TABLE DES MATIÈRES
Le mercredi 9 avril 1997
Mme Stewart (Northumberland) 9480
Mme Stewart (Northumberland) 9480
Mme Tremblay (Rimouski-Témiscouata) 9482
Mme Tremblay (Rimouski-Témiscouata) 9482
M. White (Fraser Valley-Ouest) 9483
M. White (Fraser Valley-Ouest) 9483
M. Bernier (Mégantic-Compton-Stanstead) 9484
M. Bernier (Mégantic-Compton-Stanstead) 9485
M. Martin (LaSalle-Émard) 9485
M. Martin (LaSalle-Émard) 9487
Mme Brown (Oakville-Milton) 9487
M. Speaker (Lethbridge) 9488
Projet de loi C-92. Adoption des motions de présentation et de première lecture 9489
Projet de loi C-93. Adoption des motions de présentation et de première lecture 9489
Adoption de la motion par 148 voix contre 36 9490
Projet de loi C-66. Reprise de l'étude de la motion de troisième lecture, ainsi que de l'amendement
9491
Rejet de l'amendement par 113 voix contre 61 9500
Adoption de la motion par 113 voix contre 61 9501
Troisième lecture et adoption du projet de loi 9502
Reprise de l'étude de la motion ainsi que de l'amendement et du sous-amendement 9502
Rejet du sous-amendement par 95 voix contre 65 9502
Adoption de l'amendement par 99 voix contre 48 9503
Adoption de la motion 9504
INITIATIVES PARLEMENTAIRES
Projet de loi C-247. Motion de deuxième lecture 9504
9477
CHAMBRE DES COMMUNES
Le mercredi 9 avril 1997
La séance est ouverte à 14 heures.
_______________
Prière
_______________
Le Président: Comme tous les mercredis, nous allons
maintenant chanter Ô Canada sous la direction du député de
Gatineau-La Lièvre.
[Note de l'éditeur: Tous les députés se lèvent et chantent Ô
Canada.]
______________________________________________
DÉCLARATIONS DE DÉPUTÉS
[
Traduction]
M. Janko PeriG
(Cambridge, Lib.): Monsieur le Président, au
nom de la population de Cambridge, je suis heureux de féliciter les
avocats Milena Protich et Robert Pettitt, qui ont récemment reçu du
Barreau du Haut-Canada le prix d'honneur du bicentenaire 1997.
Pour célébrer son 200e anniversaire, le Barreau du Haut-Canada a
créé un prix spécial pour récompenser tout le travail communautaire
que les avocats font dans leur ville. Le prix d'honneur a été accordé
à Mme Protich et à M. Pettitt pour leur sens aigu du dévouement à la
collectivité et leur attachement exemplaire au service public.
Une fois de plus, je félicite ces avocats de leur dévouement et de
leur sens civique.
* * *
[
Français]
M. Osvaldo Nunez (Bourassa, BQ): Monsieur le Président, il
me fait plaisir de souligner le 40e anniversaire du
Guide de
Mont-réal-Nord, fondé le 1er janvier 1957 par le publiciste Paul
Trudeau et par le journaliste Yves Ryan, aujourd'hui maire de
Montréal-Nord.
Propriété du groupe transcontinental, cet hebdomadaire distribué
dans tous les foyers de Montréal-Nord fait partie d'une centaine
d'hebdos de l'est de Montréal et des Basses-Laurentides. Depuis
plusieurs années, il est dirigé par son éditeur, Jean-Claude Banville,
très impliqué dans la communauté. Cet anniversaire sera
commémoré lors d'une grande soirée de gala, le 23 mai prochain, à
laquelle je participerai.
Je désire donc rendre hommage à la direction, aux journalistes,
au personnel de soutien et à tous les lecteurs du Guide de
Montréal-Nord, hebdomadaire qui joue un rôle essentiel dans la vie
sociale, culturelle et communautaire de ma circonscription de
Bourassa.
* * *
[
Traduction]
M. Mike Scott (Skeena, Réf.): Monsieur le Président, il y a deux
ans, une jeune femme de ma circonscription, Tammy Fee, a été
brutalement attaquée, violée et menacée de mort dans sa propre
maison, après avoir été suivie pendant des semaines.
L'homme qui l'a ainsi sauvagement agressée, Rick White, a
immédiatement été appréhendé, accusé et trouvé coupable. Après
seulement deux ans d'incarcération, il aura maintenant droit à une
libération conditionnelle le 23 mai prochain.
Tammy Fee a tellement peur que cet homme vienne l'attaquer à
nouveau qu'elle songe à changer de nom et d'identité et à
déménager ailleurs au Canada pour que Rick White ne puisse plus la
trouver. Autrement dit, elle a tellement peur d'être assassinée
qu'elle est prête à se terrer.
Sa situation témoigne dramatiquement de l'absence d'intérêt que
portent notre système de justice pénale et notre Parlement aux droits
des victimes.
Tammy Fee n'est pas seulement victime de violence, elle est
aussi victime des politiques du ministre de la Justice.
* * *
M. Bill Blaikie (Winnipeg Transcona, NPD): Monsieur le
Président, VIA Rail a décidé de réduire le niveau d'entretien des
wagons passagers en service dans le nord du Manitoba.
Le bulletin C-100 de VIA énonce très clairement que la
compagnie a approuvé la réduction du niveau d'entretien préventif
des wagons utilisés dans le nord du Manitoba. Ces wagons ne
devront servir nulle part ailleurs.
9478
La création d'un service ferroviaire de seconde classe pour les
passagers du nord du Manitoba est ridicule et inacceptable. Le
respect des normes les plus élevées est indispensable, compte tenu
des conditions défavorables pour les voies ferrées, des distances et
du froid.
(1405)
Les Canadiens ne veulent pas plus d'un service ferroviaire de
seconde classe pour les passagers que d'un système de soins de
santé à deux vitesses. Le NPD demande au gouvernement libéral
d'enjoindre VIA Rail à annuler cette décision.
* * *
M. Andrew Telegdi (Waterloo, Lib.): Monsieur le Président,
ma circonscription est honorée de la visite d'une délégation de la
ville de Rafah, dans la bande de Gaza, qui a à sa tête son maire,M. Saied Zourab. Ces personnes rendent ainsi la pareille au maire
de Waterloo, M. Brian Turnbull, et à un fonctionnaire municipal,M. Paul Eichinger.
Pendant leur séjour, ils feront ce que nos délégués ont fait à
Rafah, c'est-à-dire observer le fonctionnement des installations
d'eau et d'enfouissement des déchets, des services sociaux et de
l'administration municipale.
Ces échanges nous permettent de connaître d'autres façons
d'améliorer la qualité de vie de nos collectivités respectives. Les
liens d'amitié qui unissent nos deux collectivités, malgré la distance
qui les sépare, favorisent la paix et la compréhension.
Ce programme est parrainé par la Fédération des municipalités
canadiennes et l'Agence canadienne de développement
international. En tant que Canadiens, nous pouvons, à juste titre,
être fiers du rôle que le Canada joue dans la promotion de la
compréhension et de la collaboration internationales à l'échelle
communautaire.
* * *
Mme Sue Barnes (London-Ouest, Lib.): Monsieur le
Président, je suis fière de prendre la parole aujourd'hui à la
Chambre pour rendre hommage aux équipes d'exercice des cadets
de la Marine et des manoeuvriers du Navy League Cadet Corps
Glorious de London, en Ontario.
Les équipes d'exercice des cadets de la Marine et des
manoeuvriers ont toutes deux remporté l'épreuve régionale et
participeront au championnat provincial qui aura lieu à London les
26 et 27 avril.
Au cours des six derniers mois, ces jeunes, dont l'âge varie entre
10 et 13 ans, ont passé leurs samedis et dimanches à se préparer en
vue de ces épreuves. À force de travail et de dévouement, ils font la
fierté de leur ville et de leur organisation.
À une époque où l'on dit tant de choses négatives sur les jeunes, il
est encourageant de savoir que certains d'entre eux défendent avec
ardeur et honneur le patrimoine militaire de notre pays.
Aux cadets et à leurs officiers, j'adresse mes félicitations les plus
sincères et leur souhaite bonne chance à l'approche des finales.
J'invite tous mes collègues de la Chambre à joindre leur voix à la
mienne.
* * *
M. Reg Alcock (Winnipeg-Sud, Lib.): Monsieur le Président,
les grandes universités sont le miroir des localités où elles se
trouvent, des professeurs qui y enseignent et des étudiants qui les
fréquentent.
Comme je l'ai souvent répété à la Chambre, l'Université du
Manitoba est une des meilleures du pays, sinon du monde.
Je prends la parole aujourd'hui pour rendre hommage à deux
étudiantes, Claudia Hudspeth et Lisa Smirl, qui ont récemment
obtenu des bourses de la fondation Rhodes. Claudia Hudspeth,
étudiante en troisième année de médecine, compte suivre un
programme d'études sur le développement pendant son séjour à
Oxford. Lisa Smirl, actuellement parmi les meilleurs étudiants de
quatrième année en sciences politiques, étudiera les relations
internationales à Oxford.
Je tiens à les féliciter, ainsi que leur famille, leurs enseignants et
les gens du Manitoba.
* * *
[
Français]
Mme Monique Guay (Laurentides, BQ): Monsieur le
Président, la dernière oeuvre du Parti libéral du Canada intitulée
Femmes vers la victoire nous a inspiré la réflexion suivante.
Quelle est la différence entre les femmes et les hommes qui se
portent candidats au Parti libéral du Canada? Pour les femmes,
l'apparence a autant d'importance que le contenu. Pour les
hommes, aucun des deux n'a d'importance.
Qui ira chercher les enfants à la garderie pendant la campagne
électorale? Personne, parce que les libéraux n'ont pas créé les
150 000 places en garderie promises en 1993.
Quelle sera la chanson thème de la parfaite candidate libérale?
«Chéri, lave mon linge, après la campagne, je laverai le tien.»
On peut toujours se permettre de rire de ces quelques blagues.
Cependant, il est triste et surtout fâchant de voir le manque de
confiance qu'éprouve ce parti envers le potentiel politique des
femmes qui, à la limite, les considère comme des superwomen ou
des Miss Univers. Même à moins de 1 000 jours de l'an 2000, il
reste encore du travail à faire sur la situation des femmes au Canada,
notamment au Parti libéral du Canada.
9479
[Traduction]
M. Dick Harris (Prince George-Bulkley Valley, Réf.):
Monsieur le Président, Prince George, en Colombie-Britannique,
est la meilleure ville de hockey au Canada, et peut-être même au
monde.
Je voudrais attirer l'attention de la Chambre sur les Cougars de la
Western Hockey League. Il y a un deuxième miracle sur glace qui se
produit, cette fois-ci, à Prince George, non pas grâce à
l'intervention divine, mais au courage, à la détermination et à
l'énergie que les Cougars de Prince George ont manifestés, succès
après succès, lors des éliminatoires de division de la Western
Hockey League.
Après avoir décroché la dernière place, ils ont battu à plates
coutures les autres équipes lors de la deuxième ronde
d'éliminatoires, en route vers le championnat.
Bravo aux Cougars et à Prince George, la Mecque du hockey. Je
félicite l'organisation des Cougars, les joueurs, les entraîneurs et les
supporters de Prince George.
À nous, la Coupe Mémorial!
* * *
(1410)
Mme Mary Clancy (Halifax, Lib.): Monsieur le Président,
quatre Canadiens se sont mérité la Croix de Victoria à Vimy, dont
trois durant le premier jour de la bataille, il y a 80 ans aujourd'hui.
Le soldat William Milne a rampé jusqu'à un canon ennemi et
s'est emparé de la position ennemie. Il a ensuite aperçu, dans la
ligne de soutien, une mitrailleuse qu'il a détruite. Il a sauvé la vie de
beaucoup de ses camarades, mais il a lui-même été tué peu après.
Le sergent Ellis Sifton a chargé seul un poste de mitrailleuse.
Confronté à un petit détachement ennemi, il a tenu la position
jusqu'à ce que nos hommes puissent s'en saisir. Il a été abattu
quelques instants après l'arrivée des renforts.
Le capitaine Thain MacDowell, de Lachute, au Québec, s'est
faufilé dans une tranchée-abri ennemie et a obtenu la reddition de 77
Allemands en prétendant commander une force importante. Elle
comprenait, en fait, deux soldats. Blessé, il a tenu la position
pendant cinq jours sous un barrage d'artillerie.
Le soldat John Pattison a sauté d'un trou d'obus à un autre pour
lancer des grenades sur une mitrailleuse ennemie. Il l'a ensuite prise
d'assaut en réussissant à maîtriser ses adversaires. Il a été tué deux
mois plus tard.
Voilà les Canadiens qui se sont signalés par leur bravoure à Vimy.
Nous nous souviendrons toujours d'eux.
M. Joseph Volpe (Eglinton-Lawrence, Lib.): Monsieur le
Président, je suis heureux de rappeler à la Chambre que c'est en
avril que s'effectue la collecte de fonds pour la Société canadienne
du cancer.
La mission de la société consiste à faire disparaître le cancer et à
améliorer la qualité de vie de ceux qui en sont atteints. De concert
avec l'organe de recherche qui lui est affilié, l'Institut national du
cancer du Canada, la société réalise sa mission de recherche,
d'information, de services aux malades et de promotion de la
politique de santé publique. Ces efforts reçoivent l'appui de
bénévoles dans toutes les collectivités au Canada.
Le cancer fait un nombre considérable de victimes et, d'une
façon ou d'une autre, il touche la plupart des Canadiens. En 1997,
on estime que l'on diagnostiquera 130 800 cas de cancer et qu'il y
aura 60 700 décès dus au cancer. Les cancers les plus fréquemment
diagnostiqués restent celui du sein chez les femmes et celui de la
prostate chez les hommes. Quant au cancer du poumon, c'est
toujours la principale cause de décès des suites du cancer pour les
deux sexes.
Je vous invite à souhaiter avec moi à la Société canadienne du
cancer et à ses nombreux bénévoles du succès dans leur levée de
fonds au cours du mois d'avril.
* * *
[
Français]
M. Denis Paradis (Brome-Missisquoi, Lib.): Monsieur le
Président, aujourd'hui, nous commémorons le 80e anniversaire de
la bataille de la crête de Vimy. Cette bataille, à laquelle ont participé
plus de 97 000 volontaires canadiens, a marqué à jamais l'histoire
de notre pays, tout en constituant un des tournants majeurs de la
guerre de 1914-1918.
Ce premier grand fait d'arme de l'histoire militaire canadienne
aura coûté la vie à plus de 11 000 de nos valeureux soldats.
Cependant, il aura contribué à insuffler à notre nation les notions
d'appartenance et de fierté qu'elle ne se connaissait pas.
C'est en faisant don de leur jeunesse et de leur courage, lors de la
bataille de Vimy, que les Canadiens français et les Canadiens
anglais ont découvert les liens puissants qui les unissent. Ni le
temps, ni les aléas politiques ne sauront venir à bout de cet amour de
leur pays qu'ils ont découvert de l'autre côté de l'Atlantique.
Au nom de la population de Brome-Missisquoi, merci pour ce
que vous avez fait pour notre pays, le Canada.
* * *
M. Philippe Paré (Louis-Hébert, BQ): Monsieur le Président,
le hasard, surtout quand il est aidé, fait toujours bien les choses.
9480
C'est ainsi que la maison de sondage Angus Reid rendait publics
lundi, à quelques semaines du déclenchement des élections, les
résultats d'un sondage sur la perception du Canada à l'étranger,
commandé par le gouvernement et financé par les deniers publics.
Durant la campagne électorale, le Parti libéral du Canada va
tenter de présenter ce portrait idyllique pour faire oublier la réalité
canadienne: 1,4 million d'enfants vivant sous le seuil de la
pauvreté; 5 millions de pauvres, 1,4 million de chômeurs; des
populations autochtones vivant dans des conditions révoltantes; les
francophones hors Québec assimilés par la majorité à un rythme
effréné; le peuple québécois vivant sous l'emprise d'une Loi
constitutionnelle que son Assemblée nationale n'a jamais
approuvée.
Pour sa part, c'est de ce Canada que le Bloc québécois parlera aux
Québécoises et aux Québécois durant la campagne électorale.
* * *
[
Traduction]
M. Leon E. Benoit (Végréville, Réf.): Monsieur le Président, les
libéraux disent qu'ils gagneront les élections sur la foi de leur bilan.
Voyons comment leur bilan a servi les agriculteurs.
Quand les agriculteurs et les députés réformistes ont proposé des
amendements aux projets de loi sur les transports nationaux et sur la
privatisation du CN ainsi qu'au projet de loi visant à supprimer le
tarif du Nid-de-Corbeau, qui avaient tous une incidence sur le
transport du grain, les libéraux les ont rejetés.
Ces amendements auraient permis de bâtir un système ferroviaire
plus compétitif qui aurait livré le grain à temps. Les amendements
des réformistes auraient permis d'instaurer un système de
stimulants et de pénalités pour encourager la livraison à temps, ainsi
qu'un processus d'arbitrage des propositions finales qui aurait
donné un certain pouvoir aux expéditeurs de grain. Les libéraux les
ont rejetés.
(1415)
Résultat, les ventes de grain ont été faibles, les navires attendent
et les agriculteurs paient des frais de surestarie. On a fait attendre les
clients et la réputation d'expéditeur peu fiable que le Canada s'est
acquise s'en trouve renforcée.
Les ventes baissent tandis que les prix chutent. Les agriculteurs
se trouvent encore une fois dans une situation difficile. Ils doivent
se présenter humblement devant leur banquier pour obtenir un prêt
afin de faire les semailles pour la récolte de cette année. Quand les
candidats libéraux solliciteront le vote des agriculteurs, ces derniers
devraient le leur refuser.
______________________________________________
9480
QUESTIONS ORALES
[
Français]
M. Gilles Duceppe (chef de l'opposition, BQ): Monsieur le
Président, tous les jours, des nouvelles accablantes nous
proviennent du Zaïre. En raison de la guerre civile, le pays est
maintenant coupé en deux, et des milliers de réfugiés continuent de
fuir devant les armées. L'État zaïrois lui-même est au bord du
chaos.
Ce matin, par exemple, nous apprenions que le président Mobutu
vient de démettre son premier ministre, M. Étienne Tshisekedi,
qu'il vient pourtant de nommer, pour le remplacer par un général.
La loi martiale est proclamée sur tout le territoire. Bref, le plus
grand pays de l'Afrique est au bord de l'anarchie.
Le premier ministre suppléant peut-il nous dire quelle est la
position officielle du gouvernement canadien face à la situation qui
prévaut au Zaïre?
[Traduction]
L'hon. Christine Stewart (secrétaire d'État (Amérique latine
et Afrique), Lib.): Monsieur le Président, le Canada est vivement
préoccupé par la situation actuelle au Zaïre. Il s'en préoccupe
d'ailleurs depuis des mois et des années. La situation s'est encore
aggravée aujourd'hui.
Le Canada croit qu'il faut trouver une solution pacifique pour
sortir le Zaïre du chaos dans lequel il est actuellement plongé, car
c'est la sécurité de nombreux Zaïrois et d'autres personnes qui est
menacée.
Nous demandons à toutes les parties de se réunir et de négocier
une solution pacifique. Nous croyons que ce sont les Africains
eux-mêmes qui doivent trouver une solution au problème.
[Français]
M. Gilles Duceppe (chef de l'opposition, BQ): Monsieur le
Président, nous apprenions ce matin que la Maison-Blanche exhorte
le président Mobutu à quitter son poste et à s'exiler. Ce serait là la
condition essentielle pour assurer la stabilité au Zaïre.
Le gouvernement canadien a-t-il l'intention également de
demander au président Mobutu de quitter son poste et son pays pour
le bien de son peuple?
[Traduction]
L'hon. Christine Stewart (secrétaire d'État (Amérique latine
et Afrique), Lib.): Monsieur le Président, pour le moment, le
gouvernement du Canada ne demande pas au président de quitter le
pays.
Le Canada croit que ce sont les Africains qui doivent régler
eux-mêmes leurs problèmes. Il est bien évident que les solutions
imposées par l'Ouest en Afrique par le passé se sont soldées par des
échecs, et nous exhortons les Zaïrois à résoudre ce très grave
problème avec le concours des autres Africains de cette région.
[Français]
M. Gilles Duceppe (chef de l'opposition, BQ): Monsieur le
Président, le pays est au bord de l'anarchie, tout le monde s'entend
là-dessus, et tous les jours, au moins 120 réfugiés meurent dans les
camps.
Toujours au sujet du Zaïre, ma question s'adresse à la ministre de
la Citoyenneté et de l'Immigration. Dans le contexte où plusieurs
ressortissants zaïrois sont actuellement en instance de déportation
vers ce pays et qu'ils risquent vraisemblablement d'être déportés
d'ici peu, qu'attend la ministre pour décréter un moratoire et sus-
9481
pendre les déportations vers le Zaïre, compte tenu de la situation qui
y prévaut?
L'hon. Lucienne Robillard (ministre de la Citoyenneté et de
l'Immigration, Lib.): Monsieur le Président, le chef de
l'opposition officielle n'a pas dû suivre les nouvelles. Les
déportations vers le Zaïre sont actuellement suspendues.
* * *
Mme Pierrette Venne (Saint-Hubert, BQ): Monsieur le
Président, ma question s'adresse au ministre des Affaires
intergouvernementales.
Hier, le ministre des Affaires intergouvernementales a persisté à
nier la légitimité démocratique de l'Assemblée nationale du
Québec, élue par le peuple québécois, c'est-à-dire par les
anglophones et les francophones, et à exiger l'accord de certains
groupes de pression pour aller de l'avant dans le dossier des
commissions scolaires linguistiques.
Le ministre se rend-il compte qu'en se portant seul juge du
consensus québécois, il confirme que la Constitution de 1982 a bel
et bien réduit les pouvoirs de l'Assemblée nationale du Québec et
qu'elle permet à Ottawa de nier la volonté collective de la
population, tel qu'exprimé par son gouvernement?
(1420)
L'hon. Stéphane Dion (président du Conseil privé de la Reine
pour le Canada et ministre des Affaires intergouvernementales,
Lib.): Monsieur le Président, premièrement, c'est grâce à l'article
43 de la Loi constitutionnelle de 1982 si un tel amendement peut se
faire de façon bilatérale.
Deuxièmement, je suis tout à fait d'accord avec la déclaration du
12 février dernier de mon homologue, M. Brassard, et je cite: «Que
l'Assemblée nationale parle d'une voix unanime, ce n'est pas un
élément, je dirais unique, pour faire preuve de consensus, mais c'est
un élément drôlement intéressant.»
Et il ajoute: «Quand on parle de consensus, on ne parle pas
d'unanimité, j'en conviens, mais c'est évident que dans le
consensus doit se retrouver la communauté anglophone.»
Mme Pierrette Venne (Saint-Hubert, BQ): Monsieur le
Président, je rappelle au ministre que le gouvernement du Québec
est celui qui a la responsabilité de trouver un terrain d'entente avec
tous les intervenants du milieu de l'éducation.
Pourquoi le ministre persiste-t-il à refuser de reconnaître que le
seul juge du consensus québécois est et doit être l'Assemblée
nationale du Québec?
L'hon. Stéphane Dion (président du Conseil privé de la Reine
pour le Canada et ministre des Affaires intergouvernementales,
Lib.): Parce que, monsieur le Président, il se trouve que nous
sommes aussi des élus du Québec, que tous les élus de cette
Chambre considèrent le Québec comme faisant partie de leur pays
et que cela concerne donc tous les Canadiens, comme tous les
Québécois.
