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Établir le cadre de gestion des RH pour la fonction publique fédérale canadienne


Notes d’allocution
Rick Burton
Vice-président, Modernisation de la gestion des ressources humaines
Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada.

Conférence internationale de l’IPMA-HR sur la formation
Phoenix, Arizona, É.-U.
Le 18 octobre 2004

La version prononcée fait foi.

Bonjour. Je m’appelle Rick Burton. Je suis vice-président, Modernisation de la gestion des ressources humaines, une direction de l’Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada.

Je suis ici aujourd’hui probablement pour la même raison que nombre d’entre vous, c’est‑à‑dire parce que les gouvernements de par le monde, à tous les niveaux, que ce soit à l’échelle fédérale, provinciale, des états ou municipale, sont de plus en plus confrontés à un défi commun : comment attirer et maintenir en poste les meilleurs fonctionnaires possible et comment leur permettre de se perfectionner. Ce défi est particulièrement grand dans les pays à l’économie plus développée, où la demande de personnel très compétent fait bondir les salaires bien au-delà de la capacité des gouvernements de les concurrencer.

En outre, les attentes du public à l’endroit des gouvernements sont plus élevées que jamais. Les contribuables réclament plus d’ouverture, de transparence, de responsabilisation et de rapports clairs sur le rendement et la valeur qu’ils reçoivent en échange de leurs impôts. Ils le réclament avec d’autant plus de véhémence, du moins au Canada, qu’un petit nombre de fonctionnaires ont été impliqués dans des scandales qui ont reçu une grande couverture médiatique et laissant entrevoir que nous avons lésiné sur des aspects essentiels de la formation, comme les valeurs et l’éthique.

Il est donc devenu évident que si nous voulons une fonction publique dont tous les Canadiens et toutes les Canadiennes seraient fiers et qui attire le type d’employés que nous souhaitons, il faut réévaluer un grand nombre de nos pratiques de gestion.

Mon exposé porte sur les démarches que le gouvernement du Canada a entreprises pour relever le défi, sous l’angle des ressources humaines, en admettant qu’il ne s’agit que d’un élément, quoique important, de la réforme de la fonction publique visant à offrir un meilleur service aux Canadiens et aux Canadiennes.  

Je commencerai par décrire le Cadre de responsabilisation de gestion, qui établit les attentes globales pour une gestion moderne de la fonction publique et examine les résultats d’ensemble, comme les services et les produits à l’intention des contribuables et le degré de satisfaction de ces derniers à l'égard de l’utilisation qui est faite de leur argent. Tous les bureaucrates semblent affectionner les acronymes; nous avons donc baptisé le Cadre de responsabilisation de gestion le CRG. 

L’aspect humain constitue un des principaux éléments du CRG. Aujourd’hui, les ressources humaines sont considérées comme une partie intégrante de la réalisation de nos objectifs, et chaque ministère, administratrice générale ou administrateur général en est tenu responsable.

Lorsque j'aurais décrit le CRG et son aspect humain, je vous présenterai brièvement la réalité dans laquelle nous travaillions : notre système politique, la taille de notre fonction publique, le cadre législatif qui nous régissait et quelques autres défis auxquels nous étions confrontés.

Je présenterai ensuite quelques éléments législatifs que nous avons mis en place pour répondre à cette réalité ainsi que la structure de gouvernance que nous avons établie pour guider la mise en œuvre de la nouvelle législation, notamment la création de la nouvelle Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada.

Pour conclure, je survolerai quelques-uns des éléments non législatifs de la modernisation des ressources humaines que nous sommes à mettre au point, comme l'équité salariale, la réforme de la classification, les services partagés et les services d'apprentissage.

 

Je mentionnais que le Cadre de responsabilisation de gestion est axé sur les résultats globaux, que nous avons appelés Résultats pour les Canadiens et les Canadiennes. Nous savons tous que les citoyens et les citoyennes à qui nous offrons des services ne se soucient pas des processus ni de la conformité, pas plus que du déroulement. Tout ce qu’ils souhaitent, c'est que les services fonctionnent. Et si nous réussissons à faire en sorte qu’ils fonctionnent mieux, parfait.

