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Rapport d’étape
Charles Maisonneuve1, Luc Bélanger2, Jason Beaulieu3, Daniel Bordage2, Shane Gabor4, Marcelle Grenier2, Benoît Jobin2 et Bernard Filion3
1Société de la faune et des parcs du Québec 2Service canadien de la faune, Région du Québec
3Canards Illimités Canada 4Institute for Wetland and Waterfowl Research
Janvier 2001
Malgré l'existence de données relativement abondantes sur la répartition et l'abondance de la sauvagine dans plusieurs régions du Québec, aucun inventaire systématique
n'avait jamais été réalisé à l'intérieur des terres dans les basses-terres du sud du Québec. La couverture de ces basses-terres devenait importante pour l'obtention de données de bases
essentielles à une planification adéquate des interventions de protection et de restauration d'habitats pour la sauvagine dans les secteurs du Québec les plus touchés par la présence humaine.
Au cours des printemps 1998 et 1999, des inventaires aériens de sauvagine ont été réalisés dans 343 quadrats de 4 km2 répartis dans les basses-terres de
la Vallée du Saint-Laurent et du lac Saint-Jean, ainsi que dans les secteurs agricoles de l’Abitibi. Pour la Vallée du Saint-Laurent, cinq grands paysages ont été définis selon l’occupation du sol
à partir des images satellites LANDSAT-TM : grandes cultures, fermes laitières, cultures hétérogènes (grandes cultures et fermes laitières), agroforestier et forestier. Les densités
les plus élevées ont été obtenues en Abitibi avec près de 180 équivalents-couples/100 km2, tandis les plus faibles densités (74 équivalents-couples/100 km2) ont été obtenues dans la section Ouest de la Vallée du Saint-Laurent où sont concentrées les zones de grandes cultures.
Le canard noir et le canard colvert ont été les espèces dominantes dans l'ensemble des régions couvertes avec près de 70 % des effectifs.
Les basses-terres du sud du Québec abriteraient près de 10 % de la population québécoise de canards noirs qui est estimée à près de 200 000 couples. Dans la Vallée du
Saint-Laurent, les densités de canard colvert étaient semblables d’un paysage à l’autre (26-39 équivalents-couples/100 km2). Par
contre, les densités de canard noir obtenues dans les paysages de fermes laitières et forestiers étaient supérieures (plus de 40 équivalents-couples/100 km2) à celles obtenues dans
les autres paysages où les grandes cultures sont présentes (9-12 équivalents-couples/100 km2). Ces résultats soulignent l’importance du
paysage de fermes laitières pour le canard noir et indiquent que la possibilité de transition de ce type de paysage vers un paysage de grandes cultures
représente une menace pour une portion importante de la population québécoise et même continentale de cette espèce.
Ces résultats préliminaires permettent donc déjà l’identification de certaines orientations possibles en termes de régions à cibler pour les futures interventions de protection et de
restauration. La poursuite de l’analyse de ces données au cours de l’année 2001 permettra de pousser plus loin cette réflexion. Un modèle de l’utilisation de l’habitat par la sauvagine
sera produit, de même qu’une carte de potentiel d’habitat pour l’ensemble des basses-terres de la Vallée du Saint-Laurent et du lac Saint-Jean et des secteurs agricoles de l'Abitibi. Ces
outils seront d’une très grande utilité dans l’orientation des futures interventions prévues sur ces territoires dans le cadre du Plan conjoint des habitats de l’Est .
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