Notes pour une allocution de

Fred J. Mifflin

Cérémonie au Monument commémoratif de Masnières

Comparer au discours prononcé

Ceux qui n'ont jamais été appelés sous les drapeaux ne peuvent s'imaginer ce que la guerre a pu être. D'être jeune, très jeune. D'avoir froid, d'être trempé et malade. D'avoir mal dans son coeur.

Essayons maintenant de nous imaginer que nous sommes ici, il y a 80 ans. Sur le champ de bataille. Dans les bottes humides et boueuses d'un soldat terre-neuvien.

Le 19 novembre 1917. Pour nous, membres du Newfoundland Regiment, la Grande Guerre a perdu tout l'éclat qu'elle avait pu avoir au jour de notre enrôlement. Nous passons notre temps à réparer des routes, à creuser des tranchées et à marcher. Nous soutenons les troupes de première ligne et aidons à tenir les positions arrachées par d'autres. Nous effectuons en quelque sorte les travaux ménagers de la guerre.

Mais nous subissons aussi des pertes. Des amis et des frères blessés. Certains sont tués, leurs jeunes vies se terminent en l'espace d'un instant. Parfois, l'espace d'un long, d'un interminable instant.

Les champs de bataille boueux d'Ypres sont derrière nous. Nous nous y sommes rendus de nuit. Nous nous sommes reposés le jour, dans l'espoir que nos mouvements n'aient pas été repérés. C'est un nouveau plan pour la bataille, à ce qu'on nous dit. Cette fois, il n'y aura pas de préparation d'artillerie pour alerter les gars d'en face. En lieu et place, demain, 100 chars d'assaut seront lancés dans le no man's land entre les deux lignes, ouvrant la voie aux troupes. Nous espérons que le plan fonctionnera. Nous espérons survivre pour en voir les résultats!

Le 20 novembre, le Newfoundland Regiment, affecté à la Troisième Armée sous les ordres du général Byng, surprend les troupes allemandes et, au terme d'une journée de durs combats, atteint ses objectifs. Il gagne sept kilomètres de terrain au-delà de l'infâme ligne Hindenburg. Toutefois, même si la ligne solidement fortifiée a été enfoncée, les Allemands sont loin d'être hors de combat.

Pendant 14 jours, les Terre-Neuviens tiennent avec opiniâtreté le terrain conquis à l'ennemi, la tête de pont de Masnières. Enfin, le 4 décembre, après plusieurs contre-attaques soutenues de la part des Allemands, la Troisième Armée reçoit l'ordre de se replier.

Nous sommes maintenant le 9 novembre 1998, 81 ans après la bataille de Masnières. Nous sommes ici pour rendre hommage au courage et à l'esprit de sacrifice des Terre-Neuviens qui ont combattu avec tant de courage. Ils furent magnifiques. En dépit de féroces contre-attaques de l'ennemi, ils n'ont jamais cédé.

Qu'est-ce quitransforma une poignée de Terre-neuviens à l'esprit patriotique en une puissante unité combattante? Quel fut le catalyseur de ce changement en ce mois de novembre 1917 lorsque les hommes du Newfoundland Regiment combattirent avec tant de détermination?

Ce courage et cette détermination, ils les devaient peut-être aux durs labeurs auxquels ils étaient habitués dans leur patelin natal.

Peut-être encore étaient-ils animés par la certitude que la cause pour laquelle ils se battaient permettrait de préserver des libertés importantes pour l'avenir et pour l'humanité. Des libertés que nous tenons aujourd'hui pour acquises. Et un avenir que nous avons eu le bonheur de recevoir en héritage.

Nous savons que les Terre-Neuviens se sont distingués en ces jours de 1917. En effet, peu après la bataille, le roi Georges V accorda au régiment le titre de « Royal ». Fait unique dans toute l'histoire de la Première Guerre mondiale puisque jamais n'avait-on encore accordé un tel honneur tandis que les combats se poursuivaient.

Le Royal Newfoundland Regiment. Nous te saluons. Jamais nous ne t'oublierons. Nous te remercions.

Puissent-ils reposer en paix