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Discours

Notes pour une allocution de Simon Brault Vice-président du Conseil des Arts du Canada

Notes pour une allocution de Simon Brault
Vice-président du Conseil des Arts du Canada
À l’occasion du Grand Rassemblement concluant les États généraux des arts et de la culture de la société acadienne
Le 6 mai 2007, Caraquet (Nouveau-Brunswick)

Lorsque René Cormier m’a parlé pour la première fois de vos États généraux, à l’occasion d’une courte visite à l’École nationale de théâtre, à Montréal, il y a plusieurs mois, je l’ai écouté avec intérêt, curiosité et attention.  Mais, au fur et à mesure qu’il m’esquissait doucement les contours de la démarche pressentie, qu’il nommait les différentes forces qui pourraient être interpellées et qu’il identifiait les chantiers qui pourraient s’ouvrir, mon enthousiasme augmentait et une pointe d’admiration et d’envie émergeait dans mon esprit.

En effet, je suis de celles et ceux qui croient profondément que les arts et la culture sont plus que jamais appelés à façonner les nouvelles trajectoires de nos collectivités, de nos sociétés et de notre civilisation à condition qu’on n’en traite pas uniquement dans une logique sectorielle, ce qui est malheureusement encore trop souvent le cas.

Ainsi, même si de plus en plus de voix s’élèvent non seulement à l’UNESCO et dans les grands forums culturels internationaux, mais aussi dans les forums économiques et sociaux de tous les continents, pour que l’on désenclave la culture et qu’on la traite comme une dimension du développement humain, les acteurs culturels eux-mêmes persistent encore trop souvent à adopter une logique d’enfermement et d’isolation qui consiste à n’aborder la situation des arts et de la culture qu’en termes de préoccupations parfaitement sectorielles sinon corporatistes : financement des arts, quotas et mesures de protection pour l’industrie culturelle, emplois, mécanismes de régulation, reconnaissance des acquis, politiques culturelles, programmes spécifiques, infrastructures, etc.

Ces préoccupations sont éminemment légitimes, et je serais très mal placé, surtout comme vice-président du Conseil des Arts du Canada, pour en nier la pressante pertinence.

Mais, quand ces préoccupations d’argent, de structures et de plomberie organisationnelle meublent l’essentiel de la prise de parole des artistes ou des organismes qui agissent comme leur porte-voix sur la place publique, ça devient désolant parce que ça ne parvient qu’à nourrir l’agacement ou, pire, l’indifférence de nos concitoyens qui se débattent avec leurs propres enjeux tout en attendant autre chose de beaucoup plus inspirant de la part des artistes.

En écoutant René Cormier m’expliquer que le projet d’organiser des États généraux était fondamentalement un projet de mobilisation et de ralliement des forces vives de tous les secteurs de la société acadienne, un projet qui ferait appel à la consultation et à la concertation afin de mieux inscrire les arts et la culture au cœur du projet de la société acadienne au Nouveau-Brunswick, je jubilais intérieurement… tout en souhaitant que cette ambitieuse entreprise ne soit pas détournée en cours de route.

Or, comme beaucoup d’autres, je constate que la vision et la détermination qui vous animaient au départ auront balisé une démarche inclusive et généreuse dont vous n’avez pas dévié et qui aura vraiment redonné aux arts et à la culture leurs rôles de catalyseur de la mémoire collective, de marqueur d’espaces de dialogue et de confiance, de témoin de l’évolution d’une société et d’incubateur des aspirations, des rêves et des espoirs des individus et des communautés qui composent, qui conjuguent et qui recomposent l’Acadie.

Ce Grand rassemblement constitue une réussite dont vous avez toutes les raisons d’être fiers et il servira sans nul doute de tremplin pour atteindre d’autres objectifs qui participent au bien commun.  Toutefois, il a aussi valeur d’exemple pour les milieux culturels de ce pays et même d’ailleurs.

En effet, vous venez de démontrer qu’il est possible de décupler et de déployer la capacité des artistes et des institutions culturelles à contribuer pleinement à la définition d’un projet de société qui fasse écho à la recherche de solidarité, d’altruisme, de dignité et de liberté, qui peut rapprocher les êtres humains partageant, même momentanément, un espace et une destinée.

Je suis donc vraiment honoré que vous m’ayez invité ici à partager quelques idées qui pourraient, je l’espère, contribuer à la vaste réflexion que vous avez déclenchée et, surtout, à ce que vous appelez Les grands suivis.

Tout d’abord, je veux rappeler que la discussion sur les arts et la culture, ici comme partout ailleurs, a une importance, une urgence et une résonance qu’elle ne pouvait pas avoir il y a moins d’une décennie, alors qu’on évaluait encore mal la profondeur et la durabilité des répercussions de la mondialisation et des technologies de l’information sur les communautés, les régions, les villes, les nations et les sociétés.

