a) Au sein du gouvernement, on compte quatre méthodes
fondamentales de comptabilité dépendant principalement du moment
où la opération est inscrite :
- comptabilité de caisse. Les écritures comptables se
font au moment où les fonds sont déboursés, la dépense est
imputée au crédit budgétaire où les opérations internes sont
approuvées.
- comptabilité d'engagement. Les écritures comptables
se font au moment où un marché est conclu ou une commande passée
pour marchandises ou services; on inscrit alors la somme à
réserver sur le solde non grevé d'une affectation afin d'honorer
l'engagement.
- comptabilité d'exercice. Les écritures comptables se
font au moment où les marchandises sont reçues et les services
rendus; on inscrit alors l'élément d'actif ou le service reçu et
l'obligation du gouvernement de payer cette marchandise ou ce
service.
- comptabilité de coût. Les écritures comptables se
font au moment où les biens ou les services sont consommés; elles
tiennent compte du prix de revient des ressources consommées au
cours de la période comptable pendant laquelle on en reçoit les
bénéfices.
b) La comptabilité d'engagement et la comptabilité de caisse
forment la base de la comptabilité traditionnelle du gouvernement
du Canada. La comptabilité d'engagement s'impose pour que les
ministères puissent prévoir leurs dépenses afin de ne pas
dépasser les plafonds des crédits budgétaires et des
affectations; la comptabilité de caisse permet au Parlement
d'obtenir les données significatives, exactes et complètes dont
il a besoin à l'égard de ses recettes et déboursés.
c) Même si la loi ne leur impose pas la comptabilité
d'exercice et la comptabilité de coût, les ministères devraient
reconnaître que ces méthodes de comptabilité peuvent donner lieu
à des rapports beaucoup plus utiles à la gestion que les rapports
issus d'une comptabilité de caisse. La plupart des définitions de
la comptabilité d'exercice incluent la notion de comptabilité de
coût décrite ci-dessus. La distinction établie dans le présent
guide entre «comptabilité de coût» et «comptabilité d'exercice»
est utile aux ministères parce qu'elle distingue conceptuellement
entre l'inscription des éléments d'actif et de passif. Cette
dernière a moins d'importance dans le secteur public que dans le
secteur privé parce que le bilan d'un gouvernement n'est pas
utilisé dans la même mesure du point de vue financier. Néanmoins,
l'inscription des coûts, dans une comptabilité basée sur les
coûts, est facilitée par une comptabilité d'exercice; en effet,
celle-ci garantit que toutes les opérations effectuées au cours
de la période sont comprises dans le système de comptabilité et
sont incluses dans les coûts de la période lorsque les
marchandises ou services concernés ont été consommés.
a) La comptabilité de caisse est la principale méthode de
comptabilité du gouvernement du Canada. Elle procure
l'information financière la mieux adaptée aux besoins de contrôle
du Parlement. Dans le cas de certains organismes administratifs,
elle procure également l'information la plus appropriée aux
besoins de contrôle de la gestion. Comme les crédits budgétaires
du gouvernement du Canada sont dispensés sur une base de caisse,
les comptes des ministères doivent être tenus en premier ressort
d'après la comptabilité de caisse.
b) Le receveur général du Canada étant responsable des
rentrées et des sorties du Trésor, il est facile d'obtenir des
données de comptabilité de caisse directement de la comptabilité
centrale tenue par Travaux publics et Services gouvernementaux.
Il importe que les opérations au comptant soient acheminées
promptement pour que les renseignements reflètent toutes les
opérations survenues dans un ministère. Travaux publics et
Services gouvernementaux possède des bureaux d'un accès facile
pour la plupart des centres de responsabilité. Les opérations
devraient être acheminées du plus proche bureau financier
autorisé à faire des demandes de paiement au bureau de services
le plus rapproché. Il en résultera des rapports financiers plus
exacts et plus utiles, ainsi qu'un règlement plus rapide des
dettes envers les fournisseurs du gouvernement.
c) Lorsqu'à court terme la gestion ne peut exercer qu'un
contrôle restreint sur les coûts, et qu'il n'est pas nécessaire
de calculer périodiquement, la méthode de comptabilité de caisse
répond à la plupart des besoins de la gestion pourvu qu'on
applique bien la méthode.
a) Les administrateurs généraux sont tenus d'établir des
méthodes de contrôle des engagements. Là où le Parlement permet à
certains ministères d'engager des fonds pour les années à venir,
ceux-ci doivent aussi veiller à ce que le total des engagements
pour les exercices courants et futurs ne dépassent à aucun moment
les limites imposées par le Parlement.
b) Même si la comptabilité d'engagement peut être tenue
séparément de la comptabilité principale du ministère, les
données de fin de période sur les engagements devraient
normalement être incorporées au système principal aux fins des
rapports financiers. Pour les ministères qui recourent au système
des rapports financiers de Travaux publics et Services
gouvernementaux, les sommes totales des engagements peuvent être
incluses dans ce système de comptabilité au moyen de listes
préparées manuellement et annulées automatiquement le mois
suivant. L'information sur les engagements peut alors être
incluse ou exclue des rapports préparés selon les spécifications
de chaque ministère.
