Portraits de donateurs et de donatrices
ELISABETH ET VICTOR FRANK ALLISTONE
Une forêt centenaire préservée dans la région
des monts Sutton
![Elisabeth et Victor Allistone dans la forêt mature désormais protégée grâce à leur don écologique.](/web/20071124013926im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/allistone_1.jpg)
Elisabeth et Victor Allistone dans la forêt mature désormais
protégée grâce à leur don écologique
Photo : © Conservation de la nature Canada
Citadins, campagnards de fin de semaine et ruraux à temps plein,
voilà une description sommaire du parcours de Victor et Elisabeth
Allistone vers la nature. Ayant émigré de l'Angleterre en
1956, les Allistone se sont établis à Montréal où
ils y ont passé la majorité de leur vie active. Le couple
profitait de son temps libre pour explorer la campagne québécoise.
Au cours d'un de leurs voyages sporadiques de fin de semaine, ils ont
découvert la région des monts Sutton dans les Cantons-de-l'Est.
« Les montagnes couvertes de forêts, les gros troupeaux de
vaches laitières paissant dans les pâturages vallonnés
qui formaient un décor exubérant au pied des hauts sommets.
[...] Rien d'étonnant à ce que nous ayons caressé
le rêve de posséder un petit lopin de terre dans ce paradis
bucolique », ont un jour écrit les Allistone. En 1961, dans
un virage de la route, ils ont aperçu une vieille maison de ferme,
une grange et une ancienne école dressées sur un terrain
de quatre hectares, au pied du mont Écho et du mont Gagnon. Malgré
le piètre état des bâtiments, le couple est tombé
amoureux des lieux et en a fait l'acquisition, espérant pouvoir
y vivre un jour.
![Les Monts Sutton dans les Cantons-de-l'Est.](/web/20071124013926im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/allistone_2.jpg)
Les Monts Sutton dans les Cantons-de-l'Est
Photo : © Conservation de la nature Canada
Pendant les vingt années suivantes, les Allistone ont passé
la plupart des fins de semaine et des vacances dans leur propriété
de Sutton à rénover la maison, à acquérir
de nouvelles compétences, à apprendre la patience et à
découvrir le rythme des saisons. « Nous n'étions pas
exactement ce qu'on pourrait appeler des gens de la campagne, mais à
force de vivre dans ces magnifiques paysages, de planter des arbres et
de travailler en bottes de caoutchouc, nous avons rapidement tissé
un lien étroit avec la nature », confessent-ils. Dans les
années 1970, préoccupés par l'expansion domiciliaire
et l'exploitation du territoire, les Allistone ont eu la chance d'acquérir
un vaste terrain boisé jouxtant leur propriété, sur
le versant nord des monts Écho et Gagnon. Ils se sont plus tard
intéressés à l'aménagement forestier, ont
pris des cours de perfectionnement au Collège Macdonald de l'Université
McGill et ont finalement obtenu la certification de ferme forestière
par l'Association forestière des Cantons-de-l'Est. C'est alors
qu'ils se sont installés en permanence à la campagne. À
la fin des années 1990, ils ont entrepris une coupe de jardinage
régie par un plan d'aménagement forestier. « Un jour,
François Pelletier, l'ingénieur forestier qui supervisait
les travaux, nous a annoncé qu'il avait trouvé quelque chose
d'assez exceptionnel sur la propriété. Dans la montagne,
il avait rencontré un ravin profond où coulait un ruisseau
limpide, bordé de très grandes Pruches du Canada. Il y avait
découvert un peuplement d'Érables à sucre, de Hêtres
à grandes feuilles et de Bouleaux jaunes plus que centenaires.
Vu la rareté des forêts anciennes dans les monts Sutton,
M. Pelletier a affirmé qu'il s'agissait d'une véritable
découverte écologique qu'il fallait préserver »,
se rappellent les Allistone.
![La Salamandre pourpre habite les ruisseaux aux eaux claires et froides des montagnes et des forêts du sud du Québec. Les modifications de son habitat sont la principale menace à sa survie.](/web/20071124013926im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/allistone_3.jpg)
La Salamandre pourpre habite les ruisseaux aux
eaux claires et froides des montagnes et des forêts du sud du Québec.
Les modifications de son habitat sont la principale menace à sa survie.
Photo : © Clément Robidoux
Le couple n'a pas été difficile à convaincre. Il
était non seulement prêt à protéger sa forêt
et le ruisseau, mais aussi désireux de garder ce terrain à
l'état sauvage. Un ami les a alors mis en contact avec Conservation
de la nature Canada (CNC)1, un organisme
privé voué à la protection des milieux naturels.
En 2002, les Allistone ont décidé de donner à ce
groupe leur forêt ancienne de 13 hectares (32 acres). Leur don a
été fait dans le cadre du Programme des dons écologiques
d'Environnement Canada, qui leur a procuré certains avantages fiscaux.
Au cours du processus, le couple a appris que les nombreux ruisseaux intermittents
et permanents de la propriété abritent trois espèces
de salamandres, dont la Salamandre pourpre, un amphibien qui a le statut
d'espèce préoccupante au Canada. Ils ont aussi appris que
l'Ail des bois, une plante vulnérable au Québec, pousse
dans cette forêt mature, qui héberge également diverses
espèces d'oiseaux, entre autres la Paruline flamboyante, la Paruline
couronnée, la Grive des bois et le Tangara écarlate. En
outre, de nombreux hêtres de cette forêt portent des marques
de griffes laissées par les Ours noirs lorsqu'ils grimpent dans
les arbres à la recherche de faînes nourrissants.
![L'Ail des bois croît principalement dans les érablières. La disparition de son habitat et la cueillette excessive ont causé une importante diminution de ses populations au Québec.](/web/20071124013926im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/allistone_5.jpg)
L'Ail des bois croît principalement dans
les érablières. La disparition de son habitat et la cueillette
excessive ont causé une importante diminution de ses populations au
Québec.
Photo : © Clément Robidoux
Depuis leur arrivée au Canada il y a quelque cinquante ans, les Allistone
ont manifesté leur grand attachement à leur pays d'adoption
de maintes façons. Déjà membres de plusieurs associations
locales de conservation et de préservation de la nature, ils ont collaboré
récemment à la création de l'Association de conservation
du mont Écho. Ils sont profondément convaincus que les initiatives
locales peuvent en très grande partie assurer l'intendance des terres.
Le couple espère de plus que son don écologique incitera d'autres
propriétaires à entreprendre des démarches de conservation,
soit en cédant leur propriété ou en établissant
des servitudes de conservation. En plus de préserver une part importante
des monts Sutton, le don des Allistone vient accroître la superficie
des propriétés privées protégées du corridor
appalachien, une initiative visant à sauvegarder une large bande de
forêt non fragmentée entre les Cantons-de-l'Est et le Vermont.
Quand on leur demande ce qui a motivé leur geste généreux,
ils répondent simplement avec un sourire : « Nous avons été
très heureux de donner quelque chose en retour de toutes ces merveilleuses
années passées au Canada ».
1 www.conservationdelanature.ca
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