Pour peu qu’on prête attention aux discours d’un nombre grandissant de politiciens (pas tous malheureusement!), de dirigeants de chambres de commerce ou de chroniqueurs influents dans nos quotidiens; pour peu qu’on s’intéresse à la littérature spécialisée et aux études qui déferlent chaque mois dans les domaines de la sociologie ou de l’urbanisme; pour peu qu’on se penche sur les problématiques du développement local, on croise constamment la série de mots magiques, de « buzz words » qui font directement ou indirectement référence à la vie culturelle et qui traduisent une conscience émergente de l’importance des arts et de la culture pour les collectivités.  Ainsi, depuis quelques années, on entend de plus en plus parler de société du savoir, d’économie créative, de villes créatives, de création comme moteur du développement, de diversité culturelle comme impératif du positionnement des nations, d’interculturalité comme planche de salut, etc.

On entend beaucoup plus souvent qu’auparavant discourir sur le nombre d’emplois liés à la culture, sur les retombées économiques directes et indirectes de ce secteur en croissance, sur la composition, l’évolution et le rôle moteur du secteur créatif, sur les phénomènes d’attraction et de rétention du talent, sur le positionnement national et international que favorise la vitalité culturelle d’une région.


On entend de plus en plus de remarques sur les effets multiples et trop souvent sous-estimés de la culture sur la qualité de vie, sur la démocratie, sur la diminution du désœuvrement et de la criminalité chez les jeunes, sur la croissance du capital social ou sur le climat d’inclusion et de tolérance que recherche une communauté.

On pourrait voir là un simple effet de mode ou une nouvelle source d’opportunisme politique, mais ce serait, à mon avis, une grossière erreur d’interprétation et d’estimation.

On pourrait tout autant faire preuve de cynisme et attribuer l’émergence récente de ces discours sur la culture et le développement au triomphe momentané et orchestré de la raison instrumentale.  Enfin, pourrait-on railler, les gens qui décident ont trouvé des utilités à la culture!  Enfin, les milieux culturels ont découvert LES arguments qui leur faisaient jusqu’ici défaut pour aspirer au même droit de cité que ceux – qu’on ne songerait même pas un instant à disputer – des milieux de l’éducation ou de la santé!

Ce serait cependant faire preuve de mauvaise foi et d’aveuglement stratégique que de se contenter de s’indigner du manque de nuance et d’élévation qui afflige parfois les discussions sur la culture dans l’arène politique et commerciale pour se réfugier dans une bouderie méprisante ou pour monter au plus haut niveau de sa tour d’ivoire.

Passons donc outre aux raccourcis faciles, aux constructions intellectuelles bancales et aux déclarations à courte vue qui fusent dans l’enthousiasme du moment, et admettons qu’un engouement, même superficiel et bassement intéressé, pour une addition d’art et de culture dans nos collectivités reste un phénomène positif, qu’il peut même constituer une plate-forme à partir de laquelle on peut parler plus librement de refaire le monde, de refaire ce morceau de ce monde dont nous avons chaque jour davantage l’impression qu’il nous échappe.

Les nouvelles préoccupations culturelles et les inquiétudes liées à la détérioration de l’environnement sont deux étoiles montantes de l’ordre du jour public.  Profitons donc de l’impulsion que cela crée pour redonner la parole aux environnementalistes, aux scientifiques, aux philosophes, aux éthiciens et… aux artistes qui prendront cette parole non seulement comme experts et comme professionnels de la création, mais aussi, et peut-être fondamentalement, comme citoyens s’adressant à d’autres citoyens pour parler des enjeux réels de la citoyenneté.

Parce que c’est ce dont il s’agit!

Les artistes et les institutions culturelles n’évoluent pas en marge de la société. Ils sont au cœur des transformations qui remettent en question et reconfigurent l’idée même de société.  Leurs façons de créer, de produire, de diffuser sont en mutation à cause de la part croissante de la technologie, du morcellement accéléré des publics et des marchés, et de l’émiettement grandissant des financements publics et privés.  Les artistes cherchent encore refuge auprès des organismes comme les conseils des arts du Canada ou du Nouveau-Brunswick, auprès de commanditaires et de mécènes et au sein d’institutions comme les universités, les bibliothèques, les musées, etc.  C’est dans l’ordre des choses, c’est normal, prévisible, entendu et nécessaire.  Mais le vrai et ultime refuge de l’art doit pouvoir s’ancrer dans l’expérience culturelle individuelle de nos contemporains et dans la vie culturelle collective que nous nous donnons.

