Recommandations
Nos recommandations reposent sur la conviction que la
fonction publique fédérale doit apporter une
contribution essentielle au bien-être de notre pays,
à l'aube du nouveau millénaire. Le rôle du
gouvernement se modifie, et c'est pourquoi le secteur public a
plus que jamais besoin de cadres de haut calibre. Le gouvernement
a récemment dû prendre nombre de décisions
difficiles pour mener à bien sa lutte au déficit
financier. Il doit maintenant, à notre avis, faire preuve
d'autant de fermeté pour éviter un sérieux
déficit humain dans la fonction publique.
1. Vision et culture de la fonction publique
Le gouvernement a invité les fonctionnaires, les
élus et les Canadiens intéressés à
définir avec lui l'avenir de la fonction publique
canadienne. Nous recommandons que cette initiative soit
étendue et officialisée.
Les discussions qui en résulteront devraient permettre
de valider et de raffiner les valeurs qui fonderont le renouveau
de la fonction publique, d'orienter le processus
d'amélioration des compétences en politiques ainsi
que d'établir un programme crédible et efficace
d'établissement des objectifs et d'évaluation des
résultats. La compréhension collective des valeurs
fondamentales ainsi que des responsabilités et des
rôles nouveaux, l'existence d'un but commun et la mise en
place d'un système de gestion du rendement aidant à
définir et mesurer le succès devraient inspirer et
stimuler la fonction publique canadienne tout en
renforçant ses liens avec ceux et celles qu'elle sert.
L'élaboration d'un système de gestion du
rendement fondé sur les valeurs de la fonction publique
devrait pour sa part contribuer à raviver la fierté
et à encourager la recherche de l'excellence, de
même qu'à faire en sorte que se poursuive
l'évolution culturelle de la fonction publique. Il est
important que les valeurs et les croyances fondamentales soient
explicites, suivant notre conviction de la
nécessité d'un changement et de cohérence
accrue.
2. Rémunération
Comme nous l'avons fait remarquer précédemment,
les cadres de la fonction publique ne forment pas un groupe
homogène par rapport aux questions touchant la
rémunération. Nous les avons par conséquent
divisés en deux groupes : le premier comprend les EX et
les sous-ministres; le deuxième, toutes les autres
personnes nommées par le gouverneur en conseil. Pour
chaque groupe, nous avons examiné les principes qui
devraient guider la rémunération, principes qui
nous ont ensuite amenés à élaborer certaines
structures de rémunération et à recommander
un nouveau régime ainsi que les moyens d'effectuer cette
transition. Il faudra peut-être revoir ces recommandations
une fois définie la vision de la fonction publique mais,
dans l'immédiat, le gouvernement doit apporter certains
changements afin d'arrêter l'hémorragie de
ressources humaines clés.
A. Sous-ministres et cadres de niveau EX
Principes de rémunération
Nous recommandons premièrement de créer pour ce
groupe une structure de rémunération globale
distincte de celle qui s'applique aux syndiqués. Ce
changement fera ressortir la nature très différente
des responsabilités du groupe et contribuera
considérablement à la transformation culturelle
requise. La nature des compétences nécessaires pour
former un effectif de cadres de calibre international requiert,
face à la rémunération et à la
gestion des ressources humaines, une approche complètement
différente de celle prévalant dans les
systèmes de négociation collective.
Deuxièmement, nous recommandons que le taux normal (cet
élément fixe de la rémunération
versé lorsque le rendement est entièrement
satisfaisant) soit revu périodiquement en fonction de la
rémunération totale offerte dans les groupes de
comparaison. Le régime que nous proposons ne
prévoit pas d'augmentations annuelles automatiques, ni le
paiement d'heures supplémentaires. Il inclut cependant une
importante rémunération «à
risque», variant selon le rendement individuel et
organisationnel par rapport aux objectifs fixés mais
faisant partie intégrante du régime.
