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Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada - Gouvernement du Canada

Guide de sécurité pour les opérations sur glace,



Table des matières

1. Introduction

1.1 Généralités
1.2 Objectif

2. Propriétés de couches de glace

2.1 Formation de la glace
2.2 Couleur de la glace
2.3 Épaisseur de la glace

3. Portance de la glace

3.1 Généralités
3.2 Détermination de l'épaisseur de la glace
Mise en garde
3.3 Charges stationnaires et en mouvement
3.4 Effets de la vitesse
3.5 Fissures
3.6 Dégel printanier

4. Préparation des ponts de glace

4.1 Techniques de construction
4.2 Inondation
4.3 Renforcement
4.4 Entretien
4.5 Précautions à prendre au cours des opérations

5. L'utilisation de motoneiges sur les couches de glace

5.1 Généralités
5.2 Précautions relatives à la conduite

Références

Demandes de renseignements

Appendice A - Épaisseur de la glace d'eau douce de bonne qualité




1. Introduction

1.1 Généralités

1.1.1 Les couches de glace servent de voies de communication, de surfaces sur lesquelles on peut ériger des bâtiments et des lieux d'entreposage temporaire de matériaux.

1.1.2 Le présent guide traite principalement des ponts de glace d'eau douce appelés à supporter un poids total autorisé d'au plus 22.5 tonnes métriques (25 tonnes courtes). Il peut s'agir d'une gelée utilisée telle quelle ou d'une route de passage aménagée ou aménagée et renforcée à la fois.

1.1.3 Lorsque les charges pourraient dépasser 22.5 tonnes métriques (25 tonnes courtes) ou que les opérations se découleront sur des couches de glace d'eau salée, il faut consulter la Section géotechnique, Division des recherches sur le bâtiment, Conseil national de recherches du Canada, Ottawa (Ontario), K1A 0R6.

1.1.4 Des renseignements sur la sécurité d'utilisation des couches de glace pour les opérations d'aéronefs peuvent être obtenus à Transports Canada.

1.2 Objectif

1.2.1 Les présentes lignes directrices ont pour objet :

a) de stipuler les règles de sécurité applicables à tous les employés de la fonction publique qui participent à des opérations sur couches de glace;

b) de fournir des renseignements sur l'épaisseur de glace nécessaire pour supporter les charges en mouvement et stationnaires;

c) de stipuler des méthodes de détermination de l'épaisseur et de la qualité de la glace; et

d) de décrire des méthodes approuvées de préparation et d'entretien des ponts de glace.

2. Propriétés de couches de glace

2.1 Formation de la glace

2.1.1 La glace se forme sur l'eau douce lorsque la température de surface tombe à zéro degré Celsius ou à des températures moins élevées s'il y a des impuretés en solution dans l'eau. Bien que la température de la surface inférieure de la couche de glace en contact avec l'eau demeure près du point de fusion, celle de la surface supérieure se rapproche davantage de la température de l'air environnant.

2.1.2 La date du gel annuel, le taux de croissance de la glace et la qualité de la couche gelée dépendent de différents facteurs tels que la température de l'air, la radiation solaire, la vélocité du vent, le manteau neigeux, l'action des vagues, les courants ainsi que la superficie et la profondeur de la nappe d'eau. Habituellement, les petits lacs et les cours d'eau à débit lent gèlent avant les grands lacs ou les cours d'eau à débit rapide.

2.1.3 Bien qu'il existe plusieurs différents types de glace, les deux qui présentent un intérêt particulier sont :

a) la glace transparente - formée par la congélation de l'eau;

b) la glace de neige - formée lorsque la neige saturée d'eau se transforme sur la surface de la glace en une glace blanche opaque qui n'est pas aussi résistante que la glace transparente.

2.2 Couleur de la glace

2.2.1 La couleur de la glace, qui peut aller du bleu au blanc et au gris, constitue un indice de qualité et de résistance :

a) la glace bleue transparente est d'ordinaire la plus résistante;

b) la glace blanche opaque (glace de neige) contient par comparaison un pourcentage d'air élevé et sa résistance dépend de la densité : moins la densité est élevée, moins résistante est la glace; mais la glace blanche à densité élevée est presque aussi résistante que la glace bleue;

c) la glace grise contient habituellement de l'eau à la suite d'un dégel et doit être considérée comme très suspecte en tant que surface destinée à supporter des charges.

