Le Canada a régulièrement au cours des années établi sa réputation de qualité sur la cohérence et l'uniformité de ses livraisons. L'enregistrement des variétés et une série de techniques de gradation visuelle ont permis au Canada d'affirmer sa réputation. Le grain de chaque classe de blé se présente différemment, ce qui permet aux marchands de grains de distinguer les classes les unes des autres. C'est ce que l'on appelle l'identification visuelle du grain (IVG) Au sein de chaque classe, certaines variétés de blé répondent à certaines exigences de qualité attendues de l'utilisateur. Seules les variétés répondant aux critères d'identification du grain et aux caractéristiques de qualité sont susceptibles d'enregistrement. C'est ainsi que chaque classe de blé est préservée dans son intégrité et que la qualité est assurée par classe et par grade.
Mais les choses sont en train de changer. Au cours des prochaines années, la technique d'identification au moyen de l'empreinte génétique (à partir de l'ADN - acide désoxyribonucléique), déjà utilisée en médecine et dans le cadre d'expertises légales, va révolutionner le système de manutention du grain canadien et d'assurance de sa qualité tout en améliorant notre capacité à répondre aux attentes des clients.
Pendant plus de soixante ans, la qualité des expéditions de blé et d'orge par classe et par grade dépendait exclusivement du bon oeil d'inspecteurs spécialisés. dans les années 1970, des chercheurs mettaient au point une technique dite de l'empreinte protéique pour distinguer les unes des autres des variétés d'orge et de blé indifférentiables à l'oeil nu. De nos jours, cette technique est couramment utilisée en supplément du système de gradation visuelle. Mais de nouvelles technologies pointent à l'horizon, qui reposent sur l'empreinte génétique.
La recherche de l'empreinte génétique fait partie du travail hautement spécialisé que conduit la Commission canadienne des grains (CCG) pour mettre au point et développer ces méthodes biochimiques d'identification des variétés de grains. Ces méthodes développées par la CCG vont permettre au Canada de disposer de moyens rapides, bon marché, automatisés et portables de certification de ses expéditions d'orge et de blé comme correspondant aux variétés demandées par ses clients.
'Dès que vous connaissez l'identité génétique d'une variété, vous en savez pratiquement tout', dit Bill Scowcroft, directeur du laboratoire de recherches de la CCG. 'L'Objectif consiste à utiliser cette méthode de l'empreinte génétique pour remplacer l'identification protéique et pour compléter le système de gradation visuelle.'
La CCG est un pionnier de l'industrie céréalière en termes de technologies innovatrices servant à tester le grain. La CCG est ainsi en mesure de certifier jusqu'à 95 pour 100 d'intégrité des expéditions d'orge en se servant de deux techniques d'identification protéique : électrophorèse au gel polyacrylamide ('PAGE') et chromatographie ('HPLC'). L'orge en effet n'est plus sélectionnée pour répondre aux critères d'identification visuelle; il est donc essentiel de disposer de ces méthodes pour distinguer des variétés d'orges qui paraissent pratiquement identiques.
Mais la technique de l'empreinte génétique présente de plus grands avantages. On peut en effet analyser certaines séquences d'ADN d'une plante pour repérer comment elles se distinguent les unes des autres. Ces séquences d'ADN peuvent alors servir de révélateurs de variétés qui se seraient mélangées dans les expéditions. dans le cadre de la recherche médicale ou légale, on met au point des puces génétiques qui servent précisément à ces détections. À l'aide de ces technologies, ce sont des centaines sinon des milliers d'échantillons qui peuvent être automatiquement différenciés à l'aide d'une puce dont les dimensions ne dépassent pas celles d'un timbre-poste.
'Nous en sommes à la pointe du progrès de l'identification génétique et le Canada va pouvoir utiliser ces progrès pour consolider son système d'asssurance-qualité', explique Bill Scowcroft.
En se servant d'instruments au lieu de se fier à l'oeil nu, la CCG répond à de nouvelles et stimulantes exigences de qualité. À l'aide des méthodes PAGE et HPLC, la CCG est en mesure de certifier l'intégrité des expéditions d'orge. Et grâce aux appareils de tests automatiques et portables de vérification de l'empreinte génétique, la CCG va pouvoir répondre aux exigences des systèmes de préservation de l'identité variétale. Il sera donc désormais possible d'attester de l'identité variétale d'une livraison, de la présence d'organismes génétiquement modifiés ou de conformité à certaines caractéristiques attendues et souhaitées d'une nouvelle variété.
Les tests destinés à établir l'identité génétique en sont au stade du développement. Grâce au concours des gouvernements, de la filière, de groupements de producteurs et d'universités, ce travail va garantir que la CCG sera en mesure de répondre aux exigences de qualité de nos clients en céréales.
Publié dans le document intitulé Céréales de l'Ouest canadien, 2000-2001, Commission canadienne du blé et Commission canadienne des grains
Complément d'information
Identification variétale. Laboratoire de recherches sur les grains.
Mise à jour : 2003-04-23