Troisièmement, nous aimerions voir la mise en place
d'un mécanisme qui permettrait, autant que possible, que
l'administration annuelle de la rémunération ne
soit plus un enjeu politique. L'approbation des principes et du
régime proposés serait un bon pas dans cette
direction. Nous recommandons en outre que le Conseil du
Trésor procède au moins tous les deux ans à
une enquête indépendante sur la
rémunération dans les groupes de comparaison et
modifie en conséquence les échelles de traitement.
Il ne faut pas voir dans ces efforts une tentative pour
restreindre la portée du contrôle
général des budgets et des dépenses, ou de
nier au gouvernement de l'heure le droit de revoir les principes
et structures en place; notre intention est simplement de
faciliter l'administration.
Quatrièmement, en ce qui concerne
l'établissement de comparaisons avec la
rémunération totale des autres secteurs, nous
croyons que les principes énoncés par le
Comité Burns (rémunération des EX-1
comparable au secteur privé et rémunération
des autres cadres en fonction de leur valeur relative entre les
niveaux de direction) devraient continuer de s'appliquer -- du
moins jusqu'à ce que l'on ait fini d'élaborer la
vision et de mettre en place le système de gestion du
rendement. Ajoutons en guise de mise en garde que le
régime de rémunération des cadres de la
fonction publique devrait à tout le moins être
concurrentiel par rapport au secteur public élargi. Il
s'agit là d'une nouvelle considération. Cependant,
vu l'importance et la complexité des postes
fédéraux, nous croyons que leurs titulaires
devraient recevoir une rémunération quelque peu
supérieure à la médiane du secteur public
élargi, en particulier dans le cas des postes de
sous-ministres les plus élevés, dont les
responsabilités dépassent largement celles de la
plupart de leurs collègues du secteur public
élargi.
Cinquièmement, nous croyons que la
rémunération doit tenir compte adéquatement
des différences de responsabilités entre les divers
niveaux de gestion. Le Comité Burns a souligné
à maintes reprises ce problème, toujours
présent aujourd'hui. Nous recommandons par
conséquent l'établissement de nouveaux
écarts entre les taux normaux et de nouveaux planchers
salariaux.
Structure de rémunération
Échelles de traitement
La nouvelle structure proposée repose sur deux des
principes énoncés précédemment :
- Comparabilité externe des traitements au niveau EX-1 :
la structure proposée se compare aux médianes du
secteur privé et du secteur public élargi. Les deux
médianes sont très près l'une de l'autre,
celle du secteur privé s'établissant à
87 400 $ et celle du secteur public élargi, à
87 200 $. Ces chiffres découlent de l'enquête qu'a
menée la firme Mercer en 1997 et mentionnée
précédemment dans le rapport, ainsi que de la
majoration de 2,1 p. 100 prévue pour 1998 par la
même firme dans son enquête nationale sur la
rémunération.
- Relativité interne entre les niveaux de direction : un
écart de 12 p. 100 d'un niveau de responsabilité
à l'autre permettrait d'éliminer la compression
marquée que l'on constate entre les niveaux successifs.
Aux deux points tournants de la carrière, soit entre les
niveaux EX-3 et EX-4 et entre les niveaux DM-1 et DM-2, un
écart plus important est proposé, soit de
15 p. 100, pour bien marquer l'accroissement des
responsabilités.
Ces deux propositions se traduisent par les taux normaux
illustrés à la figure 4.
Puisque la structure actuelle remonte à 1991-1992, les
majorations prenant place aux niveaux inférieurs sont
plutôt modestes. Toutefois, comme on peut s'y attendre
d'après l'analyse menée antérieurement, le
pourcentage des augmentations s'accroît de pair avec le
niveau de responsabilités.
Les planchers proposés pour chaque niveau de
responsabilité ont été établis
d'après un taux normal moins 15 p. 100. La progression
dans l'échelle salariale, jusqu'au taux normal, serait
fonction d'un rendement entièrement satisfaisant pendant
deux à trois ans.