2.3 Épaisseur de la glace

2.3.1 L'autre facteur important qui sert à déterminer la portance de la glace est son épaisseur. Il faut veiller en déterminant l'épaisseur des couches de glace à ce que les mesures soient bien faites et qu'elles soient une représentation fidèle de la surface à l'étude.

2.3.2 Les courants exercent un effet particulier sur la température nécessaire à la formation de la glace. Les rivières et les cours d'eau à courants forts peuvent demeurer libres tout l'hiver malgré de basses températures atmosphériques. Les sources peuvent créer des courants et aussi amener des eaux plus chaudes; les courants peuvent aussi faire varier l'épaisseur de la glace sans changer les caractéristiques uniformes de la surface.

2.3.3 En choisissant le site d'un pont de glace, il faut localiser les courants et les sources et les éviter. Dans les endroits où la période de courants est soupçonnée, il faut effectuer de fréquentes vérifications de l'épaisseur de la glace.

2.3.4 La glace recouverte d'un épais manteau neigeux isolant s'épaissit très lentement même à basse température. Si une épaisse couche de neige s'accumule avant que la glace puisse suffisamment se former, il peut arriver que les conditions de la glace demeurent dangereuses pendant tout l'hiver.

3. Portance de la glace

3.1 Généralités

3.1.1 La portance des couches de glace dépend de la qualité de la glace, de son épaisseur, des températures de la glace et de l'air, des variations de la températures et des radiations solaires.

3.1.2 La glace bleue transparente sert d'étalon de qualité aux autres types de glace. La glace blanche opaque, ou glace de neige, est habituellement considérée comme moitié moins résistante.

3.1.3 Les couches de glace pouvant être formées de bandes alternantes de glace transparente et de glace opaque, il faut mesurer chacune des bandes afin de calculer l'épaisseur réelle de la couche. Par exemple, une couche de glace d'une épaisseur totale de 8 pouces (20 cm) composée d'une bande de glace transparente de 4 pouces (10 cm) et une bande de glace opaque de 4 pouces (10 cm) aurait une épaisseur réelle de 6 pouces (15 cm).

3.1.4 La résistance de la glace augmente habituellement sous l'effet de basses températures. L'augmentation varie progressivement de zéro à moins dix-huit degrés Celsius et demeure assez constante passé ce point. Cependant, une brusque chute de la température peut temporairement causer une contrainte interne dans une couche de glace et réduire sa portance. Cela se produit souvent au cours d'une nuit où la température est très inférieure à la moyenne de la journée précédente.

3.1.5 Le déneigement d'une couche de la glace au cours d'une période de basse température a un effet comparable à celui d'une brusque chute de température. La portance de la glace doit être considérée comme réduite de 50 % pendant 24 heures suivant l'avènement de ces conditions.

3.2 Détermination de l'épaisseur de la glace

3.2.1 Avant de s'en servir, il faut mesurer la glace afin de déterminer si son épaisseur réelle est capable de supporter la charge prévue. Le graphique à l'appendice A devrait servir de guide à l'établissement de l'épaisseur nécessaire pour supporter les charges données.

3.2.2 La règle empirique de « un pouce (2.5 cm) de glace bleue transparente par mille livres (450 kg) » peut servir à déterminer d'abord l'épaisseur réelle de la glace.

Mise en garde

La glace de moins de six pouces d'épaisseur (15 cm) ne doit pas servir de voie de communication. En raison des variations naturelles, l'épaisseur de la glace à certains endroits peut être de moins de 2 pouces (5 cm).

3.2.3 L'épaisseur réelle d'une couche de glace peut varier considérablement. En particulier, la couche de glace peut, à cause des courants, se faire dangereusement mince à certains endroits sur les rivières et les estuaires ainsi que sur les lacs, aux abords des dégorgeoirs et des embouchures des rivières et des ruisseaux. Il faut tenir soigneusement compte des amincissements de la glace le long des rives et autour des bancs et des chenaux.

3.2.4 On détermine l'épaisseur en forant des trous d'échantillonnage à intervalles maximaux de 50 pieds (15 m) sur les rivières et de 100 pieds (30 m) sur les lacs.