J'ai l'impression de défendre une grande valeur québécoise
quand je dis qu'on ne devrait pas faire un amendement
constitutionnel sans d'abord s'assurer d'un consensus qui touche la
minorité concernée, quand l'amendement concerne la minorité en
question.
* * *
[
Traduction]
M. Preston Manning (Calgary-Sud-Ouest, Réf.): Monsieur le
Président, pendant toute la semaine, nous avons entendu le ministre
de la Justice tenter d'expliquer pourquoi il ne peut pas faire adopter
la déclaration des droits des victimes. Il a dit que le gouvernement
s'occupait déjà des victimes et que cela relevait de la compétence
provinciale.
Ces excuses ne sont pas acceptables pour des victimes comme
Theresa McCuaig ou Debbie Mahaffy. Ces dernières sont d'avis que
ce n'est que le manque de volonté politique du ministre qui
empêche l'adoption de la déclaration des droits des victimes.
Le ministre de la Justice fera-t-il preuve de volonté politique et
présentera-t-il la déclaration des droits des victimes à la Chambre
pour que les députés puissent l'adopter avant les prochaines
élections?
L'hon. Allan Rock (ministre de la Justice et procureur
général du Canada, Lib.): Monsieur le Président, je dirai sans
équivoque au député d'en face que le gouvernement souscrit
pleinement à l'idée que doivent être prises toutes les mesures
susceptibles d'améliorer le système afin qu'il réponde davantage
aux besoins des victimes.
C'est pour cette même raison que j'ai voté en faveur de la motion
portant sur le renvoi au comité de la proposition qu'un comité se
penche sur la déclaration des droits des victimes. J'ai voté en faveur
de cette motion. Les députés du Parti réformiste qui sont membres
du comité en cause savent que celui-ci a été fort occupé et qu'il
étudie maintenant la question.
Je tiens à ce qu'il soit très clair que je suis tout à fait d'accord
avec ceux qui disent que le système est perfectible et qu'il devrait
être amélioré dans le sens des intérêts des victimes. C'est justement
notre travail de le faire.
Je tiens à ce que le député sache qu'il y a des députés au sein du
gouvernement qui sont prêts à déployer tous les efforts qu'il faudra
pour rendre le système plus sensible aux besoins des victimes.
M. Preston Manning (Calgary-Sud-Ouest, Réf.): Monsieur le
Président, les députés ont sans doute remarqué depuis trois ans que
le ministre manie fort bien les questions théoriques de
jurisprudence, mais qu'il n'est pas aussi brillant quand vient le
temps de faire preuve de compassion et de prendre des mesures
pratiques à l'égard des victimes.
Si le ministre de la Justice était un homme d'action, s'il croyait
vraiment que les droits des victimes doivent être protégés, il
présenterait la déclaration des droits des victimes à la Chambre pour
qu'elle puisse être adoptée avant les prochaines élections fédérales.
9482
Quand le ministre de la Justice cessera-t-il de donner des
réponses théoriques et insensibles à cette question et quand
présentera-t-il la déclaration des droits des victimes à la Chambre?
L'hon. Allan Rock (ministre de la Justice et procureur
général du Canada, Lib.): Monsieur le Président, le député ne doit
pas confondre une analyse objective et raisonnée avec une approche
insensible relativement à ces questions.
Le député constatera que le ministre de la Justice actuel, plus que
tout autre avant lui, a consacré du temps aux victimes du crime,
qu'il a pris sur lui de rencontrer ces dernières, qu'il a écouté en
personne le récit de leur tragédie et qu'il a agi ensuite pour
améliorer les lois du pays en conséquence.
J'ai déjà dit clairement que le gouvernement actuel ne le cède à
aucun autre au chapitre de l'amélioration du système au profit des
victimes. Nous sommes favorables à l'idée d'examiner la
déclaration des droits des victimes. C'est d'ailleurs ce que fait le
comité à notre demande.
(1425)
Nous avons l'intention de tabler sur ce que nous avons fait par le
truchement des lois jusqu'à maintenant pour améliorer le système
de justice afin qu'il réponde mieux aux intérêts des victimes.
M. Preston Manning (Calgary-Sud-Ouest, Réf.): Monsieur le
Président, les victimes ne veulent pas passer du temps avec le
ministre. Elles veulent une déclaration des droits des victimes.
Un droit est un droit. Les victimes ont le droit d'être informées
sur le processus judiciaire. Elles ont le droit d'exprimer leur point
de vue à toutes les étapes de ce processus et des audiences sur la
libération conditionnelle. Elles ont le droit d'être informées
d'éventuelles négociations de plaidoyers et d'autres ententes
conclues en secret par les avocats. Elles ont le droit d'être protégées
contre l'intimidation, le harcèlement et l'ingérence.
Pourquoi le ministre ne reconnaît-il pas simplement ces droits
fondamentaux maintenant et pourquoi ne présente-t-il pas à la
Chambre la déclaration des droits des victimes avant les prochaines
élections fédérales?
L'hon. Allan Rock (ministre de la Justice et procureur
général du Canada, Lib.): Monsieur le Président, nous allons
attendre le rapport du comité, qui travaille actuellement très fort sur
cette question.
Hier, le comité a entendu l'important et émouvant témoignage de
victimes qui ont expliqué ce qu'elles veulent. Laissons le comité
déposer son rapport, après quoi le gouvernement y répondra.
Je ne permettrai pas au député de mettre en doute ma
détermination ou celle du gouvernement à l'égard des droits des
victimes. Nous siégeons ici tous les jours, la plupart d'entre nous du
moins, et nous voyons les députés du Parti réformiste exploiter sans
vergogne le malheur des autres, exploiter sans vergogne la tristesse
des victimes. Franchement, c'est un bien triste et dégoûtant
spectacle.
Nous avons montré depuis trois ans et demi, par les mesures que
nous avons prises, que nous sommes prêts à faire ce qui s'impose
pour améliorer, par voie législative, le système de justice au profit
des victimes.
Les députés d'en face devraient se souvenir que nous ne le cédons
à personne quand il s'agit de protéger les victimes.
* * *
[
Français]
Mme Suzanne Tremblay (Rimouski-Témiscouata, BQ):
Monsieur le Président, en 1993, le Nouveau-Brunswick demandait
au gouvernement canadien de procéder à une modification
constitutionnelle. À ce moment, l'opposition officielle du
gouvernement du Nouveau-Brunswick avait voté contre la
demande. Pourtant, le gouvernement fédéral a acquiescé à la
demande du Nouveau-Brunswick.
Alors, le ministre des Affaires intergouvernementales se rend-il
compte qu'en demandant des garanties d'ordre légal ou
réglementaire à l'endroit de la minorité anglophone du Québec, le
ministre exige du Québec des conditions différentes de celles qu'il
exigerait des autres provinces, sachant très bien que celles-ci
refuseraient des conditions concernant la minorité francophone? Le
ministre a-t-il le courage de se lever en cette Chambre et de
reconnaître qu'il a des exigences différentes pour le Québec? Le
reconnaît-il, oui ou non?
L'hon. Stéphane Dion (président du Conseil privé de la Reine
pour le Canada et ministre des Affaires intergouvernementales,
Lib.): Monsieur le Président, c'est l'honorable députée qui devrait
avoir honte de s'être levée en cette Chambre.
Des voix: Oh, oh!
M. Dion: Dans le cas du Nouveau-Brunswick, il s'agissait
clairement d'un amendement qui visait à élargir les droits de la
minorité. Tous les partis du Parlement provincial étaient pour: les
libéraux, les conservateurs, le NPD. Le seul parti qui était contre
était un parti qui avait été créé expressément pour lutter contre le
bilinguisme, le COR. C'est triste de voir le chef de l'opposition
officielle se lever hier et encore aujourd'hui pour se réclamer du
COR comme une caution dans ce débat.
Le Président: Mes collègues, il n'est pas question ni de courage
ni de honte dans cette Chambre. Je vous demanderais de ne pas
utiliser ces mots.
Mme Suzanne Tremblay (Rimouski-Témiscouata, BQ):
Monsieur le Président, d'après ce que j'entends, le ministre des
Affaires intergouvernementales continue le travail de son mentor,
Pierre Elliott Trudeau. Il tente par tous les moyens de réduire les
pouvoirs de l'Assemblée nationale en donnant au gouvernement
fédéral un pouvoir direct d'intervention dans une réforme faite par
les Québécois pour les Québécois.
Alors, le ministre reconnaît-il que, par son attitude, ses gestes et
ses interventions, il est en train de donner un droit de veto à la
minorité anglophone du Québec?
L'hon. Stéphane Dion (président du Conseil privé de la Reine
pour le Canada et ministre des Affaires intergouvernementales,
Lib.): Monsieur le Président, est-ce que j'ai bien compris? Est-ce
qu'il serait québécois de faire un amendement constitutionnel qui
touche une minorité sur des questions aussi graves que la langue, la
9483
religion et l'école sans l'appui de cette minorité? Les Québécois
répondront non.
(1430)
C'est très triste de voir le Bloc québécois parler au nom des
Québécois en disant de telles choses. La population québécoise est
une population tolérante. Elle ne pourrait pas accepter qu'on fasse
de telles choses.
* * *
[
Traduction]
M. Randy White (Fraser Valley-Ouest, Réf.): Monsieur le
Président, tout au long de la semaine, j'ai demandé au ministre de la
Justice des précisions au sujet des droits des victimes. Le ministre a
affirmé que des projets de loi, comme le C-41 qui prévoit des
condamnations avec sursis, aident les victimes.
Darren Ursel, un individu de ma circonscription, a emprisonné
une jeune mère de deux enfants dans une voiture, l'a dévêtue de
force et l'a agressée au moyen du manche d'une raquette de
racquetball. Heureusement, elle a pu s'échapper au bout de 90
minutes de torture. Le juge a établi que, comme l'inculpé s'était
montré tendre à certains moments, il devait faire preuve de
compassion et il n'a imposé qu'une condamnation de deux ans avec
sursis sans peine d'emprisonnement.
Le ministre de la Justice croit-il vraiment qu'une femme peut
être violée et sodomisée au Canada sans que son agresseur ne soit
condamné à une peine d'emprisonnement?
L'hon. Allan Rock (ministre de la Justice et procureur
général du Canada, Lib.): Monsieur le Président, encore une fois,
le député applique les tactiques qui lui réussissent le mieux; il
présente les faits hors contexte, exploite la douleur et la souffrance
d'autrui, politise les dures épreuves que traversent les victimes et le
fait avec une confiance excessive pour persuader ses concitoyens
qu'ils se préoccupent vraiment de leur sort.
Jour après jour, les Canadiens assistent au spectacle que nous
livrent le député et ses collègues en exploitant toute la douleur des
victimes et en dénigrant le système de justice dans le simple but de
bassement retirer des avantages politiques de la situation. Le député
devrait avoir honte.
Le Président: J'exhorterais les députés à bien choisir leurs mots,
comme je le leur ai demandé un peu plus tôt. Prenons les choses
calmement.
M. Randy White (Fraser Valley-Ouest, Réf.): Monsieur le
Président, ce que nous venons d'entendre à la Chambre des
communes est un scandale.
Cette jeune dame vit dans ma circonscription. Le ministre de la
Justice prétend qu'il compatit aux souffrances des victimes. La
victime de ce Darren Ursel a été agressée sexuellement de la pire
façon qu'on puisse imaginer et Darren Ursel évite la prison grâce au
projet de loi C-41 du gouvernement et aux condamnations avec
sursis qu'il prévoit.
Encore une fois, le ministre de la Justice et le gouvernement
libéral croient-ils qu'il est admissible qu'une Canadienne soit
violée, battue et humiliée sans que son agresseur ne soit jeté en
prison? Est-ce cela que le ministre appelle le respect des droits des
victimes?
L'hon. Allan Rock (ministre de la Justice et procureur
général du Canada, Lib.): Monsieur le Président, depuis que notre
système de justice existe et depuis que des politiques sont élaborées,
il s'est toujours trouvé des gens qui n'hésitent pas à agir comme le
député le fait. Les députés qui forment le gouvernement doivent se
montrer au-dessus de telles tactiques; ils doivent avant tout tenir
compte des intérêts de la population et des devoirs d'un
gouvernement responsable.
Le député a omis de préciser à la Chambre que la cause qu'il
mentionne a été portée devant la Cour d'appel de la
Colombie-Britannique, qui aura l'occasion d'examiner tous les
aspects de cette affaire, et qu'elle ne devrait donc pas être abordée
ici.
Je tiens à signaler à la Chambre que le député et ses collègues
s'attribuent le monopole de la compassion envers les victimes.
Dans les faits, ils se contentent de parler pendant que nous agissons.
Grâce aux bonnes mesures législatives que nous avons adoptées au
cours des trois dernières années et demie, nous avons aidé les
victimes plus que tout autre gouvernement antérieur.
* * *
(1435)
[Français]
M. Gilles Duceppe (chef de l'opposition, BQ): Monsieur le
Président, dans les échanges qui suivent souvent les réponses et les
questions au cours de cette période, le ministre du Développement
des ressources humaines indiquait qu'il était incorrect que le
gouvernement québécois s'apprête à enlever des droits, ce qu'il a
dit très clairement, à la minorité anglo-québécoise.
Je lui demande quels droits, selon lui, dans la réforme des
commissions scolaires, le gouvernement du Québec s'apprête à
enlever à la minorité anglo-québécoise. Et si ce n'est pas ce qu'il
dit, qu'il affirme que le gouvernement québécois n'enlève aucun
droit à la minorité anglo-québécoise dans son projet de réforme des
commission scolaires. C'est l'un ou l'autre.
L'hon. Stéphane Dion (président du Conseil privé de la Reine
pour le Canada et ministre des Affaires intergouvernementales,
Lib.): Monsieur le Président, je suis obligé de répéter la déclaration
de mon homologue, M. Brassard, à l'effet que le consensus doit
comprendre la communauté anglophone du Québec.
Avec un peu de bonne volonté de part et d'autre, si le
gouvernement du Québec faisait quelques gestes de conciliation
auprès de cette communauté anglophone, un consensus pourrait
sans doute être créé et on pourrait, très rapidement, appuyer cet
amendement et faire en sorte que les Québécois puissent organiser
leur système scolaire. C'est l'objectif de ce gouvernement.
M. Gilles Duceppe (chef de l'opposition, BQ): Monsieur le Président, je
demande au ministre des Affaires intergouvernementales, sachant que le projet du
9484
gouvernement du Québec respecte l'article 23 de la Constitution et
que les anglophones du Québec ont beaucoup plus de droits que les
francophones qui vivent à l'extérieur du Québec-et ça, le ministre
le sait, j'imagine-peut-il nous dire, selon lui, si les
Anglo-Québécois ne sont représentés ni par le Parti québécois, ni
par le Parti libéral du Québec et que seuls les libéraux fédéraux sont
en mesure de représenter les Québécois? Est-ce que c'est ça, sa
version, comme celle de Pierre Elliot Trudeau dans le temps?
L'hon. Stéphane Dion (président du Conseil privé de la Reine
pour le Canada et ministre des Affaires intergouvernementales,
Lib.): Monsieur le Président, quand on est devant un changement
constitutionnel qui, quand même, concerne une minorité, je pense
que tout le monde sera d'accord, il y a deux questions essentielles
qu'il faut se poser.
La première: est-ce que l'objectif est valable? Le gouvernement
du Canada a répondu oui; à la fin du siècle, avoir des commissions
scolaires linguistiques, c'est tout à fait valable.
La deuxième: y a-t-il un appui suffisant, dans la société en
question, y compris au sein de la communauté? C'est cela qu'il
s'agit de préciser et c'est au gouvernement du Québec à le faire
puisque c'est son projet, c'est sa compétence et c'est lui qui peut
apporter les modifications et les assurances qui feront en sorte
qu'on pourra en effet moderniser le système scolaire québécois.
C'est l'objectif de tout le monde.
* * *
[
Traduction]
M. John Williams (St-Albert, Réf.): Monsieur le Président,
lundi, j'ai signalé que le président du Conseil des relations de travail
abusait de ses notes de frais et, mardi, j'ai fait remarquer qu'il
s'était mis en situation de conflit d'intérêts en faisant des dîners
bien arrosés avec des cadres supérieurs du CN et du CP au moment
même où il avait à décider d'une question intéressant les sociétés
ferroviaires.
Le gouvernement a renvoyé la question au vérificateur général,
qui ne pourra pas faire rapport à la Chambre avant l'automne.
Le ministre du Travail croit-il que M. Weatherill a un meilleur
sens de l'éthique que le gouvernement actuel et que c'est la raison
pour laquelle il n'a pas encore été congédié ou le ministre va-t-il
prendre maintenant la parole pour nous annoncer que cette personne
est partie aujourd'hui?
L'hon. Alfonso Gagliano (ministre du Travail et leader
adjoint du gouvernement à la Chambre des communes, Lib.):
Monsieur le Président, dès que nous avons lu l'article dans le
Citizen, nous avons demandé au vérificateur général de vérifier les
notes de frais de M. Weatherill.
En outre, nous cherchons à déterminer s'il y a eu une distorsion
des faits, compte tenu de ce que le député a rapporté hier et de ce qui
était dans le journal ce matin. Nous ne pouvons pas agir sur la seule
foi d'un article de journal. Il doit d'abord s'assurer que tous les faits
sont clairs, réels et bien établis.
Nous ne sommes pas un parti de lynchage comme le Parti
réformiste souhaiterait l'être. Nous allons prendre le temps qu'il
faut pour réunir et vérifier tous les faits, puis nous agirons.
(1440)
M. John Williams (St-Albert, Réf.): Monsieur le Président,
nous croyions que le gouvernement était aux commandes. Il ne
devrait pas avoir à attendre de lire dans le journal ce qu'il est censé
faire.
Cela fait des années que le gouvernement reçoit des notes de frais
de ce type et il n'a rien fait tant que l'affaire n'est pas sortie dans le
journal. Et voici qu'il dit qu'il doit vérifier ce qui s'est passé. Ce
type doit partir et je veux savoir s'il partira aujourd'hui.
L'hon. Alfonso Gagliano (ministre du Travail et leader
adjoint du gouvernement à la Chambre des communes, Lib.):
Monsieur le Président, si le député veut vraiment voir partir ce
monsieur, que n'appuie-t-il pas le projet de loi C-66-probablement
cet après-midi-de telle sorte qu'un nouveau conseil soit constitué
au plus tôt?
* * *
[
Français]
M. Maurice Bernier (Mégantic-Compton-Stanstead, BQ):
Monsieur le Président, ma question s'adresse au ministre du
Développement des ressources humaines.
Le directeur de la Société de développement économique de la
région de Sherbrooke, M. Pierre Dagenais, s'insurgeait récemment
du fait que le Fonds transitoire de création d'emplois du
gouvernement fédéral n'était disponible que pour les régions où le
taux de chômage est supérieur à 12 p. 100. Il semble en effet que la
région de Sherbrooke, avec un taux de sans-emploi de 11,5 p. 100,
n'ait pas droit à cette forme d'aide du fédéral.
Le ministre du Développement des ressources humaines peut-il
nous expliquer comment la région de Sherbrooke peut être exclue
d'un tel programme de création d'emplois, alors qu'elle est la
quatrième ville la plus pauvre parmi les 25 plus grandes villes du
Canada?
L'hon. Pierre S. Pettigrew (ministre du Développement des
ressources humaines, Lib.): Monsieur le Président, j'apprécie
beaucoup la question du député de
Mégantic-Compton-Stanstead. Le Fonds transitoire de création
d'emplois est évidemment une réalisation de ce gouvernement dont
nous sommes très fiers. Ce Fonds transitoire de création d'emplois
fait partie de la réforme de l'assurance-emploi.
Ce que nous faisons, c'est que, pour aider les gens qui sont sans
emploi, là où il y a un taux de chômage supérieur à 12 p. 100, nous
sommes capables d'aider les gens à créer des emplois, nous sommes
partenaires d'autres paliers de gouvernement ou d'entreprises
privées qui sont prêts à créer des emplois.
9485
Nous avons donc mis 300 millions de dollars dans ce Fonds. Plus
de 30 p. 100 de ce fonds sera d'ailleurs investi dans des entreprises
québécoises au cours des prochaines années afin de créer des
emplois. Le critère des 12 p. 100 est simplement arbitraire, je le
reconnais. Il fallait surtout investir ces fonds dans les régions où le
besoin était le plus élevé. Nous avons choisi la barre des 12 p. 100.
M. Maurice Bernier (Mégantic-Compton-Stanstead, BQ):
Monsieur le Président, le ministre sera à Sherbrooke, demain; j'ai
hâte de l'entendre répondre aux questions des intervenants de la
région quand ils voudront savoir pourquoi la région de Sherbrooke
est défavorisée par ce programme et en compétition directe avec
l'ensemble des villes du Canada et nécessairement de l'ensemble du
Québec.
Le ministre du Développement des ressources humaines, par sa
réponse, est-il en train de nous dire que la région de Sherbrooke
devrait importer des chômeurs et des chômeuses pour avoir droit à
une quelconque considération de ce gouvernement?
L'hon. Pierre S. Pettigrew (ministre du Développement des
ressources humaines, Lib.): Monsieur le Président, je pense que le
député est mieux de rester du côté de l'opposition; il aurait pas mal
de difficulté à gouverner, car avec ce genre de jugement
économique, on ne va pas tellement loin.
La région de l'Estrie est divisée en deux zones: une partie est
au-dessus de 12 p. 100 et l'autre moitié ne l'est pas. Mais je
voudrais dire au député que la ministre de l'Emploi du Québec est
tellement fière et tellement enthousiaste de ce programme
qu'encore hier, elle annonçait elle-même six projets de création
d'emplois que mon ministère fera au cours des prochaines semaines
parce que, comme vous le savez, nous consultons avec le
gouvernement du Québec dans chacun des fonds transitoires que le
gouvernement du Canada fait au Québec pour en respecter les
priorités.
Je voudrais dire que je serai demain à Coaticook, dans le comté
de Mégantic-Compton-Stanstead, et j'aurai le plaisir d'annoncer
un investissement de mon ministère de 250 000 $ dans la région du
député, permettant de créer 100 emplois en Estrie.
* * *
[
Traduction]
Mme Susan Whelan (Essex-Windsor, Lib.): Monsieur le
Président, des milliers de Canadiens qui ont travaillé aux États-Unis
et qui sont maintenant à la retraite ont été consternés d'apprendre, il
y a plus d'un an, que le gouvernement américain retenait un impôt
non remboursable de 24,5 p. 100 sur leurs chèques de paie, au titre
de la sécurité sociale.
Le ministre des Finances a promis aux électeurs de la région de
Windsor et d'Essex qu'il réglerait le problème.
(1445)
Qu'a fait le ministre pour que ces Canadiens ne soient pas
assujettis à cette ponction fiscale des États-Unis?
L'hon. Paul Martin (ministre des Finances, Lib.): Monsieur le
Président, cette question a vivement préoccupé les habitants de
Windsor, mais aussi ceux d'un grand nombre de localités partout au
Canada.
Comme la Chambre le sait, nous avons entamé, depuis un certain
temps déjà, de sérieux pourparlers à ce sujet avec les États-Unis.