Voilà la raison pour laquelle nous avons récemment publié notre CRG, ensemble de 10 énoncés résumant les attentes du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada (SCT) en matière de modernisation de la gestion des ressources humaines, dans la logique des Résultats pour les Canadiens et les Canadiennes. Le Cadre s’appuie sur la fonction de contrôleur moderne et sur d’autres initiatives de gestion comme le Cadre intégré de gestion des risques, l’Initiative d’amélioration des services et la modernisation de la gestion des ressources humaines, et il soutient l’élan qui en découle. Grâce à l’utilisation d’indices clairs, le Cadre servira de modèle exhaustif et intégré aux gestionnaires de la fonction publique pour évaluer les progrès et mesurer les résultats dans les ministères et organismes en plus de renforcer la responsabilisation à tous les niveaux de gouvernement.

La modernisation de la gestion des ressources humaines et le renforcement de la responsabilisation constituent les pierres angulaires du plan stratégique de l’Agence. Comme je l’ai déjà mentionné, la gestion des ressources humaines est maintenant considérée comme une partie intégrante de la réalisation des Résultats pour les Canadiens et les Canadiennes et non plus comme un inconvénient administratif. La responsabilisation, que je mentionnais plus tôt, peut s’illustrer par l’énoncé suivant, tiré du CRG : 

« Le ministère a les personnes et l’environnement de travail et il met l’accent sur le renforcement de la capacité et du leadership afin d’assurer son succès et de garantir l’avenir de la fonction publique du Canada. »

La responsabilité de s’assurer que ces éléments sont en place revient à l'administrateur général ou à l'administratrice générale.

Nous avons travaillé avec acharnement pour définir avec précision quels indicateurs de rendement permettraient d'illustrer qu'un ministère a bien les choses en main.

À ce jour, nous avons défini deux éléments principaux : le milieu de travail et l’effectif.

Nous souhaitons un « milieu de travail qui est équitable, positif, sain et sûr afin de fournir les meilleurs services aux Canadiennes et aux Canadiens. »

Cette définition englobe :

  • des pratiques équitables dans le milieu de travail et en matière d’emploi et des relations patronales-syndicales efficaces,
  • une orientation claire, la collaboration, le respect des droits linguistiques, de la diversité et des situations particulières des membres du personnel et du soutien à cet égard afin que ces derniers puissent remplir leur mandat,
  • un environnement matériel et psychologique sain et sûr.

Nous voulons « un effectif productif, fondé sur les principes, durable, adaptable et qui offre le meilleur service aux Canadiens et aux Canadiennes. »

Cette définition englobe :

  • un effectif dévoué, dont la taille, la gamme de compétences et la diversité d’antécédents lui permettent de s’acquitter de ses fonctions avec compétence,
  • un effectif représentatif de la population canadienne, respectueux des langues officielles du Canada et qui s’acquitte de ses fonctions dans le respect des valeurs et de l’éthique de la fonction publique,
  • un effectif renouvelable et abordable,
  • qui est souple, polyvalent, créatif et voué à l’apprentissage continu.

 

Pour y arriver, il faut que la planification des ressources humaines soit intégrée aux plans d’activités du ministère.

Appliquer les valeurs de la fonction publique dans la pratique quotidienne constitue une partie essentielle de la stratégie visant à répondre aux attentes de la population que nous servons. Nous avons élaboré de nouvelles lignes directrices et donné plus de formation pour nous assurer que les fonctionnaires connaissent les devoirs qui leur incombent et les limites qui leur sont imposées.

Dans le cadre de l’aspect humain, des indicateurs plus précis sont en cours d’élaboration. Ils feront partie de l’entente de responsabilisation prise avec les administrateurs généraux et les administratrices générales et les premiers dirigeants et les premières dirigeantes. Leur prime de rendement y sera conditionnelle. Éléments constitutifs du Cadre de responsabilisation de gestion, les valeurs et l’éthique doivent faire partie du processus d’évaluation du rendement. Nous sommes convaincus que cette étape est essentielle pour parachever le processus de responsabilisation.

Nous voulons également nous assurer que nos emplois sont à l’image du monde du travail moderne, que nous versons à nos employés un juste salaire pour leur contribution et que nous leur fournissons, nous, l’employeur, la structure nécessaire pour leur offrir un développement de carrière intéressant.

À présent que vous savez ce que nous souhaitons réaliser sur le plan global, je voudrais, avant d’entrer dans les détails, vous présenter un bref aperçu de notre réalité de travail.