Il y a un lien direct à établir entre les arts, la culture et la démocratie.  Sans jamais renoncer à l’idéal de la démocratisation culturelle, il faut réactualiser la promotion et la défense des droits culturels qui sont à la base de la condition humaine comprise comme une quête constante de liberté, d’élévation et de possibilité d’émancipation et de plein développement.  C’est ce que nous rappelle, par exemple, le mouvement de l’Agenda 21 de la Culture – incubé à Barcelone et lancé en 2004 –, un mouvement international auquel adhèrent de plus en plus de villes, de villages et de gouvernements locaux du monde entier.  Je sais évidemment que Montréal adhère à l’Agenda 21, mais je n’ai pas encore eu le temps de faire des recherches pour savoir ce qui en est de l’Acadie.  Si ce n’est pas encore le cas, je ne peux que vous recommander d’étendre ce mouvement ici…

Les collectivités qui adoptent l’Agenda 21 s’engagent à conférer aux arts et à la culture une importance renouvelée en les considérant comme une facette essentielle de la citoyenneté, ce qui implique notamment un engagement à préserver le financement public de la culture et à respecter et à garantir les droits moraux ainsi que la juste rémunération des artistes professionnels.  L’adoption de cet Agenda ne règle pas tout – ce serait trop facile, pensez-vous –, mais elle permet de relier tant la métropole du Québec qu’une ville comme Caraquet à une mouvance internationale tout en créant des références conceptuelles et pratiques à partir desquelles les politiciens et les administrations publiques se dotent de principes pour agir au quotidien et de critères pour des redditions de comptes utiles et constructives.

Nous sommes en effet confrontés à l’urgence de repenser nos systèmes culturels de façon à y inclure les préoccupations citoyennes.  Nous fonctionnons encore avec des outils et des mécanismes conçus il y a un demi-siècle, alors qu’il fallait essayer de faire pousser des fleurs dans des étendues culturelles presque désertiques et alors que l’accès aux œuvres et à la culture était réservé à une élite jalouse de ses privilèges.  Les conseils des arts, les ministères de la culture et les programmes de subventions à l’industrie ont été façonnés selon une logique favorisant une offre culturelle diversifiée et de qualité.  Aujourd’hui, nous sommes dans un univers où l’offre explose jusqu’à saturation et où les systèmes de distribution et la quincaillerie informatique ne cessent de se sophistiquer et de se démocratiser sur le plan commercial.  L’offre culturelle est éclatée, fragmentée, foisonnante et étourdissante.  C’est encore plus vrai dans les grandes métropoles, mais il suffit d’allumer son ordinateur pour se le rappeler et cela où que l’on soit.

Certes, le vulgaire côtoie le sublime, et l’abondance nuit aux choix éclairés, mais il y a là une révolution indéniable.  Si les Wal-Mart sont les plus grands vendeurs de littérature et amazon.com offre 2,3 millions de titres, les grandes librairies en tiennent quelques dizaines de milliers.  Les iPods des ados d’un seul wagon de métro de Montréal ou de Tokyo sont suffisants pour stocker une bonne partie de la musique composée depuis la Renaissance.  Nous continuons pourtant de nous préoccuper davantage de l’offre que de la demande.  Il y a là un paradoxe troublant et inquiétant.  Nous devons commencer à penser qu’il faudra rééquilibrer les choses en nous intéressant, par exemple, à la médiation culturelle. Car il ne suffit plus de créer, de produire et de diffuser.  Il faut s’attarder davantage à faire des ponts entre les œuvres et les citoyens.  Il faut des gens pour s’occuper des gens, pour transmettre les codes, pour faire connaître les arts, pour abattre des barrières socioculturelles qui sont moins évidentes pour l’individu face à son écran d’ordinateur.

Mais, comprenons-nous bien, la croissance exponentielle des systèmes de distribution ne parvient qu’à générer une apparence, une illusion, un mirage de démocratisation des arts et de la culture, une fausse démocratisation. Il ne faut surtout pas confondre possibilité de consommation et accès à la culture.  L’accès véritable suppose la capacité de comprendre, de participer, d’échanger, de communier.  C’est dans ce contexte que le travail de médiation culturelle, qui est une extension du travail d’éducation, devient de plus en plus important.

Le soutien public aux arts et à la culture reste fondamental, mais il doit évoluer pour tenir compte des nouveaux besoins de diffusion et de médiation, à défaut de quoi nous nous dirigeons vers une profonde crise de légitimité qui pourrait fournir des arguments à ceux qui seraient tentés de fermer la lumière.

Les citoyens, tout comme la vaste majorité des décideurs politiques et économiques, se sentent encore vaguement concernés par ces enjeux et préfèrent laisser la parole aux spécialistes qui la monopolisent trop volontiers.