Alors que je me trouvais aux Philippines, le week-end dernier, pour
une rencontre de l'OCEAP, j'ai discuté à nouveau de cette question
avec mon homologue, le secrétaire au Trésor des États-Unis, Robert
Rubin.
Le premier ministre a annoncé, et je m'en réjouis, que les
représentants du Canada et des États-Unis ont aujourd'hui paraphé
un accord visant à modifier la convention fiscale entre nos deux
pays.
Lorsqu'il sera officiellement signé et ratifié, l'accord
d'aujourd'hui procurera un allégement fiscal bien nécessaire à des
milliers d'aînés et de personnes handicapées du Canada. Parce que
les taux d'imposition pour les revenus modestes sont nettement
moins élevés au Canada que le pourcentage de retenue à la source en
vigueur aux États-Unis, pourcentage que le gouvernement
américain pourrait appliquer à des milliers de Canadiens. . .
Des voix: Silence!
M. Martin (LaSalle-Émard): Monsieur le Président, il s'agit
d'une initiative extrêmement importante pour bien des Canadiens.
Les bloquistes l'ont appuyée, tout comme les libéraux. La moindre
des choses serait de se réjouir pour beaucoup de Canadiens.
Le Président: Je suis certain que le ministre des Finances va
maintenant récapituler.
[Français]
M. Martin (LaSalle-Émard): Monsieur le Président, une fois
que l'accord que nous avons conclu aujourd'hui sera formellement
signé et ratifié, les Canadiens et les Canadiennes ne seront plus
tenus de payer l'impôt américain sur leurs prestations de sécurité
sociale.
[Traduction]
Comprenez-moi bien. En vertu de cet accord, les Canadiens ne
seront pas assujettis aux retenues d'impôts au titre de la sécurité
sociale des États-Unis.
Je voudrais remercier les députés de part et d'autre de la Chambre
de leur appui.
* * *
M. Grant Hill (Macleod, Réf.): Monsieur le Président, la police
de la santé au Canada empêche de nombreux Canadiens de
consommer des vitamines et des produits à base d'herbes naturelles
sans avoir de preuves que ces produits sont nocifs.
Je veux demander au ministre de la Santé s'il pourrait inverser le
fardeau de la preuve afin que ce soit sa police de la santé qui doive
9486
prouver la nocivité des produits que les Canadiens veulent avant de
les interdire.
L'hon. David Dingwall (ministre de la Santé, Lib.): Non,
monsieur le Président.
M. Grant Hill (Macleod, Réf.): Monsieur le Président, c'est là
une réponse nonchalante typique du ministre. Parlons de la
mélatonine, une hormone naturelle produite par le corps. La police
de la santé a décidé d'interdire ce produit au Canada. Ce qui est
intéressant dans cela, c'est qu'on peut encore aller en acheter aux
États-Unis pour usage personnel. Étrange, n'est-ce pas?
(1450)
Si la mélatonine est nocive, qu'on le prouve et qu'on l'interdise.
S'il n'existe pas de preuves, pourquoi ne pas laisser les
consommateurs avertis prendre la décision eux-mêmes ici, au
Canada?
L'hon. David Dingwall (ministre de la Santé, Lib.): Monsieur
le Président, je tiens à dire au député, par votre intermédiaire, que, si
ma réponse a semblé nonchalante, je m'en excuse auprès de la
Chambre et du député. J'ai clairement essayé de dire non.
Je crois que le député a mal compris ma réponse. C'est à
l'importateur et au fabricant qu'il incombe de prouver avec
certitude aux Canadiens et à l'organisme de réglementation que le
produit qu'ils veulent mettre sur le marché est sûr.
C'est là la raison d'être de Santé Canada. Sa mission consiste à
voir à ce que tous les produits qui viennent sur le marché puissent
être consommés en toute sécurité par les Canadiens.
* * *
[
Français]
M. Michel Guimond (Beauport-Montmorency-Orléans,
BQ): Monsieur le Président, ma question s'adresse au ministre de la
Justice.
À la lumière des déclarations du secrétaire parlementaire du
ministre de la Justice, avant-hier, à propos du projet de loi C-369
traitant des casinos sur les croisières internationales dans le fleuve
Saint-Laurent, il semble que le gouvernement libéral ait décidé, une
fois de plus, d'aller à l'encontre de la volonté des demandes du
gouvernement du Québec, des municipalités, des régions de Québec
et de Montréal, et du Bloc québécois.
Il y a près de deux mois, le ministre nous affirmait qu'il était en
consultation sur la question. Peut-il nous confirmer lui-même
aujourd'hui son refus de modifier le Code criminel afin de rendre
possibles les casinos de croisière sur le Saint-Laurent?
L'hon. Allan Rock (ministre de la Justice et procureur
général du Canada, Lib.): Non, monsieur le Président. La
consultation se poursuit. On doit consulter tous ceux qui sont
touchés par cette question, c'est-à-dire les provinces, l'industrie et
également les gens d'affaires, pour déterminer les mérites d'un tel
programme. Nous avons un document de consultation, que nous
allons bientôt publier, et nous avons l'intention d'examiner toute
cette question pour identifier la bonne voie à suivre.
M. Michel Guimond (Beauport-Montmorency-Orléans,
BQ): Monsieur le Président, alors que le Bloc québécois réussit,
quant à lui, à déposer un projet de modification au Code criminel, le
ministre ne reconnaît-il pas qu'avec les ressources dont il dispose
dans son ministère, notamment des centaines d'avocats et des
dizaines de millions de dollars en budget, il devrait avoir déposé des
modifications ou, à tout le moins, avoir indiqué ses intentions dans
ce dossier. Quelles sont ses intentions?
[Traduction]
L'hon. Allan Rock (ministre de la Justice et procureur
général du Canada, Lib.): Monsieur le Président, je connais
l'intérêt du député pour le sujet. Beaucoup de députés de ce côté-ci
de la Chambre sont aussi intéressés que lui à la question des casinos
sur les navires de croisière et aux possibilités d'emploi et d'activité
économique que cela peut générer dans différents endroits du
Canada.
Je tiens à dire au député et à tous nos collègues que nous
examinons sérieusement cette question. Nous sommes sur le point
d'envoyer un document de consultation à l'industrie, aux
gouvernements touchés ainsi qu'à tous les autres intervenants.
Contrairement au Parti réformiste, par exemple, nous croyons
qu'il nous faut tenir compte des opinions des autres avant d'agir.
C'est exactement ce que nous ferons.
Le député peut avoir l'assurance que nous examinons la question
avec le plus grand sérieux et que je le tiendrai au courant de
l'évolution du dossier.
* * *
M. Jim Abbott (Kootenay-Est, Réf.): Monsieur le Président,
l'étude du projet de loi C-216, une mesure d'initiative
parlementaire qui interdit l'abonnement par défaut, est maintenant
terminée dans l'autre endroit et le projet de loi sera prochainement
renvoyé à la Chambre.
Puisque ce projet de loi relève de sa responsabilité, la ministre du
Patrimoine peut-elle dire à la Chambre si, oui ou non, elle appuie
cette mesure?
L'hon. Sheila Copps (vice-première ministre et ministre du
Patrimoine canadien, Lib.): Tout à fait, monsieur le Président.
* * *
(1455)
M. Bill Blaikie (Winnipeg Transcona, NPD): Monsieur le
Président, ma question s'adresse au ministre des Finances.
Centraide de Winnipeg a récemment rendu publique une étude
qui indique que les diverses compressions budgétaires imposées par
le gouvernement soumettent les organismes sociaux à des pressions
considérables et entraînent également une détérioration des
conditions sociales.
9487
Le ministre des Finances n'est-il pas conscient de la situation
intenable dans laquelle les compressions budgétaires placent ces
organismes et du fardeau incroyable qu'elles leur imposent? Croit-il
vraiment que ces organismes bénévoles dont beaucoup sont des
organismes de charité, notamment des églises et d'autres groupes,
peuvent combler le manque à gagner créé par les compressions
budgétaires du gouvernement? Cela leur est impossible. Qu'entend
faire le gouvernement pour remédier à cette situation très
inquiétante?
L'hon. Paul Martin (ministre des Finances, Lib.): Monsieur le
Président, il est certain que les compressions budgétaires des divers
niveaux de gouvernement, fédéral, provincial et même municipal,
ont obligé les organismes bénévoles à assumer une part importante
du fardeau. Je suis bien conscient des pressions qu'ils subissent.
Le dernier budget annonçait cependant de nouveaux crédits
d'impôt pour permettre à ces organismes de disposer de nouvelles
sources de revenu et de pouvoir supporter un fardeau accru.
Je trouve cependant la question du député très à propos. Lorsque
nous avons commencé à mettre de l'ordre dans les finances
publiques, nous avons tenu, au départ, à le faire de la façon la plus
humaine possible. C'est pourquoi le gouvernement a laissé le plus
d'argent possible aux ministères responsables de l'aide aux
personnes. Le ministre du Développement des ressources humaines
a mis en place plusieurs programmes pour aider les enfants pauvres,
ce à quoi vise précisément le nouveau crédit pour enfants.
Le député peut avoir l'assurance que le gouvernement continuera
de dépenser là où ce sera le plus profitable, c'est-à-dire pour les plus
vulnérables de la société.
* * *
Mme Bonnie Brown (Oakville-Milton, Lib.): Monsieur le
Président, la recherche pure est, nous le savons, le fondement de
l'innovation nécessaire pour une activité économique basée sur le
savoir, le type même d'économie que nous voulons avoir au
Canada. Nous savons aussi que la recherche pure se fait en
laboratoire.
Que fait le ministre de l'Industrie pour empêcher le grave
problème de la détérioration dans les laboratoires de nos
universités?
L'hon. John Manley (ministre de l'Industrie, ministre de
l'Agence de promotion économique du Canada atlantique,
ministre de la Diversification de l'économie de l'Ouest canadien
et ministre chargé du Bureau fédéral de développement régional
(Québec), Lib.): Monsieur le Président, si je me reporte au budget
de cette année, je dirais qu'une priorité nous a amenés à investir
dans la science et la technologie qui, comme la question l'indique,
sont capitales pour bâtir une économie basée sur le savoir au XXIe
siècle: la reconduction des Réseaux de centres d'excellence, un
programme unique au Canada qui a profité aux universités dans
toutes les provinces et dans toutes les régions. Non seulement ce
programme a été reconduit, c'est aujourd'hui un programme
permanent avec un budget annuel de plus de 47 millions de dollars.
Un autre objectif était d'empêcher la détérioration de
l'infrastructure de recherche dans nos universités, une
responsabilité qui incombe aux gouvernements provinciaux. Nous
avons créé la Fondation canadienne pour l'innovation, la fondation
du genre la plus importante au Canada et une des 10 plus grandes du
monde entier. Le gouvernement fédéral investira 800 millions de
dollars dans des partenariats pour l'édification et la modernisation
de l'infrastructure de R-D afin de veiller à ce que le Canada retienne
et attire les meilleurs chercheurs qui soient et bâtisse le genre
d'économie qui permettra de créer des emplois au XXIe siècle.
* * *
[
Français]
M. Paul Mercier (Blainville-Deux-Montagnes, BQ):
Monsieur le Président, mon unique question s'adresse au ministre
des Transports.
Hier, en réponse à une question que lui adressait le Bloc
québécois, le ministre des Transports a affirmé, et je cite:
[. . .] La décision d'acheter l'aérogare 3-de l'aéroport Pearson-a été prise par
l'administration locale elle-même, à Toronto, la Greater Toronto Airport Authority.
L'acquisition sera financée par une émission d'obligations. Ce n'est pas une décision
gouvernementale, mais la décision de l'administration locale elle-même.
Pourtant, le 25 mars dernier, une décision du Conseil des
ministres stipulait, et je cite de nouveau: «Le ministre des transports
désire fournir une aide financière à la Greater Toronto Airport
Authority, pour exécuter certains projets d'aménagement destinés à
accroître la capacité de l'aéroport.»
Qui dit vrai? Le ministre dans sa réponse hier, ou la décision prise
au Conseil des ministres, le 25 mars dernier?
(1500)
[Traduction]
L'hon. David Anderson (ministre des Transports, Lib.):
Monsieur le Président, la réponse que j'ai donnée hier au député
était tout à fait exacte. Une entente a été conclue entre le consortium
responsable du terminal 3 et la Greater Toronto Airport Authorities
prévoyant l'achat du bâtiment et des services du consortium pour
une somme totale de 719 millions de dollars. C'est la décision prise
par les parties.
Je me permets de citer M. Turpen, président et directeur général
de la Greater Toronto Airport Authorities. Il a dit: «C'est purement
et simplement mon idée et c'est une entente que je souhaitais
ardemment conclure. Le gouvernement ne s'en est pas mêlé et ne l'a
pas encouragée.» Ce sont ses propos, tels que les rapportait le Globe
and Mail du 2 avril 1997.
Le député a soulevé une autre question, celle du manque à gagner
sur une période de neuf ans au profit des autorités aéroportuaires.
Nous avons permis cela conformément à la politique qui s'applique
à toutes les autorités aéroportuaires locales et qui a été adoptée par
9488
le gouvernement précédent. Ainsi, cette aide est offerte aux
autorités pour leur permettre de rebâtir deux postes de
sécurité-incendie et de créer de nouvelles installations de
dégivrage, d'une valeur de 40 millions de dollars, ce qui complétera
l'aménagement de la deuxième piste nord-sud, la piste d'envol par
vent de travers.
* * *
M. Mike Scott (Skeena, Réf.): Monsieur le Président, ma
question s'adresse au ministre des Pêches.
Le ministre et son ministère savaient, ou auraient dû savoir, que
les bancs de pétoncles se trouvant dans la seule baie de Fundy ne
suffiraient probablement pas à faire vivre la flottille de pêche de
pétoncles de Digby. Confiner la flottille de pêche côtière à une aire
aussi restreinte occasionnerait la surexploitation et l'épuisement
des bancs de pétoncles. Après le poisson de fond de l'Atlantique et
le saumon du Pacifique, les pétoncles; Pêches et Océans va d'échec
en échec en matière de gestion des pêches.
Le ministre va-t-il prendre des mesures immédiates pour que soit
appliqué un plan de gestion adéquat, garantissant l'existence de
pêches durables pour la flottille de pêche côtière de pétoncles.
L'hon. Fred Mifflin (ministre des Pêches et des Océans, Lib.):
Monsieur le Président, je dois dire qu'il y a deux flottilles de pêche
de pétoncles dans l'aire de pêche dont il parle, dans la baie de
Fundy: une côtière et une hauturière.
Une voix: Il doit bien les connaître.
M. Mifflin: Il doit effectivement bien les connaître. En 1986, un
accord a été négocié et conclu entre ces deux flottilles, prévoyant
que chacune exploiterait l'aire située soit à la gauche soit à la droite
d'une ligne tracée à travers la baie de Fundy à partir de Yarmouth,
élaborerait son propre plan de conservation et de récolte, et
s'occuperait de rationaliser la flottille, c'est-à-dire essentiellement
s'assurer que le nombre de bateaux est rajusté en fonction des stocks
pour que les ressources soient équilibrées.
La cour fédérale a même statué l'an dernier, 10 ans plus tard,
quand la flottille côtière a demandé la permission de pêcher en
haute mer, que cette entente était légitime.
Le député a parlé du plan de gestion. L'an dernier, vu la situation
dans laquelle se trouvaient les pêcheurs côtiers, une dérogation au
plan de gestion a été autorisée afin de leur permettre de pêcher 100
tonnes de pétoncles à l'extérieur de l'aire de pêche côtière de
pétoncles, sous prétexte qu'il s'agissait d'un accord ponctuel et que
les deux flottilles régleraient l'affaire ensemble plus tard.
Or, le comité consultatif sur la pêche côtière de pétoncles se
réunit cette semaine dans l'espoir de rencontrer les pêcheurs
hauturiers et de pouvoir s'entendre sur un plan qui a toujours fait
l'affaire et qui continuera de faire l'affaire dans l'avenir.
M. Ken Epp (Elk Island, Réf.): Monsieur le Président, mon
rappel au Règlement a trait à une réponse donnée par le ministre des
Finances suite à une question qui lui a été posée.
J'attire votre attention sur les commentaires 348 à 352 du
Beauchesne, qui portent sur les déclarations de ministres. La
réponse fournie était essentiellement une déclaration de ministre et
elle aurait dû être traitée comme telle.
J'attire aussi votre attention sur le commentaire 408 du
Beauchesne, où il est indiqué expressément que Les questions
devraient ne pas être de nature à exiger une réponse longue et
détaillée. Les réponses aux questions devraient être aussi concises
que possible. Par ailleurs, le commentaire 410 dit: «Le temps est
précieux» et «il importe que les questions et les réponses demeurent
brèves».
(1505)
Il est évident que la députée qui a posé la question et le ministre
qui y a répondu s'étaient concertés. Cette déclaration aurait pu être
faite dans d'autres circonstances, et je m'oppose fermement à cette
façon de faire.
Le Président: Je prends note des propos du député. Je fais mon
possible au cours de la période des questions orales pour m'assurer
que les questions et les réponses sont d'une longueur raisonnable. Je
suis convaincu que tous les députés voudront faire en sorte que c'est
le cas à l'avenir.
M. Ray Speaker (Lethbridge, Réf.): Monsieur le Président,
mon rappel au Règlement rejoint plus ou moins celui du député de
Elk Island.
Je me reporte aussi aux commentaires 348 à 350 du Beauchesne.
Un leader parlementaire ou un député ne peut invoquer un
Règlement ou soulever une question au moment où celui-ci estime
qu'il y a eu violation d'un principe. Cela était très difficile à faire.
Nous nous en remettions à vous à ce moment-là. Nous pensions que
le ministre des Finances avait peut-être une réponse très importante
à fournir.
Je sais que certains de mes collègues ont réagi très vivement,
mais cela n'est pas dans nos habitudes. Toutefois, dans les
circonstances, il n'y avait aucun autre recours, aucune autre façon
de réagir face à la situation, sauf-
Le Président: Que voulez-vous que je dise? Que la réponse était
trop courte? Elle ne l'était pas. Cette réponse m'a échappé et c'est
de ma faute. C'est la faute de la présidence. Je vais m'efforcer de
faire en sorte que les questions et les réponses soient un peu plus
courtes.
Je rappelle à tous les députés qu'une question est une question,
peu importe la façon dont elle est posée. Tant et aussi longtemps que
la question est recevable, la présidence laisse évidemment le
ministre y répondre. Encore une fois, je vous prierais, lorsqu'une
question est posée, de tenir compte du temps, et ce dans le
préambule, dans la question comme telle et aussi dans la réponse
fournie. Pour ma part, je m'efforcerai d'être plus vigilant.
Aujourd'hui, cette réponse m'a échappé et je n'y peux rien. Je m'en
excuse.
9489
9489
AFFAIRES COURANTES
[
Français]
M. Paul Zed (secrétaire parlementaire du leader du
gouvernement à la Chambre des communes, Lib.): Monsieur le
Président, conformément au paragraphe 36(8) du Règlement, j'ai
l'honneur de déposer, dans les deux langues officielles, la réponse
du gouvernement à 34 pétitions.
* * *
[
Traduction]
Mme Eleni Bakopanos (Saint-Denis, Lib.): Monsieur le
Président, conformément au paragraphe 34(1) du Règlement, j'ai
l'honneur de présenter à la Chambre, dans les deux langues
officielles, le cinquième rapport de l'Association parlementaire
canadienne de l'OTAN qui a représenté le Canada à la séance mixte
de la Commission sur la défense et la sécurité, de la Commission
économique et de la Commission politique de l'Assemblée de
l'Atlantique Nord, tenue à Bruxelles, en Belgique, du 16 au 18
février 1997.
Monsieur le Président, j'ai un autre rapport. Conformément au
paragraphe 34(1) du Règlement, j'ai l'honneur de présenter à la
Chambre, dans les deux langues officielles, le quatrième rapport de
l'Association parlementaire canadienne de l'OTAN qui a représenté
le Canada à la session annuelle de 1996 des parlementaires de
l'OTAN de l'Assemblée de l'Atlantique Nord, tenue à Paris, en
France, du 17 au 21 novembre 1996.
* * *
Mme Shaughnessy Cohen (Windsor-Sainte-Claire, Lib.):
Monsieur le Président, j'ai l'honneur de présenter, dans les deux
langues officielles, le 11e rapport du Comité permanent de la justice
et des questions juridiques.
Conformément à l'ordre de renvoi du mardi 24 septembre 1996,
votre comité a étudié le projet de loi C-205, Loi modifiant le Code
criminel et la Loi sur le droit d'auteur (fruits d'une oeuvre liée à la
perpétration d'un acte criminel), dont il fait rapport avec des
propositions d'amendement.
* * *
(1510)
L'hon. Douglas Peters (au nom du ministre des Finances, lib.)
demande à présenter le projet de loi C-92, Loi modifiant la Loi de
l'impôt sur le revenu, les Règles concernant l'application de l'impôt
sur le revenu et une loi liée à la Loi de l'impôt sur le revenu.
(Les motions sont adoptées, le projet de loi est lu pour la
première fois et l'impression en est ordonnée.)
* * *
L'hon. Douglas Peters (au nom du ministre des Finances, lib.)
demande à présenter le projet de loi C-93, Loi portant exécution de
certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 18 février
1997.
(Les motions sont adoptées, le projet de loi est lu pour la
première fois et l'impression en est ordonnée.)
M. Peters: Je désire aviser la Chambre que le gouvernement a
l'intention de proposer que, conformément au paragraphe 73(1) du
Règlement, les deux projets de loi qui viennent d'être déposés
soient renvoyés au comité avant la deuxième lecture.
Monsieur le Président, je propose:
Que la Chambre passe maintenant à l'ordre du jour.
M. John Williams (St-Albert, Réf.): Monsieur le Président,
j'invoque le Règlement. Je croyais avoir entendu le ministre
présenter deux motions. D'abord, il a affirmé que le gouvernement
proposerait le renvoi des deux derniers projets de loi à un comité
avant la deuxième lecture. Ensuite, il a présenté la deuxième motion
que vous venez de lire. Pouvez-vous nous dire ce qui est advenu de
la première motion?
(1515)
Le vice-président: Le député de St-Albert demande ce qui est
advenu de la première motion présentée par le ministre. Le ministre
a simplement exprimé l'intention de renvoyer les projets de loi au
comité. Si j'ai bien entendu, il n'a pas présenté de motion à cet effet.
Le deuxième point que le député soulève implicitement est de
savoir pourquoi le ministre a fait cette déclaration maintenant et non
pas à une autre étape des travaux quotidiens. On m'a indiqué que
cette façon de faire est tout à fait acceptable. On a déjà fait des
annonces de la sorte sous toutes sortes de rubriques, y compris le
dépôt de documents et les déclarations de ministres. Cela ne pose
aucun problème.
M. Williams: Je ne suis pas souvent embrouillé, mais je le suis
maintenant. Je me souviens très bien des paroles du ministre. Il a
proposé que les deux projets de loi soient renvoyés à un comité en
vertu d'un article du Règlement. Je voudrais vous poser une
question afin de clarifier la situation.
Les propos du ministre constituaient-ils une motion ou le
ministre disait-il simplement que le projet de loi serait
automatiquement renvoyé à un comité en vertu du Règlement? Je
n'ai pas bien compris. Monsieur le Président, vous pourriez
peut-être m'éclairer.
Le vice-président: Lorsque le ministre s'est levé, après l'étude
des autres motions, il a indiqué qu'il avait l'intention de renvoyer
les projets de loi au comité. Par conséquent, il ne présentait pas une
deuxième motion, il donnait avis d'une motion.