Rémunération «à
risque»
Nous recommandons de remplacer le régime actuel de
rémunération au rendement par un nouveau
régime de rémunération à risque. La
rémunération y varierait en fonction du rendement
obtenu par rapport à des cibles convenues et à la
réalisation des plans d'activités. Pour chaque
cadre, des cibles seraient établies en fonction des
objectifs individuels, des objectifs de l'équipe et de
ceux de toute l'organisation, et porteraient sur une vaste gamme
d'éléments, y compris la gestion efficace des
ressources, le leadership associé à la
qualité du service, la prestation de conseils
stratégiques, l'innovation et, plus important encore,
l'atteinte des résultats et la concrétisation des
valeurs essentielles.
Un tel régime de rémunération doit
reposer sur de saines pratiques de gestion du rendement et
être le reflet des valeurs d'une fonction publique
axée sur le bien de la population. Le cadre de gestion du
rendement devra harmoniser l'atteinte des résultats
à long et à court termes, prévoir des
mécanismes tantôt souples, tantôt plus
rigoureux, pour mesurer les valeurs ou l'atteinte des objectifs,
ainsi que la prise en compte des commentaires des divers
clients.
Même s'il reste à arrêter les
détails, les éléments suivants sont
importants :
- avant le début de chaque période de mesure
consécutive à un processus de rétroaction
des clients, on s'entend sur un petit nombre de cibles;
- un mécanisme qui permet d'examiner les changements
importants survenant pendant la période de mesure;
- on évalue le rendement de façon permanente et
on remplit des évaluations annuelles dans les 60 jours qui
suivent la fin de la période de mesure;
- on effectue les paiements dans les 60 jours qui suivent la
fin de la période de mesure;
- la proportion de la rémunération à
risque augmente en fonction du niveau de
responsabilités.
En rapport avec ce dernier point, nous proposons une
méthode selon laquelle la proportion de
rémunération à risque, ou variable, serait
fonction des niveaux, c'est-à-dire 10 p. 100 pour les
niveaux EX-1 à EX-3, 15 p. 100 pour les niveaux EX-4, EX-5
et DM-1, et 20 p. 100 pour les niveaux DM-2 et DM-3.
Ce régime de rémunération variable est un
élément indissociable de la
rémunération totale. Cette partie n'est ni
versée ni retenue dans le cadre de la révision
annuelle des traitements. Son versement est fonction du rendement
réel mesuré par rapport aux cibles convenues.
Le Comité déterminera si cette partie variable
de la rémunération devrait ouvrir droit à
pension avant la mise en oeuvre du régime et après
un examen détaillé de l'ensemble des
modalités régissant les pensions.
Comparabilité des recommandations relatives à
la rémunération totale
Le graphique qui
suit permet de comparer la rémunération totale
proposée pour les cadres de niveaux EX-1 à EX-5 et
DM-2 (notre enquête n'a pas permis de relever suffisamment
de postes semblables aux niveaux DM-1 et DM-3) avec celle
d'emplois comparables dans le secteur privé et dans le
secteur public élargi.
![Rémunération totale proposée --
Comparabilité avec le secteur public élargi et avec
le secteur privé](/web/20071123023439im_/http://www.psagency-agencefp.gc.ca/reports-rapports/images/figure5f.gif)
Aux niveaux inférieurs, la structure proposée
suit d'assez près la rémunération du secteur
public élargi, mais elle est supérieure aux niveaux
les plus élevés. Cette structure apparie la
rémunération du secteur privé à celle
du niveau EX-1, mais par la suite, l'écart
s'élargit en faveur du secteur privé au fur et
à mesure qu'augmente la responsabilité.
