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temp2.gif L'empoisonnement des rapaces par les pesticides
un indicateur de la présence de contaminants toxiques dans le delta du Fraser
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Que se passe-t-il?

Entre 1991 et 1997, le Service canadien de la faune (SCF) d'Environnement Canada a recueilli 754 rapaces morts ou blessés sur l'ensemble de la Colombie-Britannique. De tous les rapaces, ce sont les pygargues à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) qui, à cause de leur grande taille, de l'image que le public s'en est faite, de leur habitude de charognards et de leur effectif élevé dans le delta du Fraser, qui sont le plus souvent trouvés et rapportés aux autorités (458 au total en Colombie-Britannique).

Entre 1991 et 1997, le nombre d'empoisonnements de pygargues à tête blanche par des pesticides dans le delta du Fraser est resté fluctuant car les efforts mis en jeu pour récupérer les oiseaux sur le terrain ont varié d'une année à l'autre. Le pourcentage de pygargues pour lesquels l'empoisonnement a été confirmé a néanmoins diminué régulièrement au cours de cette période. Cette diminution reflète un déclin général des cas d'empoisonnement dus aux pesticides chez plusieurs espèces de rapaces, notamment le Pygargue à tête blanche, la Buse à queue rousse, le Grand-duc d'Amérique, la Buse pattue et le Busard Saint-Martin.

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Source : L. Wilson, Environnement Canada, Service canadien de la faune, Delta (Colombie-Britannique), 1999. Nota : tous les empoisonnements ci-dessus ont été attribués à des insecticides à base d'organophosphates ou de carbamates. Ces produits chimiques, souvent qualifiés de pesticides anticholinestérase, sont des composés extrêmement toxiques, à action rapide, qui affectent le système nerveux.

Parmi tous les pygargues à tête blanche retrouvés dans l'ensemble de la province au cours de la période en question, 12 % des oiseaux avaient été empoisonnés par des pesticides anticholinestérase. La majorité de ces empoisonnements se sont produits dans la région fortement agricole du delta du Fraser où un grand nombre de rapaces hivernent. Au moment des empoisonnements, la plupart des produits chimiques en cause étaient autorisés en Colombie-Britannique sous forme de granulés (les pesticides sont imprégnés dans de fines particules d'argile, de sable ou d'autres substances à partir desquelles ils sont graduellement diffusés dans le sol après l'épandage).

Le delta du Fraser offre un habitat hivernal pour des millions d'oiseaux migrateurs. On y observe les plus grandes concentrations d'oiseaux aquatiques, d'oiseaux de rivage et de rapaces hivernant au Canada (Butler et Campbell 1987). Les terres agricoles constituent un habitat critique pour ces espèces. L'agriculture est aussi un secteur économique important de la Colombie-Britannique, en particulier dans le delta du Fraser. Pour rester compétitifs, les agriculteurs doivent impérativement utiliser tous les moyens mis à leur disposition. Or, certains de ces moyens, comme les pesticides, peuvent avoir un impact négatif sur la faune. Entre 1960 et 1994, plus de 100 incidents aviaires mortels mettant en jeu au moins 3 700 oiseaux (oiseaux chanteurs, oiseaux aquatiques et rapaces) ont été attribués à l'utilisation de pesticides agricoles dans le delta du Fraser et dans le Sud-Est de l'Île de Vancouver (Wilson et al. 1995).

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Source : L. Wilson, Environnement Canada, Service canadien de la faune, Delta (Colombie-Britannique), 1999. Les « Autres traumatismes » correspondent aux blessures traumatiques mortelles (coup de fusil, collisions avec un véhicule) et aux noyades. Les « autres causes naturelles » comprennent notamment la mort de l'oiseau à la suite d'une infection, d'une maladie, du manque de nourriture, de l'abandon des parents, d'un épuisement physique ou d'une chute du nid. Les causes ont été catégorisées suivant la méthode adoptée par Wilson et al., 1995.

En Colombie-Britannique, les causes les plus fréquentes de mortalité chez le Pygargue à tête blanche entre 1991 et 1997 ont été l'électrocution et les autres types de traumatismes (coups de fusil, collisions avec un véhicule et noyades). Dans le delta du Fraser, les causes de mortalité dominantes au cours de la même période ont été l'électrocution et l'empoisonnement par les pesticides. 

Pourquoi en est-il ainsi?

Poisoned wintering ducks in an agricultural field (February, 1994), Fraser River Delta, BC
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Photo courtesy of J. Elliott, Environment Canada, Canadian Wildlife Service, Delta, BC

Les types les plus communs de pesticides employés aujourd'hui par les agriculteurs de la Colombie-Britannique font partie de la famille des insecticides anticholinestérase, qui ont un effet destructeur sur le système nerveux. Contrairement aux pesticides utilisés antérieurement, tels que le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane), ces produits chimiques se décomposent rapidement dans l'environnement. Lorsqu'ils sont encore présents, ils peuvent cependant être extrêmement toxiques et présenter un sérieux danger pour les espèces « non ciblées » présentes dans le secteur.