3.2.5 Les voies de communication doivent être vérifiées une fois la semaine si la température moyenne de l'air oscille entre -15 et -5 degrés Celsius; et quotidiennement si la température s'élève au-dessus de -5 degrés Celsius. Les vérifications peuvent être moins fréquentes lorsque l'épaisseur de la glace dépasse de beaucoup le minimum requis. Il convient de percer un nouveau trou chaque fois que l'on mesure l'épaisseur de la glace.

3.2.6 La glace qui n'est plus supportée par l'eau en raison d'une baisse de niveau des eaux peut être trop faible pour supporter les charges qui y sont appliquées, inversement, lorsque le niveau des eaux s'élève, il peut en résulter la formation de deux couches de glace séparées par une nappe d'eau. Les vérifications de l'épaisseur de la glace permettront de déceler ces situations.

3.3 Charges stationnaires et en mouvement

3.3.1 La glace fait preuve d'élasticité sous le poids de charges en mouvement; c'est-à-dire, elle se déprime sous un poids, mais retourne à sa position initiale après le passage de la charge.

3.3.2 Sous le poids d'une charge stationnaire, la surface de glace se déprime constamment et peut céder selon que la couche de glace est plus ou moins résistante. Dans le cas des charges stationnaires, la portance doit être considérée à moins de 50 % que dans le cas des charges en mouvement.

3.3.3 Voici, dans le cas des charges stationnaires, le déroulement des diverses étapes d'une rupture :

a) des fentes radiales se forment au fond de la couche juste au-dessous de la charge (et finissent par traverser toute la couche);

b) des fentes circulaires se forment sur la surface supérieure de la couche à quelque distance de la charge (une dépression perceptible de la glace peut se produire);

c) la glace se fend en décrivant un cercle immédiatement autour de la surface supportant la charge (la rupture peut être sur le point de se produire).

3.3.4 Les fentes radiales initiales peuvent ne pas représenter un danger immédiat si la portance de la glace est sensiblement plus élevée que la charge. Cependant, il faut craindre la rupture éventuelle dans le cas d'une application prolongée de la charge.

3.3.5 Les charges stationnaires doivent être déplacées lorsque se produit l'un ou l'autre des événements suivants :

a) lorsque des fentes radiales apparaissent;

b) lorsqu'une dépression perceptible est constatée;

c) lorsque le taux de dépression augmente;

d) lorsqu'un craquement continu est entendu ou constaté;

e) si de l'eau apparaît à la surface de la couche.

3.3.6 Les congères, souvent causées par des charges stationnaires, peuvent cacher les indices énumérés au paragraphe 3.3.5 tout en augmentant la charge stationnaire. Les véhicules doivent être garés à des intervalles d'au moins cinq longueurs et disposés de façon à ce que les congères ne nuisent pas aux autres véhicules.

3.4 Effets de la vitesse

3.4.1 Lorsqu'un véhicule circule sur une couche de glace, il se forme une vague hydrodynamique ou de résonance dans l'eau sous-jacente. Cette vague de déplace à une vitesse qui est fonction de la profondeur de l'eau, de l'épaisseur de la couche et du degré d'élasticité de la glace. Lorsque la vitesse du véhicule coïncide avec celle de la vague hydrodynamique, la tension que produit la vague sur la couche renforce celle qu'exerce le véhicule et peut augmenter la tension maximale de la glace jusqu'au point de rupture. L'action de la vague tend à fendiller la glace suivant le modèle d'un échiquier.

3.4.2 Il faut faire très attention lorsqu'on approche du rivage ou qu'on se déplace près du rivage ou sur des hauts-fonds, en raison de l'augmentation de la contrainte exercée sur la couche par suite de la réflexion de la vague hydrodynamique. Les routes et les voies d'accès doivent croiser le rivage à un angle d'au moins 45 degrés.

3.4.3 Si le poids d'un véhicule chargé est égal ou inférieur à la moitié du poids qui, d'après le Tableau 1, convient à l'épaisseur de la glace utilisée, la vitesse n'est pas déterminante. Lorsque le poids est supérieur, et dans le cas d'une épaisseur de glace de moins de 30 pouces (75 cm), il faut soigneusement contrôler la vitesse et, de façon générale, la maintenir à moins de 10 m/h (15 km/h).