Je mentionnerai tout d’abord que notre système politique est différent du système

états-unien. En effet, il suit le modèle parlementaire britannique. Nous n’avons pas d’élections présidentielles comme c’est le cas ici.

Dans notre système, chaque ministère fédéral (dont l’Agence) a à sa tête un ou une ministre, membre du parti au pouvoir. Le ou la ministre relève du premier ministre, qui est le chef du parti ayant gagné la majorité des sièges au Parlement. La fonction publique fédérale ne relève pas directement du premier ministre. Il y a récemment eu des élections au Canada, qui ont reconduit le Parti libéral au pouvoir, mais dans une position minoritaire.

Le noyau de la fonction publique canadienne se compose de quelque 170 000 fonctionnaires, sans compter les Forces armées ni les membres en uniforme de la Gendarmerie royale du Canada. À ce chiffre, s’ajoutent les 65 000 personnes qui travaillent auprès des employeurs distincts, comme l’Agence du revenu du Canada, qui perçoit les impôts, et l’Agence canadienne d’inspection des aliments. Tous ces employés, hormis les cadres de direction, les spécialistes des RH et quelques autres exceptions, sont syndiqués.

Comme dans la plupart des pays occidentaux, dont les États-Unis, la main‑d’œuvre canadienne est vieillissante. Depuis 1970, il y a eu très peu de recrutement dans la fonction publique. Il en découle que l’âge moyen des fonctionnaires dépasse celui de l’ensemble de la main‑d’œuvre canadienne. À titre d’exemple, près de 70 % du personnel de direction et 50 % du reste de l’effectif sont censés prendre leur retraite dans les dix prochaines années. (Certes, nous constatons, comme la plupart des employeurs, que les employés ne prennent pas leur retraite dès qu’ils le peuvent, ce qui bouscule nos projections.)

Il n’en reste pas moins que nous estimons devoir embaucher au moins 7 000 nouveaux employés et nouvelles employées au cours des 13 prochaines années pour remplacer ceux et celles qui partiront à la retraite. Ces chiffres ne tiennent pas compte des promotions ni des transferts qui en découleront et qui ne manqueront pas d’amplifier les bouleversements organisationnels profonds pendant cette période.

Je tiens à souligner que le Canada a connu le plus important baby-boom du monde. Il s’ensuit que nous assisterons bientôt à ce que nous considérons comme un exode massif et inédit de personnes, qui quitteront tous les secteurs du monde du travail partout au Canada. Ainsi donc, le secteur public devra activement concurrencer le secteur privé pour embaucher les meilleurs candidats et candidates issus du même bassin restreint de talents.

 

Avec le temps, la législation canadienne régissant la gestion des ressources humaines est devenue considérablement désuète. Jusqu’à récemment, la base législative et ses processus liés aux ressources humaines n’avaient pas été actualisés depuis plus de 30 ans, stagnation qui a eu pour effet d’empêcher la fonction publique d’aller de l’avant. En voici une illustration.