Certains empoisonnements d'animaux peuvent être attribués à l'utilisation abusive intentionnelle d'un produit toxique mais la majorité des incidents se produisent dans le cadre de pratiques agricoles recommandées. Des oiseaux aquatiques se nourrissant de graines et de gritz dans des champs agricoles ont été empoisonnés après avoir ingéré des granulés contenant encore des pesticides. Des rapaces ont à leur tour été empoisonnés après s'être nourris d'oiseaux aquatiques morts ou malades.

Des inondations fréquentes dues à la pluie et l'acidité élevée du terrain dans le delta du Fraser peuvent ralentir la dégradation des produits chimiques contenus dans les formulations granulaires. Des études effectuées par le SCF et Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) ont montré que des concentrations importantes de l'ingrédient actif utilisé dans la formulation granulaire de certains insecticides anticholinestérase peuvent persister jusqu'à 9 mois dans le sol des champs traités (Wilson et al. 1996).

La diminution du nombre d'empoisonnements de rapaces résulte en grande partie des conclusions tirées de ces études. Ces dernières ont en effet motivé le retrait de certains pesticides du marché local et un effort d'AAC pour promouvoir de nouvelles stratégies de lutte contre les parasites. Jusqu'en 1994, par exemple, l'insecticide phorate était le produit préféré pour contrôler la larve de taupin, un parasite commun dans les champs de pommes de terre du delta du Fraser.

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Source : Elliott et al. 1996a, b et données non publiées d'Environnement Canada, SCF, Delta (Colombie-Britannique). Nota : Il n'a pas été possible d'établir quel pesticide était responsable dans certains cas d'empoisonnement. Tous les pesticides ci-dessus sont des pesticides anticholinestérase contenant principalement des insecticides à base d'organophosphates, excepté le carbofuran qui est à base de carbamate.

Le nombre important d'empoisonnements de rapaces par le phorate conduisit le fabriquant à retirer volontairement le produit du marché local. L'année suivante, les cultivateurs de pommes de terre ont utilisé un autre insecticide, le fonofos, pour contrôler la larve de taupin. Au cours de l'hiver qui suivit, aucun des cas d'empoisonnement ne put être attribué au phorate, mais neuf d'entre eux étaient liés au fonofos.  À la suite de ces incidents, l'AAC a averti les cultivateurs de pommes de terre locaux des dangers que présentent pour la faune les formulations granulaires à base de phorate ou de fonofos. Suite à quoi plusieurs agriculteurs décidèrent donc de n'utiliser aucun granulé contenant du fonofos tandis que d'autres modifièrent leur méthode d'épandage en ne traitant que le pourtour des champs suspectés d'être infestés par la larve de taupin. Résultat : un nombre moindre d'empoisonnements dus au fonofos était signalé l'hiver suivant. 

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Les empoisonnements de pygargues à tête blanche correspondent à la forte augmentation du nombre de ces oiseaux hivernant dans le delta du Fraser. Le nombre de pygargues venus passer l'hiver 1989-1990 dans le delta du Fraser a ainsi presque doublé par rapport aux hivers précédent (Wilson et al. 1999).

Lorsque les pygargues sont plus nombreux, il y a plus de chance que des cadavres d'oiseaux aquatiques soient découverts et dévorés. La fréquence des empoisonnements de pygargues est à son maximum au cours des mois d'hiver, lorsque leur population dans le delta du Fraser atteint elle aussi son maximum. Des études effectuées pendant l'hiver ont montré que lorsque des carcasses de canards étaient placées dans des champs, 78 % d'entre elles étaient repérées par des oiseaux charognards dans les 24 heures qui suivaient (Peterson et al., 1999).

Bien que des études toxicologiques suggèrent que les pratiques agricoles sont un important vecteur d'empoisonnement des pygargues par les pesticides, il se peut également que certains oiseaux s'empoisonnent en se nourrissant à la décharge municipale de Vancouver, située au milieu du delta du Fraser, dans le secteur de Burns Bog. On a parfois aperçu des concentrations de plus d'une centaine de pygargues sur le site de la décharge mais aucun empoisonnement n'a jamais été attribué à une telle fréquentation (J. Elliott, SCF, données non publiées, août 1999)

Pourquoi est-ce important?

Les empoisonnements par les pesticides anticholinestérase ne semblent pas affecter sérieusement l'ensemble de la population des pygargues à tête blanche du Sud-Ouest de la Colombie-Britannique. Les effectifs de pygargues à tête blanche ne cessent d'augmenter (voir l'indicateur Pygargue à tête blanche), et la fécondité de la population locale du delta du Fraser est plus élevée que celle d'autres populations du littoral de la Colombie-Britannique. Les empoisonnements atteignent cependant probablement un certain nombre de pygargues migrateurs puisque ces oiseaux viennent hiverner dans la région en nombre important. L'impact de ces empoisonnements sur les populations d'origine n'est pas connu.

