ONF - Portraits

C'est en visitant une exposition sur le cinéma d'animation en 1967, que Jacques Drouin découvre l'écran d'épingles d'Alexandre Alexeieff et Claire Parker. Cet instrument, qui permet de réaliser des films semblables à des gravures en mouvement, transformera sa vie.

Après quelques années à l'École des beaux-arts, le jeune homme, né à Mont-Joli en 1943, part étudier le cinéma en Californie. De retour au Québec au début des années 1970, il réalise Trois exercices sur l'écran d'épingles d'Alexeieff pendant un stage à l'Office national du film du Canada. Ce film annonce Le Paysagiste, que Jacques Drouin achève en 1976. Ã¥uvre marquante du cinéma d'animation, Le Paysagiste met en image l'histoire d'un peintre qui pénètre dans l'univers foisonnant de sa propre imagination. Le film remporte 18 prix internationaux et s'inscrit au 13e rang d'un palmarès des meilleurs films d'animation du monde, établi par un jury de spécialistes réunis à Los Angeles en 1984.

Pour L'Heure des anges, un film coréalisé avec Bretislav Pojar en 1986, Jacques Drouin intègre les marionnettes du cinéaste tchèque à son univers graphique, auquel il ajoute la couleur. On lui doit également un film de la collection Droits au coeur, Ex-enfant, réalisé en 1994. En 2001, il termine Une lecon de chasse, qui s'inspire d'un conte de Jacques Godbout. Le cinéaste y a modulé son exceptionnelle virtuosité de cette technique unique pour faire vivre les péripéties dramatiques et les rebondissements inattendus d'un récit surprenant.

Son dernier film, Empreintes/Imprints, achevé en 2004, est une expérience sensorielle en soi. Au son du clavecin, sur une musique hallucinante de Couperin, il nous entraîne dans un va-et-vient entre les idées tourbillonnantes du créateur et leur mise en oeuvre à travers son instrument. Pour Jacques Drouin, cet instrument, c'est l'écran d'épingles. Quarante ans après en avoir fait la découverte, il en est aujourd'hui un virtuose reconnu mondialement, le maître incontesté.