Portraits de donateurs et de donatrices
JOYCE BOOTH
Un achat fait sous le coup de l'émotion se transforme en
don écologique.
![Joyce et Avery Booth ont été bouleversés par une coupe à blanc qui couvrait tout un flanc de montagne près de Sutton.](/web/20071124013814im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/booth_1.jpg)
Joyce et Avery Booth ont été bouleversés par une coupe
à blanc qui couvrait tout un flanc de montagne près de Sutton.
Photo : © Cynthia Ross
Dans les années 1980, Joyce Vaughan Booth, enseignante, et son
mari, Avery, commis d'usine, parcouraient souvent la route reliant Lennoxville
et la région des monts Sutton, où demeurait la famille de
M. Booth. Un jour, ils ont aperçu une coupe à blanc qui
couvrait le flanc entier d'une montagne. Cela les a bouleversés.
« La colère m'a longtemps habitée après cette
découverte, se rappelle Mme Booth. Nous avons appris par la suite
qu'une terre de 22 hectares était à vendre dans cette région.
On y trouvait beaucoup de Hêtres à grandes feuilles. J'avais
reçu un petit héritage de mes parents et j'ai décidé
de l'acheter sur le champ pour posséder un lopin de terre que personne
ne pourrait acquérir et détruire. Mon mari et moi n'avons
même pas visité la propriété jusqu'au sommet
avant l'achat », se souvient-elle en riant.
![L'orignal, le plus grand des cervidés, limite ses activités en hiver afin de minimiser ses dépenses d'énergie.](/web/20071124013814im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/booth_2.jpg)
L'Orignal, le plus grand des cervidés,
limite ses activités en hiver afin de minimiser ses dépenses
d'énergie.
Photo : © Pierre Pouliot, MRNF
La forêt de cette propriété
située à Mansonville avait été
exploitée en partie par l'ancien propriétaire. La seule
voie d'accès était un petit chemin forestier qui montait
une partie de la colline jusqu'à la limite de la propriété. « On
ne peut pas dire que nous connaissions très bien notre terre,
mais nous allions y marcher, faire du vélo ou skier quelques fois
par année. Je me rappelle qu'un matin de septembre, très
tôt, je marchais le long de la route et je me suis soudainement
retrouvée au beau milieu d'une trentaine de Parulines bleues.
Une autre fois, j'ai aperçu des pistes d'Orignal dans la croûte
de neige dure et glissante. Il était
évident que la pauvre bête avait eu du mal à se frayer
un chemin dans la neige. Un jour, j'ai aussi observé un Tangara écarlate
attaquer un Merle d'Amérique, qui est pourtant un oiseau de plus grande
taille. Je présume que le Merle n'était pas sur son territoire »,
se remémore Mme Booth avec plaisir.
![Surtout présent dans le sud-ouest du Québec, le Tangara écarlate recherche les voûtes forestières feuillues, hautes et denses pour sa nidification.](/web/20071124013814im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/booth_3.jpg)
Surtout présent dans le sud-ouest du Québec,
le Tangara écarlate recherche les voûtes forestières feuillues,
hautes et denses pour sa nidification.
Photo : © Michel Lamarche
En 1998, son mari est décédé subitement. Seule,
Mme Booth n'avait plus envie d'aller se promener sur sa terre. Elle a
songé à la laisser à ses trois enfants ou à
la vendre, mais l'accès en était trop difficile croyait-elle.
Avant toute chose, elle voulait s'assurer que personne ne viendrait y
couper les arbres. À titre de membre de la Fiducie foncière
de la vallée Ruiter (FFVR)1,
elle savait qu'il était possible de faire don d'une terre à
cet organisme privé voué à la protection de la vallée.
C'est ainsi qu'en 2002, elle a fait le don écologique de sa propriété
de 22 hectares (54 acres) dans les monts Sutton à ce groupe de
conservation. Sa donation s'est faite dans le cadre du Programme des dons
écologiques d'Environnement Canada, qui lui a permis de bénéficier
d'un crédit d'impôt appréciable. « Je n'y avais
pas pensé à ce moment-là, mais ce don m'a procuré
des avantages considérables. Cela a été fantastique,
car pendant quelques années, je n'ai pas eu à payer d'impôt
sur le revenu, dit-elle. Je reconnais qu'il n'est pas donné à
tout le monde de pouvoir acheter une parcelle de terrain pour la sauvegarder,
mais si des gens héritent d'une terre dont ils n'ont pas besoin
ou dont ils ne veulent pas, plutôt que de la négliger ou
de la vendre à des promoteurs, ils devraient songer à en
faire don à la nature. »
![Surtout présent dans le sud-ouest du Québec, le Tangara écarlate recherche les voûtes forestières feuillues, hautes et denses pour sa nidification.](/web/20071124013814im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/booth_4.jpg)
La Paruline bleue fréquente des forêts
mixtes ou feuillues comme celles couvrant la terre donnée par Joyce
Booth.
Photo : © Rafy Rodriguez
Pour respecter le vœu de Mme Booth, il ne se fera aucune récolte
d'arbres sur le terrain forestier désormais protégé,
mais les activités de recherche scientifique y seront autorisées.
Les nombreux petits cours d'eau qui sillonnent la propriété
représentent des habitats potentiels pour diverses espèces de
salamandres qui, comme tous les amphibiens, sont particulièrement menacées
par la pollution et la perte de leur milieu naturel. Non seulement le don
écologique de Joyce Booth protégera-t-il la propriété
pour toujours, mais il vient s'ajouter aux dons de Stansje
Plantenga et d'Anne Shepherd dans la vallée Ruiter, contribuant
ainsi à préserver l'une des rares forêts non fragmentées
qui subsistent dans l'extrême sud du Québec. Ce legs sera sûrement
apprécié par des générations de parulines, de
courageux Orignaux et d'intrépides tangaras.
1 www.valleeruiter.org
Pour obtenir d'autres renseignements sur
les dons écologiques