Anciens Combattants Canada

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Notes pour une allocution de

L'honorable

Albina Guarnieri, P.C., M.P.

Ministre des Anciens Combattants

Tournée spirituelle autochtone -
Monument commémoratif John McCrae

Flandres, près d’Ypres
29/10/2005

Comparer au discours prononcé

Bourgmestre Dehaene, (Luc Dehaene), Président Lignel, (Frans Lignel), Distingués Invités, chers amis :

Nous sommes très honorés et émus d'être ici, avec vous, dans ce lieu historique qui a uni nos deux pays pour l'éternité.

Lors de ma dernière visite, il y a un peu plus d'un an, j'ai été témoin des efforts immenses qui ont été déployés par la population d'Ypres pour commémorer les sacrifices consentis par les Canadiens. J'avais alors eu droit à l'accueil extraordinaire qui fait la réputation de votre ville et de votre pays.

Votre engagement envers l'histoire et la commémoration est unique au monde.

L'interprétation de la Dernière Sonnerie, à la porte de Menin, évoque en nous la souffrance des cœurs déchirés par le deuil.

Il y a neuf décennies, le monde entier fut marqué à jamais par l'ampleur du sacrifice qui fut consenti à Ypres. Aujourd'hui, nous constatons à quel point la population d'Ypres a à cœur de perpétuer le souvenir de ce sacrifice.

Siegfried Sassoon, un poète canadien du temps de guerre1, qualifia avec raison le saillant d'Ypres de « blessure la plus profonde du monde ». Des centaines de milliers de soldats périrent au cours des terribles batailles qui se déroulèrent autour de votre ville assiégée, entre 1914 et 1918.

« Pendant la Première Guerre mondiale », a écrit l'un de nos historiens, « les Canadiens ont vraiment connu les pires affres et se sont vraiment sentis pris au piège dans les tranchées d'Ypres et de Passchendaele ».

Mais lorsque nous venons ici pour commémorer les Canadiens tombés au combat, nous nous rappelons aussi que c'est la population d'Ypres qui a souffert le plus. Les citoyens ont du rebâtir leur magnifique ville et refaire leur vie en dépit de ce vide créé par la perte de tant d'amis et d'êtres chers.

Aujourd'hui, nous sommes très honorés de nous joindre à vous pour dévoiler ce monument en hommage à un chirurgien canadien remarquable qui aida à soigner tant de Canadiens sur le champ de bataille et qui, avec son cœur et sa plume, raconta au monde entier, dans son poème intitulé Au champ d'honneur, le sacrifice qui est consenti par l'homme à la guerre.

Vous connaissez tous les événements tragiques qui inspirèrent John McCrae à rédiger Au champ d'honneur et qui contribuèrent à conscientiser le monde entier.

Le jour avant qu'il rédige son célèbre poème, l'un de ses amis tomba au combat et fut mis en terre dans une tombe improvisée marquée d'une simple croix de bois.

Des coquelicots sauvages commençaient déjà à fleurir entre les croix qui marquaient les nombreuses tombes. Impuissant à aider son ami ou les autres qui étaient morts, John McCrae leur a donné une voix grâce à son poème.

Peu de temps après l'avoir rédigé, il fut affecté à l'hôpital général canadien, en France, où il occupa les fonctions de chef des services médicaux.

Mais le carnage se poursuivit et il continua à soigner les nombreux blessés qui avaient combattu à la bataille de la Somme, la bataille de la crête de Vimy, la troisième bataille d'Ypres, et à Arras et Passchendaele.

Nous ne saurons jamais combien de soldats autochtones rencontrèrent John McCrae ou furent soignés par lui.

Toute cette misère et cette souffrance dont il fut le témoin firent de lui, avec raison, un homme amer et désillusionné.

Il estimait qu'il aurait dû faire de plus grands sacrifices.
Il a insisté pour vivre dans une tente toute l'année, comme ses camarades du front, plutôt que dans les quartiers réservés aux officiers.
Lorsque cette décision a eu des effets néfastes sur sa santé, au milieu de l'hiver, on a dû le forcer à se loger dans un endroit mieux chauffé. Pour plusieurs, il donnait l'impression d'un homme qui n'acceptait pas de ne plus être avec son ancienne brigade d'artillerie. Après la bataille d'Ypres, il n'a plus jamais été cet homme optimiste au sourire contagieux. 2

Pour se détendre, il faisait de longues promenades à cheval dans la campagne française avec Bonfire, sa fidèle monture.

Durant l'été 1917, John McCrae a eu de graves crises d'asthme et des accès occasionnels de bronchite. Il rendit l'âme le 28 janvier 1918.

Quelques jours avant son décès, il apprit qu'il avait été nommé consultant médical de la Première armée britannique, le premier Canadien à recevoir un tel honneur.

La mort était omniprésente durant la Grande Guerre. Mais le décès de John McCrae en incita beaucoup à cesser leurs activités pour se joindre au cortège funèbre, auquel prirent part 75 infirmières militaires.

Sa fidèle monture Bonfire prit la tête du cortège – les bottes d'équitation de son maître furent placées à l'envers dans les étriers.

Aujourd'hui, nous vivons tous ce deuil, tandis que nous perpétuons le souvenir de John McCrae, de sa vie, ce celles qu'il a sauvées, et de son héritage.


1.    Siegfried Sassoon

2.    (Prescott. In Flanders Fields: The Story of John McCrae, p. 110) (traduction)

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