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Pour les arts - 18 - Printemps-Été 2004
Acheter, c'est créer
Démarquer la créativité ches les jeunes
De Londres à Berlin
Le bien-fondé des arts
L'architecture gagne du terrain
Enbref
Nouvelles et mises à jour


Pour les Arts, numéro 18

Rédaction : Lolita Boudreault, Terry O'Grady

Collaboration : Rachel Conley, Chris Guly, Andrée Laurier

Traduction :
Services d'éditions Guy Connolly, Susan Rodocanachi, Neil MacMillan

Abonnements : Suzanne Tousignant

Photo : Martin Lipman
 

 

Acheter, c'est créer

La littérature canadienne serait pure fiction s'il n'existait des personnes prêtes à vivre d'incertitude financière et créatrice. Plus qu'une simple affaire d'inspiration, la création littéraire relève de la générosité et de la détermination de celles et ceux qui s'y consacrent.

Pour les Arts remonte ici aux sources littéraires en proposant à ses lectrices et lecteurs de découvrir trois jeunes auteures à l'aube de brillantes carrières.

En 2003, Jacqueline Baker publie son premier recueil de nouvelles, A Hard Witching. À la fois rivées au quotidien et riches en évocation, ces nouvelles ont une profondeur psychologique similaire à celle qu'atteignent les romans. Le foisonnement de détails, résultat d'une écriture minutieuse, jette une lumière précise sur une réalité où l'accumulation de ces petits riens du quotidien devient presque inquiétante. Les événements, inspirés de la région des dunes de la Saskatchewan, ont une puissance de précision quasi historique; l'ombre du passé de l'Ouest n'est jamais bien loin. Au début de 2004, pour ce recueil, Jacqueline Baker reçoit le prix Howard-O'Hagan au gala des Alberta Book Awards, figure parmi les finalistes des prix Rogers de la Writers' Trust, et, récemment, rafle le prix littéraire de la Ville d'Edmonton ainsi que le prix littéraire Danuta-Gleed (2004) de la Writers Union of Canada. Au palmarès des succès de librairie du quotidien Calgary Herald, ce premier recueil laisse lecteurs et critiques convoi-ter le roman que prépare actuellement Baker. La jeune auteure, originaire de la Saskatchewan et aujourd'hui établie à Edmonton, confie qu'elle écrit lentement, réfléchissant et agonisant sur chaque mot, chaque virgule. Toujours à l'affût du talent, le Conseil des Arts lui a accordé en 2003 une subvention pour la rédaction de son premier roman.

Tout comme Jacqueline Baker, Melanie Little publie, en 2003, un premier recueil de nouvelles, intitulé Confidence. Brillants, contrastants, surprenants, les récits de Melanie Little se déroulent dans la zone floue des émotions, là où se nouent et se dénouent les rapports humains, où tout peut basculer, où la confiance peut servir la trahison. Ces personnages — une vendeuse mécontente, un père joueur invétéré, une écolière avec une jambe plus courte que l'autre — ont une présence si vive que le lecteur se prend à les aimer ou à les détester. Sur la liste des 100 meilleurs livres de 2003 du journal Globe and Mail, Confidence a soulevé l'enthousiasme de la critique, qui n'a pas manqué de souligner l'écriture rafraîchissante, intelligente et décapante de Little. Finaliste au prix littéraire Danuta-Gleed, Melanie Little récolte les éloges du jury. Ayant déjà publié des essais et des nouvelles dans nombre d'anthologies et de revues, ainsi que des critiques dans différents quotidiens, Melanie Little a déjà remporté un prix de la Writers'Union of Canada pour l'une de ses nouvelles et un prix de la Periodical Writers' Association of Canada pour son écriture journa-listique. Aujourd'hui établie à Ottawa, la jeune nouvelliste a aussi vécu à Toronto, Montréal et Vancouver. Être en mouvement, Melanie Little recommande aux jeunes qui voudraient écrire… de lire, de lire et de lire. Le Conseil des Arts appuie Melanie Little et vous invite à la lire, la lire et la relire.

Parce qu'on dit « jamais deux sans trois », parce que, presque au même moment, trois jeunes nouvellistes soulèvent l'engouement des lecteurs, le nom de Suzanne Myre s'impose ici naturellement. Avant même de terminer ses études en création littéraire à l'UQAM, cette dernière remporte le Prix littéraire 2001 de Radio-Canada pour sa nouvelle E.T. phone home. À son premier recueil de nouvelles, J'ai de mauvaises nouvelles pour vous, succède un deuxième, Nouvelles d'autres mères, qui reçoit un « coup de cœur » des libraires, se hisse au rang des finalistes pour le Grand Prix littéraire France-Québec (2003), ainsi que pour le Prix des libraires (2004), et gagne le prix Adrienne-Choquette (2004). Suzanne Myre, qui écrit à profusion, vient tout juste de faire paraître son troisième livre, Humains aigres-doux. Qualifiée d'espiègle, de caustique, de drôle et d'émouvante, son écriture, empreinte d'auto-dérision, procure au lecteur un sentiment de libération. Fine observatrice, Suzanne Myre a le pouvoir de livrer des descriptions dénuées des inhibitions qui empoisonnent la vie quotidienne. L'humour particulier, qui lui colle à la plume, se révèle un puissant outil d'exploration des com-portements humains. Aimant s'isoler pour préparer ses textes, Suzanne Myre a développé un don unique de l'observation, qui attire sur ses œuvres bien des regards. Flairant le talent, le Conseil des Arts a réussi à s'immiscer dans le repaire de Suzanne Myre pour appuyer son travail de création.

Jacqueline Baker Melanie Little Suzanne Myre
Jacqueline Baker, Melanie Little, Suzanne Myre
(Photo : Harper Collins, Peter Norman, Karoline Georges)

Comme bien des artistes, ces auteures ont besoin d'un coup de pouce financier pour pouvoir se consacrer à l'écriture. Avec le temps, leurs livres leur vaudront une plus grande notoriété, d'autres prix, des engagements et des cachets. D'ici là, lors de votre prochaine visite en librairie, rappelez-vous qu'acheter un livre, c'est aussi créer le prochain.

(Page couverture : Martin Lipman)