  • Contrairement à ce qui se fait aux États-Unis, où le mérite est simplement un processus juste, sans partialité politique, à l’issu duquel la personne nommée est qualifiée pour l’emploi, au Canada, le « mérite » signifiait la nomination de la « meilleure » personne disponible pour un emploi donné. Nos pratiques de dotation, surtout lorsqu’il s’agissait de la définition du mérite, s’embourbaient dans des précédents établis par la jurisprudence. Ainsi, mêmes les processus de dotation les plus simples pouvaient durer des mois.
  • Nos normes de classification (touchant 72 groupes professionnels et même davantage de sous‑groupes, tous à niveaux multiples) n’avaient fait l’objet d’aucun changement d’envergure depuis plus de 20 ans. Les normes de classification sont désuètes et, dans de nombreux cas, elles décrivent des tâches qui n’existent plus ou elles omettent des nouvelles tâches. Dans certains cas, le lien avec les réalités du marché du travail canadien a été perdu. Comme elles ne satisfont pas aux exigences de salaire égal pour un travail de valeur égale, il y a une faiblesse à l’égard des questions d’équité salariale et un coût éventuel pour les Canadiens et les Canadiennes. Lorsque j’ai pris connaissance du livre blanc de l’Office of Personnel Management (OPM) sur les traitements au palier fédéral, j’ai pu constater que la fonction publique états‑unienne est confrontée aux mêmes enjeux que la nôtre. Dans les deux cas, la modernisation s’avère nécessaire pour améliorer « les traitements, outils stratégiques de gestion du capital humain ».
  • Notre personnel était plus âgé et expérimenté et il y avait eu d’importantes restrictions budgétaires. La formation et le perfectionnement étaient donc limités. La formation et le perfectionnement sont d’ailleurs les premières fonctions à souffrir des compressions budgétaires découlant de l’examen des dépenses, au Canada, tout comme aux États-Unis. Comme je l’ai déjà mentionné, nous avons lésiné sur de nombreux domaines essentiels de la formation, notamment les valeurs et l’éthique dans la fonction publique. Les effets s’en sont fait ressentir : des failles sont apparues dans le respect des valeurs et de l’éthique, semblables à celles qui sont apparues dans le secteur privé.
  • Pour ce qui est des relations patronales‑syndicales, nous sommes l’employeur des 170 000 personnes qui forment le noyau de la fonction publique. La négociation collective est centralisée, et nos relations avec les agents de négociation de nos employés relevaient plus souvent du conflit que de la collaboration. Nous sommes en pleine négociation collective avec l’Alliance de la Fonction publique de Canada, soit le plus grand syndicat de la fonction publique, dont quelque 130 000 membres sont en position de grève légale. Des grèves ont d’ailleurs eu lieu la dernière semaine où je me trouvais à Ottawa, causant des interruptions de services pour les Canadiens et les Canadiennes.
  • Jusqu’à il y environ 30 ans, au Canada, contrairement à ce qui se passait aux États‑Unis, la population était relativement homogène, d’ascendance européenne. La vapeur s’est considérablement renversée. De nombreux Néo-canadiens et Néo‑canadiennes proviennent de partout dans le monde et, dans plusieurs de nos villes principales, les Canadiens et les Canadiennes qui ne sont pas d’origine européenne représentent plus de la moitié de la population. Notre fonction publique n’a pas suivi ce mouvement, principalement en raison de l’embauche limitée au cours des vingt dernières années, même s’il peut toujours y avoir eu des exceptions.

 

  • En outre, même s’il ne s’agit pas là d’un phénomène unique sur la scène internationale, la fonction publique canadienne doit s’adapter à une autre réalité. En effet, il y a deux langues officielles au Canada, le français et l’anglais. La Loi sur les langues officielles nous oblige à offrir aux Canadiens et aux Canadiennes des services dans la langue de leur choix, de permettre aux fonctionnaires dans les régions bilingues de travailler dans la langue de leur choix et à favoriser la participation égale des Canadiens et des Canadiennes francophones et anglophones à la fonction publique. Le processus s’est avéré lent – en partie du fait qu’il est difficile de changer les habitudes, que l’anglais constitue la langue internationale des affaires et que notre culture se rapproche de celle de la Grande-Bretagne et de celle des États-Unis. Cependant, nous faisons des progrès.
  • À l’heure actuelle, les services de RH sont décentralisés dans les ministères. Quelque 2500 spécialistes des RH assurent ces services. Toutefois, les spécialistes des RH formés et chevronnés sont rares et il est prévu que les nôtres prennent leur retraite au même rythme, sinon à un rythme plus rapide que le reste des fonctionnaires.
  • Les systèmes d’information sur les RH ne communiquent pas toujours très bien. Nous manquons donc de données solides pour prendre des décisions organisationnelles.
  • Comme c’est le cas aux États-Unis, le régime de RH de la fonction publique du Canada est fondé sur des lois, des politiques, des lignes directrices, des conventions collectives et des règlements judiciaires ou quasi‑judiciaires. Il est complexe, empreint de bureaucratie et difficile à piloter.
  • En outre, il y a eu plusieurs tentatives, au fil des ans, pour réformer les pratiques liées aux activités de RH dans la fonction publique. La plus récente a été une initiative d’uniformisation de la classification. De nombreuses personnes ont investi d’innombrables heures de travail dans ce système avant qu’on se rende compte qu’il ne fonctionnerait pas. Ces échecs ont contribué à créer un climat de cynisme et de lassitude ainsi que de la répugnance, chez certaines personnes, à devoir « remettre l’épaule à la roue ».

