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Acheter, c'est créer
La littérature canadienne serait pure fiction
s'il n'existait des personnes prêtes à vivre d'incertitude
financière et créatrice. Plus qu'une simple affaire d'inspiration,
la création littéraire relève de la générosité
et de la détermination de celles et ceux qui s'y consacrent.
Pour les Arts remonte ici aux sources
littéraires en proposant à ses lectrices et lecteurs de
découvrir trois jeunes auteures à l'aube de brillantes carrières.
En 2003, Jacqueline Baker publie son premier recueil de nouvelles, A
Hard Witching. À la fois rivées au quotidien et riches
en évocation, ces nouvelles ont une profondeur psychologique similaire
à celle qu'atteignent les romans. Le foisonnement de détails,
résultat d'une écriture minutieuse, jette une lumière
précise sur une réalité où l'accumulation
de ces petits riens du quotidien devient presque inquiétante. Les
événements, inspirés de la région des dunes
de la Saskatchewan, ont une puissance de précision quasi historique;
l'ombre du passé de l'Ouest n'est jamais bien loin. Au début
de 2004, pour ce recueil, Jacqueline Baker reçoit le prix Howard-O'Hagan
au gala des Alberta Book Awards, figure parmi les finalistes des prix
Rogers de la Writers' Trust, et, récemment, rafle le prix littéraire
de la Ville d'Edmonton ainsi que le prix littéraire Danuta-Gleed
(2004) de la Writers Union of Canada. Au palmarès des succès
de librairie du quotidien Calgary Herald, ce premier recueil
laisse lecteurs et critiques convoi-ter le roman que prépare actuellement
Baker. La jeune auteure, originaire de la Saskatchewan et aujourd'hui
établie à Edmonton, confie qu'elle écrit lentement,
réfléchissant et agonisant sur chaque mot, chaque virgule.
Toujours à l'affût du talent, le Conseil des Arts lui a accordé
en 2003 une subvention pour la rédaction de son premier roman.
Tout comme Jacqueline Baker, Melanie Little publie, en 2003, un premier
recueil de nouvelles, intitulé Confidence. Brillants,
contrastants, surprenants, les récits de Melanie Little se déroulent
dans la zone floue des émotions, là où se nouent
et se dénouent les rapports humains, où tout peut basculer,
où la confiance peut servir la trahison. Ces personnages —
une vendeuse mécontente, un père joueur invétéré,
une écolière avec une jambe plus courte que l'autre —
ont une présence si vive que le lecteur se prend à les aimer
ou à les détester. Sur la liste des 100 meilleurs livres
de 2003 du journal Globe and Mail, Confidence a soulevé
l'enthousiasme de la critique, qui n'a pas manqué de souligner
l'écriture rafraîchissante, intelligente et décapante
de Little. Finaliste au prix littéraire Danuta-Gleed, Melanie Little
récolte les éloges du jury. Ayant déjà publié
des essais et des nouvelles dans nombre d'anthologies et de revues, ainsi
que des critiques dans différents quotidiens, Melanie Little a
déjà remporté un prix de la Writers'Union of Canada
pour l'une de ses nouvelles et un prix de la Periodical Writers' Association
of Canada pour son écriture journa-listique. Aujourd'hui établie
à Ottawa, la jeune nouvelliste a aussi vécu à Toronto,
Montréal et Vancouver. Être en mouvement, Melanie Little
recommande aux jeunes qui voudraient écrire… de lire, de
lire et de lire. Le Conseil des Arts appuie Melanie Little et vous invite
à la lire, la lire et la relire.
Parce qu'on dit « jamais deux sans trois », parce que, presque
au même moment, trois jeunes nouvellistes soulèvent l'engouement
des lecteurs, le nom de Suzanne Myre s'impose ici naturellement. Avant
même de terminer ses études en création littéraire
à l'UQAM, cette dernière remporte le Prix littéraire
2001 de Radio-Canada pour sa nouvelle E.T. phone home. À
son premier recueil de nouvelles, J'ai de mauvaises nouvelles pour
vous, succède un deuxième, Nouvelles d'autres mères,
qui reçoit un « coup de cœur » des libraires,
se hisse au rang des finalistes pour le Grand Prix littéraire France-Québec
(2003), ainsi que pour le Prix des libraires (2004), et gagne le prix
Adrienne-Choquette (2004). Suzanne Myre, qui écrit à profusion,
vient tout juste de faire paraître son troisième livre, Humains
aigres-doux. Qualifiée d'espiègle, de caustique, de
drôle et d'émouvante, son écriture, empreinte d'auto-dérision,
procure au lecteur un sentiment de libération. Fine observatrice,
Suzanne Myre a le pouvoir de livrer des descriptions dénuées
des inhibitions qui empoisonnent la vie quotidienne. L'humour particulier,
qui lui colle à la plume, se révèle un puissant outil
d'exploration des com-portements humains. Aimant s'isoler pour préparer
ses textes, Suzanne Myre a développé un don unique de l'observation,
qui attire sur ses œuvres bien des regards. Flairant le talent, le
Conseil des Arts a réussi à s'immiscer dans le repaire de
Suzanne Myre pour appuyer son travail de création.
![Suzanne Myre](/web/20071124045027im_/http://www.canadacouncil.ca/canadacouncil/archives/news/newsletters/newsletter-18/images/myre.jpg) |
Jacqueline Baker, Melanie Little,
Suzanne Myre
(Photo : Harper Collins, Peter Norman, Karoline Georges) |
Comme bien des artistes, ces auteures ont besoin d'un coup de pouce financier
pour pouvoir se consacrer à l'écriture. Avec le temps, leurs
livres leur vaudront une plus grande notoriété, d'autres
prix, des engagements et des cachets. D'ici là, lors de votre prochaine
visite en librairie, rappelez-vous qu'acheter un livre, c'est aussi créer
le prochain.
(Page couverture : Martin Lipman) |