3.5 Fissures

3.5.1 La glace comporte habituellement des fissures causées par des contractions thermiques ou des déplacements de la couche de glace. Sauf en période de dégel, les fissures ne signifient pas nécessairement que la portance de la couche de glace soit réduite.

3.5.2 Une fissure sèche d'une largeur inférieure à 1/8 de pouce (0.32 cm), qui ne pénètre pas très profondément dans la couche de glace, ne produira pas un affaiblissement sérieux. Lorsqu'une seule fissure sèche de plus d'un pouce (2.5 cm) est constatée, les charges doivent être réduites du tiers; dans le cas de fissures de la même importance qui s'entrecroisent, les charges doivent être réduites de deux tiers. Il faut réparer les fissures sèches en les remplissant d'eau ou de neige mouillée.

3.5.3 Une fissure mouillée indique que celle-ci traverse de bord en bord la couche de glace et donc affecte sa portance; la charge doit alors être réduite de moitié. Si deux fissures mouillées se croisent à angle droit, il faut réduire la charge à un quart du poids que peut supporter une bonne couche. La plupart des fissures mouillées gèlent à leur tour aussi solidement que la couche de glace originale, cependant, il convient de prélever une carotte témoin afin de vérifier la profondeur au regel.

3.5.4 En raison de la contraction thermique normale, il se forme parfois au milieu de la route des fissures qui suivent les sens de la circulation; mais, si elles demeurent sèches, ces fissures ne réduisent pas sérieusement la portance. Par contre, si les fissures se forment parallèlement à la route, sur les côtés, elles indiquent une contrainte excessive (peut-être causée par les amoncellements de neige par suite des travaux de déblaiement) et éventuellement une détérioration attribuable à une circulation trop dense. Si de telles fissures s'agrandissent, et surtout si elles sont mouillées, il faut immédiatement fermer la route et ne pas la rouvrir avant leur  regel.

3.5.5 La fluctuation du niveau des eaux peut produire, à proximité des rives, des fissures généralement parallèles au rivage. Ces fissures s'accompagnent souvent d'une différence de niveau entre la glace flottante et la glace de fond. Quand ces fissures sont mouillées, il faut réduire les charges en conséquence. Lorsque les différences de niveau sont extrêmes, il peut être nécessaire d'effectuer les travaux de pontage (inondation, renforcement).

3.6 Dégel printanier

3.6.1 Les couches de glace commencent à se détériorer au printemps, au moment où la glace se réchauffe et se met à fondre. La glace fond sous les rayons du soleil, mais, au début du printemps, peut regeler au cours de la nuit. La fonte massive commence seulement lorsque la température de l'air s'élève au-dessus du point de congélation.

3.6.2 La neige est un conducteur thermique moins efficace que la glace. Une couverture de trois à quatre pouces (7 à 10 cm) de neige blanche sur un pont de glace réduit de beaucoup la pénétration de la couche par les rayons solaires, prolongeant ainsi sa période d'utilisation.

3.6.3 Lorsqu'il y a de l'eau sur la surface d'un pont de glace, il faut s'y engager avec beaucoup de précaution et seulement si c'est absolument nécessaire. Si le temps doux persiste et l'eau disparaît, cela peut être un signe de l'affouillement de la glace, auquel cas il faut immédiatement cesser de se servir de cette zone comme pont de glace.

3.6.4 Si la température de l'air s'est maintenue en moyenne au-dessus de zéro degré Celsius pendant trois jours ou plus, il faudra alors cesser d'utiliser les ponts de glace.

4. Préparation des ponts de glace

4.1 Techniques de construction

4.1.1 Un parcours délimité sur une couche de glace naturelle peut servir de pont de glace, mais comme il se peut que la couche de glace ne soit pas assez solide pour résister à un usage répété, différentes techniques peuvent être utilisées pour en augmenter la portance de sécurité.

4.1.2 Lorsque les températures sont basses et qu'au début de l'hiver il n'est pas nécessaire de se servir du pont de glace, on peut augmenter l'épaisseur de la glace en gardant les parcours envisagés libres de neige ou en tassant la neige de manière à en diminuer les propriétés isolantes normales. Le taux de croissance naturelle de la glace est ainsi augmenté et l'épaisseur requise est finalement atteinte.