M. Jim Gouk (Kootenay-Ouest-Revelstoke, Réf.): Selon
moi, le député du côté ministériel a employé les mots «je propose,
9490
appuyé par», ce qui équivaut à la présentation d'une motion, qu'elle
ait été appropriée ou non.
Le vice-président: Le député ne fait que répéter ce qu'a dit son
collègue. Si le député n'est pas d'accord, il peut très bien voter
contre.
Plaît-il à la Chambre d'adopter la motion?
Des voix: D'accord.
Des voix: Non.
Le vice-président: Que tous ceux qui sont en faveur de la motion
veuillent bien dire oui.
Des voix: Oui.
Le vice-président: Que tous ceux qui sont contre veuillent bien
dire non.
Des voix: Non.
Le vice-président: À mon avis, les oui l'emportent.
Et plus de cinq députés s'étant levés:
Le vice-président: Convoquez les députés.
(1555)
(La motion, mise aux voix, est adoptée.)
(Vote no 290)
POUR
Députés
Adams
Alcock
Anderson
Assad
Augustine
Bachand
Baker
Bakopanos
Barnes
Bélair
Bélanger
Bellehumeur
Bellemare
Bernier (Mégantic-Compton-Stanstead)
Bertrand
Bethel
Bevilacqua
Blondin-Andrew
Bodnar
Brien
Brown (Oakville-Milton)
Brushett
Byrne
Calder
Campbell
Cannis
Canuel
Catterall
Chamberlain
Chan
Chrétien (Frontenac)
Clancy
Cohen
Collenette
Collins
Copps
Cowling
Crawford
Crête
Culbert
Cullen
Daviault
de Savoye
Debien
Deshaies
DeVillers
Dhaliwal
Dion
Discepola
Duceppe
Dupuy
Easter
English
Fewchuk
Flis
Fontana
Gagliano
Gagnon (Québec)
Gallaway
Gauthier
Godfrey
Godin
Goodale
Graham
Gray (Windsor West/Ouest)
Guarnieri
Guimond
Harb
Hickey
Hubbard
Ianno
Iftody
Irwin
Jackson
Jacob
Kilger (Stormont-Dundas)
Kirkby
Knutson
Kraft Sloan
Landry
Langlois
Lastewka
Laurin
LeBlanc (Cape/Cap-Breton Highlands-Canso)
Lee
Leroux (Richmond-Wolfe)
Leroux (Shefford)
Loney
MacLellan (Cape/Cap-Breton-The Sydneys)
Manley
Marchand
Marleau
Martin (LaSalle-Émard)
McCormick
McGuire
McKinnon
McLellan (Edmonton Northwest/Nord-Ouest)
McTeague
McWhinney
Ménard
Mifflin
Mitchell
Murray
Nault
Nunez
O'Brien (Labrador)
Pagtakhan
Paré
Parrish
Patry
Peric
Peters
Peterson
Pettigrew
Phinney
Picard (Drummond)
Pickard (Essex-Kent)
Pillitteri
Plamondon
Pomerleau
Proud
Reed
Regan
Richardson
Rideout
Robichaud
Robillard
Rocheleau
Scott (Fredericton-York-Sunbury)
Shepherd
Sheridan
Speller
St. Denis
Steckle
Stewart (Northumberland)
Szabo
Telegdi
Terrana
Torsney
Valeri
Vanclief
Verran
Walker
Wappel
Wells
Whelan
Wood
Zed -148
CONTRE
Députés
Ablonczy
Benoit
Breitkreuz (Yellowhead)
Bridgman
Chatters
Cummins
Epp
Gouk
Grubel
Hanger
Hanrahan
Harper (Simcoe Centre)
Harris
Hayes
Hill (Prince George-Peace River)
Hoeppner
Jennings
Johnston
Kerpan
Martin (Esquimalt-Juan de Fuca)
Mayfield
McClelland (Edmonton Southwest/Sud-Ouest)
Meredith
Penson
Ramsay
Ringma
Schmidt
Scott (Skeena)
Silye
Solberg
Speaker
Stinson
Strahl
White (Fraser Valley West/Ouest)
White (North Vancouver)
Williams-36
DÉPUTÉS «PAIRÉS»
Asselin
Axworthy (Winnipeg South Centre/Sud-Centre)
Bergeron
Bonin
Caccia
Dalphond-Guiral
Daviault
Dubé
Dumas
Dupuy
Fewchuk
Fillion
Finestone
Gaffney
Harvard
Hopkins
Lalonde
Lefebvre
Loubier
MacAulay
Murphy
O'Reilly
Sauvageau
Tremblay (Rimouski-Témiscouata)
Venne
Young
9491
Le vice-président: Je déclare la motion adoptée.
______________________________________________
9491
INITIATIVES MINISTÉRIELLES
(1600)
[Traduction]
La Chambre reprend l'étude, interrompue le 11 mars, de la
motion: Que le projet de loi C-66, Loi modifiant le Code canadien
du travail (partie I), la Loi sur les déclarations des personnes
morales et des syndicats et d'autres lois en conséquence, soit lu pour
la troisième fois et adopté, ainsi que l'amendement.
Mme Meredith: Monsieur le Président, j'invoque le Règlement.
J'aimerais savoir si le droit qui m'est conféré en ma qualité de
parlementaire de présenter des pétitions m'a été retiré aujourd'hui.
Le vice-président: La députée comprendra que le vote a pour
effet qu'aucune pétition ne sera présentée aujourd'hui.
M. Dale Johnston (Wetaskiwin, Réf.): Monsieur le Président,
c'est avec plaisir que je participe au débat sur le projet de loi C-66,
qui se veut une révision de la partie I du Code canadien du Travail.
Il va de soi que la révision du Code canadien du Travail n'a que
trop tardé, puisque cette partie n'a pas été modifiée une seule fois au
cours des 20 dernières années. Il est à se demander pourquoi le
gouvernement est maintenant si pressé de faire adopter ce projet de
loi.
Je tiens à clarifier certaines allégations qu'a faites le ministre du
Travail en réponse à mon collègue de St-Albert à la période des
questions.
Quand mon collègue s'est enquis de la raison pour laquelle il
n'avait pas démis de ses fonctions le président du Conseil canadien
des relations du travail en raison des extravagances dont ferait état
son compte de frais, le ministre a demandé pourquoi le Parti
réformiste ne voulait pas collaborer, faisant même de l'obstruction
systématique pour retarder l'adoption de ce projet de loi. Je me dois
donc de rétablir les faits.
Lorsque ce projet de loi a été introduit à la Chambre, le
gouvernement a demandé au Parti réformiste s'il était d'accord pour
qu'il soit renvoyé à un comité immédiatement, avant l'étape de la
deuxième lecture. Le Parti réformiste y a consenti de bonne grâce.
Nous l'avons renvoyé immédiatement à un comité, nous avons
entendu des témoins et nous en avons convoqué d'autres. Nous
n'avons pas obtenu tous les témoins que nous aurions souhaité
interroger, mais nous avons compris que c'était le lot du tiers parti à
la Chambre. Quoi qu'il en soit, nous nous sommes engagés à
adopter une attitude constructive et voilà que le ministre nous
accuse de faire de l'obstruction systématique.
Hier, le ministre a prétendu que nous faisions de l'obstruction
systématique. Je ne peux pas voir en quoi le fait d'accepter qu'un
projet de loi soit envoyé à un comité avant l'étape de la deuxième
lecture puisse constituer une forme d'obstruction systématique.
C'est une logique qui m'échappe.
Quand le projet de loi a été renvoyé à la Chambre pour l'étape du
rapport, le whip en chef du gouvernement m'a demandé si
j'accepterais que le débat sur ce projet de loi soit prolongé. Je lui ai
demandé de combien. Il m'a répondu qu'une courte prolongation
suffirait. Mon parti a donc acquiescé. Comment diable peut-on
percevoir cela comme une tentative d'obstruction systématique à
l'égard du projet de loi parrainé par le ministre? C'est la deuxième
fois que nous nous mettons en quatre pour aider le ministre.
Obstruction, mon oeil! Nous l'aidons.
Le compte rendu montrera que six députés du Parti réformiste ont
pris la parole sur ce projet de loi. Il s'agit d'un projet de loi
extrêmement important, notamment pour les Canadiens de l'Ouest
et pour les céréaliculteurs de notre région. Il ne vise pas que les
céréaliculteurs, mais ceux de notre région sont particulièrement
touchés. Six de nos députés ont traité de ce projet de loi jusqu'ici.
On ne saurait parler d'obstruction, même en appliquant les critères
des libéraux.
Je trouve les observations du ministre irresponsables et
désinvoltes. Elles sont extrêmement déraisonnables. Comment le
ministre peut-il dire qu'ils ont lu tout cela dans le journal et qu'ils
vont maintenant voir ce qu'il en est? Qu'on me corrige si j'ai tort,
mais le ministre n'est-il pas chargé de vérifier constamment ces
choses? Ou ne surveille-t-il pas les activités de son ministère et des
commissions qui en relèvent?
(1605)
J'espère bien que les Canadiens nous regardent aujourd'hui,
ceux-là mêmes qui ont regardé le spectacle irresponsable qu'a
présenté le ministre pendant la période de questions. Je crois avoir
fait ma part pour rectifier les faits.
Le projet de loi qui nous occupe ne prévoit aucune disposition
concernant l'arbitrage des propositions finales. Il est vrai qu'il
renferme une disposition concernant le chargement des produits
céréaliers qui atteignent la côte à bord des navires, une fois qu'ils se
trouvent au terminus. Cependant, il n'y a aucun mécanisme de
règlement des différends. Si, aux alentours de la semaine prochaine,
il y avait un arrêt de travail, en raison d'une grève ou d'un lock-out
dans le système de manutention des céréales, n'importe où entre
l'exploitation agricole et le terminus, le gouvernement réagirait en
adoptant une loi de retour au travail. Une partie de cette loi porterait
sur le recours à l'arbitrage des propositions finales pour amener les
parties à s'entendre afin de dénouer l'impasse.
Si ce moyen est assez bon pour être utilisé en cas d'urgence, de
façon ponctuelle et sporadique, ce qui semble être la façon dont le
gouvernement se plaît à mener toutes ses activités, pourquoi
n'accepte-t-il pas d'y recourir en permanence?
Une voix: Ce serait trop logique.
M. Johnston: Beaucoup trop logique. Avec ce projet de loi, le
gouvernement et le ministre tentent d'apaiser le mouvement
syndical et les représentants du secteur ouvrier du Bloc et du NPD,
en présentant sournoisement un projet de loi interdisant le
remplacement des travailleurs. Ce n'est ni chair ni poisson. On ne
permet pas le recours aux travailleurs de remplacement, mais on ne
l'interdit
9492
pas non plus. On laisse cela à la discrétion du conseil. Il est à
nouveau question de pouvoirs discrétionnaires.
Toutes les mesures législatives dont nous sommes saisis à la
Chambre donnent au ministre et au gouverneur en conseil des
pouvoirs discrétionnaires. Voici une mesure législative qui donne
au Conseil canadien des relations industrielles le pouvoir
discrétionnaire de décider si les travailleurs de remplacement sont
un facteur qui met en péril l'existence du syndicat ou si on peut
permettre le recours à ces derniers et ce, dans quelles circonstances.
Voilà une autre situation où le manque de rigueur fait que ni le
syndicat ni la direction ne sait au juste à quoi s'en tenir sur le
recours à des travailleurs de remplacement au Canada.
On a signalé à de nombreuses reprises que cette mesure vise les
quelque 700 000 employés qui relèvent du gouvernement fédéral,
dans les domaines du transport, des télécommunications et des
banques principalement.
Il faut remarquer que ce n'est pas une mesure législative qui
touche tous les travailleurs syndiqués au Canada. Le projet de loi
visera environ 700 000 personnes au Canada.
L'arbitrage des propositions finales est l'outil qui, selon nous,
serait très utile à la direction et au syndicat. Les deux parties
peuvent y avoir recours également. J'ai déjà expliqué le mécanisme
à la Chambre, mais je veux bien le faire une fois de plus pour que ce
soit bien clair. Une chose aussi bonne mérite qu'on la répète.
(1610)
La négociation collective va se poursuivre comme d'habitude.
Nous savons tous que dans le secteur des transports, notamment
celui des chemins de fer, ainsi que dans les secteurs de la
manutention du grain et du débardage, les syndiqués et la direction
n'ont pas beaucoup de raisons d'en arriver à une entente
rapidement. Je m'explique. Le syndicat et la direction semblent
avoir pour position qu'il n'est pas vraiment important de négocier
de bonne foi, car ils savent que s'il y a impasse, le gouvernement
adoptera une loi de retour au travail. Tout arrêt de travail, qu'il
s'agisse d'une grève ou d'un lock-out, sera très bref. Alors pourquoi
négocier de bonne foi?
J'estime que l'arbitrage des propositions finales les
encouragerait à mener à bien le processus de négociation. En cas
d'impasse, il leur incomberait alors de convenir d'un arbitre, de
dresser la liste des points sur lesquels ils s'entendent et des points
encore en litige et de soumettre leurs positions finales sur ces
derniers à l'arbitre pour qu'il tranche. Le rôle de l'arbitre ne
consisterait pas à chercher un moyen terme entre les deux positions
qui lui ont été présentées. Il lui faudrait opter globalement pour
l'une ou l'autre des positions ou propositions finales. Voilà ce que
l'appelle un encouragement. Voilà qui devrait les inciter à dire:
«Nous aimerions mieux nous passer d'un arbitre. Venons-en aux
choses sérieuses et réglons entre nous les points en litige qui
restent.»
Je ne rejette le blâme ni sur la partie patronale ni sur la partie
syndicale. Au Canada, nous avons vu autant de lock-out entraver
l'acheminement du grain que de grèves perturber l'industrie du
grain. Je ne dis pas cela seulement pour les producteurs agricoles de
ma région. Cela vaut aussi pour des tas d'autres ressources, comme
la potasse, le charbon et même le minerai de fer.
En ce qui concerne les agriculteurs, pareilles situations causent
des ennuis financiers non seulement aux agriculteurs, mais aussi au
pays tout entier. Quand nous ne pouvons pas expédier notre grain
vers la côte ouest, le faire embarquer à bord de navires et le faire
parvenir à nos clients, nous ne sommes pas les seuls perdants; les
Canadiens en général sont aussi perdants que nous.
Je parlais l'autre jour avec un de nos collègues qui revenait de
Chine et qui m'a dit que les Chinois avaient demandé si le Canada
produisait toujours du grain. C'est une question bouleversante. Bien
sûr que nous produisons du grain. Pas en très grande quantité, mais
nous produisons quand même du grain d'excellente qualité dans des
classes comme la classe pastière, de maltage et de meunerie, toutes
sortes de céréales et d'oléagineux. Il s'est fait répondre que cela ne
paraissait pas, car personne ne venait jamais leur en vendre.
Le Canada a fort à faire pour asseoir sa réputation en tant que
fournisseur fiable de produits de qualité à l'échelle internationale.
Nous n'avons aucun problème à produire du grain. Nous pourrions
produire plus de céréales, si seulement il y avait un marché. Le
profit n'est pas un mot indécent. C'est notamment grâce au profit
que la Chambre fonctionne, que l'industrie tourne et que les
Canadiens travaillent et paient des impôts.
(1615)
Si nous ne pouvons plus être un fournisseur fiable de ces
produits, si notre réputation est douteuse au point que les acheteurs
chinois croient que nous ne pouvons plus leur fournir les céréales
dont ils ont besoin, c'est que notre crédibilité en tant que
fournisseur international est très mauvaise. Il est grand temps de
réagir.
Le projet de loi C-66 a suscité une série d'études. Nous avons eu
l'enquête sur les ports de la côte ouest ainsi que le rapport Sims. J'ai
pu faire des présentations à ces deux groupes de travail. Dans le cas
de l'enquête Sims, j'ai recommandé que l'arbitrage des
propositions finales fasse partie des recommandations sur les
dispositions à inclure dans le projet de loi. Pendant les audiences de
l'enquête Sims, j'ai déclaré que le mandat de dix ans du président du
CCRT était trop long et devrait être réduit à cinq ans. Certains
semblent croire maintenant que même un mandat de cinq ans serait
trop long.
Je reviens au point où je voulais en venir. J'ai été renversé de
constater la position qu'a défendue le ministre quand mon collègue
l'a interrogé sur ce qu'il comptait faire en ce qui concerne le
président du CCRT et ses comptes de frais ridicules.
La grève qui a frappé les ports de la côte ouest en 1994, la
dernière à ce jour, a entraîné des frais d'environ 125 millions de
dollars seulement en activités portuaires. Les frais indirects
auraient dépassé les 250 millions de dollars et les pertes sous forme
de futures ventes de céréales auraient peut-être même atteint le
demi-milliard de dollars.
9493
Des relations de travail harmonieuses sont vraiment importantes
au Canada. Le projet de loi fait peu pour améliorer la situation à ce
chapitre. Il se peut qu'il améliore les relations entre le
gouvernement et le Bloc québécois, mais je n'en suis pas certain. Je
doute qu'il donne aux travailleurs et à la direction les outils dont ils
ont besoin pour aplanir leurs différences.
Je devrais peut-être préciser que nous ne proposons pas que
l'ingérence gouvernementale soit un facteur dans le règlement des
conflits de travail.
(1620)
Nous faisons valoir que, à la limite, on n'aurait jamais recours à
l'arbitrage des propositions finales. Autrement dit, si le syndicat et
l'employeur ne sont pas parvenus pas à s'entendre, ils diraient que
la loi leur impose l'arbitrage des propositions finales. Les deux
parties se rendraient compte qu'il leur incombe d'en arriver à une
entente et elles s'emploieraient à le faire. C'est toujours la
meilleure solution. Une entente négociée est toujours meilleure
qu'une convention imposée. Dans ce scénario, les grands gagnants
seraient les Canadiens.
Nous examinons le projet de loi à un moment où l'économie
canadienne pourrait difficilement encaisser d'autres coups. Le taux
de chômage est élevé. En fait, celui-ci se maintient au-dessus de10 p. 100 depuis 75 ou 76 mois. Il est pratiquement impossible de
comparer la situation actuelle à celle qui prévalait dans les années
30. J'espère qu'on ne revivra jamais une telle situation. Le fait est
que, sauf durant la grande crise économique des années 30, le
chômage n'a jamais été à un niveau aussi inacceptable au Canada, et
ce, pendant une si longue période.
Toute mesure prise par la Chambre pour améliorer les relations
patronales-syndicales sera très bien accueillie au sein de l'économie
canadienne.
Je vois que mon temps est presque écoulé. Je suis heureux d'avoir
encore une fois pu prendre la parole sur cette importante mesure
législative. Elle comporte certains aspects positifs, mais il aurait été
bon qu'un plus grand nombre de députés de mon parti aient la
chance d'exprimer leur point de vue.
En terminant, permettez-moi de dire encore une fois que la
collaboration que nous avons manifestée au ministre dans l'étude de
ce projet de loi ne peut certainement pas être interprétée comme de
l'obstruction.
M. Allan Kerpan (Moose Jaw-Lake Centre, Réf.): Monsieur
le Président, j'ai écouté avec beaucoup d'intérêt mon collègue qui
exposait à la Chambre ses idées sur les moyens à prendre pour que
ces arrêts de travail surviennent beaucoup moins fréquemment,
pour commencer, et pour les résoudre beaucoup plus rapidement. Je
partage ses idées concernant l'arbitrage des offres finales.
En écoutant son intervention, je me suis rappelé la dernière fois,
il y a deux ans, où la Chambre a eu à intervenir dans l'un de nos
derniers arrêts de travail graves touchant le transport du grain dans
les Prairies. Dans ma province et dans la circonscription que je
représente, l'agriculture occupe une place énorme. Il s'agit de
l'industrie la plus importante de la circonscription de Moose
Jaw-Lake Centre.
Je me rappelle que le gouvernement avait remédié à cet arrêt de
travail en faisant adopter une loi de retour au travail. La Chambre
avait d'ailleurs été rappelée un dimanche pour l'adopter. Depuis,
j'ai participé à des émissions de radio à deux reprises avec le député
de Saskatoon-Dundurn qui en a profité pour accuser le Parti
réformiste de ne pas se soucier des agriculteurs de l'Ouest parce que
nous ne nous étions pas présentés à la Chambre un dimanche pour
appuyer leur projet de loi de retour au travail.
(1625)
Tout d'abord, nous avons appuyé le projet de loi parce que c'était
la meilleure mesure qui nous était proposée à ce moment-là.
Deuxièmement, nous avons réclamé une mesure préventive
avant la grève afin qu'elle ne puisse être déclenchée. Dans sa
sagesse, le gouvernement avait bien sûr jugé bon de ne pas en
proposer.
Troisièmement, le député de Lethbridge a proposé, peu avant la
grève, un projet de loi d'initiative parlementaire concernant
l'arbitrage des offres finales, qui n'a pas été adopté.
Le gouvernement a eu à trois reprises l'occasion d'empêcher un
grave arrêt de travail, mais il a jugé préférable de n'en rien faire et
de laisser les choses suivre leur cours.
Il existe environ 27 syndicats entre l'entreprise agricole et les
ports. N'importe lequel des syndicats pourrait déclencher une grève
et n'importe laquelle des entreprises de gestion pourrait décréter un
lock-out. Quelque 54 organisations pourraient ainsi interrompre le
transport du grain de la Saskatchewan entre l'entreprise agricole et
les ports. Il est inacceptable que 54 groupes soient ainsi capables de
paralyser toute l'industrie agricole. Quand les puissants
s'affrontent, les agriculteurs paient. C'est toujours ce qui arrive.
Mon collègue est-il convaincu que l'arbitrage des offres finales
permettrait de résoudre ce genre d'arrêts de travail et de les
empêcher de se produire à l'avenir?
M. Johnston: Monsieur le Président, je remercie mon collègue
de sa question.
Je ne crois pas qu'une loi puisse régler parfaitement la question.
Une marge d'erreur peut subsister. Mais cette mesure peut faire
beaucoup pour régler les différends dont mon collègue a parlé.
Pour donner une comparaison tirée de l'agriculture, ceux qui ont
du bétail sont obligés de l'empêcher d'aller sur la route pour que les
automobilistes puissent circuler sans craindre de heurter des bêtes.
Ils doivent prendre des précautions raisonnables pour empêcher les
animaux d'aller sur les routes. Ils installent donc des clôtures qui,
dans 99 p. 100 des cas, font parfaitement l'affaire. Mais il n'existe
aucun moyen de toujours garder les animaux dans leur enclos. Il n'y
a pas moyen non plus de satisfaire toutes les exigences des syndicats
et des patrons.
9494
Les deux parties seront beaucoup mieux servies par l'arbitrage
des propositions finales que par l'imposition de lois de retour au
travail, une fois que le travail a été perturbé. Pour reprendre
l'analogie, cela équivaut, en somme, à installer une bonne clôture
plutôt que de chasser les bêtes sur la route pour les ramener à
l'enclos.
M. Jim Gouk (Kootenay-Ouest-Revelstoke, Réf.): Monsieur
le Président, il est intéressant de constater que le gouvernement
prétend que les députés réformistes n'étaient pas ici au cours de ce
week-end pour appuyer le projet de loi forçant le retour au travail.
