Anciens Combattants Canada

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Notes pour une allocution de

L'honorable

Fred J. Mifflin

Ministre des Anciens Combattants

Cérémonie du Souvenir au Monument commémoratif du Canada à Vimy


9/11/1997

Comparer au discours prononcé

Distingués Invités, Camarades Anciens combattants, Mesdames et Messieurs,

La bataille de la crête de Vimy est considérée comme l'une des plus importantes batailles militaires du siècle. Au fil des ans, elle est devenue presque légendaire. Vimy est devenu synonyme de sacrifice. D'héroïsme. De héros.

Et pour cause. Pendant trois ans, toutes les tentatives alliées pour s'en emparer avaient échoué.

Jusqu'au matin du 9 avril 1917, à 5 h 30, lorsque les quatre divisions du Corps canadien -qui combattaient ensemble pour la première fois -prirent la relève et exécutèrent les plans préparés et répétés longuement et avec minutie. Derrière un barrage rampant d'artillerie, ils traversèrent un No Man's Land dévasté, et se mirent résolument en marche sous le feu nourri de l'ennemi.

Vers le milieu de l'après-midi, ils s'étaient emparés de la crête. Trois jours plus tard, c'était la victoire totale. Ce fut l'une des plus impressionnantes victoires alliées de toute la guerre, et l'un des quelques succès remportés par l'offensive alliée au printemps de 1917. Pour la première fois, les Canadiens avaient uni leurs forces et triomphé ensemble. Cet honneur rejaillit sur un pays plus fier que jamais. Le nom « crête de Vimy » occupe une place importante dans l'histoire du Canada et dans le coeur et l'esprit des Canadiens. Il est inextricablement lié à la mosaïque de notre pays parce que c'est à Vimy que nos soldats firent en sorte que le Canada passe de l'état de colonie à celui de nation. Le Notre pays entra alors dans une ère nouvelle.

Les pertes des Canadiens furent toutefois sans précédent dans l'histoire militaire du Canada. Le sacrifice fut terrible. Plus de 10 000 pertes, plus de 3 500 morts.

Au cours de ces trois courtes journées, quatre Canadiens firent preuve d'un héroïsme exceptionnel, et se méritèrent la Croix de Victoria.

Le soldat William Milne, de Moose Jaw, en Saskatchewan. Le 9 avril, à deux reprises, il rampa jusqu'à un poste de mitrailleuse allemand. Il fut tué plus tard au cours de la journée.

Le sergent suppléant Ellis Sifton, de Wallacetown, en Ontario. Il donna l'assaut seul contre un poste de mitrailleuse. Il parvint ensuite à tenir à distance un petit groupe d'Allemands jusqu'à ce que ses camarades arrivent. Il fut tué un peu plus tard.

Le capitaine Thain MacDowell, de Lachute, au Québec. Il pénétra dans un abri profond et joua de ruse pour forcer 77 gardes prussiens à se rendre. Il fit croire à l'ennemi qu'il avait derrière lui de nombreux effectifs -qui ne comptaient en fait que deux hommes. Bien que blessé à la main et malgré les bombardements intenses, il tint bon pendant cinq jours jusqu'à l'arrivée de son bataillon.

Et que dire du soldat John Pattison, de Calgary, en Alberta. Au péril de sa vie, il sauta de trous d'obus en trous d'obus jusqu'à ce qu'il se trouve à bonne distance pour lancer des bombes vers une mitrailleuse ennemie. Il donna ensuite l'assaut et domina ses adversaires. Pattison fut tué deux mois plus tard.

Quatre héros. Mais si l'on compte les hommes ordinaires qui accomplirent des actes extraordinaires dans des circonstances extrêmement difficiles, je dirais qu'ils étaient tous des héros.

Pourtant, si vous demandez aux anciens combattants de Vimy, et en fait à n'importe quel ancien combattant, ils refuseront d'admettre qu'ils ont accompli des actes d'héroïsme. Ils vous diront qu'ils essayaient de survivre du mieux qu'ils le pouvaient. Ils vous diront qu'ils étaient des hommes bien ordinaires.

Permettez-moi de vous lire un extrait du journal personnel d'un ancien combattant de Vimy. L'extrait porte la date du 9 avril 1917, jour de Pâques :

« Nous nous dirigeons vers la ligne de front. Nous sortons des tranchées. Nous subissons des bombardements intenses depuis 5 h 30. Notre artillerie et nos mitrailleuses nous procurent un barrage extraordinaire... Nous avançons. Les premières vagues frappent notre propre barrage, et nous subissons de lourdes pertes. Mais nous continuons d'avancer. Il fait très chaud, il pleut un peu. Les flammes jaillissent et les obus explosent.

Vague après vague, nous avançons, et nous faisons des prisonniers... Quatre de nos hommes ont été tués, les autres sont dispersés, mais continuent.

Nous avons atteint notre objectif. D'autres compagnies et bataillons pénètrent et continuent d'avancer. L'avance est formidable, l'artillerie est assourdissante. Nous nous organisons et rejoignons notre peloton.

La première brigade fonce et atteint facilement le dernier objectif. Nous capturons des canons et des mitrailleuses. Notre major est blessé. Nous avons perdu de nombreux officiers et sous-officiers. Le soir venu, nous regagnons notre ancienne ligne de front. Difficile de trouver une place.»

Ce sont là les mots simples du caporal suppléant Herbert Kearse, du 10e Bataillon de la Première division canadienne. Un fermier ordinaire qui dirigeait une patrouille de mitrailleuses Lewis. Je trouve que la dernière ligne de cet extrait est particulièrement émouvante : des hommes exténués pour qui il était «difficile de trouver une place.»

Dix-neuf jours plus tard, le caporal suppléant Herbert Kearse était tué instantanément par un obus à explosif brisant. Il avait 29 ans. Il n'a aucune sépulture connue. Son nom est commémoré sur le Monument commémoratif du Canada à Vimy.

Aujourd'hui, nous rendons hommage à tous ces hommes, ces hommes ordinaires qui ont versé leur sang sur ce sol sacré.

La légende continuera. Ils seront à jamais des héros dans le coeur de ceux qui jouissent de l'héritage qu'ils ont légué aux générations futures. Jamais nous n'oublierons leur sacrifice.

Puissent-ils reposer en paix.

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