c) Le système peut consister en un dossier actif de documents
d'engagement. Un tel dossier devrait être tenu pour chaque
subdivision soumise au contrôle des affectations. La valeur
totale des engagements en cours versés à ce dossier peut être
calculée en tout temps en ajoutant les documents contenus dans
les dossiers. Il faut des contrôles comptables adéquats, tels que
des sommaires et un contrôle séquentiel des pièces d'engagement,
afin de garantir que les dossiers sont complets, exacts et
fiables.
d) Lorsque certains engagements sont en cours depuis longtemps
ou lorsqu'il est essentiel de connaître continuellement la somme
totale des engagements, comme dans le cas des projets
d'investissement, il est normalement préférable de compléter la
méthode du dossier actif par un simple journal ou grand livre qui
consigne le solde de chaque engagement et la valeur totale des
engagements en cours.
e) Les agents qui exercent un pouvoir de dépenser et dont les
actes entraîneront ultérieurement des imputations au crédit
budgétaire doivent disposer des données sur les engagements. Ils
doivent pouvoir demander cette information lorsqu'il y a quelque
raison de croire que le total des engagements peut atteindre le
montant de l'affectation.
f) Toute l'information que contiennent les registres
d'engagement doit être complète, précise et fiable, selon les
normes applicables à tout système de comptabilité. Les procédures
de contrôle devraient être décrites dans le manuel financier du
ministère. Des exposés de politique spécifiques devraient les
accompagner pour préciser le choix du moment et du mode
d'enregistrement des divers genres d'engagements, tels que les
dépenses de fonctionnement, les traitements et salaires, les
dépenses d'investissement, les engagements étalés sur plusieurs
années, les dépenses payées à même un compte de banque d'un
ministère, les avances, les subventions et les contributions.
a) Les systèmes de comptabilité des ministères devraient être
conçus de façon à permettre l'inscription de données d'exercice,
chaque fois que cela s'impose pour répondre aux besoins de la
comptabilité des coûts.
b) Comme on l'a vu précédemment, la comptabilité d'exercice
suppose l'enregistrement de la réception d'un élément d'actif ou
d'un service de façon à déterminer le passif du gouvernement.
Selon la définition ordinaire, elle comprend aussi les dépenses
différées, en vue d'obtenir une détermination exacte des coûts
assumés au cours d'une période comptable. Cet aspect est traité
séparément dans la prochaine section, à propos de la comptabilité
fondée sur les coûts.
c) La comptabilité d'exercice permet de comparer dans le temps
les données comptables avec les données non comptables, et puis
les coûts avec les résultats, les données de rendement et les
données de revenu. Elle a pour objet d'inscrire toutes les
opérations qui ont eu lieu au cours d'une période donnée, quelle
que soit la date des recettes et déboursés.
d) Du fait de la dispersion géographique de certains
ministères, un prompt déboursement n'est pas toujours possible.
L'inscription d'opérations n'impliquant pas de déboursé peut
s'imposer en attendant l'émission de chèques. De plus, il se peut
que des comptes doivent être retenus à cause d'anomalies ou
d'absence de renseignements nécessaires à l'approbation du
paiement. Grâce aux inscriptions d'exercice, les comptes peuvent
être rajustés pour inscrire des opérations dont on n'aurait pas
fait état dans un système normal de comptabilité de caisse. La
mesure dans laquelle la comptabilité d'exercice est pratiquée
dans un ministère doit être déterminée en comparant les frais
additionnels aux avantages liés à l'amélioration des données de
coût.
e) La comptabilité d'exercice ne doit pas entraver le
fonctionnement du système de comptabilité de caisse, car les
gestionnaires financiers des organismes centraux et des
ministères ont besoin de données de caisse à jour, exactes et
complètes pour pouvoir gérer effectivement les crédits. Cette
limitation n'est pas très restrictive, parce que l'emploi
judicieux des techniques de comptabilité et des modes de rapport
financier permet aux ministères de fournir l'information de
comptabilité de caisse et comptabilité d'exercice, sans conflit,
chevauchement ou fausse interprétation. Le système des rapports
des ministères offert par Travaux publics et Services
gouvernementaux permet de préparer les rapports financiers
d'après la comptabilité d'exercice ou de caisse selon les besoins
du client.
f) On devrait concevoir les systèmes de comptabilité des
ministères pour faire en sorte que les opérations comptables
approuvées par les gestionnaires à la date d'un rapport y
apparaissent. C'est là une norme minimale de la comptabilité
d'exercice. Si les rapports comptables ou financiers ne
renferment pas les opérations déjà portées à l'attention du
gestionnaire ou dont il a fait rapport à un bureau comptable, les
rapports financiers perdent alors toute crédibilité pour le
gestionnaire et ce n'est pas sans justification qu'on ne les
utilisera pas. Si l'autorisation financière se fait attendre ou
s'il est impossible d'inclure l'opération dans le système
d'émission de chèques en temps utile, une inscription d'exercice
s'impose et doit être effectuée par le personnel financier dès
que le retard est constaté.