Mise en oeuvre
Comme point de départ, nous émettons
l'hypothèse qu'en 1997-1998, les gestionnaires toucheront
une rémunération au rendement pour l'exercice
précédent (dont il n'est pas question dans le
présent rapport). Nous émettons également
l'hypothèse que des mesures auront commencé
à être prises pour éliminer les
iniquités internes, surtout au niveau EX-1, où l'on
retrouve de nombreux cas de compression et d'inversion. Il faut
aussi régler les cas des cadres de niveaux EX-1 et EX-2
qui sont rémunérés en dessous du taux
normal. Les traitements des membres des groupes EX et DM
devraient correspondre à au moins 90 p. 100 du taux normal
actuel, si leur rendement est jugé satisfaisant, bien
entendu.
Nous croyons que la nouvelle structure proposée devrait
être adoptée dès 1998 et que son
élément de la structure rémunération
variable, devrait être mis en oeuvre de manière
progressive. Ainsi :
- l'adoption immédiate de la nouvelle structure
enverrait un message clair aux membres des groupes EX et DM;
- la mise en oeuvre progressive de l'élément
rémunération à risque se présente
comme une méthode juste et raisonnable au plan
budgétaire.
Nous proposons donc ce qui suit :
- Il faut régler en priorité les iniquités
créées par les phénomènes de
compression et d'inversion, pour les cadres dont le traitement
est nettement inférieur au taux normal.
- On devrait maintenir la position relative du traitement d'un
cadre au rendement satisfaisant par rapport au taux normal
correspondant à son poste, c'est-à-dire que
l'introduction d'une nouvelle structure de
rémunération ne devrait pas aggraver l'écart
entre son traitement et le taux normal.
- Normalement, le cadre qui a un rendement entièrement
satisfaisant devrait être rémunéré au
taux normal dans les trois ans qui suivent l'introduction de la
nouvelle structure. La progression pourrait être plus
rapide pour ceux dont le rendement est exceptionnel et plus lente
pour ceux dont le rendement est moins satisfaisant.
- Les modalités du nouveau programme de gestion du
rendement devraient être arrêtées, et une
formation adéquate dispensée à tous les
gestionnaires, avant que ne soit introduit le volet de la
rémunération à risque.
- La mise en oeuvre du système de
rémunération à risque (variable) devrait se
faire progressivement, de sorte à être
complétée d'ici 2000-2001, après deux
années d'utilisation de 50 p. 100 du maximum
potentiel.
- On tiendra compte de la progression vers le taux normal et de
la mise en oeuvre progressive du régime de la
rémunération variable, qui viendront s'ajouter au
traitement de base, en fixant une augmentation maximale du budget
global de la rémunération en espèces. On
garantira ainsi une saine discipline financière.
La mise en oeuvre de la nouvelle structure se ferait de la
façon suivante :
Exercice 1997-1998
En vertu de l'ancien régime de
rémunération au rendement, effectuer des paiements
selon les anciennes règles et réserver des fonds
dans le budget des salaires et traitements. Dans la mesure du
possible, selon la disponibilité des fonds dans le budget,
essayer de verser aux cadres qui ont un rendement
entièrement satisfaisant un traitement correspondant
à 90 p. 100 du taux normal.
Exercice 1998-1999
Adopter la nouvelle structure salariale et préserver la
position relative de traitement de chaque individu par rapport
aux taux normal. S'il y a lieu, faire progresser la
rémunération des cadres qui ont un rendement
entièrement satisfaisant vers le taux normal, et
être prêts à verser des montants forfaitaires
en sus du taux normal, en guise de mesure transitoire entre
l'ancien système de rémunération au
rendement et le nouveau régime de
rémunération variable.
Exercice 1999-2000
Continuer de faire progresser vers le taux normal le
traitement des cadres qui ont un rendement entièrement
satisfaisant. Implanter le nouveau régime de
rémunération au rendement à compter du
1er avril 1999 et établir des objectifs visant
la rémunération «à risque».
Effectuer des paiements atteignant 50 p. 100 du maximum potentiel
entre cette date et la fin de mai 2000.
Exercice 2000-2001
Continuer de faire progresser le traitement des cadres
rémunérés en dessous du taux normal et dont
le rendement est entièrement satisfaisant, et
accroître les paiements découlant de la nouvelle
structure de rémunération jusqu'à 100 p. 100
du maximum potentiel.