 

Le CRG constitue un bon point de départ pour relever ces défis, mais en fait, il nous explique seulement ce que nous voulons faire et pas comment le faire. Pour répondre à cette dernière question, le gouvernement du Canada a élaboré un plan pluriannuel, combinant des changements législatifs et non législatifs dans six domaines :

  • la dotation,
  • la formation,
  • le changement culturel,
  • l’engagement des cadres de direction et des têtes dirigeantes des syndicats,
  • les services partagés, et
  • une nouvelle structure organisationnelle.

Le fil conducteur qui sous-tend toutes ces initiatives est une volonté de rendre les gestionnaires plus responsables de la gestion des ressources humaines, volonté qui se fonde sur la connaissance que les entreprises qui réussissent le mieux sont celles dont la haute direction passe le plus clair de son temps à s’occuper des gens.

C’est le cas dans toutes les fonctions publiques : pour changer des programmes et des pratiques, il faut souvent modifier la législation. Le Canada, qui ne fait pas exception à cette règle, a entrepris de changer la législation en matière de ressources humaines en adoptant la Loi sur la modernisation de la fonction publique. Ce véritable exploit a pris plus de quatre ans à se matérialiser, depuis le moment où il a fallu persuader la classe politique de prendre le temps et de manifester la volonté de le faire et celui où la Chambre des communes et le Sénat ont entériné la Loi. Il s’agit du plus important changement de la gestion des ressources humaines que le Canada a entrepris en 35 ans.

Cette Loi, qui a obtenu la sanction royale (a été promulguée) en novembre 2003, nous habilite en grande partie à réaliser la modernisation de la gestion des RH. La LMFP englobe :

  • une nouvelle Loi sur l’emploi dans la fonction publique (LEFP),
  • une nouvelle Loi sur les relations de travail dans la fonction publique (LRTDP),
  • des modifications à la Loi sur la gestion des finances publiques (LGFP), et
  • des modifications à la Loi sur le Centre canadien de gestion (LCCG).

La mise en œuvre de la LMFP est étalée sur les 18 prochains mois. Pendant cette période, elle nous permettra :

  • de moderniser le régime de dotation afin de faciliter l’embauche des bonnes personnes, lorsque c’est nécessaire et là où c’est nécessaire. Cette démarche entraîne une redéfinition fondamentale du principe du mérite pour harmoniser les processus de dotation et réduire le nombre de dossiers de recours, selon le modèle états-unien. À cette fin, il faut établir un lien solide entre la planification des ressources humaines et la planification des activités pour éviter de retomber dans les mailles de la jurisprudence, dans lesquelles nous sommes enchevêtrés actuellement;
  • d’entretenir une meilleure collaboration dans les relations patronales‑syndicales afin d’appuyer des milieux de travail sains et productifs;
  • de préciser les rôles des gestionnaires et de renforcer leur obligation de rendre des comptes à l’égard de la gestion des RH; et
  • d’offrir aux employés un accès plus ciblé à l’apprentissage et à la formation à tous les niveaux.

La législation a pour objectif de prôner une nouvelle façon de travailler main dans la main afin de bâtir de nouvelles relations :

  • tout d’abord, entre les membres du personnel et les gestionnaires, dans un milieu de travail positif qui favorise l’apprentissage continu à tous les niveaux,
  • ensuite, entre les agents de négociation et la direction, dans une collaboration plus étroite, grâce à la communication, à la consultation et au développement conjoint, afin d’améliorer la qualité du milieu de travail et la capacité de servir et de protéger les intérêts du public,
  • et enfin, entre les spécialistes des RH et les gestionnaires hiérarchiques, selon des relations où les spécialistes des RH deviennent des facilitateurs et des facilitatrices stratégiques à titre de partenaires opérationnels des gestionnaires, qui assumeront une plus grande responsabilité en matière de gestion des RH.

 

Un changement de ce type – il s’agit de fait d’un profond changement culturel – doit reposer sur une volonté de réalisation. Heureusement, nos élus de même que les leaders de la fonction publique sont persuadés qu’une fonction publique remarquable et dévouée est source de force et d’avantages.

Tous les ans, le greffier du Conseil privé, qui est le plus haut fonctionnaire de la fonction publique, définit les priorités pour l’exercice en cours dans son rapport au premier ministre. Cette année, les priorités étaient toutes axées sur l’aspect humain. Ces priorités englobent la gestion des ressources humaines liée à la mise en œuvre la Loi sur la modernisation de la fonction publique et l’intégration de la planification des ressources humaines et de la planification des activités des ministères.

