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Photo de le député Steven Fletcher Travailler et réussir malgré une incapacité : entrevue avec le député Steven Fletcher
 
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En 1996, Steven Fletcher travaillait comme ingénieur minier dans le nord du Manitoba lorsque sa voiture est entrée en collision avec un orignal. Cet accident l'a laissé tétraplégique. Son long séjour à l'hôpital et sa réadaptation ont tracé la voie de son activisme politique. Il a repris ses études à l'Université du Manitoba et a obtenu sa maîtrise en administration des affaires (MBA). Au cours de cette même période, il a été président de l'association étudiante.

En 2004, M. Fletcher est devenu le premier tétraplégique élu à la Chambre des communes (sous la bannière du parti Conservateur) et il a été nommé porte-parole de son parti pour la santé. En 2006, M. Fletcher a été réélu député de Charleswood – St. James – Assiniboia (Winnipeg). Il est actuellement secrétaire parlementaire du ministre de la Santé.


En quoi consiste le rôle d'un secrétaire parlementaire?

En tant que secrétaire parlementaire du ministre de la Santé, je sers de lien entre le ministre et le Parlement, le Comité de la santé et le public. En l'absence du ministre, j'interviens au nom du gouvernement sur les questions de santé pendant la période de questions et devant les médias. Je participe également à l'élaboration et à la mise en œuvre de politiques et de lois.

Qu'est-ce qui vous a décidé à présenter votre candidature aux élections?

En fait, il s'agit davantage d'une évolution que d'une décision. À 23 ans, ma voiture est entrée en collision avec un orignal. Cet accident a changé ma vie. Je me suis retrouvé tétraplégique, aux soins intensifs et entièrement conscient. Je peux parler et communiquer, mais je ne peux bouger aucun autre membre de mon corps.

J'ai passé 11 mois à l'hôpital. J'ai donc appris à bien connaître notre système de santé et je me suis rendu compte qu'on pouvait améliorer certains points. Au fur et à mesure que je reprenais des forces, on me disait : « Vous savez, si vous survivez à vos blessures, votre avenir ne sera pas très rose! ». Quand est venu le temps de quitter l'hôpital, on m'a demandé où je préférais aller, dans un établissement de soins de longue durée ou une maison de retraite? Je n'avais que 23 ans! Je pensais que c'était une blague, mais c'était réellement ce qu'on m'offrait.

J'ai donc décidé de me battre. Je voulais absolument vivre dans la collectivité, et pour y arriver, je devais faire valoir mes droits auprès des responsables de l'hôpital et des bureaucrates, et par la suite, auprès de la compagnie d'assurance publique du Manitoba, la MPIC. Au fur et à mesure que le temps avançait, je me rendais compte que mes efforts aidaient également les autres. C'est à ce moment que j'ai eu l'idée de m'engager dans la politique.

J'ai également décidé de me servir des facultés qui me restaient, c'est-à-dire du cou en montant. J'ai donc entrepris des études en administration des affaires et j'ai obtenu ma maîtrise. J'ai également été actif sur la scène politique de l'université. Par la suite, je me suis engagé dans la politique provinciale et j'ai été élu deux fois comme président du parti progressiste-conservateur du Manitoba, ce qui m'a amené à la politique fédérale. Cinq ans se sont depuis écoulés et je suis aujourd'hui secrétaire parlementaire de la santé à Ottawa.



« Avec un petit peu de planification sensée, on peut aider les gens vivant avec une incapacité à participer pleinement à notre société. »


Que signifie le terme « incapacité » pour vous?

Cela dépend à qui vous parlez. Il existe tout un éventail d'incapacités. Dans mon cas, cela concerne les activités quotidiennes et la capacité de pouvoir vivre une « vie normale ». Étant donné que je suis complètement paralysé à partir du cou, j'ai besoin d'aide à la maison, au travail et partout où je vais, 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

Les sentiments qu'on nourrit au sujet de son incapacité sont relatifs, comme toute chose dans la vie. Prenons en exemple une situation extrême comme la mienne, une paralysie pratiquement totale. J'envie le « paralysé partiel », c'est-à-dire celui qui a l'usage de ses bras. Mais ce même « paralysé partiel » aimerait être « paraplégique » pour avoir l'usage de ses bras et de ses mains alors que ce dernier aimerait avoir l'usage de tous ses membres. Certaines personnes qui semblent aptes peuvent avoir une incapacité invisible. Ce que j'essaie de dire, c'est que les problèmes engendrés par une incapacité varient énormément d'une personne à l'autre, mais il s'agit quand même d'une incapacité dans tous les cas.

