Introduction
Bien que le terme "biodiversité" soit relativement nouveau pour les décideurs, les
scientifiques, quant à eux, lancent depuis un certain temps des avertissements face à l'imminence d'une crise mondiale et considèrent que le déclin de la biodiversité constitue l'une des menaces environnementales
les plus graves qui pèsent actuellement sur l'humanité. À cause de l'activité humaine, la diversité des écosystèmes, des espèces et des gènes s'appauvrit à un rythme qui dépasse de loin l'évolution naturelle, et ce
déclin de plus en plus rapide de la diversité menace les bienfaits écologiques, économiques, spirituels, récréatifs et culturels que nous tirons actuellement des ressources vivantes de la Terre.
La Convention sur la diversité biologique - une nouvelle façon de voir
Dès le début des années 90, le monde
entier a reconnu la menace que constituait la dégradation des écosystèmes et la perte des espèces et de la diversité génétique en concluant la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique. Les
négociations se sont terminées en mai 1992, et les dirigeants du monde présents à la Convention des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED) à Rio de Janeiro, au Brésil, en juin 1992, pouvaient
dès lors la signer.
La délégation canadienne a participé activement à ces négociations, et le Premier ministre a signé la Convention à la CNUED. Le 4 décembre 1992, avec
l'appui des provinces et territoires, le Canada devenait le premier pays industrialisé à ratifier la Convention. Celle-ci est entrée en vigueur le 29 décembre 1993.
La Convention ajoute et fait écho à la philosophie énoncée dans des documents précédents, comme Sauver la Planète - Stratégie pour l'avenir de la vie, publié en 1991, Notre avenir à tous (rapport Brundtland), paru en 1987, et la Stratégie mondiale de la conservation de 1980. Tous ces documents s'appuient sur le principe voulant que le développement doit être à la fois écologiquement et économiquement durable. En clair, cela signifie que nos efforts pour satisfaire aux besoins humains doivent être déployés dans le respect des ressources limitées de la planète.
Les objectifs de la Convention sont les suivants :
- la conservation de la biodiversité;
- l'utilisation durable des ressources biologiques;
- le partage juste et équitable des avantages découlant de l'utilisation des ressources génétiques.
La Convention sur la diversité biologique concerne le développement durable mondial, qui commande la conservation de la biodiversité et l'utilisation
durable des ressources biologiques. Elle témoigne d'une prise de conscience du rapport entre l'activité humaine et la nature, et de la nécessité de soutenir les organismes vivants, leur diversité génétique et
l'intégrité des écosystèmes. Elle influencera, peut-être profondément, l'avenir de la vie sur Terre. La mise en œuvre de la Convention commandera un virage important dans la façon dont nous utilisons et gérons les
êtres vivants. Il nous faudra pour ce faire adopter une approche coopérative, intersectorielle et basée sur le partenariat, à l'intérieur des divers pays et entre les nations du monde.
La Convention sur la diversité biologique donne au Canada l'occasion de réexaminer son rapport avec la nature, de créer de nouveaux partenariats
mondiaux, d'harmoniser ses activités nationales et de développer de nouvelles possibilités économiques. En tant que partie à la Convention, nous sommes liés par ses dispositions, y compris respecter son obligation
d'élaborer une stratégie nationale de la biodiversité.
Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, de concert avec le public et les intervenants, poursuivront les orientations
stratégiques définies dans la Stratégie suivant leurs politiques, leurs plans, leurs priorités et leurs possibilités financières.
Pour satisfaire à cette obligation, un groupe de travail fédéral-provincial-territorial sur la biodiversité a été chargé, par les ministres
responsables des parcs, de l'environnement, de la faune et des forêts, d'élaborer dans un délai de deux ans une Stratégie canadienne de la biodiversité. Un groupe consultatif national sur la biodiversité, composé de
représentants de l'industrie, de la communauté scientifique, des groupes écologistes, des universités et des organisations autochtones, a été mis sur pied pour conseiller le Groupe de travail. En outre, dix groupes
d'experts ont été formés pour fournir des conseils additionnels sur des articles précis de la Convention.
Pour élaborer la Stratégie, on a commencé par une évaluation qui visait à déterminer si le Canada atteignait les objectifs de la Convention. Au cours
de la dernière décennie, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont élaboré et appliqué toute une gamme de lois, de politiques et de programmes qui appuient ces objectifs. Il est ressorti de
l'évaluation que le Canada dispose déjà d'assises solides pour donner suite aux engagements qu'il a pris en vertu de la Convention et d'une bonne base pour élaborer et mettre en œuvre une stratégie nationale de la
biodiversité. L'examen a aussi révélé que, malgré la nécessité de prendre de nouvelles mesures, il est parfois plus efficace d'intensifier ou de modifier les efforts actuels. De tels changements exigent une plus
grande harmonisation des efforts entre les gouvernements et les organisations non gouvernementales, ainsi qu'une approche de gestion des ressources mieux intégrée qui incorpore la conservation de la biodiversité et
l'utilisation durable des ressources biologiques dans la poursuite des objectifs économiques, sociaux et culturels.
La Stratégie canadienne de la biodiversité a été élaborée pour orienter la mise en œuvre de la Convention sur la diversité biologique au Canada ainsi
que pour gérer les problèmes difficiles que pose la perte de biodiversité. On y reconnaît les responsabilités constitutionnelles et législatives actuelles du Canada tout en encourageant la coopération
intergouvernementale en vue de l'avancement de la gestion écologique. Toutes les orientations fixées dans la Stratégie ont leur importance d'un point de vue national, mais l'à-propos de certains éléments varie selon
les régions. De plus, de nombreuses initiatives en cours contribuent déjà au respect des obligations contractées en vertu de la Convention.
Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, de concert avec le public et les intervenants, poursuivront les orientations stratégiques
définies dans la Stratégie suivant leurs politiques, leurs plans, leurs priorités et leurs possibilités financières.
Les mécanismes de mise en œuvre varieront d'une instance à l'autre. Dans bien des cas, les orientations de la Stratégie seront mises en œuvre par le
truchement des politiques, stratégies et plans existants. Dans d'autres, de nouveaux mécanismes pourront être nécessaires. Une coordination s'imposera pour promouvoir la mise en œuvre efficace d'éléments nationaux
et internationaux de la Stratégie. L'ampleur, la manière et le moment de la mise en œuvre seront fonction de l'évolution du savoir concernant les écosystèmes et les incidences de l'activité humaine sur eux.
La Stratégie peut également guider les collectivités locales et autochtones, les administrations urbaines et régionales, le monde des affaires et
l'industrie, les groupes écologistes, les établissements d'enseignement et instituts scientifiques, ainsi que les citoyens intéressés.
La conservation de la biodiversité et l'utilisation durable des ressources biologiques sont des objectifs qui doivent être poursuivis parallèlement
avec des objectifs sociaux et économiques. Pour sauvegarder l'héritage naturel de nos enfants, nous devons prendre des décisions qui tiennent compte de nos besoins tout autant que des leurs et de ceux de leurs
descendants.