Portraits de donateurs et de donatrices
CATHERINE SPILLANE REED
La ceinture verte du mont Saint-Hilaire mieux protégée
![Catherine Spillane Reed avec son fils Tim et ses petites-filles au sommet du mont Saint-Hilaire, qui surplombe la rivière Richelieu.](/web/20071124013507im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/spillane_reed_1.jpg)
Catherine Spillane Reed avec son fils Tim et
ses petites-filles au sommet du mont Saint-Hilaire, qui surplombe la rivière
Richelieu
Photo: © Centre de la nature du mont Saint-Hilaire
Était-ce le Quai 21 ou le Quai 23? Catherine Spillane Reed ne
s'en souvient pas exactement, mais elle se rappelle que c'est sur un
quai de Halifax qu'elle a posé le pied en sol canadien pour la
première fois, il y a environ 50 ans. La jeune Australienne avait
quitté son pays natal quelques années auparavant pour aller
visiter sa grand-mère en Irlande. Une rencontre menant à une
autre, elle avait fait le tour de l'Europe et s'était finalement
retrouvée à Oslo, en Norvège. Elle y avait rencontré Owen
Reed, un Néo-Zélandais qui avait par la suite émigré à
Montréal où il avait trouvé un travail d'actuaire. En ce
jour de 1955, Catherine Spillane venait rejoindre cet homme qui allait devenir
son époux.
![L'érablière couvrant la propriété donnée par Mme Spillane Reed est un milieu forestier typique du mont Saint-Hilaire.](/web/20071124013507im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/spillane_reed_2.jpg)
L'érablière couvrant la propriété
donnée par Mme Spillane Reed est un milieu forestier typique du mont
Saint-Hilaire.
Photo: © Centre de la nature du mont Saint-Hilaire
Chaque week-end, les nouveaux mariés faisaient une randonnée
à bicyclette sur la rive sud de Montréal, dans la région
du mont Saint-Hilaire. Ils aimaient cette colline montérégienne
et ses environs. Un jour, ils ont vu une terre boisée à vendre
sur le flanc sud-ouest de la montagne. Elle offrait une vue magnifique sur
la rivière Richelieu et Montréal. Les Reed l'ont achetée
en 1957 avec l'intention d'y construire une maison, mais le sol rocheux offrant
de nombreux obstacles
à la construction, ils ont décidé
de laisser cette propriété à l'état naturel
et de s'établir plutôt à
Otterburn Park, à proximité. Ils allaient se promener sur
leur terre de temps à autre. « C'était un bel endroit
fréquenté par de nombreux oiseaux. Les trilles
étaient magnifiques au printemps. J'aimais les grosses roches qui avaient
déboulé de la montagne », raconte Mme Spillane Reed. Plus
tard, avec ses trois enfants, le couple faisait souvent de la randonnée
pédestre, du jogging ou de la raquette dans les sentiers de la montagne.
![Le Trille blanc forme souvent de grandes colonies dans les érablières du sud du Québec. Cette plante à croissance extrêmement lente met de sept à dix ans avant de produire sa première fleur.](/web/20071124013507im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/spillane_reed_3.jpg)
Le Trille blanc forme souvent de grandes colonies
dans les érablières du sud du Québec. Cette plante à
croissance extrêmement lente met de sept à dix ans avant de produire
sa première fleur.
Photo : © Léo-Guy de Repentigny, Service canadien de la faune
En 1980, les Reed se sont établis
à Toronto. Avec l'âge, ils ont commencé à réfléchir
sur l'avenir de leur propriété du mont Saint-Hilaire. Tous les
membres de la famille aimaient la montagne et y étaient très
attachés malgré
la distance qui les en séparait. Cette terre occupait une place
spéciale dans leur coeur et ils n'ont jamais envisagé de
la vendre. Quand M. Reed est décédé subitement au
milieu des années 1990, son épouse et ses enfants ont choisi
de céder la propriété à un organisme qui
s'en occuperait et lui accorderait la protection qu'elle méritait.
C'est aussi ce qu'aurait souhaité
M. Reed. En 2003, Mme Spillane Reed a ainsi fait le don
écologique de cette terre boisée
à Conservation de la Nature du Canada (CNC)1,
un organisme privé voué à la sauvegarde des milieux naturels.
Le Centre de la Nature du Mont Saint-Hilaire2 et
l'Université McGill l'ont aidée dans ce processus.
![Presque disparue de la vallée du Saint-Laurent dans les années 1970, la population de Faucon pèlerin se rétablit lentement. Chaque année, un couple de cette espèce niche sur une des falaises du mont Saint-Hilaire.](/web/20071124013507im_/http://www.qc.ec.gc.ca/faune/pde-egp/portraits/images/spillane_reed_4.jpg)
Presque disparue de la vallée du Saint-Laurent
dans les années 1970, la population de Faucon pèlerin se rétablit
lentement. Chaque année, un couple de cette espèce niche sur
une des falaises du mont Saint-Hilaire.
Photo : © Gordon Court
Sa donation, réalisée dans le cadre du Programme des dons
écologiques d'Environnement Canada, lui a permis de bénéficier
de certains avantages fiscaux. Bien que son don n'ait pas été motivé
par de tels intérêts, ceux-ci l'ont certainement encouragée à poser
ce geste généreux.
Depuis la construction d'autoroutes dans les années 1960, qui ont
en quelque sorte réduit la distance entre Montréal et le mont
Saint-Hilaire, les complexes d'habitation se sont multipliés au pied
de la montagne. La terre boisée des Reed forme une oasis de verdure
dans ce secteur résidentiel. Un couple de Faucons pèlerins a
déjà niché dans la falaise qui domine les éboulis
de roches de la propriété. Celle-ci abrite également
deux espèces de plantes qui poussent uniquement à l'ombre des
riches forêts du sud du Québec : le Trille blanc, que Mme Spillane
Reed aimait tant, et la Sanguinaire du Canada, qui produit un latex rouge
sang. Ces deux plantes et le Faucon pèlerin sont sur la liste des espèces
vulnérables du Québec. De plus, cet oiseau de proie est menacé
au Canada. Le don de cette propriété d'environ un demi-hectare
(un acre) contribuera certainement à protéger ces espèces
et à préserver la précieuse ceinture verte autour de
la montagne. « Mon grand-père avait une grande propriété
à Sydney, en Australie. Elle comportait des falaises et des boisés
et était située en bordure d'un marais. J'y ai passé
toute mon enfance. C'était une terre que j'adorais, un endroit d'une
grande beauté. Après le décès de mon grand-père,
ses filles l'ont vendu à un promoteur immobilier qui l'a nivelé
et couvert de maisons. Il l'a détruit. Cela m'a brisé le coeur.
J'ai pleuré quand j'ai vu ce qu'il en avait fait», se rappelle
Mme Spillane Reed. Les racines de cette Canadienne d'origine australienne
s'étendent de son pays natal jusqu'au mont Saint-Hilaire et à
Toronto où elle habite toujours. Sa terre australienne et ses multiples
beautés ont disparu, mais sa terre boisée à flanc de
montagne près de Montréal ne connaîtra jamais le même
sort.
1 www.conservationdelanature.ca
2 www.centrenature.qc.ca
Pour obtenir d'autres renseignements sur les
dons écologiques