Cet état de fait doit changer!  Et vite!  Il faut intéresser les citoyens non seulement aux œuvres, mais aussi aux artistes qui vivent dans la communauté.  C’est ce travail que vous avez décidé de faire ici.  Mais ce travail patient, jamais achevé, suppose que l’artiste accepte d’être aussi un citoyen s’adressant à d’autres citoyens, puisqu’il faut trouver un terrain de discussion.

Assumer pleinement son identité de citoyen n’entraîne pas la négation des préoccupations d’ordre professionnel pour qui que ce soit.  Pas plus pour l’artiste que pour l’infirmière, le plombier ou pour celui qui cherche du travail.

L’approche citoyenne consiste à aborder les dialogues et les échanges qui doivent s’établir au sein de la communauté de telle façon qu’on puisse vraiment se préoccuper des finalités qui concernent l’ensemble des citoyens en acceptant d’intégrer, de relativiser et, souvent, de transformer les préoccupations initiales et spontanées des individus, des groupes de pression ou des regroupements professionnels.

Cette approche favorise une appropriation des enjeux démocratiques par la société civile qui cherche à proposer des solutions et des plans d’action au lieu de s’en remettre complètement à un pouvoir politique qui ne ferait plus que l’arbitrage des intérêts individuels et corporatistes contradictoires.

Dans le domaine des arts et de la culture, l’approche citoyenne remet forcément en question la dynamique clientéliste qui s’est installée entre le pouvoir et les artistes.

La proposition que les artistes et les travailleurs culturels doivent repenser leurs rapports avec les citoyens n’est pas nouvelle, mais il faut lui donner une nouvelle vigueur.

Tout ce travail suppose que nous adoptions une large définition de la culture qui ne nie pas les attributs de l’art, mais qui les situe dans leur portée réelle.  La culture est différente de l’art, et l’art a surtout la capacité de remettre en question et de bouleverser la culture sans toutefois y échapper.

Les artistes sont souvent les éclaireurs volontaires et enthousiastes qui volent vers des territoires qui ne nous sont pas encore familiers et qui en reviennent avec des mots, des images ou des sons qui fascinent, inquiètent, révèlent, rassurent, qui préparent au changement ou qui restent mystérieux aux yeux du public dont nous acceptons de faire partie.  Les artistes sont aussi les gardiens de nos mémoires qu’effrite le passage accéléré du temps et que concassent les chocs culturels que nous subissons avec de plus en plus de force.  C’est ce que je constatais hier soir encore une fois en écoutant chanter Marie-Jo Thériault.

Les artistes authentiques sont des êtres d’exception, mais ils n’échappent pas à la condition humaine, ils n’échappent pas à la culture.

C’est pourquoi il faut chercher à souligner non pas ce qui oppose l’art à la culture, mais ce qui contribue à leur complémentarité.  D’ailleurs, l’idée qu’une définition plus large et transversale de la notion de culture ne pourrait que desservir l’art, est encore trop répandue dans certains cercles intellectuels et elle permet souvent de camoufler ce qui n’est en fait que du snobisme ou de la condescendance à l’endroit des non-initiés.

L’initiation aux arts dès l’enfance, la pratique des arts en amateur, les loisirs culturels, la participation directe à des projets de création artistique inspirés et guidés par des artistes professionnels, la possibilité de demander des comptes aux administrations publiques en matière de développement culturel, l’accès aux lieux de diffusion culturelle pour les citoyens moins nantis, l’exigence d’une prise en compte des arts dans la création de l’environnent physique et dans l’aménagement urbain, la préservation des connaissances et du patrimoine des communautés, la médiation culturelle ―  et combien d’autres aspects du développement culturel ― doivent faire partie des politiques et des plans culturels du 21e siècle.

Il faut placer les citoyens au cœur de ces politiques, quitte à redonner aux artistes et aux institutions culturelles une place plus fondamentale, plus essentielle que celle qui consiste à les réduire au rang de bénéficiaires intéressés de ces politiques.

Trop souvent les politiques culturelles sont définies pour servir les intérêts immédiats du secteur de la culture, contribuant ainsi à le marginaliser.  Comme s’il était pensable de parler de politique publique en santé en ne s’intéressant pas à la santé des citoyens, mais uniquement aux besoins des médecins et du personnel des hôpitaux…

Les écrits et les conversations qu’a générés la tenue des états généraux sont riches de contenus qu’il vous faudra décanter au cours des prochains mois, mais le peu que j’ai entendu ou lu m’indique qu’il y a maintenant en Acadie une irréversible volonté citoyenne de suivre une trajectoire culturelle commune.  Cette volonté est ancrée dans la communauté des artistes professionnels et elle se répand dans les autres milieux.

Je trouve cela encourageant et prometteur, et soyez assurés que nous serons nombreux à suivre de près ce qui émergera de la dynamique que vous avez lancée.

Je vous remercie de m’avoir invité à cette tribune. Bonne continuation!