Techniques de récupération de données uniques

Elias Politis, gestionnaire du CDEV, vérifie un enregistreur de données de vol endommagé

Le bruit court que les experts du Centre de dépouillement des enregistreurs de vol (CDEV) du CNRC peuvent extraire de l'information de pratiquement n'importe quel enregistreur de vol, peu importe son état. Depuis les années 70, alors que le CDEV s'est acquis une réputation internationale en aidant les Israéliens à récupérer les données d'accidents, ses services sont de plus en plus en demande. Plus récemment, le CDEV a récupéré de l'information d'enregistreurs de vol d'hélicoptères qui s'étaient écrasés dans l'eau, l'un au large des côtes de la Nouvelle-Écosse, l'autre, au Brésil. 

Dans le premier cas, l'enregistreur de vol d'un Cormorant CH-149 des Forces canadiennes qui s'est écrasé près de Canso (Nouvelle-Écosse) pendant un exercice d'entraînement le 13 juillet 2006, a été récupéré dans l'océan et envoyé à Ottawa. L'appareil ayant été exposé au sel, il a fallu recourir à des techniques spéciales pour l'assécher avant de récupérer les données. « Premièrement, nous avons vérifié si les circuits avaient été endommagés par la rouille et les avons rincés avec de l'eau douce. Nous avons ensuite examiné soigneusement la puce au microscope pour voir s'il y avait des ponts de sel, pour ensuite la nettoyer avec des instruments semblables à des explorateurs dentaires », explique Elias Politis, gestionnaire du CDEV.

La récupération des données d'un enregistreur de conversations et de données de vol d'un Panther AS565 d'Eurocopter, qui s'est écrasé près du barrage Jaguari au Brésil le 27 juillet 2006, a posé d'autres difficultés. L'unité, qui était demeurée dans l'eau pendant 21 jours avant d'être récupérée, devait rester immergée pendant le transport pour éviter toute oxydation. Ceci semblait impossible au départ, à cause des nouvelles restrictions quant au transport de liquides par avion. « Nous avons fini par leur demander de mettre l'unité dans un sac et de le recouvrir d'eau, et d'y extirper ensuite tout l'air », a dit M. Politis. Tout a bien fonctionné. 

Lorsque l'enregistreur est arrivé, il a fallu le rincer pendant deux jours pour y enlever les dépôts minéraux. Nous avons ensuite détaché les puces mémoires du circuit endommagé pour les attacher à un circuit substitut émulant l'original pour que le personnel puisse y récupérer les données nécessaires.

La mise au point de techniques de récupération des données est l'une des principales activités du CDEV, apportant un complément à ses capacités d'analyse. « Lors d'un accident, même si l'enregistreur est conçu pour résister à un incendie et un impact majeurs, la partie externe de la boîte ne peut survivre. De nos jours, le support d'enregistrement est transistorisé, mais il faut aller à l'intérieur de la boîte pour travailler sur le circuit imprimé. C'est là que nous intervenons. Notre équipe extrait la mémoire et récupère les données contenues dans les puces, au lieu d'y brancher un câble et d'essayer de les récupérer par l'intermédiaire d'une interface. Nous pouvons faire battre le coeur de nouveau », explique Elias Politis. 

Nicolas Pellerin (à gauche) et Marc MacMaster revoient les données recueillies d’un enregistreur de données de vol

Le CDEV peut aussi récupérer la vidéo de bandes d'enregistrement endommagées. On y a mis au point des techniques de repassage pour enlever les plis nuisibles et aplanir le support, et l'application de rapiècements permet de récupérer les cadres individuellement. « Les Israéliens nous ont souvent apporté des bandes vidéo 8 mm en pièces. Nous les avons « recollées », et modifié un magnétoscope pour lire les bandes endommagées », a déclaré M. Politis.

Ce petit groupe de sept personnes a un impact énorme. « En matière de récupération des données, je pense que notre organisme est l'un des meilleurs au monde en raison de notre expérience dans la récupération de données provenant de supports d'enregistrement diversifiés, a dit M. Politis. Notre force, c'est l'unité de notre équipe. Nous utilisons des ordinateurs pour analyser une quantité énorme de données, mais ce sont nos techniques de récupération et nos experts qui rendent tout cela possible. »