En outre, le gouvernement a déclaré que les Canadiens et les Canadiennes méritent la meilleure fonction publique qui soit, fonction publique dont il a par ailleurs lui-même besoin pour réaliser son programme.

Un dirigeant syndical – qui fait encore preuve d’un certain scepticisme à l’égard de la LMFP – a déclaré que la Loi est une boîte vide qu’il faut remplir des politiques adéquates pour qu’elle fonctionne. Afin de s’assurer que nous disposons de telles politiques et qu’elles répondent aux besoins de tous les intervenants, des sous-comités de sous‑ministres ont été créés en vue d’élaborer les politiques, les lignes directrices et les outils nécessaires à la mise en œuvre de la Loi et de l’esprit de la Loi.

Ces sous-comités étudient les domaines suivants :

  • la dotation et les recours en dotation,
  • les relations de travail et la résolution des conflits,
  • la communication, l’apprentissage et le changement culturel, et
  • la responsabilisation, la gestion du rendement et les rapports.

Les sous-comités font rapport à un comité consultatif sur la gestion des RH composé de cadres de direction, dont le rôle consiste à donner des orientations et des conseils stratégiques concernant le programme du gouvernement en matière de MRH au chef de la fonction publique.

Une entreprise de cette envergure a nécessité deux changements structurels majeurs dans notre organisation soit, d’une part, la création de l’Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada et, d’autre part, la création de l’École de la fonction publique du Canada.

Avant l’adoption de la Loi, il y avait deux principaux organismes centraux en matière de RH. Il s’agit de la Commission de la fonction publique, qui était responsable du recrutement et de la dotation dans la fonction publique et du Conseil du Trésor, qui était responsable, en qualité d’Employeur, de tous les autres aspects du régime des RH. Comme la nouvelle Loi touche à des responsabilités des deux organismes centraux, il était impératif d’instaurer le nouveau régime de façon cohérente et coordonnée.

Voilà pourquoi, le 12 décembre 2003, en créant l’Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada, le gouvernement s’est assuré que ses plans de renouvellement de la gestion de ressources humaines à l’échelle de la fonction publique seront appliqués.

Je me dois de préciser que, contrairement à l’Office of Personnel Management, qui est responsable de tout le régime des RH, l’Agence de gestion des ressources humaines de la fonction publique du Canada s’occupe principalement des questions de gestion liées à l’apprentissage et au développement du leadership, aux langues officielles, à l’équité en matière d’emploi, à la planification des ressources humaines, à la classification, aux valeurs et à l’éthique et aux systèmes des RH. L’Agence a pour mandat d’assurer le leadership et l’approche nécessaires pour favoriser une gestion des ressources humaines moderne et axée sur les résultats dans toute la fonction publique.

L’Agence ne remplace pas la CFP ni le Secrétariat du Conseil du Trésor. Cependant, le changement permet au Secrétariat du Conseil du Trésor de continuer à se concentrer sur sa responsabilité sur le plan financier, notamment la négociation collective, les relations de travail, le régime des retraites et les avantages sociaux, et il permet à la Commission de la fonction publique de se concentrer sur les activités de recrutement et les politiques de dotation.

Nous avons une vision pour la fonction publique, une vision presque atypiquement canadienne de par son amplitude. Nous voulons créer :

« La meilleure fonction publique du monde, avec un effectif et un milieu de travail sans égal. »

À cette fin, l’Agence doit, d’une part, aider les ministères et organismes à se conformer aux nouvelles normes de gestion et de soutien des ressources humaines et, d’autre part, agir comme organisme de contrôle du rendement en matière de RH et veiller à la responsabilisation quant aux résultats.

 

Les priorités de l’Agence reposent sur trois piliers stratégiques liés aux résultats :

  • la modernisation de la gestion des ressources humaines et le raffermissement de la responsabilisation,
  • un leadership efficace et intègre et un milieu de travail de qualité, et
  • la réalisation d’une fonction publique représentative et accessible.

En collaboration avec ses partenaires dans les organismes centraux, les ministères, les organismes et les syndicats, l’Agence procédera, au cours des années à venir :

  • à la mise en œuvre de la Loi sur la modernisation de la fonction publique (LMFP),
  • à la réforme du système de classification,
  • au développement du leadership et de l’apprentissage de base,
  • à la mise en œuvre des dispositions législatives sur la protection des fonctionnaires dénonciateurs et du nouveau Code de valeurs et d’éthique, à l’amélioration du rendement aux termes de la Loi sur l’équité en matière d’emploi et du plan d’action Faire place au changement,
  • à l’amélioration de la conformité à la Loi sur les langues officielles et à la mise en œuvre du Plan d’action pour les langues officielles.

