Anciens Combattants Canada

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Notes pour une allocution de

L'honorable

Fred J. Mifflin

Ministre des Anciens Combattants

55e anniversaire du jour J et de la campagne de la bataille de Normandie
Cérémonie au Cimetière de guerre canadien de Beny-Sur-Mer

Beny-sur-Mer, France
6/6/1999

Comparer au discours prononcé
Comparer au discours prononcé

Distingués Invités et Anciens Combattants, Mesdames et Messieurs,

Le jour J, près de ce village, deux aumôniers choisirent un endroit - cet endroit même - pour y ensevelir deux hommes tombés le premier jour de l'invasion. Deux hommes du North Nova Scotia Highlanders, les deux premiers soldats canadiens à être inhumés dans ce cimetière. Deux des 359 qui périrent par suite de l'invasion du 6 juin. Deux parmi les quelque 2 000 Canadiens qui y reposent aussi.

Nous qui n'avons jamais connu la guerre ne pouvons imaginer cette peur qui dut tenailler ces hommes en approchant des plages à bord des péniches de débarquement. Ils avaient devant eux une tâche qui, comme le disait Winston Churchill, fut «  l'opération la plus difficile et compliquée qui n'ait jamais eu lieu. »

Après tout, le jour J fut le premier jour de l'assaut des Alliés visant à libérer l'ouest de l'Europe de la tyrannie nazie. Il leur fallait attaquer le «  Mur de l'Atlantique  » protégé par des casemates renforcées d'acier et de béton, des barbelés, des mines, des pièces d'artillerie, des nids de mitrailleuses, des fosses de mortier et des obstacles sur la plage.

Nos régiments portaient avec fierté des noms qui rappelaient qui ils étaient ou les endroits d'où ils venaient : le Regina Rifle, le Royal Winnipeg Rifles, les Fusiliers de Sherbrooke, Le Régiment de la Chaudière et le Fort Garry Horse, pour n'en nommer que quelques-uns.

Ils savaient ce qui les attendait. Et pourtant, rien n'aurait vraiment pu les préparer à l'horrible feu qu'ils essuyèrent. L'un des survivants raconta plus tard ces horribles instants :

«  Notre commandant était un bon soldat. Le dernier ordre que je l'ai entendu donner au moment où la passerelle s'abaissa fut : «  OK les gars, allons-y.  » Nous avons sauté dans l'eau jusqu'à la taille. Il y avait des hommes qui tombaient dans l'eau, puis d'autres sur la plage. Le feu des mitrailleuses était infernal.  »

Chacun des hommes qui repose ici aurait eu une histoire semblable à raconter s'il avait survécu. Comme l'histoire de Gerry Boxall. Gerry Boxall, du Regina Rifles. Qui est mort le 9 juin. Trois jours après le jour J. Il avait 24 ans.

Enfant de la Grande Dépression et originaire d'une petite ville du nord de la Saskatchewan, M. Boxall donnait les premiers soins à ses camarades blessés. Sur la plage. Au fur et à mesure que les hommes progressaient vers les terres. Il est mort en donnant des soins et du réconfort à ceux qui tombaient devant lui. Ce n'est que plus tard que l'on découvrit quelque chose de remarquable. Après qu'il fût mort. En trois jours, il avait été blessé non pas une fois, ni deux, mais cinq fois. Et chaque fois, il refusa de se plaindre ou de s'éloigner du combat. Il pansa ses blessures et continua. Il a sacrifié sa vie pour que d'autres puissent vivre.

À la fin de la journée, les Canadiens avaient pénétré plus profondément à l'intérieur des terres que n'importe quel autre Allié. C'était remarquable, mais dévastateur en termes de pertes de vies humaines. Ceux qui ont survécu se souviennent d'abord et avant tout des camarades qu'ils ont perdus. À côté des corps des ennemis étendus près de leurs positions, il y avait, ça et là, les corps de Canadiens.

Un journaliste écrivit ce qui suit :

« À leurs côtés, il y avait des Canadiens gisant dans leurs tenues de combat maculées de sang, sur le sable et dans l'herbe, sur des fils et auprès des forts de béton. Ils avaient goûté à quelques minutes de la victoire qu'ils avaient remportée. Ce fut tout. »

Telle est la vraie nature de la guerre.

Aujourd'hui, nous commémorons leur victoire, mais aussi leur sacrifice.

Jamais nous ne les oublierons.

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