J'étais présent et j'ai pris tout le temps que m'a accordé le
gouvernement pour exprimer mon point de vue. Bon nombre de mes
collègues étaient également à la Chambre, nonobstant le fait que
nous avons dû revenir de la région la plus éloignée de notre grand
pays pour prononcer nos discours. Cette épreuve a été très
catastrophique pour bien des gens: pour les sociétés ferroviaires,
pour les agriculteurs, pour les céréaliers et pour tout le monde.
Le député de Moose Jaw a questionné mon collègue un peu plus
tôt. Il a affirmé que nous avons cherché à proposer une mesure
législative prépondérante, qui aurait empêché la grève, mais le
gouvernement a rejeté notre projet. Nous avons voulu agir lorsque
les employés du CP ont déclenché la grève, mais le gouvernement a
refusé. Il n'a rien fait tant que la grève n'a pas éclaté également au
CN.
Il court une rumeur bien fondée selon laquelle le gouvernement
aurait intentionnellement attendu que la grève soit déclenchée au
CN, afin de pouvoir proposer un projet de loi prévoyant un nouveau
genre de règlement par voie d'arbitrage et d'imposer ce type de
règlement qui favorisait la vente du CN et faisait bien paraître le
gouvernement. Si l'on avait proposé quelque chose comme
l'arbitrage des propositions finales, le gouvernement aurait raté une
belle occasion.
(1630)
Le député a-t-il entendu cette rumeur? Y accorde-t-il foi?
Voudrait-il que des mesures soient prises pour protéger les
employés des sociétés ferroviaires qui s'occupent de la manutention
des grains et tous les gens touchés par cet abominable complot
concocté par le gouvernement?
M. Johnston: Monsieur le Président, certes, mon éminent
collègue, le porte-parole en matière de transports, s'est tenu au
courant. Loin de moi l'idée d'imputer des motifs au gouvernement,
mais, en même temps, j'ai très confiance dans la parole de mon
collègue, le porte-parole en matière de transports.
Il a spécifiquement demandé si je voulais qu'une protection soit
mise en place pour les travailleurs. Absolument. C'est de la plus
haute importance. Les travailleurs ont des droits et ces droits
devraient être protégés contre de supposées manipulations visant à
créer un climat politique ou à favoriser ou non une qualité
marchande.
M. John Williams (St-Albert, Réf.): Monsieur le Président, je
voudrais participer au débat sur le projet de loi C-66 et aussi rétablir
certains faits.
Tout d'abord, les députés se souviennent peut-être que, à au
moins deux reprises, le ministre du Travail a accusé le Parti
réformiste de faire de l'obstruction dans le débat sur le projet de loi.
J'ignore si c'est à cause du printemps ou de l'imminence des
élections, mais ces accusations sont tout à fait fausses et ne reposent
sur rien.
L'étude du projet de loi a commencé il y a longtemps. Nous avons
même prolongé les heures de séance de la Chambre à une occasion
pour en débattre. Le ministre a présenté les faits de façon trompeuse
pour donner une mauvaise image du Parti réformiste, qui a toujours
été prêt à collaborer avec le gouvernement pour adopter les projets
de loi.
La séance n'a commencé qu'à 14 heures cet après-midi. Les
séances du mercredi sont brèves parce que la Chambre ne siège que
l'après-midi, mais, selon le Règlement, cela compte tout de même
pour une journée complète.
Pour la trente-huitième ou la trente-neuvième fois, ou même
plus, le gouvernement a imposé l'attribution de temps et abrégé le
débat. Qui plus est, il a eu le culot de sauter les affaires courantes
pour que la députée de Surrey-White Rock-South Langley ne
puisse pas présenter ses pétitions.
On muselle les Canadiens. Les initiatives parlementaires, s'il y
en avait, ont été court-circuitées pour que les députés qui ne sont pas
du parti ministériel ne puissent pas être entendus.
Le secrétaire d'État aux Institutions financières a pu faire inscrire
ses motions. Il a réussi à renvoyer ses motions de voies et moyens au
comité. À partir de ce moment-là, alors que le reste des députés à la
Chambre et, en fait, le reste des habitants de ce pays auraient eu la
chance de se faire entendre, les libéraux ont proposé une motion
pour qu'on passe à l'ordre du jour, gaspillant ainsi du temps et
empêchant le Parti réformiste et les autres partis de débattre ce
projet de loi.
Que font les ministériels? Ils espèrent que nous laisserons tomber
cette affaire et qu'ils pourront ensuite s'empresser de faire adopter
cette mesure à la Chambre avant de déclencher des élections un an
et demi plus tôt que prévu.
Il se passe des choses plutôt bizarres. Le ministre du Travail fait
ce genre d'accusations. Aujourd'hui, durant la période des
questions, le ministre des Finances a fait une déclaration
ministérielle, empiétant ainsi sur le temps réservé à la période des
questions.
(1635)
Le premier ministre est en visite chez nos voisins, à Washington.
Lorsqu'on lui a posé une question sur les drogues illégales, il a dit
que c'était bon pour le commerce. Il doit être plus attentif. Non
seulement il devrait être plus attentif là-bas, mais il devrait
commencer à être plus attentif à ce qui se passe ici. Si les Canadiens
sont appelés aux urnes bientôt, le premier ministre sera peut-être
surpris
9495
de voir que le résultat est complètement différent de celui qu'il
attendait.
Le projet de loi C-66 traite du Code canadien du travail et du
Conseil canadien des relations du travail. J'ai un débat depuis
quelque temps avec le ministre du Travail à la période des questions
au sujet du président de ce conseil. J'ai déjà dit au moins deux fois
cette semaine à la Chambre qu'il fallait se débarrasser de cet
homme. Le ministre du Travail a dit que nous devrions adopter le
projet de loi C-66 pour lui permettre de faire son travail et de se
débarrasser du président du conseil.
Je ne peux pas imaginer pourquoi le ministre voudrait attendre
que le projet de loi C-66 soit adopté. Nous savons qu'il sera adopté
aujourd'hui à cause de l'attribution de temps, qui nous force à
mettre fin au débat et à voter. Comme les libéraux sont majoritaires,
l'adoption de cette mesure est chose faite.
Je ne sais pas quelle sera son excuse demain lorsque le projet de
loi C-66 aura été adopté, grâce à la majorité du gouvernement, et
que M. Ted Weatherill sera encore président du conseil. Le ministre
ne pourra pas prendre la parole à la Chambre pour nous dire que, si
nous adoptons le projet de loi C-66, il pourra peut-être se
débarrasser du président. Le projet de loi C-66 aura déjà été adopté à
ce moment-là.
Je lisais à la une du Citizen d'Ottawa aujourd'hui: «Weatherill
accusé de parti pris dans le conflit. Cette accusation des réformistes
vient s'ajouter à la saga des dépenses.» Les députés savent bien que
cet homme a abondamment abusé des deniers publics. Il l'a fait à
tour de bras et sans aucune hésitation. Il a dépensé 148 000 $ à
festoyer un peu partout dans le monde au cours des huit dernières
années. Cet homme a dépensé 440 000 $ à mes frais et aux frais des
Canadiens, parce qu'il n'était pas obligé d'en rendre compte.
Il disposait d'un compte de dépenses illimitées et s'est bien
promis d'en profiter à fond. C'est ce qu'il a fait, notamment en
dépensant 733 $ pour un dîner pour deux personnes à Paris. C'est
plus que ne dépense une famille moyenne pour son alimentation ou
plus que ce que gagnent bien des Canadiens en un mois. Cet homme
a le culot de tenter de justifier des dépenses pareilles en disant qu'il
a rencontré quelque professeur de la Sorbonne qui l'a impressionné
et a dîné avec lui à Paris. Je ne suis pas impressionné.
Cet homme, c'est le président du Conseil canadien des relations
du travail. Les députés constateront peut-être un ton de mépris dans
ma voix quand j'en parle. C'est parce que le Conseil canadien des
relations du travail est un organisme quasi-judiciaire. Il est régi par
les mêmes règles que les tribunaux. Monsieur le Président, vous
avez été avocat et vous connaissez ces règles. Elles précisent qu'il
faut non seulement être impartial, mais qu'il faut être perçu comme
étant impartial.
Voici ce qu'on lit à la page A2 du Citizen d'Ottawa
d'aujourd'hui:
Au moins trois membres du conseil, y compris le président, doivent être présents
aux audiences. Le président est chargé de trancher, en cas de conflit.
Étant donné ses pouvoirs, même s'il ne porte pas le titre de juge, le président doit
se conformer au protocole judiciaire, y compris aux règles sur l'impartialité.
J'ai trouvé que c'était intelligent. L'article se poursuit ainsi:
Un arbitre ou le président d'un conseil ou un juge ne doit jamais, au beau milieu
d'une affaire, sortir avec l'une des parties sans que l'autre y soit aussi.
C'est M. Levitt qui a écrit cela. Nous ne parlons pas d'un principe
controversé, mais d'un principe de base. Personne ne le conteste;
c'est quelque chose d'évident.
«Sortir pour dîner avec une partie et pas avec l'autre, c'est inacceptable», de
déclarer M. Levitt. «La partialité dans un contexte judiciaire ne se limite pas aux
injustices véritables. La crainte d'une injustice, dans une mesure raisonnable, est
aussi à considérer.»
Or, c'est raisonnable de craindre une injustice, a-t-il ajouté, quand le président
d'un organisme quasi-judiciaire sort un soir avec une partie au conflit quand il doit
recontrer la partie adverse le lendemain.
(1640)
Avez-vous jamais entendu parler d'un juge qui aurait agi ainsi,
monsieur le Président? Moi pas.
Il poursuit: «Même cela est tout à fait malhonnête. Poursuivant
notre lecture, nous apprenons que:
M. Weatherill présidait les audiences et les délibérations. Durant cette période, il a
eu à Montréal les réunions suivantes:
Il s'agissait d'un conflit entre le CN et le CP d'une part et les
syndicats de l'autre. Je reprends ma citation:
Le 7 novembre 1990, M. Weatherill et l'avocat-conseil principal du CN, John
Coleman, ont partagé un dîner de 213 $.
Le 7 février 1991, M. Weatherill a assisté à une réception donnée en l'honneur de
Don Fraleigh, vice-président adjoint du CN, Ressources humaines.
Le 21 février 1991, M. Weatherill et le vice-président du CP, Robert Colosimo, ont
partagé un dîner de 227 $.
Le 22 mai 1991, M. Weatherill a partagé un déjeuner de 164 $ avec
l'avocat-conseil principal du CN, John Coleman.
Le 14 novembre 1991, M. Weatherill a dépensé 264 $ pour un dîner, encore une
fois, avec Coleman, du CN. . .
Le 22 juillet 1992, le Conseil des relations de travail a décidé que les syndicats
devaient être dissous et remplacés par le TCA.
Le ministre a le toupet de dire aujourd'hui, durant la période des
questions qu'il l'a vu dans les journaux, mais qu'il n'était pas au
courant. Le Conseil du Trésor savait parfaitement ce qui se passait
et, en tant que ministre responsable, il aurait dû le savoir aussi. Le
gouvernement a payé les factures et le ministre prétend qu'il n'est
pas au courant et qu'il va vérifier maintenant qu'il l'a lu dans le
journal. Et ce gouvernement dit avoir le contrôle. Avez-vous jamais
entendu une chose pareille, monsieur le Président?
Qu'en pensent les gens? Je passe maintenant à la page A15 du
Citizen d'Ottawa.
La dépravation du célèbre brigand anglais, Dick Turpin, n'est rien à côté du
pillage du Trésor public aux mains de Ted Weatherill. Si jamais l'expression «se
graisser la patte» a été prise littéralement, c'est bien dans ce cas-ci.
Leo M. Bereza, Ottawa
9496
Je vais vous lire un autre petit commentaire. La page est remplie
de lettres consacrées à M. Weatherill.
Félicitations au personnel du Citizen. Vous avez pris le rat au piège. C'est de
l'excellent reportage. Vous avez le nez fin. Avec les élections qui s'en viennent, les
contribuables vont encore se faire passer le sapin des restrictions financières. Le
fonctionnaire Ted Weatherill m'écoeure avec sa propension à manger à tous les
râteliers. Les bureaucrates qui se croient tout permis devraient être obligés de
s'abonner à McDonalds', comme le commun des mortels qui ne peuvent se
permettre de manger ailleurs.
Robert Beck, Carp
Que pensez-vous de celle-ci, qui a pour titre «Je ne trouve pas ça
drôle»?
Comme des milliers de Canadiens, c'est pour moi le moment de l'année où je dois
retravailler mon budget pour avoir de quoi payer mes impôts. Il me semble donc tout
à fait approprié qu'on nous montre le visage jovial de Ted Weatherill répondant de
façon évasive aux questions qui cherchent à expliquer sa note de frais personnels
pour ces dernières années.
Je regarde encore une fois sa photo et je suis convaincu qu'il ne sourit pas. Il se
moque de moi [. . .] et je ne trouve pas ça drôle.
Don Ferguson, Nepean
La page entière est remplie d'articles sur ce type qui occupe un
poste élevé assorti d'un salaire annuel de 120 000 $ à 140 000 $. Il
a réclamé 440 000 $ de frais en huit ans. Il a dépensé 148 000 $ en
repas seulement en huit ans. Il s'est compromis et il a compromis le
conseil. Il a mis en doute les décisions du conseil, mais il reste dans
ses fonctions. Je me demande pourquoi.
(1645)
Le ministre du Travail a déclaré qu'il venait à peine de le lire
dans le journal et qu'il devra voir ce qu'il en est. Son ministère a
examiné les dépenses et payé. C'est révoltant. Absolument
révoltant.
Est-ce tout? Je publie un rapport sur le gaspillage.
Périodiquement, on en parle un peu dans la presse. En janvier
dernier, dans un de ces rapports sur le gaspillage, je parlais des
manoeuvres fiscales de ces amis politiques nommés à des postes
importants.
Même si le gouvernement a refusé de me donner les noms, j'ai pu
trouver qu'un membre du conseil-autant que je sache, ce n'est pas
M. Weatherill, mais un autre-reçoit une indemnité non imposable
en plus de son salaire, une indemnité qui n'est pas visée par la Loi de
l'impôt sur le revenu. Il est illégal de recevoir cet argent non
imposable. Je l'ai mentionné à la ministre du Revenu.
Il n'était pas le seul. J'en ai relevé huit ou dix, tous des
nominations politiques et tous coupables de pratique illégale en
réclamant des indemnités de voyage, des indemnités de
déménagement, des indemnités provisoires et des appartement dans
une autre ville.
Le Commissaire aux langues officielles, par exemple, a un
appartement en ville aux frais du contribuable. Nous payons tous
des impôts. Il semble exempté parce que le gouvernement estime
qu'il n'a pas à respecter les règles, puisqu'il est au-dessus des
règles.
Le ministre du Travail est prêt à tolérer un président qui se pense
au-dessus des règles, qui s'est compromis de toutes les façons
possibles. Il sourit à la une des journaux en disant: «Je ne
démissionnerai pas.» Ce qui revient à dire au ministre du Travail:
«Il faudra me licencier.» J'espère que le ministre va le faire, car ça
presse, même si nous ne le savons que depuis trois jours.
Le ministre évite de prendre une décision en renvoyant le tout au
vérificateur général. Il a pris la parole et déclaré fièrement que
lorsqu'il a appris cela, il en a immédiatement saisi le vérificateur
général. Le vérificateur fait rapport à la Chambre, mais il ne pourra
pas le faire avant l'automne. Si les rumeurs se confirment, les
élections seront alors terminées depuis longtemps.
C'est comme l'enquête sur la Somalie. Enterrons tout cela pour
la durée des élections. Enterrons M. Weatherill et voyons ce qui
arrivera à l'automne. Ce n'est pas une façon de gouverner.
Les libéraux veulent déclencher des élections et se présenter à
nouveau devant la population canadienne en disant: «Nous méritons
votre vote, nous voulons continuer.» Comment pourront-ils
regarder les gens en face? Ils balayé toute la saleté sous le tapis pour
que les Canadiens ne la voient pas. Ils la ressortiront comme du
vieux linge sale à l'automne, lorsqu'ils auront gagné une majorité
confortable. Comment peuvent-ils agir ainsi? Je ne comprends pas.
Nous connaissons les libéraux. Ils sont là depuis fort longtemps.
Ils semblent pouvoir agir ainsi le sourire aux lèvres. Je suis
convaincu qu'ils essayeront de le faire à nouveau. Comme on dit, on
peut tromper certaines personnes tout le temps et tout le monde
pendant un certain temps seulement. Les libéraux vont peut-être
constater cette fois qu'ils n'ont pas trompé beaucoup de gens.
Je ne peux concevoir pourquoi le ministre du Travail tient tant à
garder en poste Ted Weatherill. J'ai participé à des tribunes
téléphoniques partout au pays pour parler de cet individu. Personne
n'accepte de le défendre.
Le problème de ses dépenses est déjà assez grave. Mais il ne peut
même pas comprendre qu'il compromet son poste, ses décisions,
ses collègues et tout le gouvernement en agissant ainsi; ses faits et
gestes ont été bien documentés. Lorsque nous avons communiqué
avec le CN et le CP, les responsables ont refusé de commenter
l'affaire, mais il ne l'ont pas niée. Le ministre prend sa défense et
déclare qu'il faut attendre le rapport du vérificateur général et qu'ils
agiront peut-être ensuite.
(1650)
Ils ont déjà toute la documentation en mains. Ils ont toujours eu
accès à ces renseignements. Ils savent depuis des années que cet
individu dépense à l'excès sans arrêt, chaque fois qu'il en a
l'occasion. Il n'a jamais oublié de demander le remboursement ne
serait-ce que d'une tasse de café. Il amène avec lui sa conjointe de
fait et il croit que nous payerons aussi pour elle. Il semble n'y avoir
aucune limite à ce qu'il peut faire. Il semble n'y avoir aucune limite
à sa façon de compromettre son poste et, malgré tout, le ministre du
Travail l'appuie.
9497
Si cet homme n'est pas destitué d'ici quelques jours, au moment
des élections, je demanderai pourquoi il est encore en poste.
M. Jim Gouk (Kootenay-Ouest-Revelstoke, Réf.): Monsieur
le Président, j'ai prêté une oreille attentive aux propos du député de
St-Albert.
Ici comme à l'égard de nombreux autres projets de loi, il s'est
montré très préoccupé par les dépenses qu'entraîne le
fonctionnement de la Chambre. Je suis persuadé que, tout comme
moi, il a été estomaqué quand les députés d'en face, le ministre du
Travail à leur tête, ont eu l'audace de déclarer à la Chambre que le
Parti réformiste est responsable du retard mis à faire adopter la loi
forçant le retour au travail lors de la grève nationale des chemins de
fer. Ils ont prétendu que nous ne siégerions pas un week-end pour
accélérer l'adoption du projet de loi.
Comme je l'ai mentionné quand j'ai pris la parole en réponse aux
déclarations de notre porte-parole pour les questions relatives au
travail, nous avons tout fait pour empêcher que la grève ne se
produise. Quand la loi de retour au travail a enfin été introduite,
nous l'avons appuyée. Nous tenions absolument à ce qu'elle soit
adoptée rapidement, car nous étions conscients que la grève faisait
mal à beaucoup de monde: travailleurs, agriculteurs et j'en passe.
L'étude de la loi forçant le retour au travail à la Chambre a
débordé sur le week-end. Je sais pertinemment que chaque heure de
fonctionnement de la Chambre coûte des dizaines de milliers de
dollars aux contribuables. Comme s'il ne manquait plus qu'eux, les
contribuables ont été mêlés à la question. C'est un exercice coûteu
pour le gouvernement qui ne semble pas s'en faire.
Le Parti réformiste s'est montré coopérant. Nous étions ici pour
appuyer la mesure législative. Le Bloc québécois est intervenu pour
empêcher l'adoption rapide du projet de loi.
Étant donné que le député est notre chien de garde pour les
dépenses gouvernementales, que pense-t-il de la façon inqualifiable
dont le gouvernement s'y est pris pour faire croire à la Chambre que
le coupable était le Parti réformiste, alors que nous faisions tout
pour faciliter l'adoption d'une mesure législative qui n'avait que
trop tardé? Le problème, c'étaient les amis que le gouvernement a
dans l'opposition officielle, ce sont eux qui ont retardé l'adoption
de la mesure législative.
M. Williams: Monsieur le Président, le député de
Kootenay-Ouest-Revelstoke a parfaitement raison. Le
gouvernement nous accuse de retarder l'adoption de ce projet de loi.
La Chambre est un lieu de débat au profit des Canadiens. Ce n'est
pas une institution qui fonctionne au rendement. Le ministre du
Travail nous accuse de faire de l'obstruction à un projet de loi et de
retarder les travaux. Il nous a accordé environ une heure et demie
pour débattre de ce projet de loi en troisième lecture. C'est absurde.
Comme nous avons une heure et demie, peut-être deux heures pour
le débattre, il est incroyable qu'on nous accuse de vouloir retarder le
processus.
On peut voir avec quel mépris les ministériels traitent la
Chambre. Je demande, monsieur le Président, qu'on vérifie s'il y a
quorum pour constater ce mépris. Je ne vois que trois libéraux à la
Chambre en ce moment.
(1655)
Le vice-président: Oui, le député a raison. Faites sonner le
timbre.
Après l'appel du timbre:
Le vice-président: Il y a maintenant quorum.
M. Williams: Monsieur le Président, je parlais du mépris que
manifestent les ministériels envers cette vénérable institution. Ils
étaient assis dans le salon d'en arrière, se délassant en jouissant des
conforts qu'offre cette institution. Ils étaient peut-être en
compagnie de M. Weatherill, savourant un repas arrosé de bon vin.
Peut-être que oui, peut-être que non.
Les députés de l'opposition ont droit à une période de temps
raisonnable pour débattre cette question. Il est absurde qu'on nous
accuse de faire de l'obstruction. Les libéraux font siéger la Chambre
pendant le week-end parce qu'ils ne savent pas s'organiser et que le
Conseil canadien des relations du travail est incapable de régler les
conflits de travail. Ils ont dû présenter un projet de loi de toute
urgence et dépenser plus d'argent pour nous siégions tout le
week-end. C'est peut-être parce qu'ils ne font aucunement
confiance au président du Conseil canadien des relations du travail.
Nous l'ignorons, mais nous savons sûrement que cet homme ne
faisait pas son travail avec beaucoup de compétence. C'est peut-être
pour cela que nous avons dû dépenser plus d'argent pour siéger tout
le week-end.
Le député a parfaitement raison. Le gouvernement devrait faire
attention.
M. Paul Szabo (Mississauga-Sud, Lib.): Monsieur le Président,
j'étais ici, à ma place, lorsque le député a demandé s'il y avait
quorum. À la décharge de mes collègues qui s'acquittent également
de leur devoir ici, le député sait très bien que les députés ont
l'occasion de suivre le débat.
Dans ses observations, le député part du principe qu'on n'a pas
donné suffisamment de temps aux députés. Tous ceux qui suivent le
débat savent clairement que l'essentiel de l'intervention du député
réside dans le fait qu'il se plaint du manque de temps, plutôt que de
se pencher sur le fond du projet de loi.
Si le député juge qu'il est suffisamment important pour nous
d'aller de l'avant avec la mesure législative en question, il pourrait
peut-être intervenir maintenant et préciser simplement que le Parti
réformiste est disposé à mettre un terme au débat maintenant.
Passons au vote sur cet important projet de loi. Le député devrait
dire à la Chambre maintenant s'il a l'intention d'appuyer le projet
de loi C-66.