En outre, elle :

  • aidera les ministères et organismes à établir des systèmes et des services de gestion des ressources humaines partagés, et
  • produira des cadres efficaces de planification des ressources humaines, de surveillance, d’établissement de rapports et de responsabilisation.

Une autre nouvelle organisation d’importance a été créée au Canada, le 1er avril  2004. Il s’agit de l’École de la fonction publique du Canada. L’École regroupe trois anciens organismes de formation : le Centre canadien de gestion, Formation et perfectionnement Canada et Formation linguistique Canada. Grâce à une approche consolidée et intégrée, l’École appuie une culture d’apprentissage et d’innovation continus. Elle s’adresse à tous les fonctionnaires, à tous les niveaux, dans tous les ministères et organismes et dans toutes les régions.

La population du Canada est de plus en plus diversifiée. La fonction publique doit être à son image. C’est pour cette raison que l’Agence considère l’équité en emploi comme une priorité. À cet égard, elle vise :

  • à attirer au sein de la fonction publique une nouvelle génération de fonctionnaires de talent, à l’image de la société canadienne,
  • à offrir à ces personnes un développement de carrière et des occasions de développement personnel positifs,
  • à influencer le changement culturel nécessaire à leur épanouissement.

Il s’agit en l’occurrence de veiller à encourager et à autoriser les nouveaux fonctionnaires à utiliser leur talent et leurs compétences dans l’intérêt de tous les Canadiens et de toutes les Canadiennes.

Dans nos deux pays, il y a des syndicats, mais contrairement à leurs homologues états‑uniens, les fonctionnaires canadiens ont le droit de négocier les traitements par l’entremise des syndicats et ils ont, en bout de ligne, le droit de faire la grève s’il n’y a pas conclusion d’une convention collective satisfaisante. Voilà qui ajoute une autre dimension à nos processus de négociation et de consultation collectives.

J’ai mentionné au début de cette présentation que certaines relations avec les syndicats tenaient davantage du conflit que de la collaboration. Il y a cependant une exception majeure. Il s’agit du Conseil national mixte, lequel est composé d’agents de négociation et de l’Employeur. Le Conseil national mixte a récemment fêté ses 60 ans de consultations patronales‑syndicales dans des domaines comme, entre autres, les soins médicaux, les soins dentaires et les indemnités de déplacement. Le Conseil a obtenu le prix du Chef de la fonction publique pour ses travaux liés aux enjeux horizontaux.

Il n’en reste pas moins que cette relation ne peut pas être tenue pour acquise. En effet, nous nous en sommes rendu compte dès le début : la réussite de la réforme des RH passe par l’engagement des syndicats. Nous avons donc élaboré une stratégie en trois volets afin de veiller à ce qu’ils participent au processus.

Tout d’abord, nous avons mis sur pied le Comité consultatif syndical-patronal (CCSP). Ensuite, nous avons invité les leaders syndicaux à participer aux sous-comités des sous‑ministres et aux groupes de travail. Enfin, nous avons invité les représentants syndicaux et les représentantes syndicales à travailler de concert avec le Secrétariat à la Loi sur la modernisation de la fonction publique.

 

Le système de classification est une composante de base essentielle de la gestion des ressources humaines. Il est également en cours de modernisation pour faire en sorte qu’il :

  • mette en lumière la nature des tâches de la fonction publique (et d’éléments comme l’incidence des technologies de l’information et l’importance accrue de la sécurité, sécurité qui revêt également une importance grandissante pour les États-Unis depuis le 11 septembre),
  • traduise les réalités du marché du travail canadien,
  • tienne compte de l’égalité des sexes, et
  • établisse des liens directs avec la gestion du rendement, le développement des compétences et la rémunération.

Cela faisait déjà quelques années que nous nous préparions aux changements. La réduction du nombre de conventions collectives et de tables de négociation constitue une des initiatives majeures. De 72, leur nombre est tombé à 16. Cette baisse considérable a permis de simplifier la négociation collective.

