Anciens Combattants Canada

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Notes pour une allocution de

Secrétaire parlementaire du ministre des Anciens Combattants

Carmen Provenzano

Anciens Combattants Canada

Cérémonie au Monument commémoratif de Beaumont-Hamel

Beaumont-Hamel, France
3/11/2001

Comparer au discours prononcé

Cher Monsieur le Maire, M. McLean, Anciens Combattants, Distingués invités,

Le 1er juillet 1916, premier jour de la bataille de la Somme, cent mille soldats des forces alliées émergèrent des tranchées et marchèrent vers un véritable charnier. Ils avancèrent dans le no man's land. Et ils y périrent. En une seule journée, 57 000 soldats des forces britanniques furent tués, blessés ou portés disparus. À la fin de cette campagne, on comptait plus de 600 000 morts, dont 25 000 Canadiens. Ce fut un incroyable carnage. Et l'expression de la pure folie d'une telle guerre.

Ce premier jour de juillet, il y a de cela 85 ans, rappelle un acte très précis. Tout près d'ici à 7 h 20, une énorme mine explosa dans le camp ennemi. Peu de temps après, le commandant du First Newfoundland Regiment reçut l'ordre d'attaquer les forces allemandes à découvert. Les unités du Essex Regiment devaient attaquer à leur droite, mais elles prirent du retard en traversant les tranchées de communication. Les Terre-Neuviens étaient donc déjà partis à l'assaut quand leurs confrères arrivèrent.1

Les soldats terre-neuviens devaient franchir environ 230 mètres de feu nourri avant même de pouvoir se rendre à leur propre ligne de front. Ceux qui parvinrent au no man's land purent voir, du haut d'une pente, la barrière de barbelés allemands à quelque de 500 mètres plus loin. Ce fut un miracle que de pouvoir résister pendant plus d'une minute au barrage de tirs qui balayait les pentes à découvert. Évidemment, très peu survécurent.

En une heure, plus du tiers des 800 soldats partis ce matin-là avaient péri. Tous les officiers furent blessés. Ou tués. Seuls 68 soldats indemnes répondirent à l'appel le lendemain. C'est ce jour-là que le First Newfoundland Regiment subit, toute proportion gardée, plus de perte que toute autres unités britanniques.

En 30 minutes, des Terre-Neuviens perdirent des frères, des maris, des pères et des fils. Lorsque les nouvelles parvinrent enfin à Terre-Neuve, l'Île entière en fut atterrée. Elle mettrait des générations à s'en remettre. Aujourd'hui encore, les murs de nombre de foyers arborent des photos d'arrière-grands-pères, si jeunes dans leurs uniformes. Disparus depuis si longtemps. Jamais oubliés.

Aujourd'hui, près de ce magnifique monument, nous pouvons presque entendre ce silence qui plane dans les cimetières de guerre et autour des monuments commémoratifs. Nous pouvons aussi presque entendre la voix des jeunes soldats qui sont enterrés tout près. Comme le dit si bien une historienne2 : [traduction]

« Ici, les fantômes ont l'accent irlandais chantant des gens de St. John's et de la côte Sud et des dialectes (du Devon et du Dorset élisabéthains) des baies du Nord... La tête et les bois fièrement relevés, le caribou veille sur les champs où sont tombés les fils de Terre-Neuve. »

Nous avons une dette éternelle envers ces jeunes soldats. Il nous incombe de leur rendre hommage et de perpétuer leur souvenir. À l'instar du monument commémoratif, nous nous engageons à ne jamais oublier les Terre-Neuviens qui donnèrent leur vie au cours de la Première Guerre mondiale. Cette histoire sera la nôtre, tant et aussi .longtemps que nous perpétuerons le souvenir de ce qui s'est passé ici jadis. Comme nous le faisons aujourd'hui.

N'oublions jamais.

1 Traduction libre d'un extrait de « The Great War and the Shaping of the 20th Century. ». Jay Winter and Blaine Baggett. (p. 183)

2 Sandra Gwyn, Tapestry of War. A Private View of Canadians in the Great War. Page 306

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