Les investisseurs avisés protègent leurs investissements. Le Service canadien des forêts et le ministère des Forêts de la Colombie-Britannique ne font pas exception à la règle. Les essais visant à déterminer si les épinettes soigneusement croisées pour résister au charançon du pin blanc constituent des festins pour d’autres insectes ravageurs font donc partie intégrante de leur objectif de régénérer les forêts de la province à l'aide de cette espèce.

« Nous souhaitions déterminer si sa résistance génétique au charançon du pin blanc pouvait assurer une résistance aux autres insectes ravageurs, affirme Lara vanAkker, du Service canadien des forêts. Ou est-ce l'envers de la médaille qui s’avérerait, les arbres résistants au charançon du pin blanc étaient-ils au contraire plus vulnérables aux attaques d’autres insectes? »

VanAkker et ses collègues ont fait des essais sur les espèces résistantes au charançon du pin blanc et sur les espèces vulnérables que sont l'épinette de Sitka, l'épinette blanche et l’épicéa d’Engelmann. Résultat : la résistance au charançon du pin blanc ne signifie pas que les arbres sont résistants aux autres insectes. Cependant, les chercheurs ont identifié des espèces spécifiques, ainsi que leurs clones, dont certaines sont génétiquement résistantes au charançon du pin blanc et d’autres y sont vulnérables, qui se prémunissent mieux que d’autres contre les insectes ravageurs.

Les insectes ravageurs qui ont la plus grande incidence sur les arbres soumis aux essais ont été l’aphidien gallicole, la tordeuse de l’épinette et la pyrale des cônes de l'épinette. Comparativement à l'incidence du charançon du pin blanc sur les forêts de régénération de l'épinette, toutefois, l'incidence de ces trois ravageurs a été relativement faible. Le charançon du pin blanc, ainsi appelé en l’honneur de son hôte privilégié de l’Est de l’Amérique du Nord, est presque l’unique responsable de la faible régénération de l’épinette dans de nombreuses parties de la Colombie-Britannique.

« Cependant, précise madame VanAkker, il est important de savoir si, par le croisement des espèces d’épinettes dotées d’un mécanisme de résistance au charançon du pin blanc, nous augmentons les risques de les rendre plus vulnérables aux dommages causés par d’autres insectes. »

Le Programme de croisement des arbres côtiers, mis en place par le ministère des Forêts de la Colombie-Britannique, se servira des résultats de cet essai, dont les données sur les espèces d’épinette qui se défendent mieux contre les autres ravageurs, afin de choisir le matériel qu’il utilisera dans le cadre des programmes de croisement axés sur la résistance au charançon du pin blanc et pour les vergers à graine.

Cette étude est financée par le Forest Investment Initiative (Programme de l’investissement dans les forêts) dans le cadre du Programme des Sciences de la forêt du ministère des Forêts de la Colombie-Britannique, (projet de recherche n° Y051225).