Portraits de donateurs et de donatrices
STANSJE PLANTENGA ET ANNE SHEPHERD
Des propriétaires parviennent à sauver leur vallée
magique.
![Grâce à Stansje Plantenga, une autre partie de la vallée Ruiter est protégée à jamais.](/web/20071124013415im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/plantenga_shepherd_1.jpg)
Grâce à Stansje Plantenga, une autre
partie de la vallée Ruiter est protégée à jamais.
Photo: © Anne Shepherd
Dans la partie des Appalaches où se trouvent les monts Sutton,
dans les Cantons-de-l'Est, une étroite vallée se faufile
entre les monts Écho, Singer, West et Clark, dont les sommets culminent
entre 460 mètres et 770 mètres. La vallée Ruiter
est traversée par un ruisseau du même nom qui coule de l'étang
Fullerton jusque dans la rivière Missisquoi. Au début des
années 1960, ce paradis perdu a séduit Robert Shepherd,
un psychiatre montréalais qui adorait camper, canoter et vivre
à la dure dans les bois. Ce père de trois enfants a acheté
une vieille ferme à Mansonville, sur le versant est de la vallée.
« Dès notre jeune âge, notre père nous faisait
planter des arbres parce qu'il voulait créer une ferme forestière
», raconte sa fille Anne. « Je me rappelle avoir transporté
de lourdes chaudières remplies de jeunes pousses de pin que les
hommes plantaient pendant la saison des mouches noires. Il fallait y croire!
» Plus tard, M. Shepherd a acheté d'autres propriétés
dans la vallée et il y a construit des bâtiments en bois
rond afin d'y loger un centre de traitement et de ressourcement pour les
schizophrènes. Un jour, Stansje Plantenga, une Montréalaise
d'origine hollandaise, a visité le centre. Cette caissière
de banque et artiste, diplômée de l'École des beaux-arts
de Montréal, souhaitait depuis longtemps travailler avec des schizophrènes.
En outre, depuis son arrivée au Québec à l'âge
de six ans, elle était fascinée par la nature sauvage et
indomptée de la province. Rien d'étonnant, donc, à
ce qu'un an après sa visite dans la vallée, elle y ait déménagé
et œuvré dans la communauté comme thérapeute
et professeure d'art.
![Anne Shepherd dans la forêt de pins plantés par sa famille.](/web/20071124013415im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/plantenga_shepherd_2.jpg)
Anne Shepherd dans la forêt de pins plantés
par sa famille
Photo : © Stansje Plantenga
Au bout de quelques années, M. Shepherd et Mme Plantenga, mariés
entre-temps, ont décidé de réorienter leur vie. Les
fermes de la région, autrefois nombreuses, avaient graduellement
été abandonnées, et la forêt avait en partie
repris ses droits. Le couple souhaitait que ces lieux soient un jour couverts
de forêts anciennes. À leurs yeux, c'était une vallée
magique. Ils voulaient la préserver de l'exploitation et des promoteurs,
mais ils ne savaient pas comment s'y prendre. Ils ont alors entrepris
une longue démarche jalonnée de recherches, de réunions,
de collectes de fond et de questions juridiques qui a mené à
la création de la Fiducie foncière de la vallée Ruiter
(FFVR)1 en 1987. Cette vallée
est située dans une région où la forêt est
relativement peu fragmentée; il s'agit de l'une des dernières
régions sauvages de l'extrême sud du Québec. M. Shepherd
a fait don d'une terre de 162 hectares à ce nouveau groupe de conservation
ayant pour objectif la protection de l'intégrité de cette
vallée. Il a plus tard transféré une parcelle de
4 hectares à chacun de ses enfants. Robert Shepherd a succombé
à un cancer à l'automne 1990, convaincu que l'une de ses
plus grandes réalisations était d'avoir contribué
à instaurer la Fiducie et à sauvegarder de grandes parcelles
de forêt.
![Un des précieux milieux humides de la vallée Ruiter.](/web/20071124013415im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/plantenga_shepherd_3.jpg)
Un des précieux milieux humides de la
vallée Ruiter
Photo : © Christiane Foley
Stansja Plantenga a poursuivi le travail qu'ils avaient entrepris ensemble.
En 2001, elle a décidé de faire un autre généreux
don à la FFVR, cette fois dans le cadre du Programme des dons écologiques
d'Environnement Canada, mis sur pied en 1995. Elle a ainsi cédé
une forêt de 32 hectares (80 acres), composée surtout d'érables
et de peupliers, sur le versant est de la vallée. Parmi les diverses
espèces qu'abrite cette forêt, on trouve l'Ail des bois,
une plante vulnérable au Québec. Même si Mme Plantenga
savait que le Programme de dons écologiques lui apporterait des
avantages fiscaux, elle a été agréablement surprise
du crédit d'impôt qu'elle a obtenu : « C'était
un cadeau inattendu qui m'a facilité la vie pendant des années.
» Grâce à la foi inébranlable de cette femme
en la nature, une autre partie de la vallée magique est désormais
protégée, ainsi que diverses espèces de plantes et
d'animaux. Après avoir passé vingt-cinq ans dans cette région,
cette amante de la nature a récemment établi de nouveaux
rapports avec la terre : elle collabore à la coordination d'un
programme bénévole de pistage des animaux qui a déjà
permis de constater qu'une partie de la vallée Ruiter est le principal
habitat de l'Ours noir, du Pékan et de l'Orignal. Ce programme
sera un outil très utile aux scientifiques, aux administrateurs
et aux planificateurs intéressés à la préservation
de la faune.
![Une partie de la vallée Ruiter sert d'habitat principal à l'Ours noir et à plusieurs autres espèces de mammifères.](/web/20071124013415im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/plantenga_shepherd_4.jpg)
Une partie de la vallée Ruiter sert d'habitat
principal à l'Ours noir et à plusieurs autres espèces
de mammifères.
Photo : © Stansje Plantenga
La fille de Robert Shepherd, Anne, vit maintenant à
Toronto, où elle travaille comme psychothérapeute et psychanalyste.
En 2002, inspirée par son père et par Stansje Plantenga,
elle a décidé de donner la forêt de 4 hectares (10
acres) que lui avait léguée son père des années
auparavant. La propriété
est située près de la terre cédée par Mme
Plantenga dans un secteur qui abrite maintes espèces fauniques
comme la Salamandre sombre du Nord, la Salamandre
à deux lignes, la Sittelle à poitrine blanche, le Grand pic et
le Troglodyte mignon. Même si les avantages fiscaux offerts par le Programme
ont certes encouragé
Anne Shepherd à faire ce don
écologique, sa motivation était beaucoup plus profonde. « Stansje
m'a permis de comprendre la valeur écologique des terres dans la vallée
et m'a communiqué
l'intérêt profond qu'elle éprouve pour la survie
et l'avenir des animaux qui y habitent. J'adore marcher avec elle dans
les sentiers et me rendre à l'endroit où sont enterrées
les cendres de mon père, près de ses arbres adorés,
dans la montagne. Les jeunes pins sont devenus une forêt majestueuse.
Ils représentent le travail de notre famille et notre désir
de régénérer la planète et de la conserver
pour les générations
à venir. J'espère que mes enfants et leurs enfants pourront marcher
sous les mêmes arbres. Je sais que mon père serait fier de ce
don significatif. »
![Stansje Plantenga and Robert Shepherd in their magic valley in 1983.](/web/20071124013415im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/plantenga_shepherd_5.jpg)
Stansje Plantenga et Robert
Shepherd dans leur vallée magique en 1983
Photo: © Noel Salmond
1 www.valleeruiter.org
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