Si vous avez assisté à la présentation de Ruth Branson sur les services partagés, vous avez sans doute une idée de la façon dont ces systèmes peuvent permettre de créer ‑ et nous espérons bien que tel sera le cas ‑ un contexte moderne et économique de prestation des services de ressources humaines, à la fois conforme à la vision et aux aspirations de la LMFP et favorisant la réalisation des valeurs, des objectifs et des mesures énoncés dans le nouveau CRG dont je vous entretenais plus tôt.

Même si nos travaux sur les systèmes de services partagés n’en sont encore qu’à un stade précoce, je crois qu’il est juste d’affirmer que l’Agence considère la conception et l’élaboration de tels systèmes et services, que nous appelons SAMP‑RH, comme un pivot de la réussite de la transformation des RH dans notre fonction publique.

Nos efforts en ce sens entraîneront :

  • l’amélioration de la prise de décisions, grâce à de l’information fiable et en temps voulu, dans la transparence et la responsabilisation,
  • la réduction des coûts opérationnels, grâce à des dépenses responsables et à l’optimisation des ressources financières, et aussi
  • l’amélioration de la prestation des services, grâce à un appui aux gestionnaires et aux fonctionnaires qui offrent les services à la population canadienne.

Bien sûr, ces objectifs ne touchent pas exclusivement aux RH. Je l’ai mentionné en parlant du CRG : la vision des systèmes et des services partagés dépasse les RH. En ce qui nous concerne, nous examinons aussi les initiatives liées aux finances, à l’approvisionnement et au gouvernement en direct, initiatives qui sont déjà en cours.

Toutefois, les SAMP–HR ont peut‑être ceci d’unique que :

  • nous menons réellement une initiative d’envergure qui repose avant tout sur une vision et une stratégie et,
  • nous voulons aboutir à des SAMP qui permettront une réharmonisation en profondeur du rôle des RH dans chaque ministère et organisme.

De façon plus précise, nous voulons que les SAMP-RH nous aident à réorienter les rôles que nous prévoyons pour nos spécialistes des RH et nos gestionnaires hiérarchiques conformément à la vision du CRG, vision selon laquelle, d’une part, les spécialistes des RH sont des facilitateurs et des facilitatrices pour leurs partenaires opérationnels et, d’autre part, les gestionnaires assument une plus grande responsabilité en matière de gestion des RH. Il faudra également que les fonctionnaires utilisent davantage le libre‑service. À cette fin, ils devront pouvoir accéder aux systèmes (portails) pertinents.

Dans l’avenir, les gestionnaires de la fonction publique fédérale canadienne seront évalués selon leur capacité de gérer l’effectif. Quant aux spécialistes des RH, ils seront évalués d’après leur capacité d’offrir en permanence des services de haute qualité pour appuyer les gestionnaires et les membres du personnel. En conséquence, il nous faudra, au Canada, repenser de fond en comble l’organisation des RH et la concentration de nos ressources.

Les services liés aux processus des opérations de RH que nous comptons englober dans les SAMP‑ HR toucheront la classification, le renouvellement du personnel, la rémunération, les avantages sociaux et l’administration de l’apprentissage.

Pour que la transition se fasse en douceur, il faut absolument obtenir l’engagement de tous et de toutes. Nous nous efforçons actuellement d’obtenir l’engagement des cadres de direction, des spécialistes des RH, des membres du personnel et de leurs syndicats.

Les changements sont administrés de façon à ce que les membres du personnel, les gestionnaires et les spécialistes des RH aient tout le temps nécessaire pour s’habituer au nouveau contexte. Les changements culturels prennent du temps, lenteur dont nos plans tiennent compte. En effet, il est prévu que, de sa mise en chantier à sa mise en œuvre, le processus dure bien six ans.

Je ne veux pas donner l’impression que nous connaissons toutes les réponses. En effet, nous en sommes encore aux balbutiements et nous avons encore beaucoup à faire dans de nombreux domaines, tout particulièrement pour ce qui est de notre capacité d’offrir des services malgré les défis d’ordre financier auxquels nous sommes confrontés actuellement, défis que nous ne sommes certainement pas les seuls à devoir surmonter.

Comme vous pouvez le constater, nous avons un travail considérable à accomplir, mais si nous voulons que la fonction publique du Canada continue de répondre aux besoins des Canadiens et des Canadiens, eh bien, nous devons nous atteler à la tâche.

Je vous remercie de votre temps. C’est avec plaisir que je répondrai à vos questions.