Avril 2001
À cette date, l'intégrité de la structure
salariale devrait avoir été rétablie,
c'est-à-dire que la grande majorité des
gestionnaires devraient être rémunérés
au bon niveau de la structure salariale, en fonction de leur
rendement.
À partir de l'hypothèse que l'inflation sera peu
élevée d'ici 2001, il sera alors vraisemblablement
approprié de réviser la structure salariale
sous-jacente.
Autres mesures pour rétablir
l'intégrité
Rémunération intérimaire
Nous recommandons que la rémunération
intérimaire entre en vigueur sur-le-champ pour les cadres
de niveaux EX-1 à EX-3 qui occupent de façon
temporaire un poste de niveau plus élevé.
Après trois mois dans un tel poste, le cadre aurait
automatiquement droit à la rémunération
intérimaire, correspondant à une augmentation d'au
moins 5 p. 100. Toutefois, la rémunération
intérimaire ne saurait être versée pendant
plus de 12 mois dans un poste, sans l'approbation des
responsables du Secrétariat du Conseil du
Trésor.
Évaluation des postes
D'ici le 1er juillet 1998, il faudra avoir
complété toutes les évaluations
périmées, en accordant la priorité aux
postes de niveau EX-1 sur lesquels repose la stratégie de
rémunération.
Le Comité est également d'avis que la
création d'un nouveau poste de sous-ministre, à un
niveau très élevé, serait grandement
justifiée. À notre avis, certains des postes de
niveau DM-3 comportent nettement plus de responsabilités
que d'autres, ce qui reste toutefois à confirmer par une
analyse objective. Nous recommandons donc que le Bureau du
Conseil privé mène une évaluation d'un
échantillon représentatif des deux types de postes
de sous-ministre, soit fonctionnel et stratégique. Ce
projet d'évaluation des postes devrait également
inclure les postes de sous-ministre aux niveaux les plus
élevés, de même que présenter une
comparaison de ces postes avec ceux de l'extérieur de la
fonction publique.
Enfin, dans le cadre de l'élaboration d'une nouvelle
stratégie de gestion des ressources humaines appuyant la
nouvelle vision de la fonction publique, nous recommandons de
revoir le processus d'évaluation des postes des cadres
supérieurs, afin de déterminer si la méthode
actuelle est la meilleure ou s'il serait préférable
d'en choisir une autre.
Gestion du rendement
En parallèle avec l'élaboration d'un nouveau
régime de rémunération variable, il faudrait
également mettre au point des programmes spéciaux
pour appuyer les deux éléments vitaux de la mise en
oeuvre du régime de rémunération variable,
soit l'établissement des cibles et l'évaluation du
rendement. Il est essentiel de donner suite à cette
recommandation pour obtenir le changement de culture
souhaité et assurer le succès de la mise en
oeuvre.
Le processus actuel de gestion du rendement a
été beaucoup critiqué. On lui reproche sa
subjectivité, ainsi que son caractère injuste et
limitatif découlant de contingents arbitraires
imposés quant au nombre de cotes supérieures
permises. Le nouveau programme de gestion du rendement devra
comporter des objectifs et des responsabilités
libellés clairement et permettant de concrétiser
les priorités et les buts précis de l'organisation,
tels qu'ils figurent dans le plan d'activités, et
promouvoir les objectifs généraux de la fonction
publique. Il faut établir des paramètres qui
permettent de mesurer clairement le rendement de chaque cadre par
rapport aux cibles convenues.
Le Secrétariat du Conseil du Trésor se
chargerait de définir les éléments
clés du cadre de gestion du rendement, et les
ministères seraient tenus de soumettre tous les ans
à l'examen du Conseil du Trésor des plans
décrivant la manière dont ils prévoient
administrer leur programme de gestion du rendement, ainsi que les
critères en vertu desquels la rémunération
variable serait versée.