4.1.3 Si le pont est requis avant que les températures ne soient assez basses pour permettre d'obtenir à temps l'épaisseur de glace naturelle nécessaire, l'épaisseur de la glace peut être augmentée par inondation : recouvrir d'eau la surface de la couche de glace existante.

4.2 Inondation

4.2.1 L'inondation s'effectue habituellement à l'aide de pompes légères, les grosses étant difficiles à transporter.

4.2.2 L'inondation peut se faire dès que la glace naturelle mesure environ 3 pouces (7.5 cm) d'épaisseur et qu'elle est assez résistante pour supporter le poids des hommes et des pompes. La première inondation doit être limitée à environ un pouce (2.5 cm) d'épaisseur.

4.2.3 Les inondations subséquentes ou « revêtements » doivent se limiter à une épaisseur d'eau qui pourra geler en 12 heures. Grosso modo, une température de l'air moyenne de -18 degrés Celsius peut congeler 2 pouces (5 cm) d'eau au cours d'une nuit. Si la température moyenne tombe à -31 degrés Celsius ou plus bas, les revêtements peuvent atteindre jusqu'à 3 1/2 pouces (9 cm). Le vent ou la neige augmenteront ou diminueront respectivement le taux de congélation.

4.2.4 Plus épais, les revêtements peuvent occasionner la formation d'une nappe d'eau entre l'ancienne et la nouvelle couche de glace. Il se peut qu'à la suite de l'application de revêtements d'eau chaude successifs, cette couche d'eau ne gèle que longtemps après la fin de la construction du pont. Les revêtements peuvent également surcharger et fendre la couche de glace existante.

4.2.5 Pour assurer au pont une solidité maximale, il faut enlever, dans la mesure du possible, toute la neige avant de procéder à une inondation. Cependant, on peut, en râclant ou en tassant la neige pour en uniformiser l'épaisseur et en l'inondant ensuite, obtenir une couche plus épaisse en moins de temps bien que la glace ainsi obtenue ne soit pas aussi résistante.

4.2.6 Si des amas de neige sont élevés de chaque côté du pont dans le but de contenir l'eau des inondations, il doivent être séparés d'au moins 150 pieds (45 mètres); cependant une distance de 200 pieds (60 mètres) est préférable.

4.2.7 Des amas de neige peuvent fondre après que la congélation a commencé de sorte qu'une croûte de glace séparée par une poche d'air de l'ancienne couche de glace peut se former.

4.2.8 Il vaut mieux procéder à l'inondation à partir de la ligne médiane du pont, de manière que l'eau se répande en trouvant son propre niveau. Cette méthode donne en même temps au pont une surface plus large.

4.2.9 La glace formée à la suite de l'inondation sera libre de contrainte si chaque revêtement a le temps de geler complètement avant l'inondation suivante.

4.3 Renforcement

4.3.1 Un pont de glace construit dans des régions plus tempérées ou destiné à un usage répété peut être renforcé avec de la paille, des branchages ou des billes. Ainsi renforcé, le pont peut supporter, à épaisseur égale, une charge plus lourde, du fait qu'il se trouve consolidé par les matériaux incorporés. Il se répare plus facilement en cas de fissuration et il est moins susceptible de s'effondrer subitement.

4.3.2 Le renforcement a des inconvénients. D'abord, la construction exige plus de temps et d'effort. Il y a aussi l'effet du réchauffement localisé, sous l'action des rayons solaires, des matériaux incorporés, spécialement pendant le dégel printanier, ce qui a pour effet d'augmenter le taux de détérioration du pont.

4.3.3 Il est préférable de placer les matériaux de renforcement dans la partie inférieure du pont de glace définitif; il est conseillé de les mettre en place et de les faire geler le plus tôt possible.

4.3.4 L'incorporation bien faite de billes de renforcement dans un pont de glace permet d'utiliser une couche de glace jusqu'à 25 % moins épaisse.

