Portraits de donateurs et de donatrices
MARCELLE CORDEAU PARENT
Une partie du grand marais de la rivière des Mille Îles
protégée pour la vie
![Mrs. Cordeau Parent at the ceremony honouring her ecological donation, held on the bank of the Rivière des Mille-Îles in 2005.](/web/20071124013126im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/cordeau_parent_1.jpg)
Mme Cordeau Parent lors de la cérémonie donnée en l'honneur
de son don écologique au bord de la rivière des Mille Îles
en 2005
Photo : © Jean Lauzon
Cette rivière au nom évocateur compte non pas mille, mais
une centaine d'îles et d'îlots dont le nombre fluctue avec
le niveau d'eau. Depuis le lac des Deux Montagnes, elle s'écoule
sur 40 kilomètres et traverse neuf municipalités avant de
se jeter dans la rivière des Prairies. Ses deux rives sont en grande
partie urbanisées, mais nombre de ses îles restent intouchées
et sont parmi les derniers milieux sauvages de la grande région
métropolitaine de Montréal. Une trentaine d'îles et
quelques sites riverains sont protégés et font partie du
parc de la Rivière-des-Mille-Îles.
![La propriété donnée (en rouge) est venue agrandir le Parc de la Rivière- des-Mille-Îles, l'un des rares milieux naturels protégés de la grande région métropolitaine de Montréal.](/web/20071124013126im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/cordeau_parent_2.jpg)
La propriété donnée
(en rouge) est venue agrandir le parc
de la Rivière-des-Mille-Îles, l'un des rares milieux naturels
protégés de la grande région métropolitaine de
Montréal.
Photo : © Robert Bisson
En novembre 2004, ce parc de 400 hectares s'est agrandi de 6 hectares (15
acres) grâce à un don écologique fait par Marcelle Cordeau
Parent à Éco-Nature de Laval1,
un organisme non gouvernemental qui protège et gère le parc.
Pour cette Lavalloise, il s'agissait d'un geste très significatif,
car elle cédait ainsi son patrimoine familial. « Ma mère
est née et a grandi à Sainte-Rose, un secteur de Laval, dans
une belle maison construite par mes arrière-grands-parents à
proximité de la rivière. Je n'y ai moi-même pas vécu,
car j'ai été élevée à Montréal,
mais j'y ai passé une partie de mon enfance et j'y ai eu beaucoup de
plaisir avec mes cousins et mes cousines. De la maison, nous pouvions nager
et aller en chaloupe dans les îles et dans une propriété
de mon grand-père qu'on appelait « l'îlet ».
Quand nous naviguions dans les boisés inondés au printemps,
nous avions l'impression d'être dans les bayous de la Louisiane »,
raconte Mme Cordeau Parent. « À leur mort, mes grands-parents
maternels ont légué une partie de la terre à chacun de
leurs quatre enfants et à un cousin de ma grand-mère. Ma mère
a hérité un douzième de la terre, qu'elle m'a cédé
dans les années 1960. Au fil des ans, j'ai acheté les onze autres
parties. Je voulais garder un lien avec cet endroit. Je suis aussi attachée
à Sainte-Rose que ma mère l'était et j'y serai enterrée
aux côtés de mon mari, décédé il y a deux
ans. »
Mme Cordeau Parent espérait
à son tour léguer sa terre à ses enfants et à ses
petits-enfants. Toutefois, celle-ci étant située en zone inondable
et n'étant pas accessible par la route, un de ses fils lui a plutôt
suggéré d'en faire don à un organisme qui la protégerait.
Cette suggestion lui a plu puisqu'elle ne souhaitait ni vendre ni morceler
sa propriété. L'idée a aussi plu à ses deux autres
enfants. Après quelques années de réflexion, sa décision était
prise. Sa comptable l'a alors dirigée vers Éco-Nature de Laval à qui
Mme Cordeau Parent a fait don de sa terre dans le cadre du Programme des dons
écologiques d'Environnement Canada. Ce programme lui a permis de préserver à tout
jamais cet endroit qui lui est si cher tout en bénéficiant de
certains avantages fiscaux.
![Mrs. Cordeau Parent at the ceremony honouring her ecological donation, held on the bank of the Rivière des Mille-Îles in 2005.](/web/20071124013126im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/cordeau_parent_3.jpg)
L'Érable argenté croît dans
les habitats humides et supporte bien les inondations. Cet arbre domine la
plaine inondable de ce secteur de la rivière des Mille Îles.
Photo : © Rodolph Balej
Cette terre inondable est couverte d'immenses herbiers aquatiques et
de forêts marécageuses où se côtoient quenouilles,
nénuphars, joncs, saules et Érables argentés. Elle
comprend un îlot, deux étangs et un petit cours d'eau appelé
le ruisseau du Diable. Au printemps, lorsque le niveau de la rivière
monte de deux à trois mètres, les herbiers, l'îlot
et les étangs sont submergés, et seuls les érables
et les saules émergent. Ce milieu d'une grande richesse écologique
ne cache aucun démon, mais abrite diverses espèces animales
telles que le Lépisosté osseux — dernier représentant
d'une grande famille de poissons fossiles — la Tortue serpentine,
le Vison, diverses espèces de canards, la Sterne pierregarin, le
Balbuzard et la Buse à épaulettes, un oiseau de proie qui
a le statut d'espèce préoccupante au Canada. Comme tout
milieu humide, ce marais est en quelque sorte une éponge et un
filtre naturel. La majorité de ces milieux ont été
remblayés ou asséchés dans la région montréalaise,
ce qui confère encore plus de valeur écologique à
ce grand marais.
![Le Lépisosté osseux se rencontre dans les zones herbeuses et peu profondes des lacs et des grands cours d'eau du sud-ouest du Québec. Son aptitude à prendre de l'air à la surface lui permet de survivre dans des eaux chaudes et stagnantes.](/web/20071124013126im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/cordeau_parent_5.jpg)
Le Lépisosté osseux se rencontre
dans les zones herbeuses et peu profondes des lacs et des grands cours d'eau
du sud-ouest du Québec. Son aptitude à prendre de l'air à
la surface lui permet de survivre dans des eaux chaudes et stagnantes.
Photo : © Louis Bernatchez*
Mme Cordeau Parent a récemment visité la rivière des
Mille Îles où elle n'était plus allée depuis longtemps.
Accompagnée de son arrière petite-fille et d'autres enfants,
elle a redécouvert sa rivière et son marais. « Nous avons
vogué dans les nénuphars en rabaska avec des naturalistes et
avons observé des poissons « préhistoriques », des
tortues et une variété d'oiseaux. En voyant toute la beauté
de ces lieux si près de Montréal et les canoteurs qui s'y promenaient,
je me suis dit que désormais tout le monde, non seulement mes enfants
et mes petits-enfants, pourrait apprendre de la nature grâce à
mon marais. J'espère que mon don permettra à d'autres générations
de voir toutes les beautés que la nature peut engendrer. »
1 www.parc-mille-iles.qc.ca
Pour obtenir d'autres renseignements sur
les dons écologiques
* L. Bernatchez et M. Giroux. 2000. Les poissons d'eau douce du Québec
et leur répartition dans l'est du Canada, Éditions
Broquet. 350 p.