Quant aux sous-ministres, le Bureau du Conseil privé
devrait envisager d'améliorer le cadre de gestion du
rendement de même que de renforcer les mécanismes
d'examen centraux nécessaires pour garantir un traitement
équitable et uniforme.
Avantages sociaux variables
En ce qui concerne les avantages sociaux, nous recommandons,
conformément au point de vue déjà
exprimé à l'effet que la collectivité des
leaders devrait recevoir un traitement distinct, d'entreprendre
une étude des avantages sociaux qui pourraient être
offerts de manière flexible. Cette étude se
pencherait sur la faisabilité d'adopter une approche de
type «à la carte» pour les
éléments non monétaires d'un programme de
rémunération destiné aux cadres, aux
sous-ministres et aux personnes nommées par le gouverneur
en conseil. De manière générale, il en
coûte peu à l'employeur d'offrir ce genre de
flexibilité, tandis que celle-ci revêt une valeur
importante pour les employés.
B. Autres personnes nommées par le gouverneur en
conseil
Principes de rémunération
Sauf s'il est expressément mentionné autrement,
les principes dont il est question dans la section qui
précède s'appliquent en général aux
autres personnes nommées par le gouverneur en conseil.
Toutefois, certains points diffèrent.
Dirigeants des sociétés d'État
En principe, il existe des différences importantes qui
devraient s'appliquer à bon nombre des premiers dirigeants
de sociétés d'État, compte tenu de la
situation particulière de leurs sociétés. Le
Comité recommande donc que le Bureau du Conseil
privé mène un examen complet des mécanismes
d'établissement des structures de
rémunération des premiers dirigeants et de la
gestion de leur rémunération. Cet examen tiendrait
compte de la portée et des responsabilités des
postes et devrait considérer les relativités
internes au point de vue rémunération et politiques
de rémunération de chaque société.
L'examen devrait également porter sur les pratiques en
matière de rémunération du secteur
d'activité économique de la société
d'État, ainsi que de l'équilibre relatif entre le
secteur public et la nature commerciale de cette
société. Le Comité passerait ensuite en
revue les résultats de cet examen et recommanderait les
structures et politiques appropriées en matière de
rémunération, y compris la mesure du rendement et
la rémunération variable connexe.
Organismes de réglementation et tribunaux
administratifs
Comme on ne considère pas qu'un régime de
rémunération à risque soit approprié
pour les membres de ces organisations, les taux normaux devraient
être le plafond de rémunération applicable
à ce groupe de personnes nommées par le gouverneur
en conseil.
Structure de rémunération
Les structures de rémunération applicables aux
personnes nommées par le gouverneur en conseil dont les
responsabilités se comparent à celles des cadres de
direction et des sous-ministres devraient épouser les
structures de ces deux catégories. Pour les niveaux
inférieurs (GIC-1 à GIC-5), nous recommandons que
les nouveaux taux normaux tiennent compte du même
rajustement du taux normal que celui proposé pour le
niveau EX-1.
La structure recommandée est présentée
à la figure 6.
Rémunération à risque
(variable)
Le nouveau régime de rémunération
variable décrit précédemment pourrait
s'appliquer à juste titre aux personnes nommées par
le gouverneur en conseil qui ont des responsabilités de
gestion. Le Comité recommande donc que des travaux soient
initiés en vue d'élaborer les
éléments nécessaires à l'appui d'un
régime de gestion du rendement efficace destiné aux
dirigeants d'organismes et aux chefs de conseils consultatifs
ainsi qu'aux personnes nommées par le gouverneur en
conseil qui ne sont pas membres d'organismes de
réglementation ou de tribunaux administratifs. La
proportion de la rémunération variable pour ce
groupe ne devrait pas dépasser 10 p. 100 pour les niveaux
GIC-1 à GIC-6 inclusivement, et 15 p. 100 pour les niveaux
supérieurs.