M. Williams: Monsieur le Président, il ne s'agit pas de savoir si
j'appuie ou pas le projet de loi. La Chambre est une tribune où on
peut exprimer des opinions et des points de vue. Le gouvernement
nous accuse de faire de l'obstruction systématique. Pourtant, on ne
nous donne qu'une heure et demie à l'étape de la troisième lecture.
Nous avons prolongé les heures pour faciliter l'adoption des
mesures législatives gouvernementales, mais on nous accuse quand
9498
même de faire de l'obstruction. Le gouvernement rejette nos
amendements. Il ne nous écoute absolument pas, et il se sert de sa
majorité pour rejeter nos propositions. Le whip fait claquer son
fouet et les ministériels s'opposent à tout ce que nous proposons.
Nous appuyons certaines mesures législatives ministérielles, car
nous croyons qu'elles sont bonnes. Lorsque nous apportons à une
mesure législative des amendements que nous considérons
intelligents et bons, le gouvernement les refuse automatiquement
du seul fait qu'ils viennent de ce côté-ci. Le gouvernement abuse
ainsi de la confiance qu'on lui a fait et du pouvoir qu'on lui a confié.
Les libéraux devront expliquer cela aux Canadiens aux prochaines
élections.
À près de 40 reprises, ils ont appliqué la clôture à la Chambre
depuis que je siège ici. C'est devenue monnaie courante. On n'en
parle même plus dans les médias.
(1700)
Lorsqu'on s'en est servi pour la première fois à la Chambre, cela
a presque entraîné la chute du gouvernement. Cette mesure est
restée ensuite latente pendant un certain nombre d'années, puis on
l'a utilisée à nouveau dans les années 50, à de très rares occasions.
Si je ne m'abuse, M. Trudeau y a eu recours à 10 ou 15 reprises
environ. M. Mulroney l'a fait quelques fois de plus. Le
gouvernement actuel a battu tous les records.
M. Gouk: Il a battu le total cumulatif de tous les gouvernements
passés.
M. Williams: Nous avons entendu mon collègue. En trois ans et
demi de pouvoir, le gouvernement a dépassé le total cumulatif
depuis 1917, lorsqu'on a eu recours pour la première fois à cette
mesure.
Ce n'est plus une Chambre propice au débat. Ce n'est plus une
Chambre du peuple. Le gouvernement abuse de la confiance et des
privilèges de la Chambre. Il ne veut pas entendre ce que les
représentants des Canadiens ont à dire. Il refuse d'écouter.
M. Szabo: Monsieur le Président, je vais demander à nouveau au
député s'il a l'intention d'appuyer ce projet de loi. Dans
l'affirmative, je vais supposer que c'est en fonction du fait qu'il a
déjà pleinement évalué tous les facteurs pertinents. . .
Le vice-président: La parole est au député St-Albert.
M. Williams: Monsieur le Président, je déteste créer du
suspense, mais je sais que nous allons nous prononcer là-dessus plus
tard aujourd'hui.
[Français]
Le vice-président: Il est de mon devoir, conformément à
l'article 38 du Règlement, de faire connaître à la Chambre la
question qu'elle abordera à l'heure de l'ajournement, ce soir, à
savoir: l'honorable député de Bourassa-L'immigration.
[Traduction]
M. Paul Szabo (Mississauga-Sud, Lib.): Monsieur le Président,
je tiens à intervenir dans le débat sur le projet de loi C-66 présenté
par le ministre du Travail. Nous en sommes à la troisième lecture de
la loi modifiant la partie I du Code canadien du travail, la Loi sur les
déclarations des personnes morales et des syndicats et d'autres lois
en conséquence.
En tant que député ministériel qui a suivi le débat cet après-midi,
j'ai cru important de revenir sur un des points qu'a soulevés le
député qui vient de parler, notamment la méthode utilisée par le
gouvernement pour faire adopter cette mesure législative.
Plus tôt dans la journée, durant la période réservée aux affaires
courantes, le gouvernement a été forcé de présenter une motion pour
que le projet de loi puisse faire l'objet d'un débat à la Chambre.
C'est une des subtilités du fonctionnement de la Chambre qui
échappent au grand public. Le projet de loi n'aurait fort
probablement pas été débattu aujourd'hui si le gouvernement
n'avait pas proposé, dans une motion, que l'on passe des affaires
courantes aux initiatives ministérielles.
Les affaires courantes ordinaires englobent, entre autres, le dépôt
de documents, les déclarations de ministres, la présentation de
rapports de délégations interparlementaires et de rapports de
comités. Il est arrivé à plusieurs reprises, je m'en souviens, que des
députés réformistes demandent la parole durant la période réservée
aux affaires courantes pour présenter des motions frivoles, qui
pouvaient faire l'objet d'un débat en vertu du Règlement de la
Chambre, ce qui voulait dire que la Chambre allait continuer de
débattre de motions frivoles au lieu d'étudier des projets de loi
d'initiative ministérielle ou parlementaire.
Il est important que les Canadiens soient au courant de ce qui
s'est fait en comité et du travail que le ministre du Travail a fait. Les
notes préliminaires contenaient d'excellents renseignements
généraux. En fait, le vote qui sera pris plus tard aujourd'hui
montrera aux Canadiens que la Chambre appuie ce projet de loi
d'une grande importance.
(1705)
Je félicite donc le ministre du Travail, qui mérite le respect et
l'admiration des différentes parties qui sont intervenues dans ce
processus.
Il est encourageant de voir que les employeurs et les syndicats
s'entendent sur cette question. Cet aspect doit être souligné. Nous
devons faire remarquer que les employeurs et les syndicats sont
d'accord sur les principes qui sous-tendent le projet de loi.
Cet accord a pourtant exigé une somme considérable d'efforts.
Le projet de loi C-66 est avant tout une mesure législative juste et
équilibrée, comme les députés ont pu le constater au cours du débat
que nous avons eu à la Chambre et des travaux qui ont été effectués
au comité. Le projet de loi résulte de consultations sur toute la
question.
Les députés de tous les partis reconnaissent l'importance de ces
consultations. Elles ont supposé la formation d'un groupe de travail
composé de spécialistes des relations de travail et d'une équipe
réunissant des organisations syndicales-patronales, puis la tenue
d'une série de rencontres entre le ministre du Travail et les
représentants des employeurs et des travailleurs, de même que
d'autres
9499
parties intéressées. Les consultations représentent un aspect capital
de toute mesure législative dont la Chambre est saisie.
Le groupe de travail était présidé par M. Andrew Sims, avocat du
droit du travail d'Edmonton, spécialiste de l'arbitrage et de la
résolution de conflits. Il a été magnifiquement appuyé par deux
collègues chevronnés: l'arbitre, médiatrice et chercheure en matière
de relations de travail qui est établie à Toronto, Paula Knopf, et
l'arbitre en matière de relations de travail et professeur de
l'Université Laval, Rodrigue Blouin.
Au cours du processus de consultation, le groupe de travail a reçu
de nombreux mémoires et rencontré les délégations des travailleurs
et des employeurs, ainsi que des membres d'universités et du milieu
juridique de divers endroits partout au Canada. Il a également invité
les organisations syndicales et patronales dont les membres sont
assujettis au Code canadien du travail à former une équipe pour
discuter et s'efforcer d'arriver à un consensus sur de nombreuses
questions importantes.
Le groupe de travail a remis son rapport intitulé «Vers
l'équilibre», qui fait état du consensus auquel l'équipe
syndicale-patronale est arrivée sur divers dossiers importants.
Outre ses conclusions et celles du groupe de travail dont il vient
d'être question, le groupe de travail Sims a pris en compte les
recommandations de la Commission d'enquête chargée d'étudier
les relations de travail dans les ports de la côte ouest, qui a soumis
son propre rapport en décembre 1995.
Quand la partie syndicale et la partie patronale expriment leur
appui aux recommandations équilibrées du groupe de travail, on
peut à juste titre parler d'exploit. Le consensus réalisé est un bon
exemple de ce qui peut être accompli quand on travaille ensemble
dans un climat marqué au coin de la bonne foi et du respect mutuel.
Les députés, même ceux du Parti réformiste, en ont convenu en ce
qui a trait au projet de loi C-66.
À plusieurs égards importants, le projet de loi C-66 témoigne du
consensus qui s'est fait entre les employeurs et les syndicats. Ces
modifications permettent au gouvernement d'agir comme une force
de changement. Le gouvernement propose des stratégies visant à
moderniser le code, à encourager les parties à régler leurs différends
en agissant moins comme des ennemis.
Au nombre des modifications figure la création d'un nouveau
conseil représentatif, le Conseil canadien des relations industrielles,
qui se composera d'un président et de vice-présidents impartiaux et
d'un nombre égal de membres représentant les employés et leurs
employeurs. Ce conseil remplacera l'actuel Conseil canadien des
relations de travail qui n'a rien d'un organisme représentatif.
Le nouveau conseil jouira d'une souplesse accrue, ce qui lui
permettra de régler d'une façon rapide les problèmes, qu'ils soient
courants ou urgents.
D'autre part, les pouvoirs du conseil seront clarifiés ou élargis de
façon à pouvoir étudier pleinement les questions complexes liées
aux relations industrielles, notamment les questions découlant de la
révision des unités de négociation ou des ventes d'entreprises, et de
façon à pouvoir trouver des remèdes appropriés en cas de pratiques
déloyales de travail, comme le fait de ne pas négocier de bonne foi.
Je me dois aussi de mentionner que le projet de loi prévoit un
processus fédéral de médiation et de conciliation, qui fera partie du
programme du ministère du Développement des ressources
humaines. La neutralité de ce service sera renforcée en définissant
son rôle dans la loi. La définition du rôle du SFMC souligne que les
programmes de solution et de prévention des conflits constituent un
élément essentiel de la politique du Canada en matière de
négociation collective.
(1710)
Par ailleurs, le processus actuel de conciliation en deux étapes
sera remplacé par une seule étape avec un choix de procédures qui
prendra 60 jours au maximum. L'exercice du droit de grève ou de
lock-out sera assujetti à l'obligation de tenir un scrutin secret dans
les 60 jours précédents et de donner un préavis de 72 heures.
Les parties en cause dans un arrêt de travail seront tenues de
maintenir les activités qui sont nécessaires pour protéger la santé et
la sécurité du public. Tous les députés reconnaissent certainement
l'importance de cette disposition.
Les services touchant le transport du grain seront maintenus en
cas d'arrêt de travail légal décrété par toute tierce partie dans les
ports.
Il n'y aura pas d'interdiction générale quant à l'utilisation de
travailleurs de remplacement. Cependant, s'ils sont utilisés pour
miner la capacité de représentation d'un syndicat, le Conseil pourra
considérer leur utilisation comme une pratique déloyale et ordonner
à l'employeur de cesser de les utiliser pendant la durée du conflit.
Enfin, les employés auront droit de bénéficier des régimes
d'assurance et d'avantages sociaux durant les arrêts de travail.
Comme les députés peuvent le constater d'après ces diverses
dispositions, le projet de loi C-66 a abordé et réglé certains
problèmes très importants à la suite de l'excellent travail effectué
par le ministre du Travail et par les fonctionnaires de son ministère.
Les modifications confirmeront également le droit des employés
appartenant à l'unité de négociation qui étaient en grève ou étaient
frappés d'un lock-out de reprendre leur emploi à la fin de l'arrêt de
travail à la place des personnes embauchées pour les remplacer. La
liste des dispositions que je viens d'énumérer est très longue, mais
elle donne seulement un aperçu de ce que le projet de loi C-66
permettra d'accomplir.
Il est juste que le gouvernement fasse maintenant approuver ces
modifications. Après tout, le Code canadien du travail n'avait pas
fait l'objet d'une révision aussi complète depuis le début des années
1970. Comme les députés le savent très bien, le monde a changé
depuis. La libéralisation des échanges commerciaux, la
mondialisation, la privatisation, la déréglementation et la
restructuration des entreprises et de l'économie ont imposé des
pressions importantes sur les employeurs et sur les employés et,
partant, sur le système des relations de travail également.
9500
La nouvelle économie mondiale dans un marché de plus en plus
compétitif exigeait d'apporter des changements dans le cadre actuel
des relations industrielles.
M. Gouk: Monsieur le Président, j'invoque le Règlement.
Comme le député ne s'est pas privé de poser des questions plus tôt,
accepterait-il de céder la parole pour que les autres députés puissent
lui poser des questions avant la fin de son temps de parole?
Le vice-président: Le député de Mississauga-Sud a la parole.
M. Szabo: Comme je le disais, la nouvelle économie
mondialisée, caractérisée par une concurrence de plus en plus vive,
exige des changements dans le régime des relations industrielles.
Les mesures qui facilitent le règlement des différends dans un cadre
plus constructif sont bonnes pour les employeurs et les travailleurs.
La coopération permettra d'améliorer la productivité, de mieux
garantir la sécurité d'emploi et d'accroître la participation des
travailleurs aux décisions sur le marché du travail.
Les propositions à l'étude aujourd'hui traduisent une approche
équitable et modérée qui réduira les risques de différends et
permettra un règlement rapide des différends. Le projet de loi tient
compte également de l'évolution des besoins de nombreux
travailleurs et milieux de travail, notamment des besoins des
personnes qui travaillent à la maison.
En guise de conclusion, je voudrais que la Chambre se rappelle
que le rapport du groupe de travail Sims s'intitulait «Vers
l'équilibre». À mon avis, le projet de loi C-66 propose un juste
équilibre entre les droits et les responsabilités des employeurs et des
syndicats et souligne le rôle important que le gouvernement peut
jouer comme catalyseur d'un changement constructif.
Je suis conscient d'avoir pris un certain temps pour traiter de cet
important projet de loi, mais je crois que les Canadiens se rendront
compte, même si je n'ai fait qu'effleurer certaines des nombreuses
questions que j'ai abordées, que beaucoup de points ont été traités à
fond au cours de ce processus. Je suis très heureux d'avoir pu
intervenir dans le débat sur le projet de loi C-66 et de m'être fait
l'interprète du ministre du Travail.
Le vice-président: Il reste 20 secondes. Le député de
Kootenay-Ouest-Revelstoke.
M. Jim Gouk (Kootenay-Ouest-Revelstoke, Réf.): Poser une
question en 20 secondes, monsieur le Président, représente un
véritable défi.
Je me demande si le député peut aborder brièvement la question
de l'arbitrage des propositions finales en tant que nouveau
mécanisme de règlement des conflits.
Le vice-président: Malheureusement, le temps prévu est écoulé.
Comme il est 17 h 15, conformément à l'ordre pris le lundi 17 mars,
il est de mon devoir d'interrompre les délibérations et de mettre aux
voix sur-le-champ toutes les questions nécessaires pour disposer du
projet de loi dont est saisi la Chambre à l'étape de la troisième
lecture.
Le vote porte sur l'amendement. Plaît-il à la Chambre d'adopter
l'amendement?
Des voix: D'accord.
Des voix: Non.
Le vice-président: Que tous ceux qui sont en faveur de la motion
veuillent bien dire oui.
Des voix: Oui.
Le vice-président: Que tous ceux qui sont contre veuillent bien
dire non.
Des voix: Non.
Le vice-président: À mon avis, les non l'emportent.
Et plus de cinq députés s'étant levés:
Le vice-président: Convoquez les députés.
(1740)
(L'amendement, mis aux voix, est rejeté.)
(Vote no 291)
POUR
Députés
Ablonczy
Bachand
Bellehumeur
Benoit
Bernier (Mégantic-Compton-Stanstead)
Breitkreuz (Yellowhead)
Bridgman
Canuel
Chatters
Chrétien (Frontenac)
Crête
Cummins
de Savoye
Debien
Deshaies
Duceppe
Duncan
Epp
Forseth
Gagnon (Québec)
Gauthier
Godin
Gouk
Grubel
Guimond
Hanger
Hanrahan
Harris
Hayes
Hermanson
Jacob
Jennings
Johnston
Kerpan
Landry
Langlois
Laurin
Leroux (Richmond-Wolfe)
Leroux (Shefford)
Marchand
Mayfield
Ménard
Meredith
Nunez
Paré
Penson
Plamondon
Pomerleau
Ramsay
Ringma
Rocheleau
Schmidt
Scott (Skeena)
Silye
Solberg
Speaker
Stinson
Strahl
Tremblay (Lac-Saint-Jean)
White (North Vancouver)
Williams-61
CONTRE
Députés
Adams
Alcock
Anderson
Assad
Augustine
Baker
Bakopanos
Barnes
Beaumier
Bélair
Bélanger
Bellemare
Bethel
Bevilacqua
9501
Blondin-Andrew
Bodnar
Boudria
Brown (Oakville-Milton)
Brushett
Calder
Cannis
Catterall
Chamberlain
Clancy
Cohen
Collenette
Collins
Cowling
Crawford
Culbert
Cullen
DeVillers
Dhaliwal
Discepola
Easter
English
Fewchuk
Finlay
Flis
Fontana
Fry
Gallaway
Godfrey
Goodale
Graham
Guarnieri
Harb
Hubbard
Ianno
Iftody
Jackson
Karygiannis
Keyes
Kilger (Stormont-Dundas)
Kirkby
Knutson
Kraft Sloan
Lastewka
LeBlanc (Cape/Cap-Breton Highlands-Canso)
Lee
Lincoln
Loney
MacLellan (Cape/Cap-Breton-The Sydneys)
Manley
Marleau
Massé
McCormick
McGuire
McKinnon
McLellan (Edmonton Northwest/Nord-Ouest)
McTeague
Minna
Mitchell
Murray
Nault
O'Brien (Labrador)
Pagtakhan
Patry
Peric
Peters
Peterson
Pettigrew
Phinney
Pickard (Essex-Kent)
Pillitteri
Proud
Reed
Regan
Richardson
Rideout
Robichaud
Robillard
Scott (Fredericton-York-Sunbury)
Shepherd
Sheridan
Speller
St. Denis
Steckle
Stewart (Northumberland)
Szabo
Telegdi
Terrana
Thalheimer
Torsney
Valeri
Vanclief
Verran
Volpe
Walker
Wappel
Wells
Whelan
Zed-113
DÉPUTÉS «PAIRÉS»
Asselin
Axworthy (Winnipeg South Centre/Sud-Centre)
Bergeron
Bonin
Brien
Caccia
Cauchon
Dalphond-Guiral
Daviault
Dubé
Dumas
Dupuy
Fewchuk
Fillion
Finestone
Gaffney
Gagliano
Harvard
Hopkins
Lalonde
Lefebvre
Loubier
MacAulay
Murphy
O'Reilly
Sauvageau
Tremblay (Rimouski-Témiscouata)
Venne
Young
Le Président: Je déclare l'amendement rejeté. Le prochain vote
porte sur la motion principale.
[Français]
M. Kilger: Monsieur le Président, vous constaterez qu'il y a
unanimité pour que les députés qui ont voté sur la motion
précédente soient enregistrés comme ayant voté sur la motion dont
la Chambre est actuellement saisie, les députés libéraux ayant voté
oui.
M. Laurin: Monsieur le Président, le Bloc québécois vote non
sur cette motion.
[Traduction]
M. Strahl: Monsieur le Président, les députés réformistes
présents voteront contre cette motion.
(1745)
(La motion, mise aux voix, est adoptée.)
(Vote no 292)
POUR
Députés
Adams
Alcock
Anderson
Assad
Augustine
Baker
Bakopanos
Barnes
Beaumier
Bélair
Bélanger
Bellemare
Bethel
Bevilacqua
Blondin-Andrew
Bodnar
Boudria
Brown (Oakville-Milton)
Brushett
Calder
Cannis
Catterall
Chamberlain
Clancy
Cohen
Collenette
Collins
Cowling
Crawford
Culbert
Cullen
DeVillers
Dhaliwal
Discepola
Easter
English
Fewchuk
Finlay
Flis
Fontana
Fry
Gallaway
Godfrey
Goodale
Graham
Guarnieri
Harb
Hubbard
Ianno
Iftody
Jackson
Karygiannis
Keyes
Kilger (Stormont-Dundas)
Kirkby
Knutson
Kraft Sloan
Lastewka
LeBlanc (Cape/Cap-Breton Highlands-Canso)
Lee
Lincoln
Loney
MacLellan (Cape/Cap-Breton-The Sydneys)
Manley
Marleau
Massé
McCormick
McGuire
McKinnon
McLellan (Edmonton Northwest/Nord-Ouest)
McTeague
Minna
Mitchell
Murray
Nault
O'Brien (Labrador)
Pagtakhan
Patry
Peric
Peters
Peterson
Pettigrew
Phinney
Pickard (Essex-Kent)
Pillitteri
Proud
Reed
Regan
Richardson
Rideout
Robichaud
Robillard
Scott (Fredericton-York-Sunbury)
Shepherd
Sheridan
Speller
St. Denis
Steckle
Stewart (Northumberland)
Szabo
Telegdi
Terrana
Thalheimer
Torsney
Valeri
Vanclief
Verran
Volpe
Walker
Wappel
Wells
Whelan
Zed-113
9502
CONTRE
Députés
Ablonczy
Bachand
Bellehumeur
Benoit
Bernier (Mégantic-Compton-Stanstead)
Breitkreuz (Yellowhead)
Bridgman
Canuel
Chatters
Chrétien (Frontenac)
Crête
Cummins
de Savoye
Debien
Deshaies
Duceppe
Duncan
Epp
Forseth
Gagnon (Québec)
Gauthier
Godin
Gouk
Grubel
Guimond
Hanger
Hanrahan
Harris
Hayes
Hermanson
Jacob
Jennings
Johnston
Kerpan
Landry
Langlois
Laurin
Leroux (Richmond-Wolfe)
Leroux (Shefford)
Marchand
Mayfield
Ménard
Meredith
Nunez
Paré
Penson
Plamondon
Pomerleau
Ramsay
Ringma
Rocheleau
Schmidt
Scott (Skeena)
Silye
Solberg
Speaker
Stinson
Strahl
Tremblay (Lac-Saint-Jean)
White (North Vancouver)
Williams-61
DÉPUTÉS «PAIRÉS»
Asselin
Axworthy (Winnipeg South Centre/Sud-Centre)
Bergeron
Bonin
Brien
Caccia
Cauchon
Dalphond-Guiral
Daviault
Dubé
Dumas
Dupuy
Fewchuk
Fillion
Finestone
Gaffney
Gagliano
Harvard
Hopkins
Lalonde
Lefebvre
Loubier
MacAulay
Murphy
O'Reilly
Sauvageau
Tremblay (Rimouski-Témiscouata)
Venne
Young
M. Gouk: J'invoque le Règlement, monsieur le Président.
Lorsque les libéraux ont demandé des votes appliqués, vous avez
consulté le Bloc et le Parti réformiste, mais pas le NPD. Je me
demande si vous pourriez clarifier le vote néo-démocrate.
Le Président: Je déclare la motion adoptée.
(Le projet de loi, lu pour la troisième fois, est adopté.)
M. Chan: J'invoque le Règlement, monsieur le Président. Je suis
arrivé en retard à la Chambre, mais je voudrais que mon vote
apparaisse comme étant du côté du gouvernement.
Le Président: Le compte rendu témoignera de ce qu vous avez
dit aujourd'hui.
Conformément à l'ordre adopté le mardi 8 avril, la Chambre
passe maintenant au vote différé sur la motion no 267.