4.4 Entretien

4.4.1 Une fois le pont terminé, il faut, pour augmenter la sécurité et en prolonger la durée d'utilisation, observer les règles suivantes :

a) Il ne faut pas laisser la neige s'accumuler sur le pont et tenir à bonne distance les amas de neige, dont la pente doit être d'au plus un pour cinq. Le poids des amas de neige peut affaiblir la glace sous-jacente et causer des fossés assez profonds par fléchissement lent; aussi doivent-ils être nivelés s'ils dépassent la plus grande des hauteurs suivantes : 3 pieds (1 mètre) ou les deux tiers de l'épaisseur de la glace.

b) Une couverture de 3 à 4 pouces (7.5 à 10 cm) de neige tassée assure une bonne traction et constitue un bon coussin. La glace lisse ou dégagée de neige se fendille rapidement à très basse température sous le passage d'une charge.

c) La surface doit être libre de toute saleté ou autres matériaux de couleur foncée tels les taches de mazout, qui absorbent les rayons solaires et s'incrustent dans la glace. Comme les mares d'eau aussi absorbent la chaleur du soleil, il faut les éliminer en les remplissant de neige.

d) Il faudrait inspecter le pont de glace tous les jours et à pied pour y découvrir les fissures et en mesurer l'épaisseur de glace conformément à l'alinéa 3.2. Une fissure longitudinale qui suit plus ou moins la ligne médiane peut se produire, surtout lorsque la glace a été épaissie au moyen d'inondations. Lorsqu'elle est sèche, la fissure n'est pas sérieuse. Les fissures mouillées doivent être réparées immédiatement et les charges diminuées jusqu'à ce que le regel soit terminé (voir l'alinéa 3.5).

4.5 Précautions à prendre au cours des opérations

4.5.1 Voici une série de précautions d'ordre général à prendre au moment de vérifier l'épaisseur de la glace ou de traverser les couches de glace :

a) Tous ceux qui prennent part aux opérations sur des couches de glace doivent connaître les dangers qu'ils courent, les précautions à prendre et les méthodes de sauvetage élémentaires qu'il faut utiliser en cas d'enfoncement.

b) Une personne ou un véhicule ne doit pas s'aventurer seul sur une couche de glace s'il n'y a aucun secours à la portée.

c) Lors des vérifications, les hommes à pied doivent apporter de longues perches afin de s'en servir comme moyen de sauvetage en cas d'enfoncement ou encore, être reliés l'un à l'autre par un câble bien attaché, à intervalles minimaux de 50 pieds (15 m).

d) Les véhicules légers utilisés au cours des périodes d'essai et de la phase initiale de construction doivent être munis d'un cadre extérieur de billes qui servira à les soutenir s'ils enfonçaient la couche de glace.

e) Un câble d'une longueur d'au moins 50 pieds (15 m), ou d'une longueur équivalente à la profondeur de l'eau, muni d'un flotteur, peut être attaché aux véhicules d'essai dans le but de faciliter le repérage et le recouvrement.

f) Les portières des véhicules et les panneaux de guérite doivent être enlevés ou assujettis en position ouverte; les ceintures de sécurité NE doivent PAS être attachées.

g) Il faut conserver une distance raisonnable entre les véhicules : il est recommandé de respecter un intervalle d'au moins 100 pieds (30 m).

h) La vitesse du véhicule ne doit pas normalement dépasser 10 m/h (15 km/h) afin d'éviter les effets de la vague hydrodynamique, ni être inférieure à 1 m/h (1.5 km/h) afin d'éviter les effets des charges stationnaires.

i) Là où c'est possible, il faut ériger des enseignes d'avertissement et de limite de vitesse à chaque bout du pont et clairement délimiter la route à suivre sur la couche de glace.

j) Les voies de circulation doivent alterner sur toute la largeur du pont de glace, allant progressivement d'un côté à l'autre pour ensuite recommencer. Cette méthode diminue le danger de détérioration de la glace et offre un choix de routes dans le cas de fentes dangereuses ou d'enfoncement.

k) Il faut que soit disponible à proximité le matériel nécessaire aux opérations de sauvetage, par exemple des radeaux (petites billes ou gros madriers reliés par des chaînes ou des fils de fer de manière à servir de plate-forme aux véhicules de sauvetage), des crics, des treuils, etc.

l) C'est souvent le deuxième véhicule d'un convoi qui fait face à des problèmes de rupture de la glace. Avant qu'un deuxième véhicule lourdement chargé ne s'avance sur le pont de lace, il est conseillé de le faire précéder d'un véhicule plus légèrement chargé afin de vérifier l'état du parcours.

m) Pendant une période de 24 heures suivant une baisse marquée de la température ou après le déblaiement de la neige sur la couche de glace au cours de périodes de basses températures, les charges doivent être réduites de 50 % et les voyages de nuit découragés.

