|
Évolution de l'agriculture au Québec et importance des boisés pour le maintien de la biodiversité en paysage agricole
 À partir des années 1950, il s'est
produit une démarcation territoriale de plus en plus claire entre deux types d'agriculture au Québec, l'une de plus en plus intensive et l'autre, beaucoup plus traditionnelle. Orientée depuis
toujours vers la production laitière et conséquemment à un ralentissement dans l'industrie du lait (stagnation du marché et accroissement de la
productivité à la ferme), l'agriculture québécoise s'est réorientée dans les régions où les conditions de croissance le permettaient et grâce à
d'importants travaux de drainage, vers les grandes cultures notamment la production de maïs-grain.
Si avant cette phase d'industrialisation de l'agriculture, les champs étaient de
dimensions plutôt modestes et séparés naturellement par des boisés ou par des rangées d'arbres et d'arbustes (Conservation des haies et bandes
riveraines en paysage agricole), face aux nouvelles contraintes de production, une proportion très élevée de ces boisés de ferme a subi et subit toujours des empiétements importants (Importance et causes de la fragmentation forestière dans les agroécosystèmes du sud du Québec, Bélanger, L. et M. Grenier, 1998 - disponible sur demande ou en communiquant ave la Bibliothèque du ministère).
 C'est ainsi que plus de 70% des milieux forestiers de la vallée du Saint-Laurent a disparu et ce, principalement dans les régions à forte vocation agricole et industrielle du sud du Québec et de
l'Ontario. À titre d'exemple, si les boisés occupent d'une façon générale un peu moins de 50% de la superficie des agroécosystèmes du sud du Québec, on constate cependant que dans la partie la plus à l'ouest de la
province, ceux-ci n'occupent plus qu'une toute petite fraction du territoire.
Or, la fragmentation des habitats et la transformation des paysages naturels en agro-écosystèmes (Bilan des habitats et occupation des sols dans le sud du Québec) furent reconnues comme étant les principales causes de
l'extinction et de la diminution des effectifs de plusieurs centaines d'espèces animales et végétales sur la terre.
C’est en cela que les milieux boisés représentent les derniers noyaux de
conservation de la biodiversité forestière en paysage agricole car ils abritent plusieurs espèces animales et végétales en déclin, certaines étant même rares et menacées (voir Les oiseaux menacés du Québec). Ils sont d'autant
plus primordiaux qu'ils s'avèrent plus ou moins isolés dans un environnement ouvert et toujours sujet à de multiples pressions de développement.
Les rôles des boisés en milieu agricole sont multiples :
- Ils fournissent un habitat de reproduction, des aires de repos et des sites d'alimentation à de nombreuses espèces animales ;
- Ils constituent une zone-tampon et des corridors naturels (Guide de
conservation des corridors forestiers en milieu agricole) par rapport aux aires protégées (réserves, parcs, etc.) ;
- Ils sont utiles pour l'agriculture en limitant l'érosion éolienne des sols et en agissant comme un filtre biologique pour améliorer la qualité de
l'eau. De plus, en diversifiant l'écosystème, les espèces qui les utilisent, contribuent à une lutte intégrée contre les fléaux et à une diminution dans l'emploi des pesticides.
- Ils représentent pour l'Homme des lieux de récréation, contribuent à la beauté des paysages des milieux ruraux et peuvent être la source de
revenus d’appoint s’ils sont exploités dans une optique de développement durable par leurs propriétaires.
Mettre un frein à ce déclin de la diversité biologique fut dès lors identifié
comme l'enjeu environnemental majeur des prochaines années. Le Canada s'est d'ailleurs engagé à contribuer significativement à l'atteinte de cet objectif en signant la convention internationale sur la conservation de la biodiversité.
Dans ce cadre d'action et dans la mise en oeuvre de la Stratégie canadienne de la biodiversité, le Service canadien de la faune a le mandat de la gestion et de la protection des oiseaux migrateurs et de leurs habitats, plusieurs
espèces aviaires étant très vulnérables à la fragmentation du paysage sur leurs aires de reproduction.
|