______________________________________________
9502
INITIATIVES PARLEMENTAIRES
[
Traduction]
La Chambre reprend l'étude, interrompue le 8 avril, de la motion,
ainsi que de l'amendement et du sous-amendement.
Le Président: Le vote porte sur le sous-amendement.
(1755)
(Le sous-amendement, mis aux voix, est rejeté.)
(Vote no 293)
POUR
Députés
Ablonczy
Bachand
Bellehumeur
Benoit
Bernier (Mégantic-Compton-Stanstead)
Breitkreuz (Yellowhead)
Bridgman
Canuel
Chatters
Chrétien (Frontenac)
Crête
Cummins
de Savoye
Debien
Deshaies
Duceppe
Duncan
Epp
Forseth
Gagnon (Québec)
Gallaway
Gauthier
Godin
Gouk
Graham
Grubel
Guimond
Hanger
Hanrahan
Harris
Hayes
Hermanson
Jacob
Jennings
Johnston
Kerpan
Landry
Langlois
Laurin
Lee
Leroux (Richmond-Wolfe)
Leroux (Shefford)
Marchand
Mayfield
Ménard
Meredith
Nunez
Paré
Penson
Peric
Plamondon
Pomerleau
Ramsay
Ringma
Rocheleau
Schmidt
Scott (Skeena)
Silye
Solberg
Speaker
Stinson
Strahl
Tremblay (Lac-Saint-Jean)
White (North Vancouver)
Williams-65
CONTRE
Députés
Adams
Alcock
Anderson
Assad
Augustine
Baker
Bakopanos
Barnes
Bélair
Bélanger
9503
Bellemare
Bethel
Bevilacqua
Blondin-Andrew
Bodnar
Brown (Oakville-Milton)
Calder
Cannis
Catterall
Chamberlain
Chan
Clancy
Cohen
Collenette
Collins
Cowling
Crawford
Culbert
Cullen
DeVillers
Dhaliwal
Discepola
Easter
Finlay
Flis
Fry
Godfrey
Guarnieri
Harb
Hubbard
Ianno
Iftody
Jackson
Karygiannis
Kilger (Stormont-Dundas)
Kirkby
Kraft Sloan
Lastewka
LeBlanc (Cape/Cap-Breton Highlands-Canso)
Lincoln
Loney
MacLellan (Cape/Cap-Breton-The Sydneys)
Manley
Marleau
McCormick
McGuire
McKinnon
McLellan (Edmonton Northwest/Nord-Ouest)
McTeague
Minna
Mitchell
Murray
Nault
O'Brien (Labrador)
Pagtakhan
Patry
Peterson
Pettigrew
Phinney
Pickard (Essex-Kent)
Pillitteri
Proud
Reed
Regan
Richardson
Rideout
Robichaud
Robillard
Scott (Fredericton-York-Sunbury)
Sheridan
St. Denis
Steckle
Stewart (Northumberland)
Szabo
Telegdi
Terrana
Thalheimer
Torsney
Vanclief
Verran
Volpe
Wappel
Wells
Whelan
Zed-95
DÉPUTÉS «PAIRÉS»
Asselin
Axworthy (Winnipeg South Centre/Sud-Centre)
Bergeron
Bonin
Brien
Caccia
Cauchon
Dalphond-Guiral
Daviault
Dubé
Dumas
Dupuy
Fewchuk
Fillion
Finestone
Gaffney
Gagliano
Harvard
Hopkins
Lalonde
Lefebvre
Loubier
MacAulay
Murphy
O'Reilly
Sauvageau
Tremblay (Rimouski-Témiscouata)
Venne
Young
Le Président: Je déclare le sous-amendement rejeté.
Le prochain vote porte sur l'amendement. Plaît-il à la Chambre
d'adopter l'amendement?
Des voix: D'accord.
Des voix: Non.
Le Président: Que tous ceux qui sont en faveur de l'amendement
veuillent bien dire oui.
Des voix: Oui.
Le Président: Que tous ceux qui sont contre veuillent bien dire
non.
Des voix: Non.
Le Président: À mon avis, les non l'emportent.
Et plus de cinq députés s'étant levés:
(1805)
(L'amendement, mis aux voix, est adopté.)
(Vote no 294)
POUR
Députés
Ablonczy
Bachand
Beaumier
Bélanger
Bellehumeur
Benoit
Bernier (Mégantic-Compton-Stanstead)
Bethel
Breitkreuz (Yellowhead)
Bridgman
Calder
Cannis
Canuel
Chamberlain
Chrétien (Frontenac)
Cohen
Crête
Culbert
Cullen
Cummins
de Savoye
Debien
Deshaies
Duceppe
Duncan
Easter
Epp
Forseth
Gagnon (Québec)
Gallaway
Gauthier
Godin
Gouk
Graham
Grubel
Guarnieri
Guimond
Hanger
Hanrahan
Harb
Harris
Hayes
Hermanson
Hubbard
Ianno
Iftody
Jacob
Jennings
Johnston
Karygiannis
Kerpan
Knutson
Kraft Sloan
Landry
Langlois
Lastewka
Laurin
Lee
Leroux (Richmond-Wolfe)
Leroux (Shefford)
Lincoln
Marchand
Mayfield
McCormick
McKinnon
McTeague
Ménard
Meredith
Mitchell
Nunez
O'Brien (Labrador)
Paré
Penson
Peric
Plamondon
Pomerleau
Ramsay
Reed
Regan
Ringma
Rocheleau
Schmidt
Scott (Fredericton-York-Sunbury)
Scott (Skeena)
Shepherd
Silye
Solberg
Speaker
Steckle
Stinson
Strahl
Szabo
Telegdi
Terrana
Torsney
Tremblay (Lac-Saint-Jean)
Wappel
White (North Vancouver)
Williams-99
9504
CONTRE
Députés
Adams
Alcock
Anderson
Augustine
Baker
Barnes
Bélair
Bellemare
Blondin-Andrew
Bodnar
Brown (Oakville-Milton)
Chan
Clancy
Collins
Cowling
DeVillers
Dhaliwal
Discepola
Finlay
Flis
Fry
Godfrey
Kilger (Stormont-Dundas)
Kirkby
Loney
MacLellan (Cape/Cap-Breton-The Sydneys)
Manley
Marleau
McLellan (Edmonton Northwest/Nord-Ouest)
Murray
Pagtakhan
Patry
Phinney
Pickard (Essex-Kent)
Pillitteri
Richardson
Rideout
Robichaud
Robillard
Sheridan
St. Denis
Stewart (Northumberland)
Thalheimer
Vanclief
Volpe
Wells
Whelan
Zed-48
DÉPUTÉS «PAIRÉS»
Asselin
Axworthy (Winnipeg South Centre/Sud-Centre)
Bergeron
Bonin
Brien
Caccia
Cauchon
Dalphond-Guiral
Daviault
Dubé
Dumas
Dupuy
Fewchuk
Fillion
Finestone
Gaffney
Gagliano
Harvard
Hopkins
Lalonde
Lefebvre
Loubier
MacAulay
Murphy
O'Reilly
Sauvageau
Tremblay (Rimouski-Témiscouata)
Venne
Young
Le Président: Je déclare l'amendement adopté.
Le prochain vote porte sur la motion principale ainsi modifiée.
Plaît-il à la Chambre d'adopter la motion?
Des voix: D'accord.
Des voix: Non.
Le Président: Que tous ceux qui sont en faveur de la motion
veuillent bien dire oui.
Des voix: Oui.
Le Président: Que tous ceux qui sont contre veuillent bien dire
non.
Des voix: Non.
Le Président: À mon avis, les oui l'emportent.
Des voix: Avec dissidence.
Le Président: La motion adoptée avec dissidence.
Comme il est 18 h 10, la Chambre passe main-tenant à l'étude des
initiatives par-lemen-taires inscrites au Feuilleton d'aujourd'hui.
______________________________________________
INITIATIVES PARLEMENTAIRES
[
Traduction]
M. Paul E. Forseth (New Westminster-Burnaby, Réf.)
propose: Que le projet de loi C-247, Loi modifiant le Code criminel
(intrusion), soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
-Monsieur le Président, c'est certainement un honneur pour
moi que d'amorcer le débat sur le projet de loi d'initiative
parlementaire C-247, qui vise à modifier le Code criminel en
matière d'intrusion. C'est maintenant le moment où le Canadien
moyen peut se faire entendre à la Chambre, car les mesures que je
présente viennent de lui.
Au cours des trois années et demie que j'ai passées à Ottawa en
ma qualité de député, seulement deux de mes initiatives
parlementaires ont fait l'objet d'un débat par suite du tirage au sort.
Malheureusement, c'est comme ça que fonctionne le vieux
système. Je pense que tous les députés conviendront avec moi qu'il
est difficile de présenter les préoccupations de nos électeurs et de
faire modifier les lois en fonction de ces préoccupations.
À titre de député de New Westminster-Burnaby, je n'ai pas
ménagé mes efforts pour présenter à la Chambre les préoccupations
de mes électeurs pour améliorer les choses dans la société. Après
tout, c'est une bonne partie de notre travail. Les Canadiens
s'attendent à ce que chacun d'entre nous leur rende
scrupuleusement des comptes pour leurs préoccupations. Il ne fait
aucun doute que le Parti réformiste est, de tous les partis, celui qui
accorde le plus la priorité à l'électeur. Si les réformistes peuvent se
féliciter à cet égard, il est triste de constater que nombre de leurs
collègues libéraux et néo-démocrates ne peuvent en faire autant.
En Colombie-Britannique, la question qui semble préoccupe tout
le monde est celle de la justice pénale. Les habitants de cette
province en ont ras le bol des nombreuses échappatoires dans nos
lois et de leurs conséquences.
Le mois dernier, des milliers de personnes ont manifesté à
Vancouver lorsque Clifford Olson a fait savoir qu'il demanderait
une libération conditionnelle en invoquant l'article 745, qui est
probablement la pire échappatoire du Code criminel. Le ministre de
la Justice et les députés libéraux de Vancouver ont tout simplement
éludé la question en disant de ne pas s'inquiéter, qu'Olson
n'obtiendrait pas de libération conditionnelle.
Pourtant, il est impossible à ces coeurs sensibles libéraux
d'affirmer cela, car les statistiques démontrent clairement que les
délinquants ont d'excellentes chances d'obtenir des libérations
anticipées. En l'occurrence, la question en est une de symbole.
Olson
9505
incarne tous les délinquants qui peuvent utiliser le système de
justice pour tourner en dérision toute une collectivité.
Nous, les réformistes, n'abandonnerons pas la lutte contre
l'article 745 du Code criminel et nous ne renoncerons pas à lutter
contre cette échappatoire, qui est un véritable cancer qui ronge notre
système de justice.
J'ai dit en commençant que deux de mes projets de loi d'initiative
parlementaire avaient été tirés au cours de la présente législature.
L'autre est le projet de loi C-323, visant à modifier la Loi sur la
faillite et l'insolvabilité.
Il y a environ deux ans, un électeur est venu me voir pour me dire
qu'une échappatoire de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité
permettait à des auteurs de crimes violents de se soustraire au
paiement des dommages-intérêts ordonnés par les tribunaux. Cela
impose des souffrances inutiles aux victimes innocentes.
L'an dernier, j'ai lu un article dans le journal Province de
Vancouver sur une femme qui avait obtenu 200 000 $ en
dommages-intérêts de son père adoptif pour les abus sexuels qu'il
lui avait fait subir. Un tribunal civil obligeait cet homme à verser
500 $ par mois à la victime. Selon le journal, il a fait un paiement de
500 $, quatre paiements de 100 $, puis a déclaré une faillite
personnelle. Il s'en est tiré très facilement. Il n'y avait plus aucun
recours contre lui.
D'après mes recherches et mes conversations avec des citoyens,
il est apparu clairement qu'une simple modification de la Loi sur la
faillite et l'insolvabilité éliminerait la possibilité qu'une personne
invoque cette loi pour se soustraire au paiement de
dommages-intérêts ordonnés par un tribunal civil.
Selon la loi, un failli ne peut pas se soustraire au paiement des
amendes pour violation du code de la route et des pensions
alimentaires, mais il peut se soustraire au paiement des
dommages-intérêts ordonnés par un tribunal en raison d'une
agression sexuelle. Il y a là une contradiction. Je trouvais étonnant
qu'aucun gouvernement n'ait jamais jugé bon de modifier la loi.
J'ai donc présenté le projet de loi C-323, puis le ministre de
l'Industrie a présenté le projet de loi C-5, qui modifiait le même
article que celui que visait mon projet de loi. Cependant, la nouvelle
disposition du gouvernement manquait de mordant. Il s'en est suivi
des négociations pour que mon projet de loi d'initiative
parlementaire soit inclus dans le projet de loi C-5, qui est sur le
point de recevoir la sanction royale.
Cela a prouvé non seulement qu'un simple député peut avoir une
influence directe sur la rédaction des mesures législatives, mais
aussi que les députés devraient être ouverts à toutes les
préoccupations et les suggestions dont leur font part leur électeurs.
Dans ce rare cas, le gouvernement a écouté et le ministre a été
compréhensif.
Cela m'amène au projet de loi C-247, celui que nous débattons
aujourd'hui. Dans le cas du projet de loi sur la faillite et
l'insolvabilité, c'était un électeur qui avait communiqué avec moi
pour me mettre sur la piste.
Sur la question de l'intrusion, j'ai reçu de nombreuses plaintes de
policiers, de clients réguliers des centres commerciaux et de gens
qui travaillent dans les bibliothèques publiques. Ces gens frustrés se
sont plaints du fait que des personnes commettaient des intrusions
dans certains lieux, troublant la paix publique et empêchant les
enfants de fréquenter ces endroits en toute sécurité, sans qu'on
puisse les en éloigner pendant une période raisonnable.
(1815)
Nous savons tous que les centres commerciaux sont des lieux de
rassemblement populaires auprès des jeunes. Les députés qui,
comme moi, ont des adolescents savent que le centre commercial
est un de leurs lieux de rassemblement préférés, habituellement
l'aire de restauration. C'est peut-être parce qu'il y a là de la
nourriture ou encore des tables et des chaises pour s'asseoir.
Les agents de sécurité dans les centres commerciaux ont
beaucoup de difficulté à maintenir l'ordre dans ces endroits, et la
principale raison de cela est qu'ils n'ont pour ainsi dire aucun
pouvoir. Si un agent de sécurité est forcé d'éloigner du centre
commercial une personne qui cause des problèmes, cette personne
peut simplement entrer de nouveau dans le centre commercial
quelques minutes plus tard et recommencer à causer des problèmes.
Le Code criminel ne renferme aucune disposition prévoyant
qu'un intrus doive rester à l'extérieur d'une propriété pendant une
durée précise. Le seul cas où l'individu puisse être accusé est s'il
résiste à son expulsion de la propriété. S'il ne résiste pas, il pourra y
rester indéfiniment, ce qui est parfois le but recherché.
Les fonctionnaires fédéraux oublient trop souvent que les
adolescents sont très avisés. Je faisais partie du Comité permanent
de la justice et des affaires juridiques de la Chambre lorsqu'il a
examiné la Loi sur les jeunes contrevenants. Un témoin a tenté de
me faire croire que la plupart des adolescents n'ont aucune idée des
sanctions auxquelles les exposent certains délits. Les réformistes
cherchaient à l'époque à donner plus de mordant à la Loi sur les
jeunes contrevenants afin de réduire la criminalité juvénile. Les
délinquants savent trop bien que la loi n'est pas sévère.
Avant de devenir député, je travaillais comme auxiliaire de la
justice au ministère du procureur général de la
Colombie-Britannique. Je consacrais une bonne partie de mon
temps à m'occuper de jeunes délinquants individuellement. Après
un certain temps, on sait très exactement ce qu'ils pensent. De
nombreux délinquants savent très bien ce qu'ils font lorsqu'ils
projettent de commettre un délit. Beaucoup d'entre eux savent
comment déjouer le système. Si le système comporte une faille, les
adolescents la trouveront et le mot se répandra rapidement.
Les réformistes tentent depuis maintenant trois ans et demi de
faire modifier le système judiciaire en comblant les failles une à
une. J'ai récemment navigué sur l'Internet et j'y ai tapé les mots
«intrusion au Canada». J'ai obtenu plusieurs réponses, dont un bon
nombre était sans intérêt. J'ai cependant trouvé le site de l'émission
«Street Cents», au réseau de la télévision anglaise de Radio-Canada.
Il s'agit d'une émission de consommation qui s'adresse aux
adolescents. Le site était intitulé: «Comment la loi vous touche dans
les situations ordinaires et légales, si on vous arrête ou vous expulse
9506
d'un centre commercial, si on vous demande un pièce d'identité ou
si on menace de fouiller votre casier.»
La personne qui a fait la recherche pour répondre à cette question
a interviewé la Public Legal Education Society de la
Nouvelle-Écosse, la commission des droits de la personne de cette
province et un avocat de Halifax. Au site, au sujet de l'intrusion ou
du flânage à un centre commercial: «Les lois provinciales, comme
celle qui régit la protection des biens, permettent aux propriétaires
de centres commerciaux et de magasins d'apposer des affiches
interdisant le flânage ou la présence de plus de deux personnes à la
fois dans le magasin. Ces affiches restreignent la liberté de
mouvement des personnes, telle qu'elle est définie dans la Charte
des droits, mais, jusqu'à maintenant, la charte ne s'applique qu'au
gouvernement fédéral et aux organismes fédéraux comme
Radio-Canada.
«La loi sur la protection des biens permet aux propriétaires de
décider comment leur propriété sera utilisée, dans la mesure où ils
affichent leurs conditions. L'interdiction de fumer est un exemple
de ces conditions.
«Les lois provinciales sur la santé et la sécurité permettent
d'afficher bien d'autres restrictions, comme l'interdiction de
marcher pieds nus ou d'amener des animaux, ce qui est fréquent
dans les centres commerciaux. Si vous enfreignez l'une ou l'autre
de ces règles, le service de sécurité peut tout simplement vous
expulser sans devoir donner de raison. Vous n'avez aucun recours.
C'est donc une loi qui confère un pouvoir appréciable.
«Certains centres commerciaux n'interdisent pas de flâner, ce qui
vous laisse toute liberté d'y rester aussi longtemps que vous voulez.
Cependant, la plupart des lois provinciales sur la protection des
biens autorisent les services de sécurité à expulser de force des
personnes qui causent des troubles dans un centre commercial. En
Nouvelle-Écosse, un gardien de sécurité peut même vous interdire
l'accès au centre commercial ou au magasin dont vous avez été
expulsé pendant une période pouvant atteindre six mois. Cela s'est
déjà vu. Si vous ne respectez pas l'interdiction, la police peut être
appelée et vous accuser d'intrusion. C'est sérieux.
«Certains peuvent considérer comme du tapage les jeunes qui
jurent et qui chahutent. Toute une série de comportements sont
tolérés dans les centres commerciaux. Quand ces comportements
sont le fait de groupes de jeunes, il semble que ce soit moins toléré.
Certains centres commerciaux prétendent même que la simple
présence de groupes de jeunes exubérants gêne les clients et les
marchands. C'est un sujet de malentendus.»
Chaque province semble avoir sa façon de traiter les intrus. En
Colombie-Britannique, la loi à cet égard n'est guère rigoureuse. Il
faut faire quelque chose pour remédier à ce problème très
important. Les provinces ne faisant rien, il faudrait modifier le Code
criminel de façon à assurer un degré raisonnable d'ordre public.
Les changements que je propose dans le projet de loi C-247
auraient pour effet de renforcer l'article 41 du Code criminel. Le
paragraphe 41(1) stipule:
Quiconque est en possession paisible d'une maison d'habitation ou d'un bien
immeuble, comme celui qui lui prête légalement main-forte ou agit sous son autorité,
est fondé à employer la force pour en empêcher l'intrusion par qui que ce soit, ou
pour en éloigner un intrus, s'il ne fait usage que de la force nécessaire.
(1820)
C'est la loi telle qu'elle est à présent.
Je propose d'apporter à l'article 41 du Code criminel un
changement qui rendrait coupable d'une infraction punissable sur
déclaration de culpabilité par procédure sommaire quiconque entre
illégalement dans une maison d'habitation ou un bien immeuble
dont il a été légalement expulsé avant 24 heures. Les 24 heures,
c'est pour donner le temps à la personne de se calmer. C'est
surprenant à quel point les attitudes peuvent changer en 24 heures.
Je pourrais peut-être donner un exemple de situation où la mesure
que je propose s'appliquerait. On demande à un adolescent de
quitter un centre commercial pour mauvaise conduite et propos
grossiers. L'adolescent doit s'abstenir d'y remettre les pieds
pendant 24 heures. Si cet adolescent décide de revenir avant que les24 heures soient écoulées, il peut être accusé d'intrusion et reconnu
coupable d'une infraction punissable sur déclaration de culpabilité
par procédure sommaire. Cet adolescent aurait donc une
contravention; une citation à comparaître en cour.
En outre, comme l'article du Code criminel porte sur l'intrusion
dans une maison d'habitation, mon amendement le fait aussi. En
tant que conseiller du tribunal de la famille, on m'a souvent fait part
de circonstances domestiques entraînant un comportement violent
qui troublait la paix des enfants d'un foyer.
Par exemple, il arrive que la police soit appelée à une résidence
pour aider les occupants à se débarrasser de l'ancien petit ami d'une
jeune mère, venu faire du trouble après avoir pris un verre. Le
policier qui se présente suffit parfois à régler le problème en le
sortant de la maison. Il arrive toutefois que le policier libère
l'homme en question au coin de la rue parce qu'il a accepté de
collaborer et que le problème est réglé. Le fauteur de troubles peut
cependant y retourner un peu plus tard après avoir pris un verre de
plus. Le problème recommence alors.
Dans ce cas, le délinquant peut coopérer temporairement, tant
qu'il est en présence du policier, mais se présenter de nouveau à la
porte une heure plus tard, pour reprendre la conversation et
continuer son harcèlement.
Légalement, la deuxième ou la troisième fois que cet homme se
présente est considérée comme un incident distinct qui demande
qu'on appelle de nouveau la police pour porter une nouvelle plainte.
Mon projet de loi réglerait ce genre de problèmes et pourrait être un
instrument de paix dans des situations domestiques bizarres où il
n'est pas possible d'obtenir ou d'appliquer une ordonnance de
non-communication ou de non-contact.
L'ordre public serait plus facilement assuré si le contrevenant
savait qu'il risque d'être déclaré coupable par procédure sommaire
s'il réapparaît sur des lieux dont il a été éloigné dans les 24 heures
précédentes. L'effet dissuasif serait puissant et ferait sans doute en
9507
sorte qu'on trouve plus souvent une solution non judiciaire et qu'on
obtienne la coopération de la personne visée.
La modification que je propose est logique mais je ne m'attends
pas à ce que la Chambre l'appuie puisque le comité a décidé que
mon projet de loi ne pouvait faire l'objet d'un vote. J'ai parlé hier,
bien que brièvement, de la réputation qu'a le gouvernement en
général en ce qui concerne l'administration de la justice. Elle est
très éloignée de ce que l'ensemble des Canadiens pensent que
devrait être la protection du public.
Je sais que, après cette heure que nous lui consacrons, mon projet
de loi ne refera pas surface au cours de la présente législature.
Cependant, j'espère que ma proposition de modification du Code
criminel sera portée à l'attention des avocats du gouvernement au
ministère de la Justice, dont le mandat est justement de colmater
toutes les brèches du système de justice pénale. J'ai
personnellement présenté mon projet de loi d'initiative
parlementaire au ministre de la Justice et, à ce jour, je n'ai reçu
aucune réponse.