5. L'utilisation de motoneiges sur les couches de glace

5.1 Généralités

5.1.1 Les noyades par suite de l'enfoncement de motoneiges dans la glace constituent la plus grande source de morts accidentelles attribuables à l'utilisation de ces machines. Cependant, on peut en toute sécurité utiliser les motoneiges sur les couches de glace à condition de se servir de bon sens et de prendre des précautions élémentaires.

5.1.2 Comme la charge totale - véhicule, conducteur et équipement accessoire - pèse environ 500 livres (225 kg) ou plus, il faut, pour la supporter, une épaisseur de glace considérable.

5.1.3 Il devient plus difficile de contrôler, de diriger et d'arrêter les motoneiges sur la glace nue, surtout à des vitesses élevées.

5.2 Précautions relatives à la conduite

5.2.1 Voici un aperçu de quelques-unes des précautions élémentaires :

a) Lorsqu'une motoneige doit s'engager seule sur une couche de glace, il faut, dans la mesure du possible, que le conducteur soit accompagné.

b) Si le conducteur doit absolument conduire seul sa motoneige, la base des opérations doit être informée du parcours suivi, de la destination et de l'heure probable du retour.

c) Les opérations en motoneige sur des couches de glace d'une épaisseur de moins de 6 pouces (15 cm) ne doivent pas être permises.

d) Les conducteurs doivent connaître et éviter les endroits où des courants ou des sources pourraient causer un amincissement dangereux de la couche de glace.

e) La présence d'une brume peut indiquer la proximité d'une étendue d'eau; il faut alors réduire la vitesse et user de beaucoup de prudence.

f) Lorsque le conducteur aperçoit tout à coup une étendue d'eau, il devrait normalement ralentir, freiner doucement et la contourner; sinon, il doit effectuer un virage aussi aigu que possible. Si le virage s'avère impraticable ou si un dérapage s'ensuit, le conducteur devrait se jeter à bas du véhicule.

g) L'éblouissement provoqué par le soleil et la glace peut empêcher de voir les obstacles ou les endroit dangereux; dans ces conditions, le conducteur doit porter des lunettes de soleil anti-reflets.

h) Les opérations de nuit à grandes vitesses doivent être limitées à des pistes ou à des parcours sûrs bien délimités et connus.

i) À moins que ce ne soit indispensable, les motoneiges ne doivent pas être conduites sur les ponts ou les routes de glace en même temps que d'autres types de véhicules.

j) Éviter de conduire sur de la glace recouverte de neige mouillée ou d'eau, mais si c'est inévitable, s'assurer que les pistes sont libres d'eau et de neige mouillée.

Références

Pour des renseignements techniques supplémentaires relatifs à la formation et à l'utilisation de la glace, consulter les publications suivantes :

Publication CL1-7-71
Dates du gel et du dégel des étendues d'eau au Canada
Section de l'information
Direction du service central
Service de l'environnement atmosphérique
Environnement Canada

Note de service technique no 56
La portance de la glace
Conseil national de recherches

Document de travail no 469, CNRC 11806
Utilisation des couches de glace à des fins de transport
Conseil national de recherches

On peut aussi obtenir des renseignements et des conseils auprès du Conseil national de recherches du Canada, Division des recherches sur le bâtiment, section de géotechnique, Ottawa (Ontario) K1A 0R6.

Le présent chapitre remplace le chapitre 5-3 du volume 12 du MGP.

Demandes de renseignements

Toutes demandes de renseignements doivent être adressées aux agents compétents de l'administration centrale des ministères qui, à leur tour, pourront obtenir des interprétations auprès des bureaux suivants :

Groupe de la sécurité, de la santé, et des services aux employés
Division des relations de travail
Direction de la politique des ressources humaines
Secrétariat du Conseil du Trésor


Appendice A - Épaisseur de la glace d'eau douce de bonne qualité

Appendice A - Épaisseur de la glace d'eau douce de bonne qualité





Date de modification : 1993-06-30
Gouvernement du Canada