.

Marché du travail : l'effet perpétuel de la génération du baby-boom

Le profil démographique canadien est toujours marqué par le perpétuel mouvement de vieillissement de la génération du baby-boom. L'importance relative de la population active d'âge mûr (25 à 54 ans) a encore décru, tombant sous les 70 % pour la première fois en près de deux décennies en raison de l'arrivée à l'âge de 60 ans des premiers représentants de la génération du baby-boom.

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Pour soutenir la croissance de la population active, il y a eu la montée constante du taux d'activité des femmes. Après une brève interruption du mouvement en 2005, on a pu observer l'an dernier que ce taux atteignait une proportion record de 62,1 %. Depuis 1999, il s'est élevé de 3,2 points, soit plus que dans toute la décennie 1990.

L'une des raisons pour lesquelles les femmes continuent à se joindre à la population active est que leur perspective de trouver un emploi s'améliore. Le chômage chez les femmes adultes a atteint un creux record de 5,2 % l'an dernier et se retrouve sous le taux de chômage des hommes chaque année depuis 2000. (Historiquement, le chômage chez les femmes était inférieur à celui des hommes seulement pendant les récessions.)

Sur ce plan, la situation au Canada contrastait vivement avec la situation aux États-Unis, où le taux d'activité des femmes avait culminé à 60 % en 1999 pour décroître ensuite peu à peu à 59,4 %.

Cette progression a joué un rôle primordial sur un marché du travail caractérisé de plus en plus par une population vieillissante et par une pénurie de main-d'oeuvre. Si on considère le fossé qui se creuse entre les niveaux respectifs de scolarisation des femmes et des hommes, cette contribution féminine a assuré un approvisionnement croissant du marché du travail en travailleurs hautement qualifiés. En 2006, le nombre de femmes détenant un diplôme universitaire a dépassé celui des hommes pour la première fois.

Une autre différence avec les États-Unis est la remontée des taux d'emploi des jeunes au Canada. L'an dernier, 58,7 % des jeunes de 15 à 24 ans avaient un emploi, ce qui est loin du bas niveau de 51,5 % enregistré il y a une décennie. On indique des accroissements autant chez les adolescents que chez les jeunes plus âgés.

On constate en revanche que les jeunes (les adolescents en particulier) se sont mis à délaisser le marché du travail aux États-Unis, leur taux de chômage ayant crû. L'augmentation de la contribution des jeunes à la population active au Canada par rapport aux États-Unis équivalait à 1,5 % de l'emploi global.

Les consommateurs n'ont pas bronché devant le renchérissement de l'essence

Les dépenses de consommation ont continué d'augmenter fortement l'an dernier, soutenues par la fermeté des marchés du travail, de l'habitation et des actions.

Les consommateurs n'ont même pas été intimidés par les prix record de l'énergie. Les prix avaient encore augmenté de 5 % en moyenne, mais le temps hivernal doux avait assez réduit en quantité l'énergie nécessaire au chauffage domestique pour que les consommateurs aient moins à dépenser de leur budget à ce chapitre qu'en 2005.

Au Canada, les consommateurs ont tout simplement fait fi des répercussions du renchérissement de l'essence sur leurs habitudes de conduite, sans parler de leurs comportements en général.

La consommation d'essence au détail croît chaque année depuis 2002. L'an dernier, elle s'est élevée de 0,8 %. La seule concession que les automobilistes ont faite en ce qui concerne le prix de l'essence a été de passer du super à l'essence régulière chaque année.

Le renchérissement de l'essence n'a pas influé non plus sur les ventes de véhicules ni sur les types de véhicules populaires. Les ventes ont atteint leur deuxième plus haut sommet, à peine 4 % sous le sommet atteint en 2002.

Les ventes de camions ont augmenté plus vite que les ventes de voitures pour une cinquième année de suite. En fait, la vigueur des ventes de camions a ramené l'importance relative des ventes de voitures à un bas niveau record de 51,7 % l'an dernier.

L'étude «Revue de fin d'année» est maintenant accessible gratuitement en ligne. Elle paraît aussi dans le numéro en ligne d'avril 2007 de L'observateur économique canadien, vol. 20, no 4 (11-010-XWB, gratuit) qui est maintenant accessible à partir du module Publications de notre site Web. La version mensuelle imprimée de L'observateur économique canadien, vol. 20, no 4 (11-010-XPB, 25 $ / 243 $) paraîtra le 19 avril.

Pour obtenir plus de renseignements sur L'observateur économique canadien, à partir du module Publications de notre site Web, cliquez sur la publicité de L'observateur économique canadien.

Pour obtenir plus de renseignements ou pour en savoir davantage sur les concepts, les méthodes et la qualité des données, communiquez avec Philip Cross au 613-951-9162 (oec@statcan.ca), Groupe de l'analyse de conjoncture.


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