Ce projet de loi ressort du gros bon sens. En pratique, il fera
appliquer la prévention au niveau de la rue et non à l'échelle d'un
réseau beaucoup plus vaste. J'espère que la Chambre appuiera cette
mesure très raisonnable.
Avec le consentement unanime de la Chambre, j'aimerais
maintenant présenter une motion. Je propose:
Que mon projet de loi d'initiative parlementaire fasse l'objet d'un vote.
La Chambre accepte-t-elle ma motion?
Le président suppléant (M. Milliken): La Chambre
consent-elle à l'unanimité à ce que le député présente sa motion?
Des voix: D'accord.
Des voix: Non.
M. Gordon Kirkby (secrétaire parlementaire du ministre de
la Justice et procureur général du Canada, Lib.): Monsieur le
Président, je suis heureux de prendre part au débat sur le projet de
loi C-247, Loi modifiant le Code criminel relativement aux
intrusions.
Le projet de loi propose de modifier l'article 41 du Code criminel
en lui ajoutant le paragraphe 3, qui prévoit une infraction punissable
sur déclaration de culpabilité par voie sommaire en cas d'intrusion
subséquente.
(1825)
Ce projet de loi créerait donc une infraction particulière pour
quiconque commet une intrusion dans tout bien immeuble alors
qu'il en a déjà été éloigné ou a été empêché d'y entrer dans les24 heures précédentes. Cette intrusion subséquente viserait une
maison d'habitation ou tout autre bien immeuble.
Je crois que, par ce projet de loi, le député de New
Westminster-Burnaby cherche à atténuer un problème qui a cours
dans sa circonscription et que connaissent d'autres régions
urbaines. Ce problème est essentiellement un problème de
personnes, des jeunes en particulier, ceux qui traînent dans les
centres commerciaux et y font parfois des ravages. Un garde de
sécurité ou le propriétaire d'un magasin demandent souvent à ces
jeunes de partir, mais ils reviennent constamment, parfois tous les
jours.
Je conviens avec le député que cette conduite peut parfois être
agaçante. Cependant, j'ai des réserves au sujet des solutions que
propose le député. À mon avis, la solution proposée n'est pas
conforme aux principes qui régissent les dispositions actuelles du
Code criminel concernant l'intrusion.
Selon l'article 41 du Code criminel, une personne qui est en
possession paisible d'une maison d'habitation ou d'un bien
immeuble est fondée à employer la force raisonnable pour
empêcher l'intrusion par qui que ce soit, ou pour en éloigner un
intrus. L'intrusion ne constitue pas en soi une infraction au Code
criminel. Il n'y aurait infraction que s'il y avait une résistance
physique de quelque sorte, ce qui pourrait être considéré comme des
voies de fait.
Selon la loi actuelle, il n'y a pas infraction si la personne quitte
les lieux sans résistance lorsqu'on le lui demande. La modification
que le député propose vise à créer une infraction pour une personne
qui retourne dans un lieu après qu'on lui ait demandé une fois de le
quitter et qu'il l'ait fait paisiblement.
Ma première observation, c'est que le projet de loi semble créer
une situation quelque peu étrange. Elle est étrange à première vue,
car une personne commettrait une infraction si elle se trouvait dans
un lieu une deuxième fois ou plus, mais pas la première fois. Je
trouve cela un peu étrange.
Une autre préoccupation, c'est que le projet de loi créerait une
infraction pour une personne qui se trouve non seulement dans un
lieu privé, mais même dans un lieu public. Le projet de loi viserait
non seulement les personnes qui font intrusion pour une deuxième
fois ou plus dans une maison d'habitation, mais également celles
qui font intrusion dans n'importe quel bien immeuble, y compris
des lieux considérés généralement ouverts au public.
Il y a certains cas où l'intrusion constitue une infraction au Code
criminel. L'intrusion de nuit, par exemple, constitue une infraction.
En effet, en vertu de l'article 177 du Code criminel, il est interdit de
flâner ou de rôder la nuit sur la propriété d'autrui, près d'une maison
d'habitation située sur cette propriété. L'intrusion de nuit est une
infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure
sommaire.
Il y a manifestement une différence énorme entre l'intrusion de
nuit, qui a une connotation sinistre, et le genre d'intrusion visé par le
projet de loi C-237.
Je comprends que certains commerçants et clients trouvent
agaçant de voir des adolescents traîner dans les centres
commerciaux, mais le fait de traîner n'a généralement pas le
caractère sinistre que l'intrusion de nuit peut avoir. Le
comportement dont il est question
9508
dans le projet de loi C-237 est autrement moins grave que celui qui
constitue une infraction en vertu du Code criminel.
Ce dont il est question ici s'apparente davantage à ce que l'on
appelle communément du «flânage». Je ferai remarquer que le fait
de flâner dans un endroit public et de gêner des personnes qui s'y
trouvent constitue déjà une infraction punissable sur déclaration de
culpabilité par procédure sommaire, en vertu de l'alinéa 175(1)c)
du Code criminel. Une personne ou un groupe de personnes qui
flânent dans un centre commercial peuvent être visés par cet alinéa
175(1)c), s'ils gênent des acheteurs ou des commerçants qui s'y
trouvent.
L'infraction prévue à l'alinéa 175(1)c) a du bon sens justement
en raison de la gêne, du malaise ou du tort qui est causé à autrui.
Cependant, des jeunes qui se réunissent dans un centre commercial
de leur localité ne causent pas de gêne, ils ne se rendent pas
coupable d'une mauvaise conduite et ne font directement aucun
dommage physique à quiconque.
(1830)
Créer une disposition du Code criminel visant à remédier à ce
genre de situation, cela revient à tuer une mouche avec un
marteau-pilon. Le député a dit lui-même que, dans bien des cas, on
peut remédier à ces situations au moyen d'un règlement municipal
ou d'une loi provinciale. Il me semble bien exagéré de recourir à la
sanction législative la plus sévère que l'on puisse invoquer, soit le
Code criminel, la loi pénale du pays.
Le député veut que l'on considère comme une infraction le fait de
se trouver dans un endroit qui ne constitue pas nécessairement un
immeuble résidentiel privé ou un endroit quelconque à caractère
privé. Il veut que l'on considère comme une infraction le fait de se
trouver dans un endroit public, comme le centre commercial local
par exemple. Je crains que les propriétaires ou les locataires de ces
endroits publics, les gardes de sécurité ou les forces de l'ordre ne
puissent abuser de ce genre de disposition.
Je suis fermement convaincu qu'il n'y a pas lieu de prévoir une
nouvelle infraction pénale pour criminaliser des actes qui peuvent
être considérées comme négligeables, si on tient compte de la
teneur normale du Code criminel, d'autant plus que ce sont souvent
des jeunes qui sont en cause.
Je ne crois pas que cette mesure soit nécessaire, étant donné que
le Code criminel comporte déjà des dispositions qui permettent aux
autorités d'intervenir dans ces cas qui constituent plutôt de la
nuisance. Je le répète, lorsque sont commis des actes graves qui
risquent de causer du tort à des commerçants ou à des clients, on
peut appliquer les sanctions déjà prévues par le Code criminel.
Il m'est impossible d'appuyer le projet de loi, car les problèmes
auxquels s'attaque le projet de loi sont des problèmes que peut viser
le Code criminel. Je le répète, il s'agit plutôt de problèmes qui
pourraient être facilement réglés au moyen d'arrêtés municipaux ou
encore de lois ou de règlements provinciaux.
À moins d'être aux prises avec des problèmes très graves, nous
devrions laisser le soin aux autorités provinciales et municipales,
qui sont plus près de cette réalité, d'adopter les mesures qui
s'imposent.
[Français]
M. Michel Bellehumeur (Berthier-Montcalm, BQ):
Monsieur le Président, c'est toujours un plaisir d'intervenir sur le
projet de loi d'un député qui a pris le temps de présenter des
modifications au Code criminel. On voit la préoccupation de ce
député face à une problématique quelconque qu'il rencontre dans sa
circonscription ou dans le vécu des gens de son entourage.
Cependant, je dois dire immédiatement que je ne peux donner
mon accord à ce projet de loi. Je ne peux être favorable au projet de
loi présenté par le député du Parti réformiste, et je vous dirai
pourquoi en très peu de mots.
Premièrement, je citerai le texte de cette modification à l'article
41 du Code criminel:
Est coupable d'une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par
procédure sommaire,
On voit donc immédiatement là qu'on veut criminaliser un acte.
quiconque commet une intrusion dans une maison d'habitation ou un bien
immeuble alors qu'il en a déjà été éloigné ou y a été empêché d'entrer dans les
vingt-quatre heures précédentes.
Cet article peut s'appliquer de deux façons, mais il faut se mettre
dans le contexte. Le député du parti ministériel a donné un bon
exemple, celui des jeunes flânant dans un centre d'achats ou sur le
trottoir et que le propriétaire du centre d'achats ou les commerçants
veulent faire partir. Mais il y aussi le cas, un peu plus grave, d'une
chicane entre voisins, ou d'une chicane entre des membres d'un
même groupe au sujet de laquelle on demande à la cour, parce qu'il
existe de telles procédures dans le Code criminel, que tel individu,
tel homme ou telle femme, ne puisse plus mettre les pieds à un
endroit très précis. Dans ce cas, le juge rendra l'ordonnance
suivante: interdire à un individu, parce qu'il a déjà proférer des
menaces ou autre, de se retrouver sur le terrain de la personne en
question.
(1835)
On retrouve déjà dans le Code criminel des dispositions pour bris
d'ordonnance. Cette partie, qu'on veut peut-être toucher par cet
amendement-là, existe déjà dans le Code criminel. On viendrait
donc rajouter quelque chose puisque, s'il y a un bris d'ordonnance,
on amène l'individu devant le tribunal et là, il subit les
conséquences du geste qu'il a posé.
Pour ce qui est de l'autre cas, et on a donné plus tôt l'exemple du
flânage dans les édifices commerciaux, même devant une résidence
privée ou ailleurs, je pense que je suis d'accord avec le parti
9509
ministériel sur ce sujet-là. Il ne faut pas criminaliser de tels gestes et
surtout, vous comprendrez que de la part d'un député bloquiste, il
faut regarder le problème dans son ensemble. Je pense que c'est
beaucoup plus un problème qui relève du palier municipal. C'est un
problème que le gouvernement de premier niveau, c'est-à-dire les
conseillers municipaux et les maires des municipalités, pourrait
régler à l'aide d'une législation adéquate en ce qui a trait à la
situation du flânage.
À ma connaissance, je pense que beaucoup de municipalités au
Québec, et sans doute à travers le Canada, ont déjà de telles
réglementations dans leurs municipalités pour empêcher que des
jeunes fassent des manifestations ou autre chose dans des lieux
publics ou devant des résidences privées.
Tout ceci pour vous dire que l'intention du député de présenter
cette modification au Code criminel est sans doute bonne, encore
faut-il qu'une telle modification ajoute quelque chose, vienne
combler un manque. À l'heure actuelle, avec ce que nous avons,
autant au niveau des règlements municipaux, qu'au niveau du Code
criminel ou d'autres législations afférentes à cette problématique, je
pense qu'on couvre le problème dans son ensemble et qu'il n'est pas
nécessaire de modifier le Code criminel en y ajoutant un paragraphe
supplémentaire pour aller de l'avant, dans le sens de la modification
proposée par le député du Parti réformiste.
C'est pour cette raison que nous, du Bloc québécois, ne sommes
pas favorables au projet de loi C-247.
[Traduction]
M. Ken Epp (Elk Island, Réf.): Monsieur le Président, je
voudrais contribuer au débat en ajoutant quelques mots qui seront,
je l'espère, considérés comme relevant du sens commun. Le projet
de loi que mon collègue présente relève d'un sens commun très
élémentaire.
Le projet de loi vise simplement à empêcher qu'une personne qui
a déjà été expulsée illégalement d'un endroit d'y entrer à nouveau.
Réfléchissons bien un moment sur le plan très pratique. Aucun
marchand ne mettra à la porte de bons clients. Il est également très
logique de voir si des personnes sur place s'ingèrent dans ses
affaires et empêchent des gens d'entrer ou les rendent mal à l'aise
par leur comportement. Si ces personnes peuvent être expulsées
légalement, comme le prévoit la première partie du projet de loi, ne
devrait-il pas aussi y avoir une disposition qui les empêche de
revenir? La période de 24 heures n'est peut-être pas suffisante.
Voilà ce que prévoit la motion. Une personne peut être expulsée
d'un endroit, elle peut y revenir, agir de la même manière, être
expulsée à nouveau et ainsi de suite. Il n'y a pas de solution
définitive. La situation peut se répéter encore et encore.
Ce que dit tout bonnement mon collègue, c'est qu'il faudrait
donner à cette personne une chance de réfléchir, et à l'agent de
sécurité ou de police la possibilité de lui dire: «Vous êtes expulsé
pour 24 heures. Réfléchissez. Et peut-être vous amenderez-vous».
(1840)
Quand une personne se fait expulser pour la première fois, il
arrive souvent, notamment lorsqu'il s'agit de jeunes, qu'elle soit un
peu influencée par la pression de ses pairs et qu'elle veuille avoir
raison et s'amuser un peu. Le projet de loi permettrait de résoudre ce
problème. Le Parti réformiste tient beaucoup à protéger les droits
des citoyens respectueux des lois.
L'individu ainsi expulsé empiète sur les droits et les privilèges
d'autrui. Au lieu d'accabler cet individu, on a recours à la manière
douce en lui suspendant brièvement son droit d'accéder aux lieux en
question.
Il y a toujours la question de savoir s'il s'agit d'une question du
ressort des provinces. On en a tellement entendu parler cette
semaine durant les débats sur les questions liées à la justice. On
pourrait, j'imagine, faire valoir que presque tout relève des
provinces dans la mesure où le Code criminel leur confère le
pouvoir d'administrer presque tout. Il y a toutefois un Code
criminel national, le Code criminel du Canada. Comme c'est dans
ce code que l'on prévoit les dispositions concernant l'intrusion et
d'autres questions, pourquoi ne pas le renforcer de manière à en
faciliter l'application?
Il faudrait trouver une solution pour éviter que nos agents de
sécurité ou nos policiers perdent leur temps à expulser inutilement
quelqu'un qu'ils doivent ensuite laisser revenir sur les lieux parce
qu'ils sont tenus de le faire en vertu des dispositions actuellement
en vigueur.
On propose maintenant que chaque municipalité puisse adopter
des règlements à cet égard. Pourquoi demander aux milliers de
municipalités de s'occuper de cette question et d'adopter leurs
propres règlements à cet égard, ce qui entraînera un manque
d'uniformité et d'efficience dans l'utilisation du temps du
législateur, alors que nous pourrions avoir une seule loi nationale
qui réglerait le problème?
En conclusion, je déplore cette façon de procéder à la Chambre.
Le député du Bloc a dit que son parti et lui n'appuierons pas cette
disposition. Autrement dit, en tant que porte-parole de son parti
pour les questions intéressant la justice, il décide que les députés de
son parti n'appuieront pas la mesure.
Par ailleurs, le secrétaire parlementaire a déjà pris la décision au
nom du Parti libéral. Or, il s'agit d'un projet de loi d'initiative
parlementaire. Bien sûr, il y a des votes libres, mais plutôt que de
tout simplement dire «notre parti est contre», pour que tous les
députés suivent le mot d'ordre, les leaders parlementaires devraient
mettre leurs députés au défi de réfléchir à la question soumise et de
prendre leur décision individuellement.
Que les députés parlent aux électeurs de leur circonscription,
comme l'a fait mon collègue. Sa motion lui a été inspirée
directement par des gens qui avaient vécu la situation qu'il veut
corriger. Il s'est entretenu avec le corps policier qui a un petit poste
dans le centre commercial et qui perd beaucoup de temps à mettre
les
9510
mêmes personnes à la porte à maintes reprises. Aucune loi ne leur
permet de dire aux gens de ne pas revenir.
C'est tout ce que nous demandons. Cela serait très sensé. Je le
répète, c'est peut-être trop simple pour que nos vis-a-vis
comprennent, mais je les exhorte à prendre sérieusement en
considération notre proposition. Appliquons les principes
démocratiques et la promesse faite dans le livre rouge des libéraux
et permettons davantage de votes libres. Prononçons-nous sur le
fond de la question et ne laissons pas une seule personne dire au
nom de tous les autres que tel ou tel parti n'appuiera pas une motion
parce que c'est une motion réformiste ou pour toutes sortes de
raisons farfelues.
Je suis heureux d'avoir pu participer à ce débat ce soir et j'espère
avoir apporté quelque chose.
Le président suppléant (M. Milliken): Comme il n'y a pas
d'autres députés qui souhaitent intervenir et que la motion n'est pas
une affaire choisie pour un vote, l'heure réservée à l'étude des
initiatives parlementaires est maintenant écoulée et l'article est rayé
du Feuilleton.
______________________________________________
9510
MOTION D'AJOURNEMENT
[
Français]
L'ajournement de la Chambre est proposé d'office, en conformité
de l'article 38 du Règlement.
M. Osvaldo Nunez (Bourassa, BQ): Monsieur le Président, le
11 février dernier, j'ai posé une question à la ministre de la
Citoyenneté et de l'Immigration à propos des retards inacceptables
dans le traitement des dossiers à la CISR.
(1845)
Quand les libéraux étaient dans l'opposition, ils critiquaient
souvent ces retards. Aujourd'hui, ils sont au pouvoir et ce problème
s'est aggravé. Actuellement, le nombre de dossiers en attente d'une
audition ou d'une décision dépasse les 30 000, dont plus de la
moitié à Montréal. Même la CISR estime qu'il ne devrait y avoir
qu'un maximum de 15 000 cas à traiter à un moment donné. En
moyenne, les revendicateurs du statut de réfugié doivent attendre 15
mois pour obtenir une décision, et souvent deux, trois ou quatre ans.
Ces délais engendrent des coûts énormes pour l'État fédéral dont
relève la CISR, et pour les provinces qui doivent verser des
prestations de bien-être social, des soins de santé et autres services
sociaux. Ces retards entraînent également des conséquences graves
pour le demandeur d'asile qui vit dans l'incertitude et la solitude,
séparé de sa famille. C'est seulement après une décision favorable
que le réfugié peut faire venir sa femme et ses enfants.
Lors de ma question, j'ai également dénoncé le patronage
systématique exercé par le gouvernement dans la nomination des
commissaires à la CISR. Au cours de la prochaine campagne
électorale, nous aurons l'occasion de blâmer le gouvernement de
poursuivre la politique de patronage qu'il avait lui-même dénoncé
dans le passé.
Amnistie internationale reprochait récemment au gouvernement
canadien de rester de plus en plus indifférent au sort des réfugiés et
d'imposer de nouvelles restrictions à leur accueil. En mars dernier,
cet organisme lançait à Montréal une campagne en faveur des
réfugiés, campagne qui se tient simultanément dans tous les pays où
Amnistie internationale est présente.
Seulement 10 p. 100 des réfugiés ont accès aux pays
industrialisés. Seuls ceux qui peuvent se payer le voyage, par avion
ou par bateau, ont les moyens de se réfugier dans l'Ouest.
Il faut savoir que relativement peu de personnes demandent
l'asile ici. Le Canada se situe au 17e rang en chiffres bruts et au 46e
rang si l'on considère le nombre de réfugiés par rapport au PNB. De
plus, le Canada est le seul pays au monde à imposer aux réfugiés un
droit d'établissement pour eux-mêmes et leurs personnes à charge,
soit 1 475 $ par adulte et 100 $ par enfant.
Le 3 avril dernier, j'ai rencontré à Montréal un groupe de
dirigeants de la communauté zaïroise du Québec dirigé par M.
Tshibuy Mulay Dyany, citoyen de ma circonscription. Parmi les
visiteurs se trouvaient quelques revendicateurs d'asile qui se sont
plaints des longs délais à la CISR. Ils ont remercié le Bloc québécois
et particulièrement le porte-parole en matière de citoyenneté et
d'immigration pour le travail accompli dans le dossier du Zaïre.
Aujourd'hui, nous apprenons que le chaos s'est généralisé dans
ce pays suite à l'avance des troupes de Kabila. Je pense que le
dictateur Mobutu devrait quitter immédiatement ses fonctions et le
pays pour faciliter un retour pacifique à la démocratie. Le régime
Mobutu, depuis 35 ans, a systématiquement violé les droits humains
les plus élémentaires.
Lors de mon assemblée d'investiture, dimanche dernier, à
laquelle participaient MM. Gilles Duceppe, Bernard Landry, Henri
Massé et Bernard Daoust, plusieurs députés et 300 citoyens de
Montréal, j'ai lancé un appel au gouvernement du Canada pour qu'il
vienne en aide aux dizaines de milliers de réfugiés du Zaïre.
Plusieurs d'entre eux y meurent chaque jour à la suite de la maladie
et de la famine. Aujourd'hui, je réitère cette requête au
gouvernement pour qu'il soit sensible aux besoins des réfugiés
zaïrois.
[Traduction]
Mme Maria Minna (secrétaire parlementaire de la ministre
de la Citoyenneté et de l'Immigration, Lib.): Monsieur le
Président, comme le député le sait, la gestion quotidienne du
système canadien de détermination du statut de réfugié relève du
président de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié.
Le député semble vouloir proposer que nous étudiions les
demandes à la hâte afin d'éliminer cet arriéré. C'est une suggestion
irréfléchie et irresponsable. Chaque demande doit faire l'objet d'un
examen minutieux.
Chacun des aspects du travail de la commission a des
répercussions sur la vie et les libertés des gens qui comparaissent
devant elle. Nous devons prendre le temps qu'il faut pour garantir
aux gens une audience juste et équitable. Il arrive souvent que la
santé et la sécurité des gens en dépendent.
9511
Cela ne veut pas dire que le gouvernement ne fait rien pour régler
le problème de l'arriéré. On a pris des mesures pour répondre à
l'augmentation de la charge de travail, puis pour améliorer
l'efficacité de la commission et sa vitesse de traitement des
demandes. La Commission de l'immigration et du statut de réfugié
ainsi que le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration
travaillent fort pour améliorer le système.
Par exemple, en décembre dernier, le ministère de la Citoyenneté
et de l'Immigration a signé une entente administrative cadre avec la
commission. Cette entente a pour but de renforcer la coopération et
d'encourager le partage d'informations utiles au processus. Elle
engage aussi les deux organismes à trouver des moyens de mettre en
place et de partager des technologies de pointe pour une plus grande
efficacité.
Le projet de loi C-49 est un autre exemple. Le projet de loi se
trouve actuellement à l'étude du Parlement et renferme deux
dispositions qui ramèneront de deux à une le nombre de personnes
qui entendront les demandes à la Section des réfugiés. Ce
changement accroîtra l'efficacité de la CISR tout en réduisant le
temps de traitement requis pour identifier les réfugiés ayant besoin
de notre protection.
Cette mesure législative fait beaucoup. Je demande aux députés
de la Chambre de l'appuyer. Son adoption aidera à réduire l'arriéré.
[Français]
Le président suppléant (M. Milliken): La motion portant que la
Chambre s'ajourne maintenant est réputée adoptée. La Chambre
demeure donc ajournée jusqu'à demain, à 10 heures, conformément
au paragraphe 24(1) du Règlement.
(La séance est levée à 18 h 50.)