g) Les systèmes de comptabilité des ministères devraient
permettre d'enregistrer les opérations concernant des biens reçus
ou des services rendus à l'égard desquels une obligation de
paiement surviendra plus tard, même si le fournisseur n'a pas
envoyé de facture ou d'état de compte. Cette norme devrait être
respectée dans tous les centres de responsabilité où les écarts
entre la date de réception des biens et services et la date
d'approbation par les gestionnaires influeront vraisemblablement
de façon significative sur la teneur ou l'utilité des rapports
financiers. Si une opération implique un montant important, la
norme peut s'appliquer à titre exceptionnel; si l'accumulation
des opérations courantes se traduit par un montant important, la
norme devrait être appliquée de façon continue afin que
l'information communiquée dans le rapport soit complète et
exacte.
h) L'appendice A décrit les modalités de la comptabilité
d'exercice.
a) Les systèmes de comptabilité des ministères devraient
pouvoir transmettre des renseignements périodiques précis sur le
coût des divers éléments d'activité concourant à la réalisation
des programmes. Le système de comptabilité de coûts devrait
s'intégrer au système principal de comptabilité de caisse du
ministère afin de garantir une information complète sur les coûts
et de réduire le risque de chevauchement.
b) Il faut tenir compte des coûts lors de la prise de
décision. Devant la délégation croissante du pouvoir financier
aux gestionnaires des niveaux inférieurs et l'importance
croissante du rendement des gestionnaires dans la réalisation des
objectifs de programme, des données logiques, fiables et livrées
à temps sont nécessaires pour expliquer les conséquences des
décisions. Les données de coûts peuvent aussi servir pour établir
de nouveaux plans et budgets, pour contrôler, mesurer ou comparer
les opérations courantes, pour effectuer des analyses
coûts-bénéfices, pour prendre des décisions de faire ou
d'acheter, et pour déterminer le prix des biens et services
fournis. Pour évaluer le rendement des gestionnaires,
l'information périodique sur les coûts devrait renseigner sur les
éléments de base des opérations d'un ministère, tels que les
projets individuels, les tâches, les services et les
produits.
c) La comptabilité de coût permet un choix entre un ensemble
de techniques et de méthodes de comptabilité tout en respectant
certaines conventions en vue de produire des données de coûts
utiles à la gestion. Il y a beaucoup de façons de calculer les
coûts et l'expression «coûts exacts» n'a de sens que si les
techniques, les méthodes et les conventions choisies sont
connues. Ceux qui préparent les données de coûts doivent
comprendre les fins auxquelles les éléments d'information sont
destinés pour que les renseignements ne soient pas trompeurs. De
même, ceux qui utilisent l'information relative aux coûts doivent
avoir une idée de la façon dont elle a été préparée. Les coûts
n'ont pas de valeur intrinsèque; leur utilité dépend entièrement
des décisions qu'ils représentent pour les gestionnaires. Ainsi,
si l'information relative aux coûts doit servir à prendre une
décision entre faire et acheter impliquant une opération
entièrement nouvelle, il est souhaitable d'inclure tous les frais
généraux dans les coûts. Par contre, si la décision de faire ou
d'acheter implique une opération existante, les coûts passés ne
devraient pas entrer en ligne de compte. Il est important de ne
prendre en considération que les coûts pertinents aux décisions
ou aux activités de gestion qui peuvent en résulter.
d) Il est essentiel de toujours respecter les conventions
comptables, particulièrement lorsque l'information relative aux
coûts sert à comparer les coûts au cours d'une période donnée, ou
à comparer plusieurs solutions possibles à un instant donné. Un
enregistrement régulier des coûts au cours d'une période donnée
peut s'avérer un indicateur extrêmement utile pour la gestion,
même si, en valeurs absolues, les coûts peuvent ne pas être
complets.
e) Il appartient d'abord aux agents financiers de déterminer
les besoins d'information en matière de coûts dans leurs
ministères, afin de proposer des techniques répondant à ces
besoins et, avec le concours des gestionnaires, de les mettre en
pratique. Les gestionnaires verront souvent la nécessité, les
avantages et l'utilité de données au sujet des coûts, mais ce
n'est pas à eux de choisir ou appliquer les diverses techniques
qui permettront de les obtenir. Cependant, aucune donnée de coût
ne devrait être produite sans le plein concours du gestionnaire
concerné. Celui-ci doit savoir quels coûts sont inclus, avec
quelle précision ils sont calculés, dans quelle mesure ils
peuvent être comparés de façon significative avec les données non
financières, telles que les indicateurs de rendement, et toute
limitation éventuelle. En outre, l'agent financier doit
normalement essayer de fournir des données qui soient fiables
pour les gestionnaires. Il ne peut le faire qu'en utilisant des
techniques qui s'appuient sur des données objectives, observables
et sûres, émanant pour la plupart des gestionnaires
eux-mêmes.
f) L'agent financier a aussi pour fonction d'assister les
gestionnaires en analysant et en interprétant l'information
relative aux coûts. Ceci comprend, lorsque c'est possible,
l'explication des écarts en termes de prix, de volumes et
d'efficacité.
g) L'appendice B décrit les techniques d'identification et de
répartition des coûts.
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