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S 'il est vrai que la vallée du Saint-Laurent a connu un déboisement massif au
moment de la colonisation au début du siècle, puis à l'occasion de l'ère industrielle de l'après-guerre, on constate depuis la fin des années 60, que son paysage s'est aussi grandement transformé dans certains
secteurs, suite à l'intensification de certaines activités agricoles, au développement industriel et à l'étalement urbain. Le tout s'est traduit par des pertes importantes en terme d'habitats
disponibles pour la faune, notamment pour les oiseaux.
Ainsi, par exemple, plus de 4 000 ha
de marais ont été perdus ou fortement dégradés le long du fleuve Saint-Laurent au cours des 40 dernières années (Saint-Laurent Vision 2000). Dans le secteur des basses terres de la vallée du Saint-Laurent, les pertes encourues le long des tributaires, bien que difficiles
à chiffrer, sont probablement encore plus importantes puisque plus de 45 000 km de cours d'eau y ont été redressés et plus de 1,5 millions de terres
drainées. Par ailleurs, la venue de nouvelles pratiques culturales et l'intensification de l'agriculture québécoise en général (Figure 1 :
Représentation de l'évolution des superficies cultivées au Québec), ont entraîné une diminution importante des milieux forestiers dans le sud du
Québec : près de la moitié des MRC du sud-ouest du Québec ont une couverture forestière inférieure à 50%.
Évolution des superficies cultivées du Québec
Ces changements importants dans le paysage québécois ont entraîné des modifications dans la répartition de la faune menant à une perte globale de la
biodiversité. Ainsi, la majorité des espèces végétales et animales à statut précaire au Québec est aujourd'hui associée au paysage agricole du Québec
méridional. Bien que certaines espèces tirent profit de ces milieux (la grande oie des neiges par exemple), la perte d'habitats de migration et de reproduction, de même que la fragmentation des milieux naturels sont
responsables du déclin de très nombreuses autres espèces d'oiseaux de ces agroécosystèmes. À titre d'exemple, dans l'ensemble de l'écozone de la
plaine à forêt mixte dont fait partie la vallée du Saint-Laurent, on estime à 480 le nombre d'espèces animales ou végétales qui y sont en péril ; parmi elles, 8 sont des espèces d'oiseaux (Les oiseaux menacés du Québec).
C'est pourquoi, la réalisation de ce bilan des habitats et de l'occupation du sol dans le sud du Québec s'inscrit dans le cadre du programme extensif de conservation du Plan Conjoint des Habitats de l'Est, un des volets du Plan Nord-Américain de Gestion de la Sauvagine.
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