[Note de la rédaction : La paraplégie est une paralysie des membres inférieurs alors que la tétraplégie est une paralysie des quatre membres. Une personne est « paralysée partiellement » ou « paralysée totalement » selon l'endroit de la lésion sur la colonne vertébrale. Plus la lésion est basse, moins la paralysie est totale, c'est-à-dire que la personne maintient l'usage de ses membres supérieurs (bras et mains).]

Comment votre incapacité influence-t-elle votre travail?

J'ai passé un an à l'hôpital à admirer le plafond et de nombreuses autres années à essayer de survivre sans pouvoir contribuer à la société. Aujourd'hui, plus je suis actif, plus je suis heureux. Je veux rattraper le temps perdu. Je ne pourrais pas apprécier la santé à sa juste valeur si je n'avais pas eu cet accident.

J'ai également beaucoup d'empathie pour différents groupes de population. Je ne sais pas si j'aurais eu les mêmes sentiments sans mon accident.

Enfin, je connais très bien le système de santé… pour l'avoir vécu. J'espère sincèrement pouvoir l'améliorer.

Quelle est selon vous la principale préoccupation des personnes vivant avec une incapacité au Canada?

Faire tomber les tabous! Par cela, j'entends sensibiliser les gens au fait que les personnes qui ont une incapacité ressentent les choses comme les autres. Dans notre société, même au grand écran, les personnes handicapées sont souvent présentées de façon sinistre. Je pense à Blofeld, par exemple, le gars en fauteuil roulant avec le chat dans le film de James Bond. C'était le méchant!

Après mon élection comme député, une des choses qui m'a frappé en arrivant à Ottawa, c'est que les gens ne savaient pas comment réagir à mon égard. Ils n'étaient pas habitués de voir un député accompagné d'un aide, et lorsque je parlais de mon aide, ils supposaient que je parlais de mon collaborateur politique, et non de mon aide-soignant. J'étais en train de faire visiter la Colline parlementaire à mes parents (un moment de grande fierté), quand un sénateur s'est approché pour me féliciter de mon élection. Il m'a tapoté sur la tête et s'est adressé à mes parents! Il n'a rien fait de mal, il ne savait tout simplement pas comment réagir!

À partir de cette expérience, et d'autres du même genre, je me suis rendu compte que les décideurs n'avaient pas été exposés très souvent aux personnes vivant avec une incapacité. Cela dit, je suis d'avis que les gens font quand même preuve de bonne volonté. J'admets qu'avant mon accident, je ne m'attardais pas au sort des personnes handicapées et je n'y tenais pas non plus. Je comprends donc très bien le manque de compréhension à cet égard. Mais cela doit changer, et je crois que c'est en éduquant les gens sur les réalités de la vie avec un handicap que nous arriverons à changer les attitudes et les comportements.

Pour ce qui est de rehausser l'image des personnes vivant avec une incapacité au Canada, je crois que l'une des meilleures choses que je puisse faire, c'est de continuer à montrer au monde que je peux participer pleinement au plus haut niveau de la société de manière compétente, globale et positive, sans souffler mot sur mon incapacité.

Illustration d'une feuille d'érable

Selon vous, quelle est la meilleure façon pour une société d'appuyer les personnes vivant avec une incapacité?

Outre les campagnes de sensibilisation visant à détruire les mythes qui persistent au sujet des personnes handicapées, nous devons accepter de leur fournir les ressources et les outils nécessaires. Certes, le coût initial sera élevé, mais les résultats sur le plan financier, et surtout sur le plan humain, se répercuteront presque à l'infini.

Avec un petit peu de planification sensée, on peut aider les gens vivant avec une incapacité à participer pleinement à notre société.

Il ne faut pas oublier non plus que de nombreux changements faits pour aider les personnes handicapées améliorent également la qualité de vie des autres. Comme je l'ai déjà dit, le terme « incapacité » englobe toute une gamme de handicaps. Avec le vieillissement de la population, nous aurons tôt fait de remarquer de nombreux points communs entre les aînés et les gens handicapés. L'accès au transport et les parties abaissées du trottoir sur le coin des rues par exemple, sont des choses très simples qui peuvent améliorer la vie de ces deux groupes de population. En jetant un regard global sur notre société, nous nous rendons compte que tout changement effectué dans le but d'aider un groupe en particulier profite en fait à beaucoup d'autres gens.

 
  Publié le 15 octobre 2006
  CreditCette entrevue a été réalisée par l'affilié du Réseau canadien de la santé responsable du volet Vivre avec des incapacités.

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