Mise en oeuvre
On devrait procéder de la même façon que
pour les collectivités EX et DM. Les échelles de
rémunération des dirigeants des grandes
sociétés d'État seraient majorées
d'un pourcentage identique à celui des cadres de niveau
DM-2, en attendant l'étude plus poussée, par le
Comité, de l'examen complet de la
rémunération proposé
précédemment. Puisque les dirigeants de ces
sociétés occupent actuellement un poste
équivalant ou supérieur au niveau DM-2, le
rajustement ultérieur serait vraisemblablement plus
élevé.
3. La qualité à long terme de la fonction
publique
L'adoption d'une nouvelle vision pour la fonction publique et
d'une politique de rémunération totale
adéquate sont des étapes importantes pour relever
le défi du renouvellement de la fonction publique.
Toutefois, il faut prendre d'autres mesures si l'on veut
maintenir et raffermir le leadership interne. Nous recommandons
d'abord de confier à quelqu'un la responsabilité
non équivoque de la gestion intégrée les
cadres du groupe de la direction, soit les niveaux EX-4 et EX-5.
Il faut mener une analyse des besoins de relève au cours
de la prochaine décennie, y compris chez les
sous-ministres. Puis, il faudra mettre en place un programme de
formation et de perfectionnement doublé, au besoin, d'un
programme de recrutement externe, pour s'assurer d'un bassin de
candidats suffisamment chevronnés et aptes à
être promus. Il est également important de
constituer une base de données sur l'expérience des
cadres de direction, leurs aptitudes et leurs compétences,
et de revoir le processus de nomination qui s'applique à
leur cas.
Il faut promouvoir, élargir et intégrer
entièrement au processus de gestion des ressources
humaines les programmes de La Relève axés
sur le perfectionnement individuel. De plus, même si la
déclaration volontaire est un élément
très important, la haute direction doit également
jouer un rôle plus dynamique pour trouver les gestionnaires
qui ont un bon potentiel, tant dans le cadre de
l'évaluation globale du rendement qu'en conformité
avec sa responsabilité de gérer ses ressources
humaines. Ce rôle, tout comme le perfectionnement
individuel, devrait devenir un élément formel du
système d'évaluation du rendement.
Le profil de la fonction publique fédérale
d'aujourd'hui laisse présager un immense roulement au
cours des dix premières années du nouveau
millénaire. Même si ce mouvement représente
l'occasion de modifier l'organisation des ressources, ceci
engendrera sans aucun doute une pénurie
d'expérience. Le gouvernement devra préciser ses
besoins critiques de relève, tant au niveau
d'entrée qu'au niveau de mi-carrière, en s'appuyant
sur sa nouvelle vision pour définir les compétences
et les aptitudes souhaitées. À notre avis, c'est un
investissement nécessaire pour garantir l'excellence
future de la fonction publique.
Résumé
Alors que le déficit budgétaire a
été le principal défi de la dernière
décennie, le déficit potentiel au titre des
ressources humaines dans la fonction publique représente
un défi de taille qu'il faudra surmonter dans la prochaine
décennie. Nous proposons d'y faire face en :
- créant une nouvelle vision et une nouvelle culture de
la fonction publique;
- révisant la structure de
rémunération;
- adoptant un nouveau régime de
rémunération à risque, ou variable, qui
repose sur les assises solides d'une nouvelle culture de gestion
du rendement;
- examinant les besoins en ressources humaines de la prochaine
décennie dans l'optique d'améliorer la formation et
le perfectionnement et de préciser les besoins
d'embauche.
Toutes nos recommandations doivent être
intégrées aux initiatives de La
Relève, en convenant des priorités et des
nouvelles responsabilités.
Notre comité est d'avis que ses recommandations sont un
investissement essentiel et un gage de l'excellence future de la
fonction publique fédérale. Nous croyons que si
aucune mesure n'est prise, le coût en sera exorbitant et
qu'il aura de lourdes conséquences pour le Canada et sa
population. Par contre, ces recommandations offrent l'occasion
idéale de nous doter d'une base solide qui assurera la
compétitivité du Canada au cours du prochain
millénaire.
|