Le delta du Fraser a une importance internationale pour l'hivernage des rapaces et pour d'autres oiseaux migrateurs. Les oiseaux qui hivernent dans cette région sont soumis à de nombreux facteurs de stress. La réduction de l'habitat faunique et la dispersion de contaminants toxiques sont une conséquence directe de la forte croissance démographique et économique dont fait l'objet le bassin de Géorgie. C'est ce qui explique l'importance des efforts déployés pour minimiser les impacts négatifs d'une telle croissance et pour augmenter les chances de survie des espèces menacées par l'intermédiaire du programme de surveillance des pesticides.

Au cours de l'hiver 1995-1996, près de 20 000 buses de Swainson sont mortes en Argentine après avoir mangé des sauterelles contaminées. L'hécatombe a décimé approximativement 5 % de la population mondiale des buses de Swainson, ce qui prouve l'importance de réglementer et de surveiller l'utilisation des pesticides (Henny et al. 1998). Le pesticide responsable de cet incident a été interdit en Argentine en 1999.

Les pygargues sont des prédateurs situés à l'extrémité de la chaîne alimentaire. Comme le public les reconnaît facilement, les sujets blessés ou morts ont plus de chance d'être repérés. Cependant, il est peu probable que la majorité des aigles empoisonnés soient signalés au Service canadien de la faune. Des espèces moins visibles, qui jouent néanmoins un rôle important dans la chaîne alimentaire, peuvent aussi avoir subi des empoisonnements sans que personne ne s'en soit rendu compte. Les dommages infligés à ces populations peuvent rester ignorés suffisamment longtemps pour qu'il soit impossible d'éviter des impacts irréversibles sur les écosystèmes locaux. L'utilisation du Pygargue à tête blanche comme espèce indicatrice, qui permet de détecter les contaminations dues aux pesticides, a probablement bénéficié à de nombreuses espèces plus discrètes.

Que fait-on?

Les formulations granulaires de cinq des sept pesticides mis en cause dans l'empoisonnement de rapaces (carbofuran, fensulfothion, fenthion, parathion et phorate) ont été retirées du marché de la Colombie-Britannique. Au moins trois des retraits ont été motivés par l'empoisonnement d'animaux sauvages. Le sixième pesticide, fonofos, doit être retiré en 1999 après épuisement des stocks existants. Le septième pesticide, terbufos, est le produit le moins persistant des poisons mis en cause et il continuera à être utilisé. Parmi les autres produits en granulés disponibles sur le marché local on peut citer le diazinon, le disulfoton, le chlorpyrifos et l'éthion (tous des pesticides anticholinestérase). Aucun de ces produits n'a pour l'instant été mis en cause dans un empoisonnement de rapace. Tous les changements concernant l'utilisation des pesticides ont été décidés à l'issue de consultations et grâce à la collaboration continue de divers groupes d'intérêts comme la communauté agricole de Delta, Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), Environnement Canada et l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA).

En février 2000, le BC Agricultural Council a coordonné un programme visant à ramasser et à se débarrasser convenablement de pesticides périmés et non désirés auprès des agriculteurs et des propriétaires de pépinières de la vallée du bas Fraser. Plus de 33 000 kg de produits antiparasitaires ont été ramassés aux dépôts temporaires prévus à cet effet. Ce projet a été financé par l’entremise du Crop Protection Institute of Canada, représentant les fabricants de pesticides, de la BC Investment Agriculture Foundation, par le truchement d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, et de l’Initiative de l'écosystème du bassin de Géorgie. Les ministères de l’Agriculture et de l’Alimentation, des Pêches et de l’Environnement de la Colombie-Britannique ont également offert leur appui.

Les cas d'empoisonnement de rapaces sont toujours répertoriés par le SCF puisque les pesticides posent un danger continuel pour les oiseaux. Le SCF a également créé un réseau de plusieurs organismes gouvernementaux (AAC et l'ARLA) qui sont en mesure de réagir immédiatement en cas d'incident suspecté provenir d'un empoisonnement par pesticides, quelle que soit l'espèce touchée. L'objectif de ce réseau est de pouvoir effectuer une enquête dans chaque cas et de limiter l'étendue des dégâts sur la chaîne alimentaire en tentant d'isoler l'incident. Les spécialistes des soins apportés à la faune sont aujourd'hui capables de reconnaître les cas d'empoisonnement dus à l'anticholinestérase et peuvent mieux traiter les animaux atteints, ce qui diminue la mortalité associée à ce type d'incident. AAC travaille avec le SCF et plusieurs organismes non gouvernementaux pour trouver des solutions de rechange à l'usage des pesticides.

Le SCF s'occupe également d'autres aspects liés au bien-être des rapaces. La chasse de la sauvagine à l'aide de munitions contenant du plomb a ainsi été interdite, principalement à cause de l'empoisonnement au plomb des pygargues à tête blanche qui se nourrissaient d'oiseaux contenant de la grenaille de plomb. Le SCF surveille également les cas d'empoisonnement de rapaces qui se sont nourris de rongeurs eux-mêmes empoisonnés par des produits rodenticides.

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Pour plus d'information, contactez : John.Elliott@ec.gc.ca or Laurie.Wilson@ec.gc.ca

Consultez les sites suivants pour de plus amples renseignements concernant cet indicateur :

Pour consulter les références utilisées dans cet indicateur, cliquez ici.

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